Bon papier de Médiapart expliquant en quoi ces scissions d'un si petit parti restent un événement important, compte tenu de l'importance du lambertisme dans la classe dirigeante actuelle (Cambadélis et Mélenchon, entre autre, en sont issus). Quelques extraits (mais abonnez vous, c'est idéal) :
"Encore aujourd'hui, les trotskystes lambertistes conservent une implantation réelle et une influence certaine dans le syndicalisme français (en premier lieu à Force ouvrière, où ils assurent encore aujourd’hui le service d’ordre, mais aussi, dans une moindre mesure, à la CGT). Sur le fond opposés à l'Union européenne, les lambertistes conservent encore un savoir-faire organisationnel, ainsi qu'ils l'avaient démontré, il y a plus de dix ans, en réunissant le premier rassemblement d'envergure contre le référendum constitutionnel européen."
"Factuellement, à la lecture des documents internes du POI qui circulent de mail en mail depuis quelques semaines dans les milieux militants de l’extrême gauche balkanisée, la rupture a pour point de départ la volonté de la part du secrétaire national Daniel Gluckstein (dit “Seldjouk”) de créer une tendance à l’intérieur du “courant communiste internationaliste”. Ce fameux “CCI” représente la structure trotskyste originelle du lambertisme et le socle majoritaire de ce que fut le Parti des travailleurs (PT) devenu, après la présidentielle de 2007, le POI. Il revendique près de 2 000 adhérents, auxquels s’ajouteraient entre 2 000 et 4 000 autres membres venus du syndicalisme et du socialisme (parmi lesquels on retrouve l’ancien candidat à la présidentielle, Gérard Schivardi)."
"D’autres se demandent ce que vont devenir à moyen terme les actuels « suspendus » du POI, autour de Daniel Gluckstein, dirigeant devenu minoritaire, malgré le soutien des deux autres secrétaires nationaux du parti (Gérard Schivardi et Jean Markun, n'appartenant pas au CCI). Parmi ce groupe, estimé à plus de 600 militants, on retrouverait l’essentiel des “jeunes” du CCI, mais aussi 28 « vétérans » (c’est-à-dire ayant adhéré au “groupe Lambert” de la IVe internationale avant 1968), ayant fait connaître leur soutien à “Seldjouk” (lire leur texte ici). Que faire ? Rester groupés, en se convainquant de devoir assurer la continuité du fil historique marxiste, quitte à assumer une marginalité solitaire, finalement en accord avec les dernières années d'errance de Léon Trotsky, traqué avant d'être assassiné par le régime stalinien.
Ou se rapprocher du Front de gauche, et en particulier du Parti de gauche (PG), et retrouver leur ancien camarade “Santerre” (le pseudo de Jean-Luc Mélenchon à l’OCI). Depuis 2012 et un entretien au journal Informations ouvrières, Mélenchon n’a eu de cesse de louer la force militante du POI, qui fut également cité à plusieurs reprises lors du dernier congrès du PG, au même titre que d’autres organisations avec lesquelles un rassemblement était possible. Un groupe de plus de 600 militants ultra-formés pourrait ainsi avoir bien des services à rendre à un Mélenchon parti en conquête présidentielle pour 2017, sans assurance d’être aussi suivi qu’en 2012 ni de profiter autant de la mobilisation militante du PCF."
Dans certaines villes (comme à Laval) des alliances POI-PG ont d'ailleurs déjà eu lieu.
http://www.mediapart.fr/journal/france/180715/crise-finale-au-poi-ou-le-lambertisme-en-voie-d-extinction