pmf a écrit:L'excellent contributeur, qui a très bien exposé ce qu'est le courant politique Démocrate Chrétien (...)
Merci à vous PMF, mais je dois reconnaitre qu'il s'agit la de mon terrain de recherche en histoire contemporaine. J'ai donc certaines connaissances, et l'exemple que vous citez m'intéresse fort afin de les compléter.
Lors d'un récent colloque, j'ai essayé de creuser l'idée que la bascule d'électeurs d'origine chrétienne vers la gauche était l'explication aux succès électoraux du PS à la fin des années 70. Heureuse chose, ce colloque sur les élections de 1977 a été publié récemment :
http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=5022 (message aux administrateurs : ce n'est pas de la pub, je ne touche aucun droit d'auteur :-) ).
A l'époque, le PS avait intégré à la fois certaines figurent démocrate-chrétienne ayant quitté le MRP (ex : Robert Buron, maire de Laval en 1972) et surtout de nombreux jeunes militants passés par l'Action Catholique, dont un certain JY Le Drian.
Ce courant s'est tari dès les années 80, et les générations suivantes se sont plutôt tourné vers l'écologie politique, à l'exemple des figures que cite PMF.
La où je rejoint ce sujet sur le Modem, c'est que cette bascule générationnelle explique aussi (parmi d'autres facteurs) que le courant démocrate-chrétien à partir des années 70 cesse d'être vraiment centriste pour s'arrimer à la droite. Ce jusqu'à la création du Modem par F Bayrou.
L'expérience relatée par pba est proche de celle de nombreuses connaissances. Militant issus du milieu catholiques, ils cherchaient un engagement qui renouvelle la vie politique, et s'écarte du vieux clivage droite/gauche pour rechercher le bien commun. Le positionnement du Modem, capable de reconnaitre du bon dans chaque camp, leur convenait bien.
Peu y sont durablement restés, déçu par la personnalité de F Bayrou, la persistance de l'isolement du parti et encore plus de son leader, les difficultés récurrentes à structurer une démarche vraiment collective, les maigres résultats électoraux... (au choix, et parfois un peu de tout en même temps).
Ma conviction est que ce créneau véritablement centriste correspond aux aspirations d'une portion (petite mais bien réelle) du corps électoral : le Modem a donc une clientèle. Mais la bipolarisation le condamne presque systématiquement à la marginalité, sauf dans des conditions politiques exceptionnelles dont Macron a pu profiter (et non Bayrou).
La survie du Modem tiendra (dans le fil de cette analyse) à sa capacité à disposer d'un leader capable d'assumer cette marginalité politique.
Qui se souvient qu'avant Bayrou, le patron du CDS était Pierre Méhaignerie ? Cette figure sois-disant démocrate-chrétienne avait été ministre de la justice du gvt Balladur et avait cosigné des lois voulues par C Pasqua et très restrictive sur l'immigration. Au grand dam des chrétiens tenants d'une tradition d'accueil.
Cet homme courageux finira par rejoindre l'UMP d'ailleurs. Et pour la petite histoire, l'actuelle députée LREM de son ancienne circonscription (redécoupée) est de sa famille (l'épouse de son neveu).