Vie interne du Front de Gauche

[Fabien]

Si le PG critique plus sévèrement le PS (sur lequel il ne s'est jamais fait d'illusion), c'est surtout en raison du virage libéral de ce dernier.

Il n'y a aucun "virage libéral" du PS... Pendant toute la campagne, ils n'ont parlé que de réduction des dépenses publiques, de règle d'or etc etc... Ce que fait Hollande, c'est exactement ce qu'il avait dit qu'il ferait, les paillettes en moins...

La "dérive gauchiste" dont on parle est je crois l'attachement à des réformes sociétales dont les français se foutent et qui cachent les réformes sociales, mais également la question de l'aéroport nantais...

Je ne me souviens qu'il avait annoncé 20 milliards d'euros de crédits d'impôts accordés de façon inconditionnelle aux entreprises, financés par une hausse de la TVA. Je me souviens pas qu'il avait annoncé qu'il n'y aurait aucun coup de pouce au SMIC. Et je ne parle même pas du traité européen qu'Hollande avait promis de renégocier, ni de ce qui est à venir (la MAP, les retraites, la flexibilité,...). On est en droit d'approuver cette politique, mais il me semble pour le moins acrobatique de prétendre qu'elle est conforme à ce qu'Hollande avait annoncé. De toute façon, pour en revenir au sujet, on ne peut pas dire qu'il y a un tournant dans l'attitude du PG vis à vis du PS. Le parti de Mélenchon n'a jamais dissimulé ses désaccords.

[Relique]

Non mais si la gauche du PS commence à croire aux discours de campagne concernant le PS, on peut se demander comment elle peut devenir une alternative crédible...

Bien sûr qu'Hollande est un libéral. C'est un "bébé-Delors", et toutes les personnes qui ont cru ou font semblant de croire qu'il y aurait une politique de gauche après l'élection d'Hollande se trompent. Il faut raison garder, la politique actuelle du gouvernement est libérale, mais il n'a jamais été question, en nommant Moscovici aux finances, qu'une politique de rupture avec les dernières 30 années soient réellement menée.


Et "hollande n'a pas annoncé l'absence de coup de pouce", il n'a pas aussi annoncé l'absence de dévaluation monétaire, mais je ne vais pas lui en vouloir pour ça...

[Zimmer]

Merci d'en rester au sujet.

[Jean-Philippe]

Les bons comptes font les bons amis. C'est bien connu. Il semblerait cependant que l'adage n'ait pas été suivi à la lettre par le Front de gauche. Pour Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, il ne s'agit que d'un "petit contentieux" entre son parti et le Parti de gauche. Mais un "petit contentieux" qui s'élève tout de même à 527 000 euros, soit le montant du dépassement des frais de campagne de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle. Mais comme l'a révélé Le Canard enchaîné dans son édition du 17 avril, le PG, qui estime que ces dépenses sont imputables aux fédérations du PCF, refuse de mettre la main à la poche.

La suite ici.

[Oskial]

Une info un peu anecdotique mais certaines micro-formations du Front de Gauche (il y en a 7 à côté du PCF et du PG) ont entamé un processus de fusion samedi dernier lors d'une réunion tenue à Saint-Denis, en région parisienne. Deux scissions du NPA (la "Gauche Anticapitaliste" et "Convergences et Alternatives"), une du PCF (la FASE) et les Alternatifs, descendant de feu le PSU, ont mis en place un processus de coordination devant déboucher sur un mouvement unique. La Gauche unitaire, autre mouvement issu du NPA, pourrait les rejoindre, la question faisant toujours débat en interne.
L'ensemble de ces formations ne rassemblent que 3 à 4000 militants mais disposeraient de députés à l'Assemblée Nationale (Jacqueline FRAYSSE et François ASENSI) et de maires de grandes communes (Nanterre, Saint-Ouen, Tremblay-en-France...), ce dont ne dispose pas par exemple le PG...
Si ce processus allait à son terme, il rééquilibrerait les relations au sein de Front de Gauche, en sortant de l'actuel tête à tête entre le PCF et le PG. Il entrainerait le départ d'adhérents PCF qui conservent actuellement la double appartenance PCF/FASE à travers les "Communistes Unitaires". Il ne resterait que deux groupuscules à côté de ces trois "grands" (tout est relatif) : le très marxiste-léniniste Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF) et "République et Socialisme" qui est une vieille scission du MRC de Jean-Pierre Chevènement.

[Fabien]

Pour donner par comparaison un ordre d'idée du poids de ces organisations, le PC comptait au dernier congrès environ 60 à 70 000 adhérents à jour de cotisation, le PG dans les 13 000...

[Eco92]

L'union de ces mouvances minuscules me semble juste du gros bon sens, notamment les 3 scissions successives du NPA (même si GA semble attendre encore un peu).

Le rajout des alternatifs et de la FASE permettra, quelque soit le nb d'adhérent, de créer un véritable troisième pôle au sein du FdG.

Quand à ceux qui restent... Sérieusement le PCOF et République & Socialisme ont-ils un élu quelque par ? (je crois qu'il y en a à Paris pour ce dernier) Cumulés ces deux groupes ne doivent pas dépasser les 200 adhérents... il ne sont là que pour faire comme si il y avait une grande union de parti...

Au moins, même s'ils sont peu nombreux, le regroupement de micro-parti permettra une réelle troisième force se comptant en milliers dans le FdG, ce n'est à mes yeux pas du tout anecdotique.

[MiniM]

République et Socialisme a au moins 3 élus.

Marinette Bache, conseillère de Paris, déléguée du 20e arrondissement, présidente des Services Funéraires de Paris.
Pascal Langlois, conseiller de Rouen.
Alain Girard, conseiller à Marignac (Charente-Maritime, au sud-est de Saintes).

[leoloden]

Lors de son dernier passage chez Pujadas, sur France2, JL Mélenchon a parlé de l'adhésion à venir d'un dixième parti au Front de Gauche, sans plus de précisions.... Depuis silence radio, qui aurait des infos sur ce sujet ?

[VincentLP92]

un processus de fusion samedi dernier lors d'une réunion tenue à Saint-Denis, en région parisienne. Deux scissions du NPA (la "Gauche Anticapitaliste" et "Convergences et Alternatives"), une du PCF (la FASE) et les Alternatifs, descendant de feu le PSU, ...

Les Alternatifs sont effectivement de très lointains descendants du PSU mais très matiné d'ex-communistes reconvertis et ajoutant des gens qui ont des relations avec les Verts. Ils avaient d'ailleurs rejoints la FASE vers 2008 (après avoir soutenu Bové) puis l'avaient quitté lorsqu'elle a intégré le Front de Gauche en 2011, avant de l'imiter l'année suivante. La fusion FASE-Alternatifs est donc une reconstitution de ligue dissoute.
Il en est de même pour les différentes courants issus du NPA et qu'il serait logique de réunir pour faire "masse" (encore que la logique organisationnelle n'est pas la chose la mieux partagée par les gauchistes).
La difficulté sera à priori de faire cohabiter ces deux cultures : trotskystes d'une part, communistes dissidents & alternatifs de l'autre.

Encore qu'on observe bien qu'existe depuis longtemps un courant à gauche qui associe la critique du capitalisme et la défense de l'écologie (sans se limiter à l'environnement). Déjà en 1993, ces petits groupes (LCR, CAP, AREV...) écolo-communistes (pour faire très vite, et en considérant les trotskystes et autres dissidents comme communistes) s'étaient rassemblés dans une association commune de financement, SEGA (qui vient de disparaître). Plus récemment, le PG a voulu proclamer une double identité de gauche et écologiste (voire ses couleurs).

Le projet de réunir toute cette gauche "alternative" (souvent, ce terme est apprécié) pour en faire une composante solide du FdG peut très bien réussir : on a à faire à des militants engagés et à quelques élus de poids autour d'une vision politique cohérente. Pas de quoi menacer la place du PCF, mais peser quand même dans des négociations. Les grands élus de la FASE ont peut-être à y gagner une position plus assurée pour négocier face au PS dans la préparation des municipales.
On peut même envisager à terme le retour d'éléments ayant fait un petit tour chez EELV (dans le style Gatignon, encore que pour lui, cela semble compliqué).