Marcy a écrit:Un point sur les candidats des formations se réclamant du radicalisme aux élections européennes.
Trois députés européens sortants :
- Thierry Cornillet (Mouvement radical social-libéral / MRSL, issu des radicaux "valoisiens") : ne se représente pas ;
- Dominique Riquet (MRSL, également issu des radicaux valoisiens) : candidat à sa réélection sur la liste "Renaissance" conduite par Nathalie Loiseau, en 16e place, et devrait donc être réélu a priori ;
- Virginie Rozière (Les Radicaux de Gauche, issue du Parti radical de gauche - PRG) : ne se représente pas.
Parmi les nouveaux candidats, ceux qui ont le plus de chances d'être élus (par ordre décroissant) :
- Catherine Amalric (MRSL, ex-PRG), en 25e place sur la liste "Renaissance" : elle doit donc escompter sur un score d'au moins 24 % à 25 % pour la liste LREM-Modem, soit sensiblement au-dessus des sondages actuels (21 % à 24 %) ;
- Benoît Biteau (ex-PRG), en 11e place sur la liste EELV-RPS-AEI : pour entrer au Parlement européen, il faudrait toutefois que la liste écologiste franchisse les 10 % et soit plutôt à 11 %, soit aussi un peu au-dessus des sondages actuels (8 % à 9 %) ;
- Nadège Désir (PRG), 10e sur la liste PP-PS-ND-PRG : les chances d'élection sont faibles, car il faudrait que la liste conduite par Raphaël Glucksmann perce à 9 % ou 10 % (contre 5 % à 5,5 % en moyenne actuellement).
Bref, il est donc probable qu'il n'y ait plus qu'un seul député européen radical au soir du 26 mai (contre 3 aujourd'hui), et qui serait un ex-PRV (Parti radical "valoisien"). Aucun des militants issus du PRG (ou qui y sont retournés en mars dernier) ne devrait plus siéger au Parlement européen, bien qu'ils soient cette année répartis sur 3 listes différentes (et la dispersion aurait pu être plus grande encore, Virginie Rozière ayant longtemps affiché une proximité avec Génération.s avant de tenter - en vain - de rejoindre la liste PP-PS, tandis qu'en sens inverse des ex-PRV sont pour leur part restés à l'UDI).
Je me suis trompé dans mes pronostics, puisqu'un ex-PRG a été élu avec Benoît Biteau sur la liste EELV. Pour lui qui se présentait toutefois comme agriculteur bio et non comme ex-PRG, il y a une certaine revanche personnelle : aux européennes de 2014 il était pressenti pour être le 2e candidat PRG éligible sur les listes PS-PRG mais finalement seule Virginie Rozière avait été élue (lui-même n'étant finalement pas candidat), les négociations PS-PRG n'ayant alors pas tourné en sa faveur malgré l'implication de Jean-Michel Baylet, alors président du PRG, qui n'avait pas hésité à interrompre lesdites négociations. Benoît Biteau avait ensuite rejoint les Radicaux de gauche (LRDG) de Virginie Rozière, mais s'était assez vite retrouvé marginalisé par Virginie Rozière, co-présidente de LRDG et candidate à sa réélection. Au final, Benoît Biteau a été élu sur une liste EELV tandis que Virginie Rozière n'a pas été en mesure de se représenter, après avoir été pressentie pour être 10e sur la liste PP-PS (place qu'elle a finalement dû concéder au profit d'une PRG "pur sucre" - entendre : du PRG reconstitué -, Nadège Désir), les mésaventures de Virginie Rozière ayant été largement médiatisées par elle-même et son parti (LRDG avait finalement appelé à voter pour une liste de gauche, sans préciser explicitement laquelle
https://lesradicauxdegauche.fr/2019/05/ ... -mai-2019/).
Dominique Riquet (MRSL, ex-radical valoisien), 16e sur la liste Loiseau, a été comme attendu réélu, alors que Catherine Amalric (MRSL, ex-PRG) rate son élection (elle était 25e, et il n'y a que 23 élus, après le départ effectif des Britanniques de l'Union européenne). Il n'y a donc qu'un radical élu sur les 23 de la liste "Renaissance", soit moins de 5% des élus de la liste majoritaire : c'est un recul relatif de la place des radicaux dans la politique française (du moins hors partis de gauche), puisque le PRG obtenait en principe près de 10% des places sur les listes du PS, et que le Parti radical valoisien représentait en gros un tiers de l'UDI, qui lui-même pouvait prétendre à un tiers des places sur les liste d'union de la droite et du centre (soit là encore 10 % des places éligibles sur les listes d'union de la droite et du centre).
Nadège Désir (PRG, sur la liste Glucksmann) rate l'élection encore plus nettement (10e sur une liste qui ne compte que 6 élus après Brexit). Une dixième place, c'est un (petit) 10% de l'ensemble PP-PS qui pointe à 6,2%, soit 0,6%. Le PRG avait réalisé 0,47% aux législatives de 2017 (
https://fr.wikipedia.org/wiki/Élections_législatives_françaises_de_2017#Résultats_nationaux). Le PRG peut donc considérer qu'il a maintenu son influence relative vis-à-vis d'un PS lui-même dans des eaux toujours basses (les seuls candidats estampillés PS étaient à 7,44% aux législatives de 2017).
Enfin, au centre-droit, les radicaux restés à l'UDI (qui avaient fondé le club Génération 1901) ont nettement perdu en visibilité au sein d'une UDI réduite à 2,5%.
Des radicaux tendant à être marginalisés au centre (avec le MRSL), à gauche toujours présents (avec le PRG) mais dans le sillage d'un PS affaibli (avec une inconnue sur ce que deviendra LRDG, dont les perspectives d'avenir sont encore assombries par les déconvenues électorales de Génération.s et de la France insoumise), en voie de disparition au centre-droit et à droite (avec le très peu médiatique club Génération 2001)... les temps sont durs pour le radicalisme français, bien loin d'un certain enthousiasme des militants lorsque le MRSL avait été porté sur les fonds baptismaux (pour utiliser une métaphore qui fera sourire les laïcs, très présents chez les radicaux), il y a seulement un an et demi.