Fabien a écrit:Les ex-ex-radicaux de gauche (on s'y perd!) n'auront donc finalement pas accepté de changer de camp. Car c'est bien de cela qu'il était question avec le MRSL: un parti dans l'orbite de la majorité présidentielle, elle même de plus en plus clairement ancrée à droite.
Le cas des radicaux me semble emblématique de l'impossibilité de constituer en France un véritable "centre", un tel positionnement aboutissant toujours fatalement à droite, comme on l'avait déjà vu maintes fois dans notre histoire politique.
On notera cependant qu'un grand nombre de membres de LREM issus du PS continuent, eux, bel et bien à soutenir, un gouvernement et un partis sans cesse plus ancrés dans le camp opposé à celui dont ils viennent...
De quoi prouver rétrospectivement que tous ceux qui pointaient les convictions pour le moins incertaines du PS période Hollande n'avaient pas forcément tort!
En même temps (et sans mauvais jeu de mots) il y a plus d'ex-PRG parmi les parlementaires LREM que de parlementaires PRG (reconstitué), la différence avec le PS étant toutefois que les PRG passés à LREM n'avaient, pour la plupart, pas de précédent mandat de parlementaire, et qu'ils ont choisi une - comment dire ? - opportunité.
A présent ceux des radicaux restés au MRSL (y compris les ex-PRG) veulent faire croire à une scission minoritaire au sein du PRG reconstitué parmi les ex-PRG, en dégainant les chiffres : seules 4 fédérations du MRSL sur les 28 présidées par d'ex-PRG rejoindraient Guillaume Lacroix, Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet dans leur retour au PRG (
https://france3-regions.blog.francetvin ... tanie.html).
Mais la prudence s'impose, si l'on s'en tient au seul chiffre des fédérations départementales :
- même si toutes les fédérations du MRSL n'étaient pas mises en place fin 2018 (loin s'en faut), cette donnée montre une nouvelle fois l'ascendant pris par les ex-PRV au sein du MRSL ; les ex-PRG ayant perdu ces batailles internes aux fédérations ne sont que d'autant plus enclins à retrouver le chemin du PRG, et 40 % ou 45 % des militants dans 3 fédérations peuvent peser numériquement davantage que tous les militants ex-PRG d'une seule fédération MRSL à présidence ex-PRG ;
- des accords locaux ou les circonstances ont permis à des ex-PRG de présider des fédérations du MRSL bien que les ex-PRG aient été nettement minoritaires ; c'est par exemple le cas des Hauts-de-Seine, qui était une importante fédération PRV (même si la déperdition du PRV au profit de l'UDI a probablement dû y être importante) ; j'y vois deux raisons : maintenir un pluralisme de façade, et surtout le fruit des divisions au sein des ex-PRV qui peuvent avoir intérêt à choisir un président de fédération ex-PRG tout en ayant le contrôle des autres postes de la fédération, et minorer le poids de leurs anciens adversaires ex-PRV (on a souvent plus d'ennemis dans son propre parti qu'à l'extérieur) ;
- selon mes informations en interne, beaucoup d'ex-PRG sont encore dans l'expectative (je pense notamment aux Corses) - il faut donc attendre le congrès du MRSL et la réunion reconstitutive à venir du PRG, l'un et l'autre en mars - et plus encore les perspectives électorales des municipales. Si la gauche rebondit l'an prochain (ce qui est assez probable dans des régions comme le Sud-Ouest), il y a fort à parier qu'il y aura de moins en moins d'ex-PRG au MRSL. Au demeurant, un tel phénomène ne serait pas nouveau : lors de la création du MRG, il y a eu durant les premières années d'assez nombreux allers et retours entre le Parti radical historique et le MRG.
Quoi qu'il en soit, ceux qui étaient au PRG en 2016 - avant l'émergence d'En Marche ! - ont fait des choix qui correspondent aux reclassements politiques opérés :
- des ralliements, souvent précoces, à LREM,
- une fusion avec le MRSL dans une perspective d'alliance avec LREM,
- un retour au PRG et au schéma ancien de l'union de la gauche, avec une prédilection comme hier pour le PS,
- enfin LRDG (de Virginie Rozière) qui penche vers une satellisation par Génération.s (ce n'est pas le choix de l'autre co-président de LRDG, Stéphane Saint-André, mais ce dernier pèse de moins en moins en interne à LRDG vis-à-vis de Virginie Rozière, peut-être dans l'attente que cette dernière garde - ou perde - son mandat de parlementaire européen).
Il y avait quelque 3500 militants au PRG en 2015 : j'estime que 500 sont passés à LREM (pas plus), 500 restent au MRSL, 1000 reviennent au PRG, 100 restent à LRDG (qui subit le contrecoup de la reconstitution du PRG), au plus 20 sont à GE (ce qui est beaucoup pour la formation de Delphine Batho, qui a 120 membres, car le PRG d'avant autorisait la double appartenance avec GE), le reste (moins de 1400) étant parfois ailleurs (PS, FI - il y a des cas très marginaux que je connais) et surtout nulle part : ce genre de situation est en effet de nature à décourager même les meilleures volontés... y compris chez des militants PRG qui n'avaient pas peur de passer pour des originaux dans des régions où le radicalisme relevait déjà plus de l'histoire politique.