Vers une large victoire du PS?

[Artisan-Politologue]

Je suis un peu plus réservé que Jean-Philippe sur les sondages. Souvenons-nous des résultats très décevants de la gauche aux municipales de 2001, alors que les sondages pronostiquaient une grosse vague rose. Certes, lors des régionales, les électeurs se déterminent davantage sur des dossiers nationaux et l'asbstention est plus forte.
Je rejoins les pronostics d'Hashemite. Il faudrait vraiment de grosses surprises au premier tour (écolos en tête de la gauche dans 15 régions, ou au contraire très en-dessous des prévisions, effondrement du FN, regain du MoDem...) pour que cela ne se passe pas ainsi.
Mais le phénomène le plus probable sera, une fois de plus, le cruel manque de réserves de la majorité entre les deux tours, qui ne sera que la suite logique de sa victoire en trompe-l'oeil lors des dernières européennes (et de la correction observée au second tour des législatives de 2007). On comprend l'empressement de Sarko de généraliser le scrutin majoritaire à un tour à l'anglo-saxonne.

Manu

[Denis]

@Jean-Philippe
Je suis très étonné de vous voir oublier, parmi d'autres, des régions aussi évidentes que le Midi-Pyénées (39% annoncés), l'Aquitaine (34 à 38%), ou même la Bretagne, Poitou-Charentes etc.

[Jean-Philippe]

Pour Midi-Pyrénées, j'ai oublié le sondage : c'est vrai qu'il y a un effet Malvy indiscutable (plus de 60% en plus de score théorique) : il est connu, respecté, en place depuis 1998 et a un bilan peu contesté, ce cumul d'avantages étant unique parmi les sortants.
Par contre, pour l'Aquitaine, la Bretagne et Poitou-Charentes, je n'ai pas vu les résultats de sondages régionaux. Mais c'est probable que le PS y fasse plus de 30%, comme dans le Limousin.

[Jean-Philippe]

Le PS comme l'UMP a soigné ses alliés du premier tour. Ainsi, alors qu'en 2004, le MRC avait 15 conseillers régionaux, il aura au prochain scrutin 27 candidats en position éligible. Le PRG (52 élus en 2004) aura 62 candidats éligibles. Il faut ajouter que le PS a rallié nombre d'élus sortants Verts comme en Bretagne (sous l'étiquette Bretagne-Ecologie ou Pays-de-la-Loire (Écologie solidaire). Les proches de Robert Hue sont présents notamment en Picardie et IDF. On compte même des radicaux valoisiens (1 en Vendée, 1 en Haute-Savoie).
Au second tour, ce sont ses élus qui seront concernés en priorité par les fusions avec EE et le FG, mais MRC et PRG auront au final un nombre d'élus très proche de celui de 2004.
Aujourd'hui, l'accord avec le PRG et le MRC vise aussi à préparer les échéances de 2011 (cantonales et sénatoriales) et 2012 (présidentielles et législatives). Cela tranche avec le mépris affiché pour le PRG lors des européennes, lequel les avaient poussés à appeler à voter blanc.

[Jean-Philippe]

Suite au Bureau national du parti, réuni cet après-midi, il est décidé que "l'ensemble des camarades du Languedoc-Roussillon" figurant sur la liste du DVG Georges Frêche pour les régionales "se sont mis eux-mêmes en dehors du parti". Ils seraient 59 concernés dans la région, dont "5 premiers fédéraux et 2 présidents de conseils généraux sont concernés par cette constatation". L'exclusion est théoriquement de deux ans.

En outre, dans "23 départements il y avait des candidats qui avaient décidé d'être sur des listes d'autres formations politiques qui n'ont pas été ratifiés par les instances du parti" : parmi eux, il y a le n°1 du PS en Haute-Loire, sur la liste Modem. Mais la plupart, quelques dizaines, sont probablement sur des listes d'EE. J'aimerais bien avoir des détails sur le sujet.

Au cours de la réunion, Martine Aubry a proposé la création "après les régionales" d'"une mission regroupant l'ensemble des sensibilités du PS", dont l'objectif sera de "permettre de retrouver le chemin du dialogue, de la réconciliation et de la rénovation dans l'ensemble du Languedoc-Roussillon". De ce côté-là, il y aura du boulôt à faire, surtout avec les cantonales 2011 et les sénatoriales, en Lozère et surtout dans les Pyrénées-Orientales, qui approchent.

[Jean-Philippe]

Alors que l'objectif de l'UMP était de creuser l'écart avec le PS au 1e tour, il apparaît que dans un certain nombre de régions, le PS seul sera devant l'UMP dès le premier tour.
Je distingue 4 types de régions : celles où l'UMP sera probablement loin de la première place dimanche 14, celles où PS et UMP seront au coude-à-coude, celles où le PS sera légèrement devancé et celles où il sera largement devancé (plus de 5 points).

1) Aquitaine, Bretagne, Languedoc-Roussillon, Limousin, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Haute-Normandie, Poitou-Charentes
2) Bourgogne, Lorraine (malgré le sondage que je trouve trop favorable au PS), Basse-Normandie, PACA
3) Auvergne, Centre, Champagne-Ardenne, IDF, Pays-de-la-Loire, Rhône-Alpes
4) Alsace, Corse, Franche-Comté, Picardie

En Outre-Mer l'UMP devrait jouer la figuration sauf en Guyane où la liste qu'elle soutient peut réserver des surprises (en décevant ou en rassurant ses concurrents).

[Jean-Philippe]

Avec un PS qui devance l'UMP nationalement, à 29,5 contre 27, le grand chelem est possible : en Alsace, seule région conservable (apparemment) par la droite, la gauche est 37 (39,5 avec l'extrême gauche) contre 36,5 pour la droite et 18,5 pour l'extrême droite.
Avec les renforts d'EE et du FG (12,5 et 6,2 environ), en comptant les DVG, la gauche dépasse de peu 50%, contre 40% en 2004.
Avec l'extrême gauche à 3,3% (lourd échec), la gauche est largement devant l'UMP qui ne pourra pas compter sur des reports frontistes.
Les derniers sondages ont certes sous estimé le FN, ils avaient bien vu le PS devant l'UMP, le FG à 6%, le NPA autour de 2%, le Modem à 4%. L'abstention a, contrairement à 2004, été sousestimée, mais moins par les sondages que par moi-même.

[Jean-Philippe]

Je fais ici un rapide point sur les fusions de liste à gauche :
échec à confirmer, mais parti pour l'être en Bretagne avec EE, en Limousin (refus du PS d'intégrer un NPA) et Nord-Pas-de-Calais avec le FG («Nous réclamions d'avoir 20 élus, contre 19 dans la précédente législature, et le PS nous a proposé d'en avoir seulement 16. De même, nous voulions pouvoir conserver notre liberté de choix et de vote», a expliqué un responsable communiste.)

Réussite de la fusion en Corse (Giacobbi, qui a réalisé le meilleur score à gauche (15,48%), présiderait le conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Corse et Dominique Bucchini (Front de gauche) l'assemblée.
Partout ailleurs les fusions ne devraient pas poser de problèmes, certaines étant déjà annoncées.
En aucun cas, les échecs ne remettent en cause la victoire de la gauche au second tour : la division est un luxe de riches pourrait-on dire.

En Languedoc, plusieurs dirigeants PS (Peillon, Hollande, Collomb...) appellent clairement à voter Frêche. Il n'y aura pas de fusion (mais qui y songeait vraiment ?).

[Jean-Philippe]

Finalement, l'union n'a pu se faire en Limousin (où le FG, allié au NPA, atteint 13,13%), en Bretagne (où le président sortant a refusé les exigences de la liste EE (12,21%) en terme de places) et à la Réunion (où le PS et l'Alliance autour du PCR n'ont pu se mettre d'accord), mais a eu lieu ailleurs.

Il y a donc un accord PS-FG dans 9 régions sur 17 : Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes, Haute-Normandie, Paca, Midi-Pyrénées, Centre, Auvergne, Aquitaine, Ile-de-France.
En Picardie, le FG et le PS n'ont pu se mettre d'accord mais cela n'aura pas de conséquences majeures, le FG n'ayant obtenu que 5,35%, concurrencé par la liste dissidente de Gremetz (6,21%).
Avec EE, l'accord s'est fait partout (Bretagne excepté) soit 19 régions métropolitaines (pas de liste en Corse et liste éliminée en Languedoc-Roussillon par refus de passer sous les fourches caudines de Frêche). Outre-mer, la liste réunionnaise est éliminée de peu (4,93%), tandis que celle de Guyane est en position de fusionner avec la liste de Mme Taubira.

[Hashemite]

Etude Ifop sur les rapports de voix dans un duel droite/gauche:

http://www.ifop.com/media/poll/1106-1-study_file.pdf

LO: 69-31 gauche
NPA: 82-18 gauche
FG: 96-4 gauche
PS: 98-2 gauche
EE: 78-22 gauche
MODEM: 54-46 gauche
UMP: 98-2 droite
FN: 70-30 droite

Il est toujours bizarre de voir 20-30% des électeurs LO se reporter sur la droite. C'est déjà vu dans plusieurs scrutins.