de SALVAT » Dim 9 Oct 2016 20:27
" Avec le décès à 99 ans de Fernand Berthouin, c'est une grande figure de la vie pressignoise et au-delà de tout le Lochois qui s'en est allée. Cet homme discret et élégant, qui parlait de lui comme d'un « petit mécano », fut élu député de la troisième circonscription d'Indre-et-Loire de 1962 à 1978 et maire du Grand-Pressigny de 1954 à 1977. Avec l'étiquette radicale-socialiste, il l'emporte aux législatives sur un monstre sacré de la Ve République, le gaulliste Michel Debré, qui en fut le premier chef de gouvernement et l'inspirateur de la constitution. « Quand j'ai été élu, ça a été comme un coup de tonnerre », se souvenait Fernand Berthouin lors d'une rencontre avec la NR au printemps 2013.
Sa vie fut un véritable roman, et pas seulement sur le plan politique.
Natif du Grand-Pressigny, il fut fait prisonnier de guerre dès 1940.
Pour « s'évader », il écrit de multiples poèmes qui seront publiés bien plus tard, en 2001, dans « Soliloque d'un prisonnier ».
Au sortir de la guerre, il se lance dans les travaux publics et l'auto-école. Avant d'être embarqué, presque malgré lui, dans l'aventure politique.
Son autre passion fut la préhistoire, comme en témoigne l'impressionnante collection de bivalves et autre silex préhistoriques qu'il conservait chez lui et son implication dans la Société préhistorique de France. Au Grand-Pressigny, il est l'un des initiateurs du musée de la préhistoire actuel.
« Ce que j'ai toujours détesté en politique, c'est le sectarisme », soulignait Fernand Berthouin. Face à Michel Debré, la campagne des législatives fut rude. Sans mettre en cause Michel Debré lui-même, il confiait à la NR les intimidations du Sac, cette garde prétorienne du gaullisme de triste mémoire. Puis son sentiment d'être « paumé » une fois dans l'hémicycle de l'Assemblée : « Je n'avais pas fait l'Ena. J'étais le malvenu dans tous les ministères, dans toutes les administrations locales et départementales. »
En 1974, Giscard lui propose d'être ministre. Fernand Berthouin refuse.
En 1978, Fernand Berthouin se retire volontairement de la vie politique qu'il a continué de suivre de près. « Personne, dans la situation qui était la mienne il y a soixante ans, ne pourrait actuellement connaître le même destin », confiait-il à la NR au printemps 2013"
Une belle rétrospective de la Nouvelle République.
Il sera inhumé demain, lundi 10 octobre 2016.
Bertrand SALVAT