de Herimene » Mar 21 Mar 2017 16:53
Faut avouer que tout cela est assez difficile à suivre.
Globalement, les divisions de la droite à Dijon sont très anciennes... la perte de la ville au profit de Rebsamen en 2001 n'a jamais vraiment été digérée et la liste d'union de la droite aux Municipales de 2008 comme de 2014 n'a été qu'une "union de façade" derrière un candidat au poste de Maire (qui était respectivement François-Xavier Dugourd en 2008 et Alain Houpert en 2014) qui était à chaque fois fortement contesté en interne... sauf qu'à chaque fois le score de la liste de droite a été très décevant, alors dès les premières semaines après l'élection les tensions parmi l'opposition municipale ont commencé à fortement resurgir avec des règlements de compte entre les plus ambitieux.
Il faut rappeler notamment que juste avant les Municipales de 2014, si François-Xavier Dugourd avait rapidement annoncé ne pas concourir pour la tête de liste, les trois principaux prétendants à celle-ci, Laurent Bourguignat, Alain Houpert, Emmanuel Bichot (ses deux derniers étant relativement "parachutés" car élus bien en dehors de l'agglomération dijonnaise à l'époque, respectivement à Saint-Romain et à Salives) s'étaient "écharpé" des semaines durant, Alain Joyandet étant intervenu notamment pour qu'ils trouvent un terrain d'entente qui s'est avéré bien fragile.
On voit bien que ses ambitions dévoilées à l'époque restent très vives, car le premier à claquer la porte sous la mandature du groupe d'opposition municipale a été Emmanuel Bichot (le plus vif opposant à Houpert et ses soutiens lors de la période pré-Municipales) qui a créé un groupe avec une autre élue de la liste de droite et un ex-FN en décembre 2015.
Aujourd'hui, c'est Laurent Bourguignat qui claque la porte du groupe d'opposition municipale "principal" en critiquant l'inaction de la droite dans l'opposition à Rebsamen. L'histoire semble se répéter une nouvelle fois mais même si son ambition est clairement un moteur de sa décision, on peut aussi remarquer que ses critiques ne semblent pas sorties de nulle part... l'opposition municipale est plutôt inaudible depuis le début de la mandature et il est vrai qu'elle a en grande partie abandonné le terrain, notamment médiatiquement. Cela est probablement dû au fait que beaucoup de ses membres ne voyaient le conseil municipal que comme un tremplin politique le cas échéant et n'ayant pas vraiment l'intention de mener un travail minutieux d'opposition municipale sur le terrain pendant toute une mandature... je pense tout particulièrement à Alain Houpert, plus préoccupé par son poste de Sénateur et des combines pour s'opposer à Sauvadet au niveau côte d'orien et régional que par autre chose... et François-Xavier Dugourd, dont la double ambition est de devenir Président du Conseil départemental et député (et successeur de Rebsamen éventuellement, mais il n'y croit plus depuis un moment (mais il faut l'avouer q'uil semble en retrait désormais dans toutes ses tensions inter-dijonnaises).
Notons aussi qu'en filigrane, historiquement il y a des tensions entre courants politiques internes à la droite, Bourguignat étant Juppéiste (plutôt de droite modérée donc), Bichot très marqué à droite (fervent Copéiste notamment par le passé), Houpert sarkozyste "radical" (très opposé à Sauvadet et à l'alliance avec les Centristes en règle général), Dugourd sarkozyste "modéré" (car proche de Sauvadet, et donc partisan d'une alliance avec l'UDI).
Anne Erschens a été placée un peu au milieu de tout ça dès le début de la mandature, honnêtement plus pour ne brusquer personne qu'autre chose... et aussi car Alain Houpert s'est mis dès le départ en retrait après l'échec de sa liste aux Municipales (peut-être que certains élus de sa liste lui ont suggéré un tel retrait d'ailleurs).
Je pense qu'à la base c'était l'une des seules à ne pas avoir une ambition démesurée, mais il est clair qu'elle n'a jamais réussi à totalement s'imposer en interne, même si le tort ne lui revient pas forcément. Sauf qu'il y a quelques mois, elle a été investie par LR pour les prochaines législatives dans la 1ère circonscription de Côte d'Or... beaucoup l'ont très mal accepté, aux premiers rangs desquels l'ancien député Bernard Depierre et surtout François-Xavier Dugourd, qui pensait que cette investiture lui était quasiment assurée, notamment en contrepartie de s'être mis en retrait aux Municipales de 2014 (il est d'ailleurs possible que certains cadres de l'ex-UMP est trahie la parole donnée à ce niveau-là )... et certains lui font désormais payer clairement son ambition nationale... même s'il est vrai que son bilan local n'est pas forcément glorieux.
Maintenant, voilà qu'elle démissionne, clairement pour essayer de sortir par le haut de ce "panier de crabes" plutôt que pour se conformer au futur cumul des mandats. Pas forcément une mauvaise décision cela dit, mais je ne suis pas certain que cela calme le jeu car le retour d'Alain Houpert en première ligne viendra peut-être... et cela n'arrangerait pas les relations entre les différents courants de la droite dijonnaise c'est certain.
Bon, pour finir on peut le dire, et je pense que Laurent Bourguignat l'a bien compris, lui qui n'était pas forcément le plus habitué des coups de gueule contre son camp, pour faire rebasculer la ville en 2020 c'est quasiment d'ores et déjà perdu d'avance... et cet état de fait ne va pas calmer les rancœurs entre principaux prétendants à la mairie de Dijon, c'est certain... et quoi qu'en dise Anne Erschens pour reconquérir la 1ère circonscription cette année, ça commence aussi à devenir de plus en plus compromis... alors que j'avoue il y a quelques mois encore je voyais très difficilement la gauche la conserver... là je pense cela dit que vu le profil de l'électorat dans la circonscription, En Marche serait désormais presque favori si Macron gagne la Présidentielle...