La stratégie de Sarkozy pour être réélu

[Jean-Philippe]

Comme en 2007, Sarkozy mise sur sa droite pour espérer être réélu. Son discours de Grenoble hier en est l'illustration. Le retour aux fondammentaux de la droite prôné par certains à l'UMP implique une enième réactualisation du discours sécuritaire qui l'a aidé à arriver au pouvoir en 2007.
Cependant cette stratégie est risquée : quand on souhaite être élu, on rassemble d'abord son camp. Quand on souhaite être réélu, on cherche davantage à élargir son camp (cf Mitterrand en 81 et 88). Ce que fait Sarkozy semble être l'inverse.
De plus, la manoeuvre ayant été souvent opérée, elle en est d'autant plus visible. Personne n'est dupe.

L'éventuelle reconquête de l'électorat frontiste suffira-t-elle à compenser la perte probable d'un électorat plus modéré ?

Je pense que le premier, de profil plus populaire, sera plus porter sur l'abstention que le second, qui correspondrait davantage aux classes moyennes.
L'abstention devrait dépasser 25%, voire les 29% de 2002. A qui cela profitera-t-il ? Au FN en premier lieu.

Au final, je pense que Sarkozy fait une erreur stratégique (mais je me trompe peut-être).

[Zimmer]

Le lien qu'il fait entre la délinquance et l'immigration est très contestable, pour ne pas dire beaucoup plus... Ca ne va pas contribuer à apaiser des tensions qui sont déjà nombreuses, dans la société française, depuis plusieurs années.

Je pense, moi aussi, qu'il s'agit d'une très mauvaise stratégie qui, si elle a pu lui être payante à un certain moment, ne le sera plus. Il a été ministre de l'intérieur pendant près de quatre ans, entre 2002 et 2007, et il est président de la République depuis maintenant plus de trois ans, or, force est de constater que l'insécurité n'a pas reculé depuis toutes ces années : il suffit, pour cela, de voir jour après jour la liste des faits divers dramatiques, dans notre pays. Dans le même temps, c'est encore 3000 postes qui sont supprimés, en 2010, dans la police et la gendarmerie. Les Français, notamment ceux issus des milieux populaires, qui, de par leur lieu d'habitation et quelque soit leur origine, sont les premières victimes de l'insécurité, sont en effet de moins en moins dupes de cette stratégie trop répétée de communication.

Sarkozy avait déjà instauré le "débat" sur "l'identité nationale" juste avant les dernières élections régionales. Le climat délétère qui avait accompagné celui-ci a bien davantage profité au FN qu'à l'UMP lors de ce scrutin. De la même manière et en l'absence de résultats, tous les discours qu'il pourra désormais tenir sur la lutte contre l'insécurité pourraient bien se retourner contre lui comme un boomerang.

[Zimmer]

Pour revenir au point qui fait actuellement le plus polémique dans le discours de Sarkozy prononcé vendredi à Grenoble, à savoir la déchéance de sa nationalité à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique, l'ancien garde des sceaux et ancien président du Conseil constitutionnel Robert Badinter a fait remarquer aujourd'hui, sur France Inter, qu'une telle disposition serait contraire à la Constitution, dont l'article 1er (qui est quand même LE symbole de ce qu'est la République française) précise notamment que «la France est une République indivisible" qui "assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion".

D'autres constitutionnalistes, dont Guy Carcassonne, partagent ce point de vue.

Cette déclaration de Sarkozy risque donc fort de ne pas être suivie d'effets et donc, au final, de le desservir davantage qu'autre chose. Le FN pourrait, quant à lui, récupérer la mise auprès d'électeurs que cette proposition aurait pu séduire.

http://www.20minutes.fr/article/587049/Politique-Decheance-de-nationalite-Une-mesure-contraire-a-la-Constitution-francaise.php

[Jean-Philippe]

Avec la politique sécuritaire, la manière dont est menée la réforme des retraites (plus que le fond de la réforme elle-même), l'injustice ressentie dans le domaine de la fiscalité, l'image négative projetée hors du pays, les promesses de rupture avec l'ère Chirac déçues sur plusieurs points (je dois en oublier), Sarkozy va devoir trouver une très très bonne stratégie pour se faire réélire.
Pour le reste de son mandat, je pense qu'il va se calmer sur l'international, tenter un effort sur la fiscalité. Mais pour le reste, ça va être très difficile.
Il ne peut compter que sur la division de ses adversaires ou leur faiblesse. Le hic, c'est que sa politique clivante favorise le rapprochement de ses adversaires : entendre Boutin et l'extrême gauche sur les Roms ou voir le PS uni sur la retraite,
Quant à leur faiblesse, Aubry prend de la bouteille et DSK n'en perd pas.

[Jean-Philippe]

63% des Français souhaitent que Sarkozy ne se représente pas, contre 34% qui sont pour (62/35 en août 2010 et 58/33 en mars 2010). Au FN, ceux qui sont pour sont minoritaires, mais moins qu'en août (+12 points à 43%), mais la tendance est inverse chez les électeurs Modem (plus rares) : 34 contre 49%.
A l'UMP, les sympathisants sont 74% à refuser le retrait de Sarkozy, mais les très favorables à une nouvelle candidature sont moins nombreux (-5 à 26%)
http://www.ipsos.fr/ipsos-public-affair ... at-en-2012

Il est donc urgent pour Sarkozy de redresser la barre. Plus que un an et 3 mois pour trouver une solution...

[vudeloin]

Je crains pour lui que son insistance à vouloir supprimer l'ISF ne finisse par lui coûter assez cher...

[ligerien]

Je crains pour lui que son insistance à vouloir supprimer l'ISF ne finisse par lui coûter assez cher...

...Ainsi que son soutien à Alliot-Marie après tant d'autres affaires de cigares, jet privés (déjà), hippodrome, légion d'honneur, Liliane B, appartement de fonction, et j'en oublie certainement

[Zimmer]

Un article publié dans Le Monde daté de ce week-end (14-15 août 2011) nous apprend qu'un groupe s'est constitué autour du président du conseil de surveillance de Vivendi, Jean-René Fourtou, pour aider, en parallèle de l'UMP, à la réélection de Nicolas Sarkozy. Ce groupe comprend notamment le journaliste Gérard Carreyrou, le directeur des rédactions du Figaro, Etienne Mougeotte, l'ancien ministre Alain Carignon ou encore le président du conseil d'administration de BNP Paribas, Michel Pébereau.

La candidature de Sarkozy à un second mandat ne fait aujourd'hui plus guère de doute.

[RAYAN DU 09]

dans ce groupe on retrouve le journaliste et ancien président du PSG Charles Villeneuve

[Zimmer]

Je ne sais pas si l'annonce de la mort de Kadhafi, aujourd'hui, peut avoir un impact positif pour Sarkozy en terme de popularité.

Elle peut lui faire gagner quelques points dans les prochains sondages. Dans six mois, cet évènement paraîtra cependant déjà lointain... et la situation en Libye n'était, de toute façon, pas la préoccupation première des Français. Si Sarkozy et l'UMP mettaient un peu trop en avant les bienfaits de l'intervention en Libye, cela pourrait d'ailleurs être à double-tranchant, leurs opposants pouvant en effet rappeler la visite à Paris, en grande pompe et particulièrement baroque, de l'ancien dictateur, au tout début du quinquennat, et le ridicule qu'elle avait suscité pour la diplomatie française.