Bon, forcément je vais lancer mon sujet sur la Mayenne;-)
Trois circonscriptions en Mayenne. Le découpage peut se résumer en « Nord », « Centre – Laval et alentours » et « Sud » mais c'est un beau découpage Pasqua avec de vrais trucs fun. Ainsi Laval (plus favorable à la gauche) a un petit bout dans les deux autres circos, la circo de Laval a une étrange sorte de banane remontant vers le Nord-Est de manière très étrange, etc.
Commençons par celle qui a le moins d'enjeu, celle du Nord Mayenne (3e). Jamais autrement à qu'à droite durant la Ve, malgré la présence du fief socialiste de la ville de Mayenne (fief qui a tanggué aux départementales d'ailleurs, même si le maire restait en tête sur sa ville), c'est la circo la plus sûrement à droite. Le député Yannick Favennec (élu en 2002), depuis peu VP du conseil régional à la ruralité, y a été réélu au premier tour en 2012, l'impact de la présidentielle se faisant ressentir par un score en dessous des 55 %...
Le seul truc qui pourrait être surprenant serait qu'il décide de se consacrer à son mandat régional mais bon, j'ai des doutes. En tous les cas la droite gardera la circo et bien que Favennec ai quitté l'UMP pour l'UDI en tout début de mandat il y a très peu de chance que les électeurs lui en veuillent, même si LR mettait en candidat en face de lui. Il faut reconnaître à Favennec une ultra-présence sur le terrain, quasi digne du don d'ubiquité. A titre perso ce n'est pas ce que j'attends nécessairement d'un député mais il est certain qu'il est très connu des électeurs.
Allons désormais dans le sud (2e). Circo de droite mais qui a tangué en 2012 en offrant qu'une courte tête au candidat UMP. Bon, c'était plutôt une surprise et ne devrait pas se reproduire. L'élection de Guillaume Chevrollier (LR) en 2012 avait surpris car personne ne l'attendait vraiment : il y avait deux candidats centristes très ancré, la conseillère départementale E. Doisneau (qui avait éliminé le PS en 2007 et avait été une des rares Modem au second tour, face à l'UMP) et le maire de Château-Gontier Philippe Henry. Seulement, ne se mettant pas d'accord entre eux ils se sont chacun présentés, obtenant tous deux plus de 15 % et laissant Chevrollier en tête de la droite avec 20%. Depuis Doisneau est entrée au Sénat en remplacement d'Arthuis ce qui, disait-on, laissait le champ libre à Henry pour prendre la circo à Chevrollier en 2017...
Mais depuis Henry est devenu président du groupe centriste au conseil régional après avoir rapidement quitté son mandat de conseiller départemental... Il serait peut-être mal vu qu'il se présente, certes Béchu a pu le faire mais là ce serait un candidat de droite et même si je trouve Chevrollier assez sinistre et transparent, il garde le poids du sortant. Par ailleurs Favennec ayant quitté l'UMP pour l'UDI LR n'aura peut-être pas envie de perdre un député. Reste à voir ce que donnera l'habituelle alliance LR/UDI (ici c'est le second parti qui est largement dominant, particularité locale), on m'a murmuré qu'il y aurait quoiqu'il en soit un centriste au premier tour.
En tous cas s'il y a un duel ce sera droite droite, peu de chance que le PS réussisse à s'imposer. D'autant que je ne vois pas la candidate de 2012, Marie-Noëlle Tribondeau, mairesse de Bierné, repartir. En effet elle est depuis allé au casse-pipe pour le PS en suppléante aux sénatoriales, aux départementales (où elle a pris une sévère défaite dès le premier tour, la droite étant élue et le FN devant eux) et pensait être élu aux régionales mais le 2e siège d'opposition assuré à la liste « gauche unie » a disparu au soir du second tour. Une sévère déception et je comprendrais qu'elle n'ai pas envie de se lancer dans un combat perdu d'avance.
Et nous voilà donc dans la première circonscription. Historique circo de François d'Aubert (sept mandats), elle avait été enlevée par le socialiste Guillaume Garot en 2007 à la surprise générale. Ce socialiste au profil très propret et peu gauchisant avait réussi à draguer l'envie de renouvellement et l'électorat centriste. Fils de député européen, très présent sur le terrain, il avait emporté la mairie de Laval au premier tour l'année suivante puis été facilement réélu en 2012 face à la leader de l'UMP en Mayenne : Samia Soultani-Vigneron. Quelque mois après ce lieutenant de Ségolène Royal entrait au gouvernement sur sa quote-part au portefeuille de l'Agroalimentaire, poste inventé pour son entrée et qui disparaitra à sa sortie après la sévère défaite aux municipales Lavalloise. Depuis il a été facilement élu conseiller départemental (un des seuls de la Mayenne) dans un canton certes très favorable, mais où son aura personnelle a du jouer (d'autres bastions sont tombés). Il reste que son étoile à pâlit et que c'est ici que se situe l'enjeu de 2012.
Samia-Soultani Vigneron, qui n'était en 2012 que prof à l'IUT et conseillère municipale d'opposition, est devenu 1ère adjointe de Laval, 1ère VP de Laval Agglo et Vice présidente de la région. Elle a gagné un galon politique certain et a lissé son discours de manière plus large et englobante, bien qu'elle soit toujours une figure de la « Droite forte » en région (malgré un engagement fort et sincère, localement, pour les assos LGBT). Également à droite un autre adjoint au maire de Laval et VP de Laval Agglo, Philippe Habault, chirurgien et en charge des finances, membre de l'UDI, a annoncé sa candidature. Gros bruit dans le Landerneau local, on verra ce que ça donnera (ira-t-il au bout où est-ce juste de l'intimidation?). En tous cas c'est bien un duel Garot/Soultani-Vigneron qui est attendu, mais pas avec la même certitude pour le résultat final, la droite rêvant de reprendre cette circo « volée » en 2007 (c'était vraiment vécu ainsi, tant la droite a toujours possédé les 3 circos).
Garot a toujours cultivé un profil centriste et consensuel, plus payant ici que la bréviaire marxiste, récupérant au second tour les voix de la gauche mais aussi bien plus largement. Seulement outre que la droite conquérante aura envie de reprendre le coin, il n'est plus du tout aussi consensuel à gauche. Totalement dans la ligne Valls-Hollande, Garot a voté tous les projets clivants du gouvernement : Loi Macron, Renseignement, projet de réforme constitutionnelle, Loi Travail... Il s'est très clairement aliéné l'électorat de gauche plus « dure » qui pèse certes peu dans ces territoire, mais le privera de trois ou quatre % bien utile dans le contexte. On rappellera qu'en 2012 les écologistes locaux avaient fait le choix, hors accord national, de ne pas présenter de candidat face à lui, il y a très peu de chance que ça se reproduise (ne serait-ce que pour des raisons financières mais, aussi très clairement pour des questions politiques).
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http://www.hitwest.com/infos-locales/sa ... tives-2017[/url]
http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/laval-53000/legislatives-ph-habault-candidat-dans-la-premiere-circonscription-4233233