Comme prévu, Les Républicains se taillent la part du lion dans le nouvel exécutif. Ils poussent même assez loin leur avantage en n’octroyant que trois vice-présidences aux centristes (deux UDI et un MoDem) qui en réclamaient cinq. Malgré tout, ceux-ci sont satisfaits, à l’image d’
Eric Fournier, maire UDI de Chamonix, qui souligne que « deux élus non encartés émanant de la société civile sont proches de nous » (1).
Quant à l’équilibre entre départements, l’Ardèche, et l’Allier sont les grands perdants, aucun des deux n’intégrant l’exécutif. De même, l’Isère, deuxième département le plus peuplé de la région avec plus d’1,2 million de résidents, ne récolte qu’une seule vice-présidence, contrairement à l’Ain, la Savoie et la Haute-Savoie qui en accaparent deux chacun alors qu’ils sont sensiblement moins habités. Le président
Laurent Wauquiez a atténué la déception des représentants ardéchois et isérois en nommant deux « conseillers spéciaux » et une conseillère déléguée, tous issus de leurs rangs, tout en promettant des commissions « musclées » qui ne seront divulguées qu’à la fin du mois.
L’Auvergne, parent pauvreUne nouvelle fois, on ne peut passer sous silence la malheureuse dénomination attribuée à la vice-présidence détenue par le natif de Neuilly-sur-Seine,
Brice Hortefeux : aménagement du territoire et solidarité avec les territoires auvergnats. Comme l’ont mis en avant
Salvat et
« l’Aindien », cette appellation rabaisse complètement l’Auvergne en la plaçant sous perfusion rhônalpine. Dans ces conditions, personne ne sera étonné de remarquer la présence de seulement deux vice-présidents auvergnats contre treize provenant de Rhône-Alpes. En outre, l’Allier, ancienne terre communiste qui pourtant s’ancre de plus en plus à droite, est l’unique département exclu à la fois de l’exécutif et des trois postes de conseillers. Comme lot de consolation, il obtient la présidence de la commission de l’économie qui échoit Ã
Daniel Dugléry, maire de Montluçon. Drôle d’équité, n’est-ce pas ?
Autre incongruité, l’absence de la montagne au sein des vice-présidences alors que la nouvelle entité se targue à satiété d’être la première région montagnarde d’Europe ! In fine, elle sera du ressort d’une commission dévolue à l’Isérois
Gilles Chabert, président du Syndicat national des moniteurs de ski français, épaulé par le Savoyard
Fabrice Pannecoucke, premier magistrat à Moûtiers, capitale de la Tarentaise. Député de la 13ème circonscription du Rhône,
Philippe Meunier, réputé pour ses incessantes provocations (2), se retrouve à la tête d’une incroyable vice-présidence fourre-tout, agrégeant, tenez-vous bien, la sécurité (priorité numéro 1 de Wauquiez), les partenariats internationaux, la chasse et la pêche. Comprenne qui pourra…
Du sang neufEn revanche, et on ne peut que s’en féliciter, on mettra en exergue un opportun et rafraîchissant renouvellement comme en témoignent par exemple les deux vice-présidents savoyards.
Brillant chef de file du MoDem à l’échelle régionale, président de Métropole Savoie et maire de La Ravoire (3),
Patrick Mignola, âgé de 44 ans, se voit confier le poste stratégique des transports, avec en particulier la lourde tâche de rénover les lignes ferroviaires obsolètes. Après avoir hésité à faire bande à part en raison du positionnement très droitier de Wauquiez, ce chef d’entreprise dans le BTP s’est résolument rangé derrière lui le 24 juillet dernier. Ce qui n’a pas manqué de troubler un certain nombre de militants de sa formation, aiguillonnés par le Lyonnais
Eric Lafond, exclu du MoDem en 2013 et montant sa propre liste intitulée « 100% Citoyen » qui se contentera de miettes, totalisant seulement 1,56%.
Préférant renier ses idées sur le plan social, pourtant aux antipodes de celles de Wauquiez, et ce pour un strapontin au conseil régional, Mignola a finalement été récompensé en retour pour son soutien quand certaines mauvaises langues y verront de la servilité.
Une autre personnalité, accourue également de Savoie et prenant sous sa responsabilité l’agriculture, si capitale dans ces départements en grande partie ruraux, pourrait bien apporter un sacré bol d’air. Il s’agit d’
Emilie Bonnivard, qui a soufflé l’an passé ses 35 bougies. Profondément enracinée dans sa Maurienne natale qui l’a vue grandir à La Chambre, cette énergique chargée de développement économique à la Caisse des dépôts et consignations baigne dans le milieu politique depuis plus de cinq ans. Attachée parlementaire entre novembre 2010 et juillet 2012 de
Michel Bouvard, alors député de la 3ème circonscription de la Savoie, elle affronte le suffrage universel pour la première fois en février 2012 à l’occasion de la cantonale partielle de La Chambre, disputée dans un climat tendu. Endossant le costume de suppléante, elle échoue en compagnie de
Christian Rochette (UMP), conseiller régional et maire de Saint-Rémy-de-Maurienne, devant le Front de gauche. En mars 2014, à la suite des municipales, elle devient 2ème adjointe à Montaimont, village de montagne de 160 habitants localisé à quelques encablures de la station de Saint-François-Longchamp où elle est monitrice de ski.
Vétérans et cumulards Hormis ce rajeunissement, le slogan de la campagne de Wauquiez, « un nouveau souffle », est mis à mal avec la nomination aux deux premières vice-présidences de fieffés conservateurs qui ont fait leur temps, même s’ils ne manqueront pas d’apporter toute leur expérience au côté des jeunes pousses. Outre le député européen Hortefeux, 57 ans, numéro 3 de la nouvelle escouade, c’est un milloniste de la première heure qui devient le bras droit de Wauquiez en la personne d’
Etienne Blanc. Agé de 61 ans, le maire de Divonne-les-Bains, père de l’intercommunalité dans le Pays de Gex, est le député de la 3ème circonscription de l’Ain, fief de
Charles Million entre 1988 et 1995. Au conseil régional, il tiendra les cordons de la bourse et devra dénicher les moyens pour faire de drastiques économies, voisines de 19 millions d’euros sur l’ensemble de la mandature.
De même, en s’accrochant à 70 ans à son fauteuil de président qu’il occupait depuis 2004, le leader socialiste
Jean-Jack Queyranne aura contribué, du moins pour partie, à la défaite de son camp. Dommage pour cet élu d’une grande probité de ne pas avoir compris qu’il fallait cette fois-ci passer la main ! A sa décharge, les sempiternelles divisions de la gauche n’ont rien arrangé, illustrées une énième fois le 4 janvier lors de l’investiture de Wauquiez lorsqu’elle a présenté pas moins de... trois candidats à la présidence de région (4).
Autre constat, allant à contre-courant des desiderata de l’immense majorité des Français, bon nombre d’édiles écument allègrement les mandats, électifs ou non, à l’instar bien sûr de Wauquiez, député-maire du Puy-en-Velay mais aussi numéro 2 des Républicains en tant que vice-président délégué. Celui qui veut donner l’exemple dans moult domaines, en assénant des leçons à tout bout de champ, le fera-t-il dans celui du cumul des mandats (5) ? Rien n’est moins sûr tant l’homme semble dévorer par ses ambitions personnelles…
G.F.(1) Les propos tenus par
Eric Fournier ont été recueillis par
Georges Bourquard pour le compte du « Dauphiné Libéré », en date du mardi 5 janvier 2016.
(2)
Philippe Meunier est notamment connu pour avoir proposé d’armer les parlementaires.
(3) Avec 8000 âmes, La Ravoire est la troisième commune la plus importante de Chambéry Métropole.
(4) Les trois candidats de gauche qui ont postulé, le 4 janvier, à la présidence de la région étaient :
-
Jean-François Debat (Parti socialiste), maire de Bourg-en-Bresse, qui a engrangé 42 voix.
-
Jean-Charles Kohlhass (Europe Ecologie Les Verts, soutenu par le Parti de gauche), qui a engrangé 8 voix.
-
Cécile Cukierman (Parti communiste français), sénatrice de la Loire, qui a engrangé 7 voix.
(5) En raison de la loi sur le cumul qui interdit deux mandats exécutifs locaux,
Laurent Wauquiez devra démissionner de son poste de maire du Puy-en-Velay dans les 30 jours qui suivent son avènement à la présidence d’Auvergne - Rhône-Alpes. En revanche, il avait annoncé, le 24 novembre dernier, qu’il ne renoncerait pas à sa fonction de député comme l’ont pourtant fait
Xavier Bertrand,
Christian Estrosi ou
Valérie Pécresse qui, eux, ont décidé de se consacrer principalement à leur région.
Toutefois, il sera contraint de choisir en 2017 entre la présidence de région et la députation, la nouvelle loi sur le cumul qui proscrit un poste d’exécutif local avec un mandat parlementaire entrant en fonction. Parallèlement, il avait exprimé, ce même 24 novembre 2015, son refus d’être ministre en cas de victoire de son camp.
Article du « Dauphiné Libéré » :En date du mardi 5 janvier 2016, ce papier rédigé par
Georges Bourquard relate l’élection de
Laurent Wauquiez à la présidence de la nouvelle région Auvergne – Rhône-Alpes :
http://www.ledauphine.com/politique/201 ... maintenantLe président de l’exécutif :
- Laurent Wauquiez (LR/Haute-Loire).
Les 15 vice-présidents de l’exécutif : - Etienne Blanc (LR/Ain) : 1er vice-président aux finances, à l’administration générale, aux économies budgétaires et aux politiques transfrontalières.
- Brice Hortefeux (LR/Puy-de-Dôme) : 2ème vice-président à l’aménagement du territoire et à la solidarité avec les territoires auvergnats.
- Béatrice Berthoux (LR/Rhône) : 3ème vice-président aux lycées.
- Eric Fournier (UDI/Haute-Savoie) : 4ème vice-président à l’environnement, au développement durable, à l’énergie et aux parcs naturels régionaux.
- Juliette Jarry (divers droite/métropole de Lyon) : 5ème vice-président à l’économie de proximité, au commerce, à l’artisanat, aux professions libérales et au numérique.
- Martial Saddier (LR/Haute-Savoie) : 6ème vice-président aux entreprises, à l’emploi, et au développement économique.
- Patrick Mignola (MoDem/Savoie) : 7ème vice-président aux transports.
- Emilie Bonnivard (divers droite/Savoie) : 8ème vice-président à l’agriculture, à la ruralité, à la viticulture et aux productions du terroir et forêt.
- Philippe Meunier (LR/métropole de Lyon) : 9ème vice-président à la sécurité, aux partenariats internationaux, à la chasse et à la pêche.
- Martine Guibert (UDI/Cantal) : 10ème vice-président aux politiques sociales, à la santé et à la famille.
- Yannick Neuder (LR/Isère) : 11ème vice-président à l’enseignement supérieur, à la recherche et à l’innovation.
- Stéphanie Pernod-Beaudon (LR/Ain) : 12ème vice-président à la formation professionnelle et à l’apprentissage.
- Nicolas Daragon (LR/Drôme) : 13ème vice-président au tourisme et au thermalisme.
- Florence Verney-Carron (divers droite/métropole de Lyon) : 14ème vice-président à la culture et au patrimoine.
- Marie-Camille Rey (LR/Loire) : 15ème vice-président à la jeunesse, aux sports et à la vie associative.
Les 2 conseillers municipaux :- Olivier Armane (LR/Ardèche) : ruralité et innovation dans les territoires.
- Carole Montillet (société civile/Isère) : sports.
La conseillère déléguée :- Isabelle Masseboeuf (UDI/Ardèche) : autonomie des aînés.
Les présidences des commissions déjà attribuées :- Raymond Vial (divers droite/Loire) : agriculture.
- Jacques Blanchet (divers droite/Loire) : apprentissage.
- Marlène Mourier (LR/Drôme) : culture.
- Daniel Dugléry (LR/Allier) : économie.
- Xavier Breton (LR/Ain) : jeunesse et sports.
- Gilles Chabert (LR/Isère) : montagne.
- Alain Marleix (LR/Cantal) : relations internationales et négociation sur les exportations agricoles.
- Annabel André-Laurent (LR/Haute-Savoie) : tourisme.
- Jean-Pierre Taite (LR/Loire) : transports et infrastructures.