de cevenol30 » Mer 10 Fév 2016 23:53
Il semble pour le moins étrange que l'alternance des vice-présidences (ou postes d'adjoints) soit obligatoire au niveau des communes et départements mais pas des régions. Je vois mal comment ça pourrait se justifier.
Assez d'accord sur les présidences de commissions.
En tous cas, on voit que dès que l'égalité n'est pas imposée, elle tend à s'effacer, même s'il paraît plus difficile de ne mettre aucune femme. (c'était vrai, déjà , des têtes de section départementale à la constitution des listes).
Plus largement, rappelons que la parité est inscrite dans la Constitution. Et curieusement, pas grand-monde n'assume vouloir l'en enlever.
Peut-être, ai-je pu lire ici mais jamais directement, un certain parti qui a parfois du retard dans l'électorat féminin bien que son nom commence par F? Pour autant, il respecte la parité, aux législatives notamment, plus scrupuleusement que d'autres.
La non-parité dans les partis "anciens" dûe à la reconduction des sortants? Certainement, cela existe. Mais parmi la génération montante, il me semble que la parité ne se fait pas naturellement. Que les époques précédentes aient été plus machistes que maintenant, certes. Mais croire qu'actuellement ce soit fini, c'est disons, optimiste. Et s'imaginer que l'évolution s'est faite toute seule, encore plus.
Pour ce qui est du "mérite", là aussi on a des effets de génération. Actuellement, les jeunes femmes sortent plus souvent diplômées du supérieur que les jeunes hommes... Ce qui n'était pas le cas du temps de leurs professeurs!
D'ailleurs, le critère "d'être méritant" pour les élus (les fonctionnaires sous leurs ordres, c'est différent) a un côté piégeant: le gouvernement des meilleurs (aristo-cratie), ce n'est plus le gouvernement du peuple en entier.
D'autant que, fût-il censé représenter tout le monde, l'élu a forcément du mal, inconsciemment au moins, à vraiment réaliser que les autres ne sont pas comme lui. (P.ex. quand tu paies beaucoup d'impôt sur le revenu et tes amis aussi, tu te rends difficilement compte qu'en fait c'est assez rare... et donc tu cherches à alléger l'impôt sur le revenu...). Or, si la composition de l'assemblée des représentants est trop biaisée par rapport à celle de la population représentée, c'est fortement susceptible d'entraîner des biais en faveur des catégories surreprésentées.
Alors effectivement, il y a une question de confiance là -dedans: une assemblée censée représenter une population mais qui n'en est pas représentative statistiquement, lui fait-on confiance pour l'être quand même politiquement? La réponse avec la parité est plutôt non - et ça peut défriser ceux qui pensent le contraire, on le conçoit.
Notons aussi qu'elle correspond à une proportion simple et fixe dans le temps, contrairement à ce qui pourrait se produire pour la plupart des autres critères. Et qu'elle permet aussi, de fait, un peu plus indirectement, d'équilibrer la représentation de certaines catégories (veufs, parents au foyer, métiers très féminisés) tout en étant une garantie pour les catégories plus masculinisées.
Quant au fait que les femmes semblent moins intéressées par "le pouvoir", d'une part ça peut être lié aux effets restants du passé (on a toujours connu un chef homme donc on voit plutôt un... homme pour lui succéder), d'autre part c'est aussi qu'on est un peu restés au milieu du gué: les femmes ont plus de possibilité d'être au pouvoir (au moins conseillère régionale...) mais "le pouvoir" n'a pas changé pour autant, ne s'est pas adapté, le rôle est peut-être toujours implicitement masculin.
La proclamation de l'égalité au milieu du fronton des édifices publics se heurte à la réalité de certaines catégories qui se sentent infériorisées (et que d'autres, plutôt ceux qui sont au-dessus et que ça ne dérange pas, essaient de nier le(s) problème(s) ne change pas grand'chose à l'affaire). Et quand se crée quelque collectif revendiquant l'égalité, d'autres ont tôt fait de vilipender cette vilaine communauté communautariste.
Ce pays risque de crever de ne pas réaliser l'égalité.