La vie politique espagnole

[ploumploum]

CATALOGNE

Le parti indépendantiste de la gauche radicale (CUP) ne soutient pas la candidature Arthur Mas à la présidence de la Généralité de Catalogne. Lors du conseil politique du parti, cinq des dix députés voteront contre son investiture. Les Catalans iront donc aux urnes en Mars pour élire le nouveau parlement régional

http://www.rtbf.be/info/monde/europe/de ... id=9176323

Un parti divisé (Conseil politique :36 contre l'investiture/30 pour /1 abstention) mais qui respecte logiquement son programme. Le processus d'indépendance ne peut pas complètement effacer d'autres thèmes comme le social ou l'économie. Apparemment, une majorité au sein du Conseil politique préfère encore ne pas suivre bêtement la ligne "Indépendance ! Indépendance !" avec Artur Mas, symbole de l'austérité et associé au clan Pujol (empêtré dans une vaste affaire de corruption)

Si la dissolution se confirme*, c'est une bonne nouvelle pour Rajoy et l'Espagne mais cela ne règle en aucun cas le "problème catalan"


*A noter qu'il s'agirait du 4ème scrutin régional en moins de 6 ans : nov 2010 et 2012 et septembre 2015
http://ccaa.elpais.com/ccaa/2016/01/03/ ... 87123.html

[ploumploum]

ERC et son leader Oriol Junqueras et la CDC soutiennent toujours Artur Mas et refusent ainsi les propositions de la CUP (qui était prête à voter pour un autre CDC voire pour le leader d'ERC)

Le président sortant de la Generalitat semble résigné même s'il espère que des élus de la CUP expriment un soutien actif.

Pour l'instant, pas de nouvelle séance d'investiture.
http://ccaa.elpais.com/ccaa/2016/01/05/ ... 59358.html

A noter : si de nouvelles élections doivent avoir lieu (6 mars probablement), il n'est pas certain que l'expérience de JpSI soit renouvelée. Oriol Junqueras a reconnu qu'il s'agissait d'un échec : blocage sur l'élection du Président et l'union CDC+ JpSi a obtenu moins de sièges que les deux listes distinctes de 2012.
ET le score faible de la CDC de Mas le 20 décembre pourrait inciter ERC à y aller seul et réclamer la Présidence.

http://www.latribune.fr/economie/union- ... 40012.html

Les derniers sondages donnent :

Configuration de type 27 septembre : JpSI + CsiQP (podemos)
JpSI : 56 sièges
C's : 29
PSC : 15
CsQP : 12
CUP : 11
PP : 10
UDC


Configuration de type 20 décembre : En Comu + ERC + CDC
ERC : 22 à 35 sièges
CDC : 22 à 30 sièges
En Comu : 24 à 31 sièges
PSC : 13 à 20 sièges
C's : 15 à 22 sièges
PP : 9 à 14 sièges
CUP : 4 à 10 sièges

[ploumploum]

Pour moi qui, en indécrottable jacobin, n'ai guère de sympathie pour les indépendantistes de tout poil (à part les écossais, pour des raisons géopolitiques), les torts semblent à première vue partagés. Pas la peine de revenir sur la gestion rigide et autoritaire de M. Rajoy, qui n'a pas peu contribué à envenimer la situation... Mais en face, comment ne pas voir la fuite en avant de Mas, qui croit visiblement avoir trouvé dans la surenchère indépendantiste l'antidote au déclin structurel de son parti? Pour mémoire, la CDC n'avait jamais depuis le retour de la démocratie compté moins de 35 sièges et avait pu dépasser régulièrement la cinquantaine d'élus. Dimanche, les négociations pour la constitution de la liste indépendantiste conjugués au résultat du scrutin ne lui en ont laissé que 29!

politique-europe-f25/elections-regionales-locales-2015-espagne-t4218-120.html#p80945

Sur le déclin de la Convergence Démocratique de Catalogne :

Je reviens sur ce message intéressant de Fabien posté dans le fil sur les élections régionales de 2015 en Espagne.

Il est vrai que le parti de Artur Mas, la CDC, semble souffrir ces derniers temps et le scrutin du 20 décembre n'a rien arrangé.

Le jusqu'au boutisme de Mas, la rupture avec l'UDC (et donc la fin de la CiU), l'alliance avec ERC pour le 27 septembre semblent avoir considérablement affaibli la CDC.

Au niveau local, la CiU encore existante en mai 2015 a fortement reculé lors des dernières élections municipales : - 110 000 voix / -5,5 pts (de 27,1 à 21,5 %) et perte de 500 sièges d'élus (avec au final un nombre d'élus locaux le plus bas depuis 1983)

Au Parlement de Catalogne, il ne pointe qu'à 29 sièges, son plus mauvais total à cause des places laissées aux autres mouvements au sein de JpSI. (ERC...), comme l'a dit Fabien

Le 20 décembre, la coalition DiL (Démocratie et Liberté) a obtenu 8 sièges au Congrès (-8 si on compare à la CiU en 2011) dont 7 pour la CDC (-3).
En voix, la chute est impressionnante :
2011 : CiU : 1,015 million de voix (29,35 % en Catalogne, 1ère place)
2015 : DiL + UDC : 630000 voix dont 565 000 pour la DiL qui avec 15,08 %, n' est arrivé qu'en 4ème position dans la région derrière En Comu, ERC et le PSC.
Au Sénat, DiL n'obtient que 6 sièges contre 9 pour la CiU en 2011


Hier, le Parlement catalan a procédé à l'élection de 8 nouveaux sénateurs conformément à l'article 69-5 de la Constitution sur la désignation de sénateurs par les C.Autonomes* : nouveau signe de la régression de la CDC.
La série sortante donnait :
4 CiU
1 ERC
1 ICV
1 PSC
1 PP

Les résultats du 27 septembre provoquent la répartition suivante :
4 JpSI (2 CDC + 2 ERC qui gagne donc un siège)
1 C's
1 PSC
1 CsP (le siège va à une élue ICV)
1 PP



* Sur les 58 sénateurs désignés par les C.Autonomes, on a :
(entre parenthèses, impact des élections de mars, mai et septembre 2015. Seuls le Pays-Basque et la Galice n'ont pas été concernés)
PP : 21 (-7)
PSOE-PSC : 20 (+3)
Podemos : 5 (+5)
C's : 3 (+3)
CDC : 2 (-2)
ERC : 2 (+1)
Compromis : 1 (+1)
ICV : 1 (=)
PNV : 1 (=)
EHB : 1 (=)
CC : 1 (=)
IU : 0 (-2)
FAC : 0 (-1)
UPN : 0 (-1)

[ploumploum]

Catalogne :

Accord in extremis entre JpSI et la CUP (comme par hasard, pour éviter un nouveau vote...) :

Artur Mas se retire et c'est Carles Puigdemont, maire (CDC) de Gérone, qui sera élu Président de la Generalitat

http://ccaa.elpais.com/ccaa/2016/01/09/ ... 89507.html

[ploumploum]

Catalogne :

Accord in extremis entre JpSI et la CUP (comme par hasard, pour éviter un nouveau vote...) :

Artur Mas se retire et c'est Carles Puigdemont, maire (CDC) de Gérone, qui sera élu Président de la Generalitat

http://ccaa.elpais.com/ccaa/2016/01/09/ ... 89507.html

Un accord qui prévoit, outre l'investiture de C.Puigdemont, le ralliement de deux députés CUP au groupe JpSI afin que celui-ci soit à 64 élus soit 1 de plus que l'ensemble de l'opposition C's-PSC-CsP-PP et l'abstention du groupe CUP dans le cas de vote portant sur la stabilité du Gvt régional


Un joli retournement de situation de la part du parti d'extrême-gauche qui semble incapable d'avoir une ligne claire et cohérente. Il est par ailleurs prévu que les élus réfractaires démissionnent.

http://ccaa.elpais.com/ccaa/2016/01/09/ ... 47548.html

http://ccaa.elpais.com/ccaa/2016/01/09/ ... 15792.html

[Fabien]

La CUP a voulu tout faire pour éviter de nouvelles élections alors que la CDC semblait avoir plus à y perdre qu'elle... et en plus elle offre à la Jxsi une assurance vie alors qu'elle avait la possibilité de les tenir par les c... jusqu'aux prochaines élections. Joli!
Je ne vois que deux explications possibles: soit ces "redoutables" anticapitalistes indépendantistes sont en fait une bande de guignols incapables de faire de la politique sérieusement, soit la cause indépendantiste compte plus à leurs yeux que l'anticapitalisme et le combat contre les forces conservatrices (selon les sondages, en cas de nouveau vote, il n'y aurait plus eu de majorité indépendantiste, même avec la CUP, mais en revanche une majorité de gauche comme celle qui a conquis Barcelone était envisageable...)

[Herimene]

Je pense surtout que la CUP a voulu éviter d'offrir sur un plateau une victoire aux forces anti-catalanistes. Il était en effet très probable qu'en cas de nouveau vote, le camp indépendantiste recule, au profit certes en assez grande partie de Podemos (qui n'est pas très éloignée de la CUP sur les thématiques économiques et sociales, et par ailleurs favorable à l'autodétermination) mais aussi du parti le plus anti-catalaniste qui soit : Ciudadanos. Or, il me semble qu'avant d'être un parti anticapitaliste, la CUP est avant tout un authentique exemple de socialisme révolutionnaire farouchement catalaniste (et qui prône l'indépendance de tous les pays catalans, et va donc plus loin que tout autre parti sur le sujet de l'indépendance). Leur décision est donc tout à fait logique. C'est essentiellement la personne de Mas et sa politique d'austérité qui leur posait problème (et ses liens avec Pujol, mais vraiment dans une moindre mesure).

Sinon, je pense que toutes les forces indépendantistes avaient à perdre dans de nouvelles élections. Certes ERC et la CUP auraient sans doute fait des résultats corrects, comparés à ceux de la CDC qui auraient sans doute été particulièrement faibles. Mais Podemos aurait probablement accédé à la direction du gouvernement. Et le mouvement indépendantiste catalan aurait perdu beaucoup de crédit. Le contexte est particulièrement défavorable au mouvement catalaniste en ce moment, avec la remontée très importante de Podemos au niveau catalan et national, et la forte instabilité politique qui règne en Espagne. Les plus farouches adversaires du catalanisme (Ciudadanos et le PP) n'attendaient que des nouvelles élections pour faire tomber la majorité indépendantiste quasi par effraction, alors même qu'ils sont largement minoritaires dans l'électorat catalan.

[ploumploum]

Carles Puigdemont (CDC-JpSI) élu président de la Generalitat de Catalogne, le 6ème depuis 1977.

Détail du vote : 70 voix pour / 63 contre / 2 abstentions (2 élus de la CUP)

[Fabien]

Je pense surtout que la CUP a voulu éviter d'offrir sur un plateau une victoire aux forces anti-catalanistes. Il était en effet très probable qu'en cas de nouveau vote, le camp indépendantiste recule, au profit certes en assez grande partie de Podemos (qui n'est pas très éloignée de la CUP sur les thématiques économiques et sociales, et par ailleurs favorable à l'autodétermination) mais aussi du parti le plus anti-catalaniste qui soit : Ciudadanos. Or, il me semble qu'avant d'être un parti anticapitaliste, la CUP est avant tout un authentique exemple de socialisme révolutionnaire farouchement catalaniste (et qui prône l'indépendance de tous les pays catalans, et va donc plus loin que tout autre parti sur le sujet de l'indépendance). Leur décision est donc tout à fait logique. C'est essentiellement la personne de Mas et sa politique d'austérité qui leur posait problème (et ses liens avec Pujol, mais vraiment dans une moindre mesure).

Sinon, je pense que toutes les forces indépendantistes avaient à perdre dans de nouvelles élections. Certes ERC et la CUP auraient sans doute fait des résultats corrects, comparés à ceux de la CDC qui auraient sans doute été particulièrement faibles. Mais Podemos aurait probablement accédé à la direction du gouvernement. Et le mouvement indépendantiste catalan aurait perdu beaucoup de crédit. Le contexte est particulièrement défavorable au mouvement catalaniste en ce moment, avec la remontée très importante de Podemos au niveau catalan et national, et la forte instabilité politique qui règne en Espagne. Les plus farouches adversaires du catalanisme (Ciudadanos et le PP) n'attendaient que des nouvelles élections pour faire tomber la majorité indépendantiste quasi par effraction, alors même qu'ils sont largement minoritaires dans l'électorat catalan.

La CUP a quand même accepté, outre son soutien à l'homme de paille de Mas, candidat de la droite cataliniste:

- d'offrir à la Jxsi deux élus qui voteront selon les consignes des amis de Mas, afin que le nombre de voix de ces derniers soient supérieures à celles de l'opposition
- de démissionner deux de ses élus qui refusent l'accord
- et comme si cela ne suffisait pas, de faire son autocritique: http://www.lefigaro.fr/international/2016/01/10/01003-20160110ARTFIG00138-la-catalogne-forme-son-gouvernement-de-combat.php (OK, c'est une source qui n'a sans doute guère de sympathie pour la CUP, mais le journaliste n'a pas inventé cela...) !!

Se mettre en slip devant la droite, fut-elle convertie au catalanisme, dans le vague espoir d'une indépendance, chiffon rouge favorisant la droite unioniste et les partisans à Madrid de la "grande coalition" à l'allemande, je ne vois pas trop où est là-dedans la quintessence du "socialisme révolutionnaire"...

[VincentLP92]

Le cas de la Catalogne est particulièrement instructif et symptomatique du retour des questions identitaires qui prennent le pas sur les enjeux politiques.
Plutôt que les questions sociales (càd l'axe traditionnel droite/gauche), c'est l'opposition catalanistes vs anti-indépendantistes qui structure désormais la vie politique de Catalogne. Est-ce que ça va durer ? probable, mais pas sûr surtout si l'Espagne doit revoter, et la question de l'indépendance ne pourra pas être le seul argument de vote (d'ailleurs ERC et CDC ne se sont pas mis ensemble pour les législatives).