de Artisan-Politologue » Jeu 24 Déc 2009 18:45
La fin du principe des deux sièges minimum, qui d'ailleurs ne s'appliquait qu'en métropole, est en effet plus juste. Etait-il normal que les habitants du Val-d'Oise et de Paris soient moins bien représenté que ceux de la Lozère et de la Creuse?
Normal aussi que les expatriés aient leurs députés, ce qui leur évite bien des démarches et va les inciter (peut-être) à davantage voter. La France était d'ailleurs l'une des dernières démocratie à procéder de la sorte.
Je suis en partie d'accord avec Fred sur la sincérité du redécoupage. Ce sera aux électeurs de trancher, et chaque redécoupage apporte son lot de surprises. Malgré tout son talent, ce serait surestimer Alain Marleix que considérer que ses coups de ciseaux vont systématiquement favoriser l'UMP. Les socialistes, qui ont toujours considéré que "40 circonscriptions" leur avaient été "volées" en 1986, ont bénéficié d'une confortable majorité en 1997, qui ne peut pas s'expliquer simplement par les trinagulaires avec le FN (mais souvent aussi par la seule division des forces de droite, comme par exemple dans des circonscriptions réputées très sûres en Lozère, en Loire-Atlantique et dans le Maine-et-Loire).
Là où je ne suis pas d'accord:
- en 1988, la majorité PS n'était que relative. Rocard, Cresson et Bérégovoy ont du dégaîner leur 49-3 pour faire passer certains dossiers et Mitterrand a fait jouer toute son influence sur certains gaullistes historiques (comme Pierre de Bénouville par exemple) pour obtenir leur bienveillante abstention.
- pour en revenir aux expatriés, leur créer 13 sièges n'est que justice, mais pas au détriment du reste de l'electorat... pourquoi avoir laissé le curseur bloqué sur 577 députés? La ficelle est ici particulièrement grossière quand on sait, au vu des résultats des sénatoriales dans ce corps électoral, que la droite pourrait obtenir au moins 8 ou 9 sièges. La même remarque s'applique pour Saint-Martin et Saint-Barthélémy, deux confettis antillais qui auront chacun leur député, et qui votent très largement à droite.
Quand au mode de scrutin, c'est un autre (passionnant) débat.
J'aurais tendance à renvoyer dos-à -dos le mode actuel, qui permet certes de dégager des majorités (mais pas systématiquement, CF les élections de 1988) mais provoque un effet-loupe injuste (80 % des sièges RPR-UDF en 1993 avec 44 % des voix, 15 sièges pour un PCF à 3 % en 2007) et lamine les partis autres que l'UMP et le PS qui représentent pourtant... 50 % des électeurs, et la proportionnelle intégrale qui, comme le soulignent Fred et Baudouin, ouvre la voie à l'ingouvernabilité, même avec un seuil à 5 %.
Je ne suis pas non plus partisan d'un scrutin mixte qui créerait une Assemblée à deux vitesses.
Alors que faire? Si on veut être plus juste, il faut compliquer la donne. Inventer de nouveaux modes, comme la qualification obligatoire au second tour, et sans seuil de participation, des quatre candidats arrivés en tête. Ou une proportionnelle donnant à la liste arrivée en tête 40 % de voix en plus, et 25 % à la seconde, les autres se partageant le reste. Ou bien une proportionnelle intégrale avec possibilité de panachage. Dernière piste possible: jouer sur les deux chambres. Garder le mode actuel pour l'Assemblée et élire le Sénat à la proportionnelle intégrale. En plus de mettre fin au système des grands électeurs, cette solution aurait l'avantage de combiner les deux modes.
Manu