Elections générales de 2015 en Espagne

[ploumploum]

Le 20 décembre, les électeurs espagnols renouvelleront les 350 sièges du Congreso de los Diputados (Congrès des Députés) et 208 des 266 sièges du Senado (Sénat)

Depuis le scrutin du 20 novembre 2011, c'est la droite avec le PP de Mariano Rajoy qui gouverne. Dans un contexte de crise, le scrutin avait été marqué par le score historique du PP (44,63 % / Majorité absolue au Congrès avec 186 sièges) et l'effondrement historique du PSOE après près de 8 années au pouvoir. Les socialistes avait perdu 4,2 millions de voix / 15 pts et 59 sièges au Congrès. Ils avaient atteint un plus bas historique en n'obtenant que 110 députés.

4 après, le pays est toujours empêtré dans la crise. Malgré un taux de croissance prévu de 3 % pour 2015, le chômage dépasse toujours les 20 %, la dette publique frôle les 100 % du PIB ( +300 milliards d'euros) et le déficit public devrait pointer autour des 4,5 % du PIB cette année. On est loin des 10,30 % enregistrés en 2012 mais les résultats annuels sont toujours supérieurs aux prévisions du Gvt.
D'ailleurs cela été l'objet d'une passe d'armes entre Madrid et Bruxelles :
http://politica.elpais.com/politica/201 ... 26578.html


Résultats 2011


Congreso de los Diputados (350 sièges)

Inscrits : 35 779 491
Votants : 24.666.392 / (68,9 %)
Valides : 24.348.837
------dont listes : 24.015.376
------dont bulletins blancs : 333.461
Nuls : 317.555

PP : 10 866 566 voix / 44,63 % / 186 députés
PSOE : 7 003 511 voix / 28,8 % / 110 députés
IU : 1 686 040 / 6,92 % / 11 sièges
Unión Progreso y Democracia : 1 143 225 / 4,70 % / 5 sièges
CiU : 1 015 691 / 4,17 % / 16 sièges
Amaiur (gauche abertzale): 334 498 / 1,37 % / 7 sièges
Partido Nacionalista Vasco : 324 317 / 1,33 % / 5 sièges
ERC : 256 393 / 1,05 % / 3 sièges

BNG (nationalistes galiciens) : 2 sièges
Coalition canarienne : 2 sièges
Compromis (C. Valencienne): 1 siège
FAC (Asturies) : 1 siège
Geroa Bai : 1 siège



Senado : (208 sièges)

Coalition PP : 136 sièges dont 130 pour le PP / 3 pour l'UPN (Navarre) / 2 pour le parti Aragonais / 1 Centre nationaliste canarien (ex-membre de la Coalition Canarienne)
PSOE : 48 sièges
CiU : 9
Entesa pel Progrés de Catalunya : 7 sièges dont 6 pour le PSC et 1 pour ICV
PNV : 4
Amaiur : 3
CC : 1



La persistance de la la crise économique, le problème catalan et les affaires de corruption sont en train de modifier le paysage politique espagnole avec la fin du bipartisme PP-PSOE. En 2014, lors des européennes, le bloc PP-PSOE n'a rassemblé que 49 % des voix alors qu'en 2009, ce bloc pointait à 82 % !

Les régionales et municipales ont confirmé l'émergence de mouvements comme PODEMOS à à la gauche du PSOE et de Ciudadanos au centre/centre-droit, parti jusque-là confiné en Catalogne.



Modes de scrutin :

-au Congrès : 52 circonscriptions : les 50 provinces + Ceuta et Melilla
Répartition des 350 sièges selon la démographie avec un minium de 2 sièges par provinces + 1 siège pour chacune des villes autonomes
Par exemple, Madrid va élire 36 députés, Barcelone, 31...mais l'essentiel des provinces élit peu de députés (25 des 50 provinces envoient chacune entre 3 et 5 députés au Congrès)

- méthode des plus fortes moyennes.



au Sénat :
- 2 sénateurs pour Melilla
- 2 sénateurs pour Ceuta
- 1 sénateur pour chacune des îles (ou groupes d'îles) d'biza-Formentera, Minorque, Fuerteventura, La Gomera, El Hierro, Lanzarote et La Palma
- 3 sénateurs pour chacune des îles de Grande Canarie, Majorque et Tenerife
- 4 sénateurs par province sur le continent.

- attribution au scrutin majoritaire plurinominal




Les derniers sondages donnent :
PP : 23,5 -28,5 % / 93 à 140 députés
PSOE : 21-24,5 % / 84 à 112 députés
Ciudadanos : 17-22,5 % / 32-84 députés
PODEMOS : 14-17,5 % / 23-46 députés
IU : 2-5 % / 3-5 députés

Autres (CDC, ERC, PNV...) : environ 30 sièges


Le PSOE devrait de nouveau reculer et le PP devrait subir un effondrement.

[cevenol30]

Vu la perte de nombre de bastions municipaux, le PP a du souci à se faire en effet...
Les nouveaux partis citoyens sont partis pour faire une forte entrée au parlement, au détriment entre autres des partis traditionnels occupant les mêmes créneaux donc du PP à droite et d'IU très à gauche.

Le PP perdrait de 46 (-25% de sièges) à 93 sièges: grosse marge entre une baisse et une catastrophe avec division par 2 des élus, gros enjeu donc dans l'ampleur de la claque.
Le PSOE serait entre -26 (-24% de sièges) et +2: plutôt à la baisse mais pas autant (pour un parti d'opposition, c'est bien le moins) et perte de voix (sur la dernière fois c'est environ 29% et pas 58 d'ailleurs),
Podemos le grignote ainsi qu'IU (IU n'est pas un gros vivier mais perdrait encore entre la moitié et les trois quarts de ses sièges, devenant une espèce en voie de disparition) mais une majeure partie des voix Podemos viendront directement des électeurs PP de la dernière fois.
(En comptant les pertes minimales d'IU et PSOE on arrive à 6,5% or le minimum de Podemos est à 17... les 10,5 restants viennent bien en partie des 16 minimum perdus par le PP sinon ce n'est pas possible)

[Herimene]

A mon humble avis, on n'est pas encore au bout de nos surprises concernant les élections espagnoles, alors que sous la mandature le pays a connu la montée d'IU puis de l'UPyD avec en parallèle une forte baisse du PP et une petite baisse du PSOE. Puis IU et l'UPyd ont amorcé une baisse au printemps 2014, qui s'est accélérée à la suite des Européennes et de l'émergence inattendue de Podemos. Au coeur de l'hiver dernier, Podemos a titillé le PP pour la première place et nettement devancé le PSOE pour la seconde, mais la dynamique du parti s'est enrayée et après une forte baisse Podemos est en stagnation entre 10 et 15% d'après la plupart des sondages. IU semble d'ailleurs un peu profiter de cette baisse en remontant un peu dans les sondages et en se rapprochant de son score de 2011. Par contre l'UPyD a complètement disparu des radars (les sondages qui l'évoquent annoncent le parti à 0,5% voire en dessous) en parallèle de l'émergence de Ciudadanos, qui s'est déroulée très rapidement au printemps dernier et qui semble se poursuivre encore davantage sur fond du débat sur l'indépendance de la Catalogne : dans certaines des dernières enquêtes, Ciudadanos est tout proche du PP et devance le PSOE.

Tout ça pour dire qu'il reste encore pas loin de 3 semaines de campagne, et rien n'est figé. La lutte pour la première place notamment sera acharnée entre PP, PSOE et Ciudadanos et chacun à ses chances. Sans compter qu'après l'élection, la mise en place d'une coalition sera forcément nécessaire et les négociations entre partis risquent d'être rudes. Par contre, à mon avis, Podemos est sur la pente descendante et ne devrait plus pouvoir se mêler à la lutte pour la première place, et son soutien éventuel à un gouvernement PSOE ne suffira sans doute pas à former une majorité parlementaire composée des deux partis.

Sinon je pense que les électeurs du PP sont majoritairement partis vers l'UPyD puis vers Ciudadanos, partis très centralisateurs et libéraux et globalement de droite dans le contexte espagnol même s'ils refusent d'être caractérisés comme tels (d'ailleurs Ciudadanos est un allié objectif du PP et semble son probable partenaire gouvernemental si les deux partis sont en position d'être majoritaires à l'issue des élections). La grosse baisse du PP s'est faite d'ailleurs en parallèle de la montée de l'UPyD qui a ensuite transféré tout son électorat chez Ciudadanos. Sur ses 5 premiers mois de montée (de mai à septembre 2014), Podemos ne pique même pas un point dans les sondages au PP qui stagne pendant cette période. A l'époque Podemos progresse sur les électeurs IU et dans une moindre mesure chez le PSOE, les Nationalistes de gauche basques, galiciens et catalans et sans doute aussi un peu chez les abstentionnistes. Quand le PP tombe durablement en dessous des 30%, c'est justement à ce moment là qu'on observe l'émergence de Ciudadanos. Maintenant depuis mars, on a un PP et un PSOE en stagnation (avec peut-être une très légère hausse), alors qu'en parallèle on a l'effondrement de Podemos et la poursuite de la montée de Ciudadanos (sans doute sur d'anciens électeurs Podemos, peut-être le seul transfert droite-gauche d'importance).

Je pense donc vraiment marginaux les transferts d'électeurs de droite à gauche durant la mandature. D'ailleurs le score additionné du PP et de Ciudadanos dans les derniers sondages correspond peu ou prou à l'addition des voix PP et UPyD en 2011. A mon humble avis, le seul élément qui prouverait des transferts entre la droite et la gauche, c'est la baisse de Podemos des derniers mois, qui a été accompagnée par une forte montée de Ciudadanos. Mais il s'agit sans doute là d'électeurs protestataires qui n'avaient pas voté à gauche à la précédente élection et se sont davantage retrouvés dans le positionnement politique de Ciudadanos in fine.

[ploumploum]

Le PP perdrait de 46 (-25% de sièges) à 93 sièges: grosse marge entre une baisse et une catastrophe avec division par 2 des élus, gros enjeu donc dans l'ampleur de la claque.
Le PSOE serait entre -26 (-24% de sièges) et +2: plutôt à la baisse mais pas autant (pour un parti d'opposition, c'est bien le moins) et perte de voix (sur la dernière fois c'est environ 29% et pas 58 d'ailleurs),

---> Edit (13h27): correction effectuée. Grossière erreur : j'avais écrit 58,8 au lieu de 28,8 %


Sur le PP : Il n'est pas inutile de rappeler qu'évidemment le mode de scrutin gomme une partie des pertes donc le plus important selon le moi, ce sont les évolutions en voix.
Dans les sondages le PP est crédité au maximum d’environ 140 sièges (perte de 25 %), mais dans le même temps son score global dépasse difficilement les 30 %, soit un recul équivalent au tiers des voix de 2011 !
A participation équivalente, le PP aurait au maximum aux environs de 7,2/7,3 millions de voix soit une perte d'au moins 3,5,-3,6 millions de voix par rapport à 2011.

Avec 140 sièges, le PP aurait un total de députés équivalent à celui de 1993 (141). (2ème scrutin post refondation du bloc populaire, le PP n'a alors plus d'adversaires sur le plan national après le retrait d'Adolfo Suarez en 1991)

[ploumploum]

Le PSOE serait entre -26 (-24% de sièges) et +2: plutôt à la baisse mais pas autant (pour un parti d'opposition, c'est bien le moins) et perte de voix (sur la dernière fois c'est environ 29% et pas 58 d'ailleurs),

Après le PP, le PSOE : (pour bien se rendre compte du scénario inédit qui est en train de se dérouler )

Le problème pour le PSOE, dans un contexte inédit de quadripartisme, c'est qu'il baisserait encore en % et en sièges alors que la défaite de 2011 a été la plus sévère de son histoire. Jamais le parti n'avait eu aussi peu de députés. 110 sièges, c'est moins que les 125 sièges de 2000 (précédente défaite), ou les 118 sièges obtenus en 1977 avec l'élection de la Constituante.

En voix, c'était le troisième plus mauvais total de son histoire.
Cette année, certains sondages le donnent à 21 %. Ce qui lui donnerait autour de 5,3 millions de voix et constituerait son nouveau plus faible total de suffrages de son histoire (le précédent "record "date de 1977, le pays est alors en pleine Transition Démocratique : 5,371 millions de voix)


Sur la crise du bipartisme espagnol: juste quelques chiffres supplémentaires

La persistance de la la crise économique, le problème catalan et les affaires de corruption sont en train de modifier le paysage politique espagnole avec la fin du bipartisme PP-PSOE. En 2014, lors des européennes, le bloc PP-PSOE n'a rassemblé que 49 % des voix alors qu'en 2009, ce bloc pointait à 82 % !

Résultats en % et et sièges du bloc PP-PSOE depuis 1993
1993 : 73,54 % / 300 sièges sur 350
1996 : 76,42 % / 297 sièges sur 350
2000 : 78,68 % / 308 sièges sur 350
2004 : 80,3 % / 312 sièges sur 350
2008 : 83,81 % / 323 sièges
2011 : 73,39 % / 296 sièges

2015 ? dans le meilleur des cas, les sondages ne donnent pas plus de 55 % et 250 sièges au bloc

[ploumploum]

4 après, le pays est toujours empêtré dans la crise. Malgré un taux de croissance prévu de 3 % pour 2015, le chômage dépasse toujours les 20 %, la dette publique frôle les 100 % du PIB ( +300 milliards d'euros) et le déficit public devrait pointer autour des 4,5 % du PIB cette année. On est loin des 10,30 % enregistrés en 2012 mais les résultats annuels sont toujours supérieurs aux prévisions du Gvt.
D'ailleurs cela été l'objet d'une passe d'armes entre Madrid et Bruxelles :
http://politica.elpais.com/politica/201 ... 26578.html

Article en français daté de ce 5 novembre sur le fameux rififi entre Madrid et Bruxelles (publié sur La Tribune)

La Commission Européenne révise à la hausse les déficits pour 2015 (4,7 % contre 4,5 % auparavant. ) et 2016 (3,6 % contre 3,5 %) et à la baisse la croissance de 2015 (3,1 % contre 3,3 % auparavant)

En conséquence et comme le budget a été taillé pour un déficit de 4,2 %, le prochain Gvt devra faire un ajustement de 8 milliards d’euros pour recoller à la trajectoire prévu dans le redressement des comptes publics.

http://www.latribune.fr/economie/union- ... 20023.html

http://economia.elpais.com/economia/201 ... 04857.html


Le CIS (Centro de Investigaciones Sociológicas) publie son dernier baromètre :
PP : 29,1
PSOE : 25,3
C's : 14,7
Podemos : 10,8
IU : 4,7

http://politica.elpais.com/politica/201 ... o#cxrecs_s

Et la dernière projection détaillée de JM&A (un desk research qui compile donc les données des derniers sondages, du baromètre de CIS, et les derniers résultats électoraux) :
PP : 28 % / 125 sièges
C's : 19,7 % / 68
PSOE : 18,2 % / 72
Podemos : 14,8 % / 44
PNV : 6
CDC : 13
ERC : 8
Autres : 14

En fin d'article, on retrouve des estimations en voix :
PP crédité de 6,9 millions de voix (- 4 millions)
PSOE : 4,5 millions de voix (-2,5 millions)
C's : 4,8 millions de voix
Podemos : 3,6 millions de voix
http://www.publico.es/politica/psoe-hun ... erado.html

[ploumploum]

Un petit point sur les sondages à 4 semaines du scrutin (avec projections au Congrès des Députés)


PP : 25-27,5 % (- 17 à - 19,5 pts) / 111-127 sièges ( de - 59 à - 75 sièges)
PSOE : 20-22 % ( de - 6 à - 8 pts) / 77-88 sièges ( de - 22 à - 33 sièges)
C's : 15-21 % / 56-75 sièges
PODEMOS : 15-17 % / 37-47 sièges
Démocratie et Liberté (CDC d'Artur Mas) : 10 sièges (-6)
ERC : 9-10 sièges (de + 6 à +7 sièges)
IU : 5-6 sièges ( de - 5 à -6 sièges)
PNV : 6 sièges (+1)

Autres : environ 10 sièges


Pour l'instant, on s'achemine vers un effondrement du PP qui pourrait obtenir son pire score depuis 26 ans (25,8 % et 107 sièges lors du scrutin de 1989, marqué par la refondation de la droite avec l'apparition du nouveau PP)

Le PSOE devrait aussi s'effondrer (une nouvelle fois) ou au moins reculer fortement.

[Corondar]

Et au niveau des alliances post élections, ça dit quoi ?
Les partis en parlent ou pas du tout ? Une alliance PP-C'S est possible ou c'est totalement exclue ? Ou alors un tripartisme : PODEMOS-PSOE-C'S ? Le dernier attelage me paraitrait un peu baroque, mais bon, pourquoi pas...

[ploumploum]

Et au niveau des alliances post élections, ça dit quoi ?
Les partis en parlent ou pas du tout ? Une alliance PP-C'S est possible ou c'est totalement exclue ? Ou alors un tripartisme : PODEMOS-PSOE-C'S ? Le dernier attelage me paraitrait un peu baroque, mais bon, pourquoi pas...

Pour l'instant, C's exclut de participer un Gvt présidé par un PP ou un PSOE.
Mais globalement, c'est très peu évoqué, ce qui est normal vu que cela risque de casser des dynamiques.

L'hypothèse d'une coalition PSOE-C'S-PODEMOS semble écartée.
http://www.expansion.com/economia/polit ... b4656.html


Au PP comme au PSOE, certains pensent que de nouvelles élections seront nécessaires.

Article de Publico.es publié le 20/10 où on apprend que le PP se fixe comme objectif de dépasser les 130 sièges. Les plus optimistes espèrent 150 sièges :
http://www.publico.es/politica/fantasma ... -mete.html

[Corondar]

Bref, la question est de savoir si C'S acceptera ou non de s'allier avec le PP. J'imagine que cela dépendra grandement du score de ce dernier. Si il tend vers les 30% et les 150 sièges, j'imagine que C'S pourra toujours justifier un ralliement au parti arrivé en tête. Si il est plus proche des 25%, talonné par le PSOE, ce sera moins évident à vendre comme concept.