La vie politique en Grèce

[manudu83]

Angela Merkel reste pour le moment inflexible, elle pousse de tout son poids politique aidée par les membres de l'euro du nord et de l'est la Grèce vers la sortie.

je vous livre un commentaire trouvé sur un site allemand (dont 90% des commentaires demandent le grexit) et traduit par mes soins:

La logique m'échappe, on ne veux pas réduire la dette de 30% donc on refuse 70% payé en euro, on aura 100% payé en monnaie de singe.

[alamo]

c'est un terme que j'avais moi-même employé ici.

En fait l'UE ne peut pas utiliser indéfiniment l'arme qui l'a été pendant la campagne du référendum pour effrayer les Grecs, la coupure des liquidités par la BCE, vu que c''est interdit par le Traité de Lisbonne. Plus exactement cela autorise le Gouvernement du pays concerné à décréter l'état d'urgence (disposition prévue par le Traité), à confisquer sa banque centrale et à faire marcher la planche à billets (de 20 euros en l'occurrence, tous les pays ont les plaques), tout en attaquant le Président de la BCE en justice.

Pour les Eurocrates, mieux vaut encore une sortie complète de la Grèce, malgré le "risque" que si la Grèce retrouve la compétitivité à l'export grâce à une monnaie faible (contrairement à ce qui a été dit ici, la Grèce ne produit pas rien, elle exporte même 25% de son PIB, dont 60% hors UE), et devient le bronze-cul de la planète (les touristes n'étant pas près de remettre massivement les pieds en Egypte et en Tunisie), la population y vive nettement mieux que sous le joug de la Troika. Cela donnerait des idées à d'autres, et ce serait la fin de la zone Euro (qui rappelons-le n'existe que depuis 15 ans, on vivait déjà avant, et pour beaucoup de gens mieux que maintenant).

L'image était frappante ce matin : à la sortie du sommet européen, Tsipras était hilare et faisait des signes de connivence aux journalistes en écartant les bras, alors que Merkel ressemblait à Christian Clavier dans les scènes de mariage de "Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu" (oui, mes enfants ont voulu que j'emprunte le DVD à la médiathèque, donc je l'ai vu)...

ça ne veut pas dire que l'avenir des Grecs est rose, mais comme je le disais, la peur a changé de camp, surtout qu'après le référendum, les partis d'opposition grecs eux-mêmes soutiennent aujourd'hui leur gouvernement.
réflexe classique d'union nationale face à une agression, on resserre les rangs autour du chef. un "effet Poutine", en quelque sorte...

[pop03]

Pour les Eurocrates, mieux vaut encore une sortie complète de la Grèce, malgré le "risque" que si la Grèce retrouve la compétitivité à l'export grâce à une monnaie faible (contrairement à ce qui a été dit ici, la Grèce ne produit pas rien, elle exporte même 25% de son PIB, dont 60% hors UE), et devient le bronze-cul de la planète (les touristes n'étant pas près de remettre massivement les pieds en Egypte et en Tunisie), la population y vive nettement mieux que sous le joug de la Troika. Cela donnerait des idées à d'autres, et ce serait la fin de la zone Euro (qui rappelons-le n'existe que depuis 15 ans, on vivait déjà avant, et pour beaucoup de gens mieux que maintenant).

Je ne suis pas sur que le tourisme se portera bien dans ce pays.. si on en juge les avertissements de la France envers les touristes.
• La France conseille à ses ressortissants désirant se rendre en Grèce:
"En raison des risques actuels d'attente aux distributeurs automatiques de billets, voire d'interruption momentanée du service de certains d'entre eux, il est recommandé aux touristes se rendant en Grèce de se munir d'espèces suffisantes", peut-on lire dans la rubrique Conseils aux voyageurs du site internet du ministère des Affaires étrangères. Concernant les médicaments, les voyageurs sont incités à "emporter avec eux les médicaments nécessaires, ainsi que l'ordonnance correspondante", les stocks de médicaments et de matériel médical ayant tendance à s'épuiser dans les hôpitaux et les pharmacies.

[ploumploum]

Pour les Eurocrates, mieux vaut encore une sortie complète de la Grèce, malgré le "risque" que si la Grèce retrouve la compétitivité à l'export grâce à une monnaie faible (contrairement à ce qui a été dit ici, la Grèce ne produit pas rien, elle exporte même 25% de son PIB, dont 60% hors UE), et devient le bronze-cul de la planète (les touristes n'étant pas près de remettre massivement les pieds en Egypte et en Tunisie), la population y vive nettement mieux que sous le joug de la Troika. Cela donnerait des idées à d'autres, et ce serait la fin de la zone Euro (qui rappelons-le n'existe que depuis 15 ans, on vivait déjà avant, et pour beaucoup de gens mieux que maintenant).

Je ne suis pas sur que le tourisme se portera bien dans ce pays.. si on en juge les avertissements de la France envers les touristes.
• La France conseille à ses ressortissants désirant se rendre en Grèce:
"En raison des risques actuels d'attente aux distributeurs automatiques de billets, voire d'interruption momentanée du service de certains d'entre eux, il est recommandé aux touristes se rendant en Grèce de se munir d'espèces suffisantes", peut-on lire dans la rubrique Conseils aux voyageurs du site internet du ministère des Affaires étrangères. Concernant les médicaments, les voyageurs sont incités à "emporter avec eux les médicaments nécessaires, ainsi que l'ordonnance correspondante", les stocks de médicaments et de matériel médical ayant tendance à s'épuiser dans les hôpitaux et les pharmacies.

Vous évoquez la situation présente.
Alamo, lui, évoque une hypothétique situation post-"Grexit" où le tourisme serait important sauf si des blocus maritime et terrestre sont organisés.

[Draume]

Au parlement de Strasbourg, l'intervention de Weber, Président du PPE ce matin est d'une arrogance incroyable. On ne peut à la fois parler de solidarités et d'amitiés entre les peuples, et donner des leçons à tout le monde, encore plus à la Grèce berceau de la démocratie.
Est on encore dans une union de nations égales, quand on voit Merkel, Schultz et Weber jouer les chefs d'orchestre, plutôt d'ailleurs les maîtres d'école ?
Si on les avaient traités pareil en 1945, après les millions de morts du régime des nazis allemands, que n'auraient ils gémis. Un peu de modestie cher eurocrate.

[alamo]

c'est même le contraire qui s'est produit.

comme l'a rappelé T. Piketty à un journal allemand : "l’Allemagne est vraiment le meilleur exemple d’un pays qui, au cours de l’histoire, n’a jamais remboursé sa dette extérieure, ni après la Première, ni après la Seconde Guerre mondiale. L'Allemagne est LE pays qui n'a jamais remboursé ses dettes. Elle n'est pas légitime pour faire la leçon aux autres nations."

la dette allemande effacée lors de l'accord de Londres en 1953 représenterait en valeur actuelle environ 80 milliards d'Euros.
sans parler de tout ce qui a été ponctionné dans la Grèce occupée par l'Allemagne nazie
rappelons qu'en 1946, l’Allemagne avait été condamnée à payer une somme de 7 milliards de dollars à la Grèce à titre de réparation pour les quatre années d'occupation du pays, montant non réglé dans l’Accord de Londres.
l'Allemagne n'a jamais rien payé, arguant que la Grèce, en acceptant la réunification de la RFA et de la RDA, renonçait de fait à obtenir réparation (ah bon...).

On pourrait estimer que les jeunes Grecs d'aujourd'hui n'ont pas plus à payer pour les erreurs des générations précédentes que les Allemands de 1953 n'ont eu à payer pour les crimes d'Hitler (grand unificateur de l'Europe s'il en fut, pourtant...)

[Corondar]

La question n'est pas tant de savoir si la Grèce remboursera ou non sa dette un jour que de savoir comment elle va arrêter d'être condamnée à l'emprunt éternel pour s'auto-financer et payer ses créanciers. Parce que le vrai drame est là : en 5 ans, ni les gouvernements grecs (j'inclus Tsipras dans le lot) ni la zone Euro ne semblent vraiment s'être posé la question. En tout cas si ils l'ont fait, ils ont toujours pas commencé à y répondre.

[alamo]

le mythe de Sisyphe, c'est bien dans la mythologie grecque...

emprunter éternellement pour rembourser l'emprunt précédent, ça a un côté pyramide de Ponzi...

effectivement ça ne pourra pas durer; je pense quand même que l'Euro est mal barré, et j'avoue que je m'en fous un peu, ce n'est qu'une monnaie, qui ne mérite ni d'être déifiée et adorée comme le veau d'or, ni d'être rendue responsable de tous les malheurs.
quand il y a crime, c'est l'assassin qu'il faut condamner, pas le couteau...

[Corondar]

le mythe de Sisyphe, c'est bien dans la mythologie grecque...

emprunter éternellement pour rembourser l'emprunt précédent, ça a un côté pyramide de Ponzi...

effectivement ça ne pourra pas durer; je pense quand même que l'Euro est mal barré, et j'avoue que je m'en fous un peu, ce n'est qu'une monnaie, qui ne mérite ni d'être déifiée et adorée comme le veau d'or, ni d'être rendue responsable de tous les malheurs.
quand il y a crime, c'est l'assassin qu'il faut condamner, pas le couteau...

C'est tellement ça. Moi c'est plus pour la Grèce que pour l'Euro que je m'inquiète. Je crains que la première ne mette plus de temps à s'en remettre que le second. Mais les deux sont pas en grande forme de toute façon.
C'est pour ça, plutôt que de temporiser, il serait peut-être temps que tout le monde prenne de vraies décisions, histoire de changer ce cercle vicieux qui dure depuis 5 ans (sortie de l'Euro pour la Grèce, et véritable réforme de la gestion monétaire par l'Europe).
Sinon, on notera un sondage publié aujourd'hui assez drôle dans le figaro. La question : "Pour sortir de la crise actuelle entre la Grèce et les autres pays européens, faites vous plutôt confiance à François Hollande, Angela Merkel, ou Alexis Tsipras ?" Question posée à des Français et à des Allemands. Dans les deux pays c'est Merkel qui arrive en tête (51% pour les Allemands, 44% pour les Français). Mais là où c'est drôle, c'est qu'il y a plus d'Allemands qui font confiance à Hollande que de Français (31% contre 24), Hollande qui est d'ailleurs talonné par Tsipras chez ses compatriotes (23%, par contre le Grec ne reçoit la confiance que de 6% des Allemands).

[ligerien]

La question n'est pas tant de savoir si la Grèce remboursera ou non sa dette un jour que de savoir comment elle va arrêter d'être condamnée à l'emprunt éternel pour s'auto-financer et payer ses créanciers. Parce que le vrai drame est là : en 5 ans, ni les gouvernements grecs (j'inclus Tsipras dans le lot) ni la zone Euro ne semblent vraiment s'être posé la question. En tout cas si ils l'ont fait, ils ont toujours pas commencé à y répondre.

Hormis les pays qui ne savent pas quoi faire de leurs matières premières, quel pays ne fait pas ça ?
Aucun pays de l'Union Européenne n'a annoncé la date à laquelle sa dette sera ramenée à zéro, et ça n'arrivera pas.

Le paradoxe grec, c'est que le budget de l'état est en excédent primaire, ce qui n'est pas le cas de l'Espagne, la France,... Nous continuons à augmenter le montant de notre dette, contrairement à la Grèce.

La Grèce, c'est le cancre qui s'est fait attraper en début d'année scolaire, à qui l'on ne passe plus rien, alors que certains des petits camarades font les idiots à côté. Ça ne date pas de Tsipras, mais c'est désormais renforcé par les gouvernements conservateurs, libéraux ou sociaux-démocrates qui ne veulent pas de ce "coco" dans le club. Qui plus est des "cocos" grecs rockstars aux yeux des alters de tous les pays.
A Bruxelles, on tremble en pensant aux élections portugaise et surtout espagnole de la fin de cette année, qui pourraient porter au pouvoir (plutôt en coalition que seuls) des copains de Syriza. Il est donc urgent que l'exemple grec en soit un, mais pas dans le sens "espoir du peuple".

Sur le remboursement des dettes en général. Les pays pourraient se mettre à la rembourser vraiment, uniquement si les dettes des particuliers et des entreprises s'envolent en parallèle. Si une dette ne remplace pas l'autre, c'est la masse monétaire qui baisse significativement, et c'est économiquement dramatique puisque ça se gère par crises successives. Remplacer une dette par une autre n'est pas forcément souhaitable, la dette étatique étant sans doute moins explosive que celle des particuliers et des entreprises.

Cela répond à la solution de l'inflation pour faire "descendre" la dette des états, dans la mesure où l'on ne retrouvera pas une croissance façon post 2ème Guerre Mondiale, ce serait forcément une inflation appuyée sur la montée des dettes.

Dans tout cela, ce qui m'étonne plus, c'est la peur de l'inflation alors même que nous flirtons plutôt avec la déflation.