pierrot a écrit:Pour être plus sérieux, on peut tout de même noter que cette détermination sans faille, cette obstination malgré les échecs, les obstacles, la défaite de 2007 et même face aux évidences qui devraient d’imposer à elle, sont des qualités nécessaires (mais pas suffisantes ?) pour s’imposer dans cette exercice si particulier de la Vème République. On en peut que penser à Mitterrand après 1978 ou Chirac à l’automne 1994, qui se sont accrochés dans des situations difficiles, avec un passif de deux échecs passés et avec le résultat qu’on connaît. Nul ne peut nier la détermination inflexible de Sarkozy fixer sur cet objectif au moins depuis 2002 (sans doute depuis son adolescence).
Tout ceux, aussi talentueux soient ils, qui ont hésité ou se sont posé des questions (Delors, Rocard, Juppé, Seguin) n’y sont jamais allé. Tout ceux sui y sont allés portés par les événements et/ou la situation favorable du moment sans avoir chevillée au corps la volonté accéder à la magistrature suprême se sont plantés (Jospin, Balladur, Barre, Chaban).
En ce moment DSK (et sa famille) se pose(nt) des questions face à l'âpreté du combat et coups bas possibles, Aubry a souvent fait preuve d'hésitations et reculé par le passé (est-ce héréditaire?). Qu'en conclure ?
Bayrou, lui, a la conviction ancrée d'avoir ce destin et partira, seul s'il le faut, quoi qu'il arrive.
Pour la suite (2017 et après), je perçois plutôt la même attitude chez un Copé ou un Valls.
Je suis complètement d'accord sur le fait que, sous la Vème République et au moins pour le moment, mais il n'y a pas de raison pour que ça change à l’avenir, seuls ceux qui étaient les plus déterminés, y compris dans les périodes les plus difficiles de leurs parcours politiques, sont parvenus à se faire élire présidents de la République. Les exemples de Mitterrand et de Chirac sont en effet assez significatifs, de ce point de vue. S'agissant de Mitterrand, on peut aussi rappeler qu'il était également en très mauvaise posture au lendemain des évènements de mai 1968 et de la lourde défaite de la gauche lors des élections législatives qui avaient suivi, ce qui l’avait empêché d’être candidat à l’élection présidentielle de 1969. Les à peine 5 % des suffrages exprimés obtenus par le « tandem » Defferre-Mendès France ont d’ailleurs sans doute constitué, pour lui, une très bonne opportunité pour refaire rapidement surface et assurer définitivement le leadership de la gauche.
S’agissant de Ségolène Royal et quoi qu’on puisse penser d’elle par ailleurs (je précise d’ailleurs tout de suite que je ne suis pas « ségolèniste » ni même membre du PS), on ne peut pas non plus faire l’impasse sur le phénomène électoral dont elle a été à l’origine, dans le département des Deux-Sèvres et dans la région Poitou-Charentes, et qui n’est pas sans rappeler celui produit par Chirac en Corrèze et aussi à Paris lorsqu’il en était le maire. Parachutée au dernier moment, lors des élections législatives de 1988, dans une circonscription qu’on pensait à l’époque imprenable pour la gauche et alors qu’en dehors des cercles élyséen et du PS, elle était, à 34 ans, complètement inconnue de la population, elle avait réussi à arracher celle-ci. Surtout et même si elle était devenue, entre-temps, membre du gouvernement Bérégovoy, elle avait réussi à la conserver lors de la « déferlante » bleue de 1993, en améliorant le score qu’elle avait obtenu cinq ans plus tôt. Elle y a ensuite été constamment réélue jusqu’en 2007, année où elle ne s’est pas représentée et où elle a cédé son siège à Delphine Batho. De la même manière, lors des élections cantonales de 1992 et alors que ce scrutin avait été catastrophique pour la gauche, elle avait réussi à conquérir sur la droite le canton de La Mothe-Saint-Héray… canton qu’elle a toutefois paradoxalement perdu en 1998, alors que les élections cantonales avaient été beaucoup plus favorables à la gauche cette année-là . Elle a également connu un autre échec électoral local lors des élections municipales de 1995 où elle a tenté de ravir, sans succès, la mairie de Niort au maire socialiste dissident de l’époque, Bernard Bellec. Enfin, elle a réussi, en 2004, à arracher la région Poitou-Charentes, région encore présidée moins de deux ans auparavant par le premier ministre alors en place, et à conserver celle-ci en 2010 en obtenant alors le deuxième meilleur score national pour la gauche en France métropolitaine (60,61 % des suffrages exprimés au second tour). Parallèlement à cela, le département des Deux-Sèvres, dominé depuis très longtemps par la droite, a élu trois députés de gauche (sur un total de quatre) lors des élections législatives de 2007 et son conseil général a basculé à gauche en 2008… évolutions sans doute difficilement imaginables il y a encore à peine 20 ans.
Pour finir sur Ségolène Royal, c’est vrai que sa défaite a été sévère lors du second tour de l’élection présidentielle de 2007 où elle n’a obtenu que 46,94 % des suffrages exprimés. N’oublions cependant pas, là non plus, que le total obtenu par les candidats se réclamant de la gauche au premier tour de ce scrutin n’était que de 36,43 %, soit le résultat le plus catastrophique pour la gauche depuis l’élection présidentielle de 1969. L’échec de 2007 était donc un échec de l’ensemble de la gauche et, sur la base des résultats du premier tour, ceux du second tour auraient pu être bien plus mauvais pour la candidate socialiste. Un autre candidat du PS aurait-il alors fait mieux ? Ce n’est pas sûr…
pierrot a écrit:vudeloin a écrit:et comme je subodore que d'aucuns lui savonnent la planche..
Et oui, comme je disais Copé est prêt à tout pour y arriver en 2017, même à jouer perdant en 2012. Difficile d’incarner le changement en 2017, s’il se présente pour prendre la suite de 22 ans de présidence de son propre parti.
D’où les bombes à retardement qu’il lance en ce moment (ainsi que Christian Jacob, son Hortefeux à lui). En se voulant plus royaliste que le roi, il lui savonne la planche tout en confortant sa propre image auprès des militants UMP purs et durs.
C’est en effet ce qui se dit et je partage, là aussi, l’observation faite par Pierrot.
Ca sera difficile pour Copé en 2017 si la droite est encore reconduite au pouvoir pour cinq ans en 2012. En supposant que la gauche l’emporte alors enfin en 2017 et que son candidat victorieux rempile pour un second mandat en 2022 (puisque ça semble devenu assez fréquent sous la Vème République), tout ça nous reporte à 2027. Copé ne sera certes alors âgé « que » de 63 ans, mais il aurait connu déjà deux défaites (en supposant qu’il ait aussi été candidat en 2022) et d’autres prétendants auront pu, d’ici-là , faire surface. A l’horizon des années 2020 (nous sommes dans « Politique fiction » donc toutes les suppositions sont permises), je verrais bien, comme présidentiables de droite, des Wauquiez ou autres Kosciusko-Morizet…
En même temps, le fait pour lui de miser sur une défaite de Sarkozy en 2012 n’est pas non plus sans risque. Certains, à droite, pourraient avoir envie de lui faire payer son attitude ayant conduit à cette défaite. En 2017, il aura aussi de fortes chances de trouver Fillon sur son chemin. Enfin, une défaite de la droite en 2012 ne signifierait pas du tout une victoire assurée pour celle-ci en 2017.
Il est quand même bien difficile de faire des prévisions, à long et même moyen terme, en la matière. Au lendemain de la sévère défaite de Chirac à l’élection présidentielle de 1988, beaucoup pensaient que celui-ci était « fini » et on entendait alors parler d’une relève assurée par des Léotard, Séguin, Noir… On sait ce qu’il en est advenu par la suite.