vudeloin a écrit: A dire vrai, on peut presque se demander si la mission essentielle des départements doit être de financer des dépenses sociales dont une part devrait procéder de la solidarité nationale.
Il faut en effet distinguer quelles dépenses sociales des départements et surtout quels financements...
Les départements ont pour principale légitimité d'être les chefs de file de l'action sociale...Leur retirer cette compétence reviendrait à signer leur mort (voeu de notre cher Jacques Attali...) : ce qui explique que la position commune de l'ADF à propos de la réforme de la dépendance refuse l'idée que l'on crée ex nihilo, à la place de l'APA et de la PCH, un nouveau risque de Sécu, à l'image des 4 branches existantes (vieillesse, famille, AT/MP, maladie)...Forcément, un transfert à la sécu signifie une perte très forte de compétences...
Après, tout dépend de ce que l'on veut : si on veut que la clarification des compétences des CT se fasse sur le principe d'une suppression d'un échelon de CT, et que le candidat idéal le plus cité est le département, alors c'est techniquement possible : recentralisation du RSA et de l'insertion (après tout, dans les faits, c'est de la pure gestion déléguée par l'Etat d'une prestation nationale, versée par les CAF/CMSA, pour laquelle le CG n'intervient véritablement que dans l'accompagnement et dans les mesures d'insertion - sachant qu'il existe déjà à ce niveau une action de proximité avec les CCAS et un cadrage avec les PLIE), transfert vers un 5ème risque. Reste à trouver une solution pour l'ASE, qui pourrait revenir dans le giron du bloc communal...Sachant que certaines compétences sont déjà très floues dans le domaine enfance/jeunesse : le cas le plus emblématique concerne la prévention spécialisée où les compétences entre départements et communes sont complexes...
Le reste (c'est-à -dire les 40% du budget de fonctionnement non concernés par cette compétence) serait plus simple à répartir : compétence collèges vers la région, pareil pour la voirie (création d'une région véritable pôle d'enseignement secondaire et d'aménagement du territoire) et nationalisation de la prévention des risques gérée par les SDIS (là aussi, véritable gouffre financier dans certains départements - et dans lequel le travail de la CCEN créée en 2008 est important)...
Mais, à titre personnel, je ne trouve pas que ce soit une solution : la solution serait au contraire de renforcer le département, peut être en le délestant des missions annexes que je viens de mentionner (SDIS, collèges...) pour en faire un véritable acteur dans le champ social : pour prendre un exemple, ce n'est pas que les départements sont incapables et incompétents pour gérer une structure comme la MDPH, organisation qui part a priori d'un bon principe (lisibilité d'un guichet unique d'orientation, de prestation et de concertation), mais qu'il n'ont pas les financements adéquats...Franchement, on peut s'interroger sur la pertinence du financement des départements par une recette comme les DMTO, profondément procycliques : lorsque les dépenses sociales explosent lors d'un retournement de conjoncture (hausse du chômage donc hausse des gens au RSA, fragilisation et précarisation qui ont un tas d'effets pervers...), les recettes des DMTO diminuent drastiquement car elles sont dynamiques, donc sensibles à la conjoncture...
Il faut réfléchir à d'autres financements pour les départements que ceux reposant sur une fraction de TIPP, sur la TSCA ou sur les DMTO...Surtout que les départements viennent de perdre leur part de TH :
- réfléchir à l'éventualité d'une fiscalité départementale additionnelle sur le revenu : pourquoi pas un partage d'impôt national sur le revenu avec des garanties (car les revenus sont en effet plus sensibles à la conjoncture que les assiettes foncières)
- augmenter la péréquation
- dans le cas ultime, financer cela par des dotations libres d'emploi : on remarquera que dans les autres pays, les CT ont un pouvoir fiscal moindre qu'en France (ex : en Allemagne).
Surtout, pour avoir un véritable département chef de file dans l'action sociale, il faudrait faire évoluer les compétences :
- création d'un schéma de l'enfance contraignant et augmentation du poids du département dans la planification, à l'heure actuelle seulement basée sur la concertation, des modes d'accueil collectifs et individuels (RAM...).
- décentralisation des CHRS ? Les départements ont un rôle de plus en plus importants dans le domaine du logement, depuis 2005, avec la décentralisation des FSL
- intégration des CCAS/CIAS dans le champ départemental afin d'avoir une compétence unifiée tant sur la proximité que sur la gestion des aides (avec surtout une réflexion sur les droits connexes).
- fusion des procédures d'agrément et d'autorisation pour les ESMS...
Beaucoup de pistes au final...Mais qui nécessitent toutes un vrai débat, des études de faisabilité et pour certaines, risquent de rester de l'ordre du souhait (ex : résistance des maires vis-à -vis du transfert ou de la mise sous tutelle (en plus inconstitutionnelle en l'état) départementale des CCAS/CIAS).