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Re: Cartes, cartes, cartes...

Messagede Jean-Philippe » Sam 15 Jan 2011 21:54

On voit qu'en 12 ans, en gros, la gauche a reculé dans le Nord, l'Est, et s'est renforcée en Bretagne et dans le Sud-Ouest. Dans les villes, on voit qu'elle progresse un peu à Paris, beaucoup à Lyon. Il serait intéressant de montrer la carte de 1965 (victoire du Général avec 55%). Le Sud-Ouest est alors le seul bastion solide et d'envergure de la gauche (de mémoire).
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Re: Cartes, cartes, cartes...

Messagede vudeloin » Dim 16 Jan 2011 01:26

Je vais interroger une bibliothèque que je connais un peu pour essayer de filer un coup de main à notre réflexion...
Mais la tradition de gauche du Sud Ouest est ancienne, et tend effectivement à se renforcer, quoique les effets des modes de scrutin n'y soient pas pour rien.

Je vais vous donner un exemple de ces évolutions ; aujourd'hui la gauche tient 4 des 5 conseils généraux de la région Aquitaine et peut envisager de conquérir le dernier malgré le conservatisme du Pays Basque, 7 des 8 conseils généraux de la région Midi Pyrénées, avec une chance de prendre le dernier cette année et, enfin, 4 des 5 conseils de la région Languedoc.

Mais, pour aller plus loin, en mars 1977, la droite dirigeait les mairies de Dax, Périgueux, Anglet, Villeneuve sur Lot, Toulouse, Albi, Montpellier, Narbonne, Mende, Rodez, toutes communes aujourd'hui gérées par la gauche.
De plus, en 1977, le PS a gagné les mairies de Mont de Marsan, Albi, Castres, Montauban tandis que le PCF, qui disposant des mairies de Nîmes ou d'Alès, avait ajouté Tarbes et Béziers à la liste de ses mairies.
(possible que j'en oublie dans un sens ou un autre)...

L'évolution du Nord est plus étonnante au premier abord, mais je dois avouer qu'elle ne m'a que moyennement surpris.
Ceci dit, pour donner un exemple précis, la ville d'Alain Bocquet , député PCF du Nord, Saint Amand les Eaux a voté Sarkozy à 51 % environ mais, un mois plus tard, le député PCF a fait 47 % sur la circonscription...
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Messagede maxxx » Dim 16 Jan 2011 12:46

vudeloin a écrit:L'évolution du Nord est plus étonnante au premier abord, mais je dois avouer qu'elle ne m'a que moyennement surpris.
Ceci dit, pour donner un exemple précis, la ville d'Alain Bocquet , député PCF du Nord, Saint Amand les Eaux a voté Sarkozy à 51 % environ mais, un mois plus tard, le député PCF a fait 47 % sur la circonscription...


C'est typique des liens entre électorat populaire et leader charismatique, jouant sur la corde du travail, des valeurs du labeur, de la virilité, du courage : Sarkozy a fait des scores très élevés dans certains secteurs du Nord-Pas-de-Calais et ce n'était pas là où on aurait pu attendre la droite au premier abord : les scores ont été ambivalents dans les villes traditionnelles d'influence de la droite par rapport au vote Chirac de 1995 :
- Sarkozy a fait ponctuellement exploser certaines villes structurellement à droite mais qui avaient donné de petits scores en 1995 : Croix (de 56% pour Chirac à 60.8% pour Sarkozy), Wasquehal (de 52.9% pour Chirac à 60.6%)
- mais la plupart du temps, dans les points forts locaux, l'électorat a stagné : 60.2% à Lambersart (60.6% en 1995), 56.1% à la Madeleine (contre 56.4%), 51.7% à Avesnes-sur-Helpe (51.5% en 1995), 54% à Cambrai (52.8% en 1995), 50.3% à Douai (50.1% en 1995) - et il a chuté dans les villes où l'électorat issu de l'immigration est présent : Roubaix, Lille-Sud...

- par contre, dans les secteurs en crise, zones industrielles mais plus souvent dans l'ancien bassin minier, les scores ont parfois été très impressionnants : j'ai été assez stupéfait des scores sur Wattrelos par exemple : faire 50.04% pour l'UMP alors que Jospin réalisait 62.81% des voix en 1995, l'écart est énorme...Dans le Pas-de-Calais, ces résultats ont été corroborés : franchissement du seuil symbolique des 40% à Lens, 47.7% à Harnes contre 39% pour Chirac en 1995, 42.3% dans le bastion de gauche de Wingles alors que le candidat RPR faisait 27.5% (15 points de hausse tout de même), 46.5% contre 36.6% à Hénin-Beaumont, 47.7% contre 35.1% à Billy-Berclau...Les plus grosses progressions (Harnes, Wingles...) ont été enregistrées là où le FN est généralement le plus puissant...Mais même dans des rares villes du bassin minier où le FN est contenu, il a bien progressé : l'exemple de Liévin avec 36.5% contre 27.7% est révélateur, étant donné que le FN n'a jamais été jusqu'à présent très inquiétant dans ce bastion socialiste, fief du président du conseil régional Percheron...

Si Sarkozy a gagné le Nord-Pas-de-Calais en 2007, c'est grâce au bassin minier et à ces quelques villes en crise comme Wattrelos...ce qui me fait constater que ça risque de s'arrêter à du conjoncturel pour la droite classique : les électeurs populaires du bassin minier ne sont pas prêts, dans leur grande majorité, à refaire le coup en 2012 : ce qui m'inquiète fortement, c'est que j'ai une petite idée concernant la dangereuse personne, qui sait parfaitement bien les manipuler et exploiter leur désespoir, vers laquelle ils risquent de se diriger...ou alors, ils ne retourneront pas voter massivement comme en 2007 et resteront chez eux...

Une dernière remarque pour revenir quand même à Saint-Amand-Les-Eaux : le score de Sarkozy est ici en effet fort (51%) mais c'est à replacer dans un contexte plus ancien : les scores impressionnants du maitre absolu de cette ville, Alain Bocquet, ne doivent pas faire oublier que cette ville n'est pas aussi à gauche à la base que d'autres villes de la zone (Raismes, Douchy, Denain...) : Chirac y avait quand même obtenu 45.9% en 1995 et la ville a été dirigée par le "lion" Georges Donnez pendant 42 ans, de 1953 à 1995, conseiller général de 1964 à 2001, député entre 1973 et 1978, qui a progressivement glissé du centre gauche à une posture d'inclassable DVD, soutenant la majorité UPN au CG de 1992 à 1998 - en restant en réalité membre du PDS...La ville semble plus s'adonner (sans mauvais jeu de mots) à une confiance dans un leader municipal et local charismatique tout en étant en réalité plus nuancée quand elle vote aux présidentielles...
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Messagede Jean-Philippe » Dim 16 Jan 2011 14:56

maxxx a écrit:Si Sarkozy a gagné le Nord-Pas-de-Calais en 2007, c'est grâce au bassin minier et à ces quelques villes en crise comme Wattrelos...ce qui me fait constater que ça risque de s'arrêter à du conjoncturel pour la droite classique : les électeurs populaires du bassin minier ne sont pas prêts, dans leur grande majorité, à refaire le coup en 2012 : ce qui m'inquiète fortement, c'est que j'ai une petite idée concernant la dangereuse personne, qui sait parfaitement bien les manipuler et exploiter leur désespoir, vers laquelle ils risquent de se diriger...ou alors, ils ne retourneront pas voter massivement comme en 2007 et resteront chez eux...


Je partage ce constat : je n'ai entendu personne (ou presque, Kouchner, Bockel étant les seuls contre-exemple connus) dans les médias dire qu'il avait voté Royal et qu'il voterait Sarkozy en 2012. Par contre, un certain nombre d'électeurs de Sarkozy feront le chemin inverse, au moins au 2e tour. Dans bon nombre de communes de tradition ouvrière, le score de Sarkozy en 2007 sera probablement le record pour la droite pour de nombreuses années.
Je suis sûr qu'on pourra faire une comparaison claire entre une carte mettant en valeur les plus fortes progressions de la droite entre 95 et 2007 (si quelqu'un est en mesure de la faire, cela nous intéressera tous) et celle (à venir) des plus fortes progressions de l'absentéisme et du vote FN entre 2007 et 2012.
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Messagede vudeloin » Dim 16 Jan 2011 16:08

Le Nord Pas de Calais est un cas d'étude intéressant. Tout simplement parce que c'est l'une des rares régions de France où le Parti socialiste, y compris au nombre de ses adhérents, dispose d'une base populaire et ouvrière.
Mais c'est aussi une région où les traditions politiques et de gestion sont marquées par un clientélisme assez puissant, une sorte de système qui peut présenter de temps en temps quelques signes de faiblesse.
Je pense d'ailleurs que c'est ce système qui est en difficulté et qui a volé en éclats à Hénin Beaumont ou à Béthune ces dernières années.
Ensuite, sur le cas de Marine Le Pen, même si elle dispose d'une certaine influence dans l'ex bassin minier, elle le doit aussi à la grande faiblesse organisationnelle de l'UMP et il n'est pas certain qu'elle ait les mêmes possibilités ailleurs.
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Messagede Zimmer » Dim 16 Jan 2011 16:27

orional a écrit:- ensuite, et enfin, le P.C.F. obtient à Paris seulement 3 députés (Gisèle Moreau à La Salpétrière, Paul Laurent au Pont de Flandre et Lucien Villa à Charonne) contre 7 sortants. Le décin du communisme parisien observé depuis la fin des années soixante se trouve cruellement confirmé. Il est sérieusemment atteint dans certains de ses fiefs comme Belleville ou La Chapelle du fait de reports de voix défectueux à gauche. Et encore, ce n'est qu'un sursis avant le grand balayage de 1981 par les socialistes.


Tout ça est très juste. Le déclin du PCF à Paris, à la fin des années 70, a précédé celui qu'allait connaître ce parti, dans l'ensemble de la France, à partir du début de la décennie suivante. Il a également été beaucoup plus brutal. Si on compare l'évolution des scores du PCF, dans la capitale, avec ceux du reste du pays, en prenant les élections présidentielles de 1969 et de 1981 (il n'y avait pas de candidat communiste en 1974) et les élections eurpéennes de 1979 et de 1984, ça donne :
- premier tour de l'élection présidentielle de 1969 (le candidat était Jacques Duclos) : 18,62 % (score national de 21,27 %),
- élections européennes de 1979 : 13,80 % (score national de 20,52 %),
- premier tour de l'élection présidentielle de 1981 (le candidat était Georges Marchais) : 9,16 % (score national de 15,35 %),
- élections européennes de 1984 : 6,16 % (score national de 11,20 %).

Lors des élections législatives de 1986 qui eurent lieu au scrutin proportionnel, le PCF passait sous la barre des 5 % à Paris, empêchant le retour à l'Assemblée nationale de sa tête de liste, Gisèle Moreau (le score national était de 9,78 %).
Il y a essentiellement des explications sociologiques à ce phénomène et il faut aussi se souvenir qu'il y avait eu une grave crise, en 1979, entre la fédération parisienne, conduite par Henri Fiszbin (chef de file communiste lors des élections municipales de 1977 et député du 19ème arrondissement, non réélu en 1978) et la direction nationale du PCF. Le PCF parisien comptait alors, dans ses rangs, une proportion importante (beaucoup plus importante, en tout cas, qu’ailleurs en France) d’adhérents appartenant aux classes dites moyennes et intellectuelles, ce qui allait à l’encontre de la stratégie politique du PCF au niveau national. La fédération de Paris, en opposition avec la direction nationale, avait été démantelée (Henri Fiszbin a quitté le parti en 1981) et on avait alors assisté, là aussi avec quelques années d’avance, un peu à ce qui s’est passé plus tard en Haute-Vienne, département où le PCF était très puissant et a ensuite été réduit quasiment à néant. Je pense que cet élément est important à prendre en compte pour comprendre le déclin du PCF à Paris, à cette époque.
Dernière édition par Zimmer le Dim 16 Jan 2011 16:40, édité 1 fois.
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Messagede vudeloin » Dim 16 Jan 2011 16:40

J'observe avec intérêt que de plus en plus de messages font référence à la problématique des organisations et de leur réalité pour expliquer un certain nombre d'évolutions politiquement observables, en tout cas en termes électoraux.
Le fait est que la crise du XXIIIe congrès du PCF à Paris a été un fait majeur dans les difficultés ultérieures de ce Parti dans cette ville.
De mémoire, au coeur des années 70, la fédération communiste de Paris comptait plus de 12 000 adhérents, notamment dans les entreprises parisiennes ( de la RATP aux Grands Magasins en passant par les gares SNCF ou les Hôpitaux et les Administrations centrales ), et s'appuyait aussi sur un réseau d'animateurs locaux encore assez actif, avec par exemple les anciens Résistants juifs du Marais
Le Parti Socialiste s'est fortement développé dans la capitale ces dernières années, notamment en prenant pied dans les Universités, où il a supplanté les trotskystes au sein des syndicats étudiants ( faut dire que quelques uns de ceux ci sont devenus élus socialistes ) mais encore dans le droit fil de ses conquêtes progressives au plan local, par le développement d'une " fonction publique " politique, celle des assistants et collaborateurs d'élus...
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Messagede vudeloin » Dim 16 Jan 2011 16:44

Pour compléter, n'oublions tout de même pas que la Fédération UMP de Paris est la plus importante de ce mouvement, pour peu qu'on se souvienne du vote interne relatif à la désignation de la tête de liste des régionales.
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Messagede maxxx » Dim 16 Jan 2011 17:22

vudeloin a écrit:Mais c'est aussi une région où les traditions politiques et de gestion sont marquées par un clientélisme assez puissant, une sorte de système qui peut présenter de temps en temps quelques signes de faiblesse.
Je pense d'ailleurs que c'est ce système qui est en difficulté et qui a volé en éclats à Hénin Beaumont ou à Béthune ces dernières années.
Ensuite, sur le cas de Marine Le Pen, même si elle dispose d'une certaine influence dans l'ex bassin minier, elle le doit aussi à la grande faiblesse organisationnelle de l'UMP et il n'est pas certain qu'elle ait les mêmes possibilités ailleurs.


Ca commence à faire rengaine, mais je partage cette analyse en retour et je la complète ;)

Il est clair que tout, je dis bien tout car on a atteint de sacrées proportions, a été fait pour que Marine Le Pen et le FN dépassent les 44% à Hénin Beaumont à chaque élection ou presque désormais : la gestion de la ville a été catastrophique, et ça remontait à la période antérieure à Dalongeville (n'oublions pas qu'en 2001, Gérard Dalongeville était MRC et se positionnait contre la gestion de son prédécesseur PS Darchicourt - liste PS qui s'est pris une raclée face à la liste Dalongeville : 57.4% pour cette dernière contre 23.8% au PS et 19.5% à Steve Briois, qui ne l'oublions pas, était à l'époque au MNR de Mégret).

Tout a été pur calcul politique chez Marine Le Pen : elle a d'abord essayé de tout miser sur Lens, ville plus symbolique nationalement et plus médiatique (n'oublions pas qu'avant les déboires de la gauche et la médiatisation qui a suivi, personne en dehors du NPDC ou presque ne savait qu'Hénin existait...) mais elle a été largement battue aux législatives de 2002 par le sortant socialiste Jean-Claude Bois : elle faisait dans cette circonscription un score d'environ 32% au second tour, c'est-à-dire un score certes élevé pour le FN mais pas du style à casser la baraque pour percer médiatiquement face à ceux qui voyaient d'un mauvais oeil sa potentielle percée médiatique et son leadership au sein du FN : en 2002, beaucoup d'autres candidats faisaient ailleurs des scores du même acabit en duel face à la gauche ou à l'UMP : dans le Pas-de-Calais, Steve Briois déjà revenu au FN (la présidentielle passant par là et laminant Mégret) faisait 32.1% dans la circonscription d'Henin et son mari Eric Iorio, dont elle est aujourd'hui divorcée, faisait 31% sur celle de Cambrin-Carvin...

Elle a vite compris qu'elle en avait pour 20 ans à espérer faire des scores remarqués en restant sur Lens...Sur la ville même de Lens, elle n'obtenait que 21% au premier (alors que le sortant PS faisait déjà 52.2%) et à peine 27.8% au second tour...Hors de portée, la ville est gérée par une main de maitre par Guy Delcourt, qui sait déjà que Jean-Claude Bois lui laissera quasi-certainement le siège en 2007 : pas de scandale, une population qui soutient son maire donc pas de terreau pour la nouvelle égérie du FN...Seule ville où sa performance a été remarquée : celle d'Harnes, où elle obtient le bon score de 39.7%...Mais dans cette ville, c'est juste un problème de mécontentement partiel vis-à-vis du maire PC qu'une adhésion pure aux valeurs du FN (la ville changera de mains du PC au PS en 2008) et puis Harnes, ça fait 15000 habitants, c'est totalement inconnu...

D'autres hésitations l'ont fait également s'intéresser, elle et ses proches, un temps à la ville de Wingles (en même temps qu'Harnes) : son mari Eric Iorio avait réalisé 27% puis surtout 39.5% des voix en 2002...Surtout, le FN-MNR n'en était pas à son coup d'essai : il avait réalisé avec Freddy Baudrin (lui aussi repassé au FN) 35% aux municipales...Mais Wingles, là encore, c'est 10000 habitants et surtout la force du FN n'était pas due à un scandale mais à un problème plus conjoncturel : non seulement, la ville avait fait l'objet d'une réflexion sur l'implantation d'une mosquée mais en plus, Marcel Cabbidu, le député-maire de la ville, était très malade et lui était donc devenu difficile d'affronter les problèmes criants de ses administrés (fermetures d'usines...).

Problème : le précédent Marie-Caroline était dans toutes les têtes et il ne fallait pas oublier que le phénomène Marine n'était donc pas inédit du fait de la médiatisation qu'avait connue sa soeur ainée sur Mantes-la-Jolie en 1997 : il fallait donc faire mieux que Marie-Caroline et surtout dissiper les a priori négatifs au FN vis-à-vis de la montée en puissance des filles du leader : Marie-Caroline avait franchi le rubicond avec son mari et rejoint en 1999 le félon Mégret...Pas facile pour Marine de prétendre dès lors succéder au père...

Un autre inconvénient a retardé son implantation dans le 62 : le leadership régional de Carl Lang : à l'époque, Marine n'était pas vraiment soutenue par son père, était encore beaucoup moins connue que lui, et avait déjà tous les principaux cadres et historiques du parti contre elle : elle devait naturellement s'incliner devant Carl Lang localement pour les régionales mais elle était de facto en mauvaise posture pour les européennes (sans compter, comme je l'ai dit, que, sans municipales prévues, elle n'avait pas d'implantation locale dans le bassin minier) : elle aspirait à autre chose qu'à une place de numéro 2 aux régionales et surtout, avec Lang et Le Rachinel en candidats naturels pour les européennes, c'était grillé pour le mandat européen : d'où le passage en 2004 par l'Ile de France...
Mais bon, l'Ile-de-France, ce n'est pas le bassin minier, et, en dehors de la Seine-Saint-Denis (et encore, pas tout le département) et quelques villes ça et là, rien à espérer niveau scores : et puis, ses scores des régionales et des européennes n'ont pas été extraordinaires...

Donc retour à la case départ, avec un Steve Briois qui a entretemps préparé le terrain et décelé la ville au potentiel : Hénin-Beaumont, ville sinistrée financièrement, institutionnellement (le préfet et la CRC intervenant mais impuissants...), économiquement et socialement : un bon cocktail pour le "tous pourris", surtout quand la gauche se déchire, ne trouve rien de mieux à faire que de soutenir le maire sortant, de lui envoyer une ancienne secrétaire d'Etat et députée européenne adepte du nomadisme électoral, de se rendre compte un peu tard que le maire a de beaux trophées (et surtout une belle cassette avec une coquette somme en liquide à l'intérieur dans son bureau...), de le lâcher et de se déchirer...Et, en ajoutant en plus de la malchance (le nouveau maire DVG élu de peu face au FN qui fait un AVC quelques mois après...), la situation idéale...

Avec cette base médiatique et ses impressionnants scores, il lui est ensuite très facile de tisser sa toile dans les communes environnantes lors des régionales 2010 : 31.6% à Harnes, 31.2% à Wingles, 27.4% à Carvin...en devançant à chaque fois de 12 à 20 points la liste de la droite parlementaire...

La droite n'a pas vraiment de stratégie dans le Nord-Pas-de-Calais, elle préfère s'entretuer en interne (rivalités Daubresse/Lazaro/Vernier pour le Nord, Flasquelle/Flajolet pour le 62) à la recherche de l'homme providentiel qui ne viendra plus ou qui s'est lassé depuis déjà bien longtemps (Borloo). Dans les quelques conseillers régionaux qu'il reste à la droite, on remarquera les profils : la seule élue du bassin minier est une jeune candidate d'ouverture dont le seul fait d'armes est d'avoir dirigé le MJS d'Hénin-Beaumont (c'est clair que c'est ça qui va rapporter des voix...), Flajolet a réussi à placer une jeune proche mais issue de son secteur...sans compter que l'arrageois Philippe Rappeneau, président du groupe UMP au conseil régional, a peut être des talents et des compétences mais il n'a pas le charisme pour rivaliser une seule seconde au conseil régional face à Marine Le Pen ou même Steve Briois...
Il suffit de voir les retransmissions ou d'assister aux séances du conseil régional pour voir à quel point il semble n'y avoir personne entre le président Percheron et son équipe et le FN...
La droite classique n'a jamais véritablement investi le bassin minier et ses seuls élus dans ce secteur sont de rares SE-DVD (Auchel, Noyelles-Godault...).

En plus, si la stratégie nordiste de l'UMP ne passe que par Lambersart ou Marcq-en-Baroeul, et que celle des centristes est de s'enfermer dans une tour d'ivoire valenciennoise, il est clair que Marine Le Pen a malheureusement tout pour prendre l'ascendant...en espérant à partir de ce moment là que la coalition PS-EELV-PC ne fasse pas de conneries...
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Messagede vudeloin » Dim 16 Jan 2011 17:36

Faudra bien regarder le passé de l'influence du Front National mais pour mémoire, en 81, lors des législatives post élection de Mitterrand, la droite classique, malgré des candidats uniques, n'a pu être présente dans aucune des circonscriptions du bassin minier où les députés de gauche ( surtout PS de mémoire ) furent élus avec 100 % des exprimés.
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