Vaulti a écrit:Corondar a écrit:Un sondage d'OpinionWay pour le Figaro donne des résultats assez proches.
http://www.lefigaro.fr/politique/2013/0 ... -apres.php28% pour Sarkozy, 23% pour Hollande et 21% pour LePen. Pour ce que ça vaut, à noter qu'on a aussi un sondage de second tour (53/47 en faveur de Sarkozy).
Un an après ce sondage, une nouvelle enquête OpinionWay avec les candidats de 2012 montre la chute continue de Hollande alors que le reste de la gauche ne semble pas en profiter. Plus surprenant, même Bayrou n'en profite pas ce qui me fait douter sur le choix du panel.
Premier tour: Sarkozy (29%;+1), Le Pen (25%;+4), Hollande (19%;-4), Mélenchon (11%;=), Bayrou (8%;-3)
Second tour: Sarkozy (67%), Le Pen (33%)
Source:
http://www.lefigaro.fr/politique/2014/0 ... d-tour.php
Avec un tel rapport de force, Hollande serait donc éliminé dès le premier tour. Ses électeurs se disperseraient dans toutes les directions: Mélenchon, Bayrou, abstention, Le Pen... La candidate du FN, pour sa part, arriverait à prendre des voix un peu partout. Mais surtout, et c'est une tendance qu'on retrouve dans toutes les enquêtes, elle fidéliserait de façon exceptionnelle son électorat. 90% de ses électeurs de 2012 seraient prêts à revoter pour elle (Sarkozy garderait lui 85% de son électorat, Jean-Luc Mélenchon 76% du sien, Bayrou 64% et Hollande 60%. Si malgré tout Hollande parvenait au 2e tour face à la droite, les reports de voix seraient calamiteux; 65% des électeurs de Mélenchon n'expriment pas d'intention de vote dans une telle hypothèse!
Alors, va-t-on vers un nouveau 21 avril, cette fois parfaitement anticipé? Ou vers une raclée historique pour le PS au 2e tour? Certes, il reste encore trois ans à Hollande pour redresser la barre. Sarkozy, lui aussi, avait une image calamiteuse, et des reports de voix catastrophiques étaient annoncés. Il a tout de même fini à 48% à défaut de l'emporter, ce qui était inespéré pour lui quelques mois encore avant le scrutin.
Mais le divorce de l'actuel président avec la gauche semble bien plus profond que celui de son prédécesseur avec le centre-droite et le FN... N'oublions pas que la majorité actuelle mène une politique économique et sociale bien plus proche de ce que défend la droite que des idées traditionnellement mises en avant par la gauche. Forcément, l'électorat est désorienté, d'autant que les résultats ne sont à l'évidence pas au rendez-vous.
Hollande pense que sa politique finira par payer, qu'après une phase d'impopularité massive l'électorat finira par le sauver in extremis. Il croit au scenario Schröder 2002. Il oublie au passage que c'est surtout sa gestion des inondations qui avait sauvé le chancelier, plus que l'adhésion de l'électorat à ses réformes libérales à la tronçonneuse (pour les sceptiques, regardez la courbe des votes pour le SPD, qui ne s'est jamais remis de l'agenda 2010: naguère ils pouvaient dépasser le 40%, aujourd'hui approcher les 30% est déjà miraculeux... ).
Je ne vois pour le PS qu'un seul
scénario possible pour limiter la casse en 2017, et il me parait hautement improbable: la mise sous tutelle de ce boulet qu'est devenu Hollande pour son propre camp.
En voici le déroulé:
1/ menace d'un groupe de députés PS frondeurs de faire échouer un vote décisif
2/ désignation par Hollande contraint et forcé d'un nouveau premier ministre. Je verrais bien Martine Aubry, qui a su habilement se placer en réserve, plait à l'électorat de gauche, mais n'a pour autant jamais contesté les grandes orientations du président.
3/ programme pour la fin de quinquennat envoyant des signes à l'électorat de gauche sans rompre ouvertement avec Bruxelles
4/ approches du style "
Ah M.Chassaigne que vous êtes populaire et que vous me semblez doué. Et que si votre charisme se rapporte à votre talent, vous feriez un très bon ministre de l'aménagement du territoire et l'espace rural..."
5/ entrée du PC et retour d'EELV au gouvernement "
pour rassembler la gauche, seul moyen de faire barrage à Marine Le Pen"
6/ Hollande inaugure les chrysanthèmes pendant qu 'Aubry tente tant bien que mal d'appliquer le 3/
7/ Le président sortant fait le choix courageux et unanimement salué de ne pas se représenter
Mais pour cela , il faudrait beaucoup d'audace, ce que n'a guère manifesté jusqu'à maintenant la grande majorité des députés PS.
Autre hypothèse improbable, mais qu'on ne peut exclure complètement: la scission, après la probable raclée des européennes, entre un PS "solférinien" se rapprochant de l'UDI et des socialistes de gauche prenant langue avec le Front de Gauche (EELV aurait vocation à éclater ou à naviguer entre ces deux pôles). Un tel bouleversement représenterait cependant une prise de risque qui n'est guère dans les usages de la 5e République.
L'hypothèse la plus probable me parait cependant la poursuite de la politique actuelle avec un PS qui grogne mais ne rompt pas. Et là , deux hypothèses possibles:
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le scénario à la Polonaise: effondrement de la gauche, qui en plus, serait chez nous divisée entre deux blocs violemment opposés (FG , PS et alliés). En Pologne, la scène politique est dominée par l'affrontement entre d'un côté un parti ultra-conservateur, eurosceptique, très réactionnaire sur les sujets de sociétés, libéral mais sans plus en économie, et de l'autre un parti conservateur, réac mais sans plus sur les sujets de société, ultra-libéral à l'extrême, plutôt pro-européen.
Chez nous, ce serait plus compliqué. Le FN qui aurait plutôt vocation à jouer le rôle du PiS polonais est loin d'être unanimement acquis à la ligne "catholique réactionnaire", à en juger par le peu de zèle manifesté par Marine Le Pen dans son opposition au mariage pour tous. Cette ligne ne me parait d'ailleurs pas très porteuse dans un pays comme la France. Je verrais plutôt chez nous un clivage droite eurosceptique sécuritaire anti-immigration... et très divisée et floue sur l'économique et le social (FN, souverainistes et dissidents UMP) contre droite européiste libérale voire ultra-libérale (UDI, reste de l'UMP, socialistes opportunistes peu désireux de goûter aux joies de l'opposition pendant les trente prochaines années). Ce scénario me parait objectivement le moins improbable.
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le scénario à la Grecque: effondrement du PS, le FG prend le relais comme force dominante à gauche, l'extrême droite bien installée dans le paysage. Différence majeure avec la situation de nos amis héllènes: du fait du mode de scrutin en vigueur chez nous, la droite n'aurait sans doute nul besoin de l'appui du PS pour gouverner.
Bien entendu , tout cela n'est que spéculation. Vous avez parfaitement le droit d'imaginer Hollande triomphalement réélu par un peuple ému et enthousiaste se reprochant amèrement de n'avoir pas vu plutôt les qualités de ce grand visionnaire. Mais moi, allez savoir pourquoi, je n'y crois pas trop... ;-))