de ploumploum » Ven 23 Mai 2014 20:43
Le Portugal élit 21 députés européens contre 22 en 2009.
Le pays a fêté il y a quelques semaines le 40ème anniversaire de la Révolution des Œillets.
En 2009, le scrutin européen s’était déroulé 3 mois avant le scrutin législatif, servant ainsi de répétition générale.
Le scrutin a surtout été marqué par un faible taux de participation : 36,8 %.
Mode de scrutin : une proportionnelle nationale avec l’attribution aux plus fortes moyennes.
A la surprise générale, le Parti Social-Démocrate (PSD- libéral/ droite) avait le scrutin avec 31,7 % des suffrages, mettant ainsi à la série victorieuse du PS (1994-1999-2004).
Avec 1 131 744 voix (31,7 % des exprimés mais seulement 11,66 % des inscrits) , la liste PSD gagna 8 des 22 sièges, progressant ainsi d’une unité.
Avec seulement 946 818 voix soit 26,5 % des suffrages exprimés, la liste PS fut créditée de 7 sièges (-5)
En troisième position, on retrouvait le Bloco de Esquerda (Parti de Gauche) avec 382 667 voix soit 10,7 % des exprimés et 3 sièges (+2)
En 4ème position, les communistes (CDU) : 379787 suffrages soit 10,6 % et 2 sièges (=)
Le CDS-PP (conservateur-PPE) avec 298 423 voix (8,36 %) remporta les 2 derniers sièges
Le scrutin européen préfigurait ce qui allait se passer 3 mois plus tard lors des législatives. La recomposition de la gauche avec la forte poussée du BE (de 8 à 16 sièges) passant devant les communistes (passant de 14 à 15 sièges). Le PS remporta une majorité relative avec 97 sièges. (-24)
A droite, le scrutin d’octobre avait amené une légère amélioration pour le PSD (de 75 à 81 sièges) et une forte progression pour le Parti de Paulo Portas, le CDS-PP (de 12 à 21 sièges)
On connait la suite : en mars 2011, le socialiste José Socrates démissionne après le rejet d’un quatrième Plan d'austérité.
Le scrutin législatif anticipé du 5 juin 2011 marqua le retour de le droite au pouvoir après 6 années d’opposition.
Le PS recula à 74 sièges, un minimum depuis 1991, payant ainsi la gestion de la crise.
Le Bloco de Esquerda passa à 8 sièges, payant son soutien au candidat socialiste lors de la présidentielle de janvier 2011.
Depuis 2011, Pedro Passos Coelho est Premier Ministre avec pour partenaire le CDS-PP de Paulo Portas.
L’actuel gouvernement est allé encore plus loin dans l’austérité que ce que prévoyaient le Plan de Sócrates et le Mémorandum de la Troika.
L’échec est tellement flagrant que le ministre des Finances Vitor Gaspar a démissionné en juillet dernier, provoquant ainsi une crise gouvernementale.
Les élections municipales ont d’ailleurs confirmé les rejets de l'austérité et de la coalition PSD/CDS-PP.
Mais le PS n’est toujours pas une alternative crédible : l’héritage et le retour de Sócrates au pays pèsent sur le leadership de Antonio José Seguro.
J'ai parfois l'impression qu'il essaye d'être "l'homme de la synthèse" au sein du parti, ce qui n'est pas sans rappeler une certaine personne.
Pour le scrutin de dimanche, PSD et CDS-PP ont fait liste commune (Aliança Portugal)
A présent, une estimation de la répartition des 21 sièges selon les sondages actuels : (Moyenne)
PS : 34-37 % / 8-10 sièges (+1/+3)
PSD/CDS-PP 29-30 % / 7-9 sièges (-1/-3)
CDU : 9,5-12,5 % / 2-4 sièges (+1/+3)
BE : 5-6 % / 0-1 siège (-1 à -3 sièges)
MPT (Partido da Terra-parti de la Terre, écologiste/centre-gauche) : 3-6 % 0-1 siège
Si la première place du PS est quasiment assurée (on n'est jamais à l'abri d'une surprise), la question et de savoir si l'écart avec la liste de coalition gouvernementale sera importante. Cette dernière, avec 30 % dans les sondages, ferait 10 pts de moins qu'en 2009 et 20 pts de moins qu'aux dernières législatives (si on additionne les scores des deux partis)
L'une des grosses surprises du scrutin pourrait être l'élection d'un eurodéputé du MPT, mouvement crée il y a 21 ans et qui ne dispose que de quelques élus locaux (dont un conseiller régional à Madère)
Cette hypothèse, encore farfelue il y a quelques semaines, a pris consistance ces derniers jours avec des sondages montrant une progression des intentions de vote.
Le choix de la tête de liste pèse-t-il dans cette évolution ? Peut-être. Cette tête de liste se nomme António Marinho e Pinto, ancien Bâtonnier de l'Ordre des Avocats et l'un des grands noms de la Justice portugaise.
Les sondages semblent aussi confirmer la solidité des communistes et les difficultés persistantes du Bloco qui n'arrive toujours pas à retrouver un second souffle.