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Messagede Hashemite » Jeu 13 Jan 2011 22:59

(je ne sais pas ou un sujet de ce genre irait mieux, je le place ici pour faute de meilleur emplacement)

J'aimerais partager un peu une de mes passions en politique, c'est a dire la géographie électorale (et la sociologie électorale), sujet malheureusement pas en vogue en France (au contraire des Etats-Unis ou de l'Angleterre). La chose n'est pas du tout aidé par l'incompétence des autorités vis-a-vis de la publication d'anciens résultats électoraux ou la publication sur internet d'informations plus ample sur les découpages passés ou les échéances électorales avant les années 90. J'ai pu, par contre, rassembler assez d'information pour pouvoir construire une bibliothèque de plus de 600 cartes électorales françaises depuis 1848; notamment des cartes par commune des résultats du deuxième tour de 2007, une carte de France des cantons et plus encore des cartes de toute les élections législatives, par circonscription, depuis 1958.

Si intérêt il y a, je mettrais en ligne ici mes plus belles "créations" en commençant avec un petit apercu: les élections législatives de 1936

Je ne peux pas garantir que l'information soit fiable a 100% vu le manque d'information et surtout les étiquettes politiques très vague de l'avant-guerre (surtout a droite). J'utilise comme source le site de l'Assemblée Nationale qui a une base de donnée de tout les députés depuis 1789 souvent avec une biographie qui inclue la circonscription d'élection et l’adhérence parlementaire du député. Ma source pour le découpage (celui de 1927, révisé par endroit en 1932 et 1936) est l'Atlas des circonscriptions électorales en France depuis 1875, une source qui n'a aucune information malheureusement sur le découpage infra-urbain a Lille, Lyon, Marseille et Bordeaux.

Quelques remarques techniques: mon étiquette FR regroupe tout les députés adhérant au groupes RIAS, IR, FR et IURN. Le groupe de l'ARGRI était, généralement, le groupe de l'AD, mais certains députés AD adhéraient aux groupes GDRI, Gauche indépendante ou RIAS voir même IR. Les étiquettes USR, Gauche ind, IAP, GDRI, ARGRI, FR, Agraires et NI sont des groupes parlementaires plus au moins divers, tandis que les autres étiquettes reflètent plus des partis politiques. Le groupe IAP était constitué des députés alsaciens et mosellans, plus souvent qu'autrement membre des partis locaux de droite (UPR, URL) mais qui incluaient également des députés plus a gauche (même des communistes). La ligne noire a gauche de la clé indiquent les partis/groupes du Front populaire MAIS pas tout les députés des formations adhérant au FP étaient eux-mêmes du FP (surtout les radicaux et la gauche ind)!
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Re: Cartes, cartes, cartes...

Messagede maxxx » Jeu 13 Jan 2011 23:26

Juste au passage, remarque qui sera peut être inutile (voire ridicule pour quelqu'un d'aussi expert que toi en cartographie électorale), je suppose que tu consultes également l'ouvrage "Atlas électoral de la France 1848-2001" de Frédéric Salmon, ouvrage très bien fait au niveau des cartes et qui peut compléter à la marge tes analyses exhaustives...

Je te tire mon chapeau en tout cas pour ce travail minutieux et courageux...qui au final s'avère des plus intéressants pour tes lecteurs ;)
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Re: Cartes, cartes, cartes...

Messagede vudeloin » Ven 14 Jan 2011 00:58

Un travail effectivement intéressant que celui ici accompli et que je me permets, avec quelques années de plus que l'auteur du premier message, de compléter à la mesure des mes souvenirs d'étudiant en Histoire...

Si tu appréhendes en effet le découpage électoral parisien ou marseillais de 1936, tu as un aspect essentiel : c'est l'irruption du Parti Communiste dans le paysage des deux principales villes de France, au scrutin majoritaire à deux tours.
Ainsi, 1936 consacre à Marseille la première élection de François Billoux dans les quartiers Nord de la ville ( je n'invente rien ) et une circonscription qui couvrait les 15e et 16e arrondissements de la ville, dont le numéro ne doit pas tromper par rapport à Paris.
Pour ce qui concerne Paris, comme je l'ai indiqué dans un message relatif à Tibéri, le PCF - SFIC disposait d'un ensemble de députés important, couvrant tout le pourtour ou presque de la capitale depuis le quartier des Epinettes, élisant Prosper Moquet, le père de Guy Moquet jusqu'à Vaugirard, c'est à dire la partie Est du 15e arrondissement.
Il n'y a pas de rue Guy Moquet dans le 17e ( et une station de métro ) et de station Charles Michels à Parix XVe pour des raisons tout à fait anodines.
D'autres partis de gauche avaient des élus, notamment des élus du Parti d'Unité Populaire sur le 18e ou encore le divers gauche Bossoutrot, ancien aviateur, sur le 10e arrondissement.

Mais je vais chercher à compléter ton information, dès que possible :)
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Re: Cartes, cartes, cartes...

Messagede vudeloin » Ven 14 Jan 2011 01:04

A la lecture de l'intéressante carte de notre correspondant ontarien, on notera tout de même cette remarquable trace d'une des grandes affaires de la vie politique française, c'est à dire cette expansion de la gauche depuis le Nord jusqu'au Sud du pays, le long de la méridienne de Paris, si l'on peut dire, pendant que les parties Ouest et Est restent plus facilement " bleues ".

Comme quoi... Au demeurant, on pourrait presque faire la même carte en 1875; je pense qu'on aurait peu d'évolutions.

Aujourd'hui, je dirais pas forcément la même chose :)
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Re: Cartes, cartes, cartes...

Messagede vudeloin » Ven 14 Jan 2011 01:14

Puur information pleine et entière de chacun, un petit détail sur le département de la Seine, qui n'a jamais été, autant qu'en 1936, pu être qualifié de " banlieue rouge '.
Les quelques sièges qui n'apparaissent pas en rouge sur le petit encart sur la Seine concernent spécifiquement la circonscription de Neuilly sur Seine à l'Ouest ( elle est en bleu et si mes souvenirs sont exacts, son député était Henri de Kérilis qui fut le seul députés de droite à ne pas voter les accords de Munich ) et celle de Vincennes Saint Mandé à l'Est.
Deux sièges socialistes apparaissent à côté des sièges de droite, il s'agit des députés de Puteaux à l'Ouest ( ancienne ville ouvrière aujourd'hui largement remodelée dans le cadre de l'aménagement de la Défense ) et de Fontenay Champigny sur Marne à l'Est.
Enfin, dans le Nord de Paris, un siège apparaît en sombre et là c'est celui de Jacques Doriot, sur Saint Denis Pierrefitte Villetaneuse.
le leader du PPF, qui finira sa vie à Sigmaringen, sera invalidé et remplacé, au cours d'une partielle, par Fernand Grenier, candidat communiste qui sera député de Saint Denis encore après la guerre jusqu'en 1973...
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Re: Cartes, cartes, cartes...

Messagede Hashemite » Ven 14 Jan 2011 02:25

Merci a vudeloin pour ses interventions intéressantes. L'aspect intéressant de cette carte de 1936 est, selon moi, la France de gauche qui forme un bloc du nord au sud en incluant la plupart du centre a l'exception des terres catholiques du sud du Massif Central; tandis que la France de droite forme un bloc a la frange est et ouest du pays (plus des îlots dans le Massif Central, le pays basque et en Flandre). Chose intéressante vu que des les années 50/60, le Champagne et la Bourgogne se détachaient déjà pour rejoindre, généralement, la droite.

Pour répondre a maxxx, je n'ai malheureusement jamais pu mettre la main sur l'ouvrage de Salmon vu qu'il est dur a trouver ici en Ontario! Chose qui rend peut-être mon travail tout le plus courageux et exhaustif! :)
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Re: Cartes, cartes, cartes...

Messagede vudeloin » Ven 14 Jan 2011 03:27

Comme indiqué plus haut, je vais rechercher pour le découpage des circonscriptions de Lille Lyon et Marseille mais j'ai une vague idée des endroits où sont élus les uns et les autres. Style Perrache et Brotteaux pour la droite à Lyon ou 8e arrondissement de Marseille...
A voir
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Re: Cartes, cartes, cartes...

Messagede Hashemite » Ven 14 Jan 2011 15:01

Il y a intérêt, donc un peu plus récent maintenant avec une législative passionnante et une des rares élections législatives depuis les années 60 qui ait été plutôt serré... 1978.
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Re: Cartes, cartes, cartes...

Messagede Hashemite » Ven 14 Jan 2011 15:03

Et aperçu de la Petite Couronne en 1978 maintenant... encore une vrai "ceinture rouge" mais pas comme en 1936.
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Re: Cartes, cartes, cartes...

Messagede vudeloin » Ven 14 Jan 2011 18:18

Une carte qui me rappelle quelque chose, vu que je dois avoir encore quelque part ( va savoir où ) l’édition du journal « Le Monde « où elle était reproduite, avec les subtils dégradés de noir et de blanc dont ce sérieux journal était coutumier à l’époque.

Sur la banlieue rouge, je persiste et je signe ( lol ) : le PCF n’a jamais été aussi fort sur ces territoires qu’en 1936, dès lors que les sièges étaient répartis au scrutin uninominal à deux tours.

On pourrait envisager ( travail de Romain peut être ) de reproduire une carte du département de la Seine sur la base du découpage de 1936 et des résultats observés aux élections de 1945 et 1946 – singulièrement le scrutin de novembre 1946 – pour voir si le schéma de la législature de Front Populaire se répète mais bon, c’est ainsi.

Le PCF n’a jamais été aussi influent qu’en 1936, avec quelques aspects trompeurs d’ailleurs, notamment sur le grand chelem de la Seine Saint Denis ( 9 élus sur 9 ) qui précédera une perte sèche de 4 sièges en 1981 ( circonscriptions d’Epinay Saint Ouen, de Noisy le Sec, de Noisy le Grand et Bagnolet – Pantin ), positions jamais retrouvées ensuite.

Parmi les éléments qui ressortent du travail de notre ami canadien, figurent notamment le début de la poussée de gauche dans l’Ouest, attestée par les sièges du Finistère ( première élection de Louis Le Pensec sur la 8e circonscription de Quimperlé par exemple ), élection de François Leizour en député communiste du pays de Guingamp et de Pierre Jagoret pour le PS sur le pays de Lannion, première élection comme député de Jean Marc Ayrault sur une partie de Nantes et sa première ville d’élection de Saint Herblain, etc...

Je peux aussi vous donner les dix élus du MRG : Jean Pierre Defontaine sur la circonscription de Bapaume dans le Pas de Calais ( c’était le maire de la ville et le président du RC Lens ) ; Raymond Jullien, député du Médoc en Gironde, Michel Crépeau, député Maire de la Rochelle en Charente Maritime, Alain Bonnet, député Maire de Brantôme en Dordogne ( c’était le fils de Georges Bonnet ), un siège qui connaîtra quelques années plus tard l’élection d’un député PCF, René Dutin ; Maurice Faure, ancien Ministre, dans la 2e du Lot ( Maurice Faure était maire de Cahors et conseiller général de Puy l’Evêque ) ; Robert Fabre, député Maire de Villefranche de Rouergue dans l’Aveyron ( président du MRG, il sera ensuite nommé Médiateur par Giscard d’Estaing et sera remplacé lors d’une partielle ) ; François Abadie, député Maire de Lourdes dans les Hautes Pyrénées ; Jean Michel Baylet, actuel président du PRG, dans la circonscription de Montauban – Valence d’Agen ; Paul Duraffourg, député de Saône et Loire, élu sur le secteur du Charolais et François Massot, député de Digne dans les Alpes de Haute Provence – fils de l’ancien député radical du Front Populaire…-.

Parmi les résultats les plus significatifs, notons tout de même le grand chelem du PCF sur le Gard ( 4 élus ), la Haute Vienne ( 3 élus ) et la Seine Saint Denis ( 9 élus ).

Notons aussi la poussée communiste dans les Bouches du Rhône ( 7 élus sur 11, laissant deux sièges à la droite dans les quartiers les plus bourgeois de Marseille des 6e,8e et 9e arrondissements et deux sièges seulement au PS, celui de Gaston Defferre dans Marseille et celui de Louis Philibert dans le pays d’Aix ).

On peut aussi souligner le grand chelem de la gauche sur le Pas de Calais, avec une lutte au couteau entre PCF et PS, la forte poussée communiste dans le Hainaut Cambrésis avec l’élection de 8 députés, confinant d’ailleurs la droite sur la Flandre, la partie la plus huppée de l’agglomération lilloise et le siège de Cambrai, îlot RPR au milieu d’un océan de députés communistes et socialistes.
Un siège alors occupé par un certain Jacques Legendre, devenu depuis sénateur.

Sur Paris, après la victoire de Chirac aux élections municipales de 1977, les premiers effets de la méthode Chirac se firent sentir : recul du PCF ( passé de 7 à 4 députés ) et faible progression du PS ( qui ne put obtenir que le siège constitué par une partie du 13e arrondissement pour un certain Paul Quilès…

La gauche, si elle progressait globalement sur 1973, perdit quelques autres positions en région Ile de France : perte de la circonscription de Cormeilles Taverny par le député communiste Claude Weber au profit du centriste André Petit, maire d’Eaubonne ; perte du siège de Rambouillet Trappes, jusqu’ici détenu par Jacqueline Thome Patenôtre, remplacée par un jeune député giscardien, membre du Parti républicain, nommé Nicolas About ; échec dans la conquête des deux sièges d’Antony et de Montrouge restés à l’UDF dans les Hauts de Seine, échec dans la conquête de la seconde circonscription de l’Essonne, partant d’Evry jusqu’au Loiret et restée fidèle à Michel Boscher, député RPR.

Le fait essentiel, en réalité, c’est que la gauche ne transforma aucunement l’essai des municipales où elle s’était particulièrement renforcée en Ile de France.

Enfin, remarquons que si la France de l’Est et de l’Ouest commençait de se piqueter de rose et de rouge, l’essentiel des députés bas normands, poitevins, ligériens, champenois et lorrains restaient de droite.

Et premier signe avant coureur d’une évolution plus profonde, le PS ne gardait plus que le siège du Var intérieur ( la circonscription de Draguignan ) avec la première élection de François Léotard sur le siège de Fréjus Saint Raphael, tandis que tous les députés des Alpes Maritimes étaient de droite, le candidat communiste Charles Caressa ne parvenant pas, par exemple, à confirmer le siège jadis occupé par Virgile Barel.

Pour plus de détails, j’attends vos questions 

Et je profite de l’occasion pour porter à la connaissance de chacun ici deux sites que je parcours de temps à autre ( Hashemite peut être aussi ) :
http://www.politicalresources.net , véritable passeport universel de la politique mondiale et le site
http://psephos.adam-carr.net , tenu par un Professeur de Sciences Politiques de l’Université de Melbourne qui contient un certain nombre de cartes et d’informations d’une certaine précision sur un nombre très important de pays différents.

Il faut juste ne pas être rebuté par la lecture de l’idiome de Shakespeare.

Mais comme disait La Palice, quand c’est une carte ou que c’est des chiffres, pas besoin de comprendre l’anglais !
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