Depuis la mise en application de la loi n° 2003-697 du 30 juillet 2003 :
180 sénateurs (soit 52 %) sont élus au scrutin proportionnel plurinominal, sans panachage ni vote préférentiel, dans les 30 départements élisant 4 sénateurs ou plus. Les sénateurs représentant les français établis hors de France sont aussi élus via ce mode de scrutin. Chaque liste électorale doit comporter deux noms de plus qu’il y a de sièges à pourvoir et être composée alternativement d’un candidat de chaque sexe. Le mode de répartition des sièges combine la méthode du plus fort reste et celle de la plus forte moyenne : on a d'abord recours au quotient de Hare, puis on attribue les sièges restants aux plus fortes moyennes (consulter l'article sur le scrutin proportionnel plurinominal pour en savoir plus).
168 sénateurs (soit 48 %) sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours dans les 70 départements élisant 3 sénateurs ou moins. La Nouvelle-Calédonie et les quatre collectivités d’outre-mer élisent aussi leurs sénateurs via ce mode de scrutin.
53% des délégués sont issus de communes de moins de 1 500 habitants alors que celles-ci ne représentent que 33% de la population. Les cités de plus de 100.000 habitants dépêchent 7% de grands électeurs, quand elles regroupent plus de 15% des Français.
Le nombre de délégués de conseils municipaux varie selon la population des communes. Il est de :
1 délégué dans les communes de moins de 500 habitants,
3 délégués dans les communes de 500 à 1 499 habitants,
5 délégués dans les communes de 1 500 à 2 499 habitants,
7 délégués dans les communes de 2 500 à 3 499 habitants,
15 délégués dans les communes de 3 500 à 8 999 habitants.
Tous les conseillers municipaux sont délégués dans les communes de 9 000 habitants et plus.
Dans les communes de plus de 30 000 habitants, le conseil élit d'autres délégués à raison d'un délégué par tranche de 1 000 habitants au-dessus de 30 000.
Ces délégués, ainsi que leurs suppléants, sont désignés par les conseils municipaux au scrutin de liste à la proportionnelle. Les grands électeurs participants à une élection sénatoriale ont pour obligation juridique de voter, faute de quoi ils peuvent se voir infliger, par le tribunal de grande instance, une amende.
Le mode de scrutin étant dévavorable à la gauche, celle-ci a proposé en mai 2008 une loi visant à élargir le collège des grands électeurs afin de permettre l'alternance (qui est tout sauf acquise en 2011) :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/pr ... on0851.asp Je cite un passage :
"Les députés et sénateurs socialistes sont favorables au bicamérisme, qui existe dans toutes les grandes démocraties, et à son élection au suffrage universel indirect, dans le cadre départemental.
En revanche, ils ne peuvent accepter l’existence d’une assemblée politique où l’alternance est de facto interdite. C’est un déni évident de démocratie que le Sénat ne puisse jamais changer de majorité et soit ainsi réservé à la droite.
Pendant longtemps, la droite disait « ce n’est pas le mode de scrutin du Sénat qui empêche l’alternance au Sénat, c’est parce que la gauche est minoritaire dans les collectivités locales ». Ainsi, Christian Poncelet, Président du Sénat, écrivait-il dans Le Monde le 28 mars 2002 : « pour que la gauche plurielle s’empare du Sénat, il suffit tout bonnement qu’elle l’emporte aux prochaines élections municipales ».
Depuis le 16 mars 2008, la gauche est majoritaire dans toutes les catégories de collectivités locales.
La gauche gère 20 des 22 régions métropolitaines et depuis mars 2008, 58 des 102 départements. Par ailleurs, 60 % des Français vivent dans des communes gérées par la gauche qui gère :
- 184 villes de 15 Ã 30 000 habitants contre 153 Ã droite,
– 82 villes de 30 à 50 000 habitants contre 61 à la droite,
– 52 villes de 50 à 100 000 habitants contre 31 à droite ;
– et 32 villes de plus de 100 000 habitants contre 17 à droite.
La gauche gère désormais 350 villes de plus de 10 000 habitants contre 262 pour la droite, qui en détenait 342 auparavant.
Cependant il n’est absolument pas évident, ni en septembre 2008, ni même en 2011, que le Sénat reflète ce nouveau rapport de forces politiques au niveau local, en raison des spécificités de son mode de scrutin qui minore considérablement la représentation des villes les plus peuplées."
Evidemment, la proposition de loi a été enterrée. Elle ne sera peut-être ressortie que lorsque la gauche dominera le Sénat, c'est à dire en 2011-2014 ou jamais (j'exagère à peine car les lourdes défaites de la droite aux élections locales sont, je pense, essentiellement dues à l'impopularité de l'actuel exécutif).