élection pour la présidence des maires du Puy-de-Dôme

[Jean-Philippe]

Suite à la nomination de Charasse au conseil constitutionnel, la place de président des maires du Puy-de-Dôme était remise en jeu. L'occasion de voir que le PS n'a pas encore digéré sa division de 2008 et que la droite en profite pour souffler sur les braises.

Jusqu'au bout, le maire ex-PS de Cournon Bertrand Pasciuto aura voulu faire entendre sa différence. Pour finalement s'incliner au 3e tour de scrutin face à sa « camarade » ex-PS du Conseil général Pierrette Daffix-Ray. Le score est sans appel : 29 voix contre 12, et 3 blancs (voir les résultats par ailleurs).

C'est donc une femme, élue locale depuis 1983, maire de Youx depuis 1998 et conseillère générale depuis mars 2004, qui succède à Michel Charasse au tout-puissant fauteuil de président de l'association des maires du Puy-de-Dôme.

Décryptage d'une élection qui s'apparente à une partie de billard à multiples bandes.

La stratégie de la droite. L'affaire avait été mûrement réfléchie, « à l'initiative du maire UMP de Chamalières Louis Giscard d'Estaing », apprend-t-on.

Fort de treize soutiens de maires de centre-droit et de l'UMP au sein du conseil d'administration de l'association, Jean-Luc Blanc (MoDem), maire de Blot-l'Église, a retiré sa candidature au 3e tour.

S'il n'a pas donné de consigne de vote, 11 des 14 voix de droite ont permis à Pierrette Daffix-Ray de remporter l'élection. Deux des élus de droite ont toutefois voté Bertrand Pasciuto et un troisième a voté blanc.

« Ça me va bien ! ». Déçu Bertrand Pasciuto ? L'intéressé l'affirme tout de go : « Je ne suis pas du tout déçu. Moi, au moins, je n'ai pas été élu avec les voix de la droite ».

« Le combat n'était pas là, assure le maire de Cournon. C'est un peu une première pierre ! ».

Une droite agacée. En votant massivement pour Pierrette Daffix-Ray, la droite espérait décrocher le poste de secrétaire général, promis à François Cregut, maire de Saint-Martin-des-Plains. C'était sans compter sur la vieille garde socialiste qui est rapidement montée au créneau. D'extrême justesse, d'une toute petite voix, le maire PS de Nohanent, Roland Labrandine, a décroché le secrétariat général par 21 suffrages contre 20 à François Cregut. Trois élus se sont abstenus.

Bertrand Pasciuto soutenu par le PS. Pour avoir demandé à la fédération du PS sa réintégration, il y a quelques semaines, le maire de Cournon, Bertrand Pasciuto, exclu avec les Gouttebeliens en 2008, a reçu le soutien implicite des élus socialistes. Jeudi soir, à l'issue d'un conseil fédéral du PS, ce soutien a été évoqué, acté, et il a été demandé au député PS et maire de Coudes Jean-Paul Bacquet de donner la consigne de vote aux maires socialistes, hier matin, avant le scrutin.

Tous les socialistes n'ont pas été au rendez-vous. Preuve que rien n'est encore bien simple au PS puydômois, sur les quinze maires encartés au Parti socialiste, seuls 7 d'entre eux ont voté au premier tour pour Bertrand Pasciuto. Le ton était donné.

L'ombre de la crise de 2008. Ce vote, « c'est la démonstration que les maires sont encore libres de voter pour qui bon leur semble », commente un proche de Pierrette Daffix-Ray, pas mécontent de la leçon.

Le maire MoDem de Blot-l'Église, lui, n'en revient pas. « Il y a une division à gauche qui va au-delà de ce qu'on croyait. C'est vraiment le bordel ».

« Ce qui s'est passé nous renvoie à l'élection de Jean-Yves Gouttebel à la présidence du Conseil général en 2008. C'est franchement déplorable ! », fulmine un élu socialiste, pour qui « il serait temps que l'esprit d'ouverture cher au président de la République arrête de gangrener la vie politique locale, comme c'est le cas depuis 2008 ».

Une volonté de dépolitiser. Bien qu'élue grâce aux voix de la droite, la nouvelle présidente de l'association des maires du Puy-de-Dôme le rappelle très fermement : « Même si j'ai été exclue du Parti socialiste, je suis viscéralement de gauche ».

En affirmant qu'il ne « faut pas importer au sein de l'association des maires des divergences provenant d'ailleurs », Pierrette Daffix-Ray le répète à l'envi : « Chacun a une sensibilité politique, mais l'association a toujours été et reste pluraliste ».

« Je n'ai pas cherché à avoir ces fonctions », clame Pierrette Daffix-Ray, pour justifier un parcours politique fait de « circonstances », et qui ne serait nourri d'aucune ambition.

Une présidence pas si anodine En filigrane de cette élection à première vue anodine, il y a les sénatoriales en septembre 2011. En ayant la main sur les 470 maires du département, l'association est une vitrine très intéressante et offre un puissant réseau.

résultats

1er tour. 44 votants, 4 blancs. Pierrette Daffix-Ray, 17 voix ; Bertrand Pasciuto, 8, Jean-Luc Blanc, 15.

2e tour. 2 blancs. Pierrette Daffix-Ray, 18 voix ; Bertrand Pasciuto, 10, Jean-Luc Blanc, 14.

3e tour. 3 blancs. Pierrette Daffix-Ray, 29 voix ; Bertrand Pasciuto, 12.

http://www.clermont.maville.com/actu/actudet_-Pierrette-Daffix-Ray-succede-a-Charasse_loc-1524247_actu.Htm

[pierrep]

Où l'on voit que malgré son nouveau statut de membre du CC , Charasse continue visiblement de tirer les ficelles dans le Puy de Dôme ...Ce qui pose un problême déontologique, même si rien ne peut être prouvé . Quant au PS départemental il est lui aussi toujours sous la coupe indirecte de son ex-sénateur, dans la mesure où il ne semble pas s'être remis de l'épisode de 2008, au cours duquel sa candidate à la présidence du CG , Michele André, avait été battue par le sortant lui même soutenu par Charasse...et des élus de l'UMP!!

[vudeloin]

Si vous voulez mon avis, cela en promet surtout de belles pour les sénatoriales :)
Cela signifie aussi, a priori, que les délégués cantonaux de gauche au sein de l'ADM 63 sont majoritairement favorables aux dissidents du PS et nettement moins au PS lui même.
Une telle situation dépasse donc, de mon point de vue, l'historique hostilité de Michel Charasse à l'encontre de Michèle André.