de vudeloin » Ven 7 Jan 2011 18:48
Une drôle de vidéo, à la vérité, puisque, comme l’indique le site du Nouvel Observateur, quelques uns des visages que l’on voit durant le reportage sont ceux de salariés de France Télévisions qui ont moyennement apprécié de se retrouver au milieu d’un reportage sur les liens éventuels entre origine ethnique et délinquance.
Je vous invite à lire l’article du Canard Enchaîné de cette semaine à cette fin.
Pour autant, les questions de la délinquance peuvent difficilement être assimilées, de mon point de vue, aux effets de déterminants comme l’origine ethnique.
Ce qui serait comme légitimer un principe qui voudrait que seraient délinquants les personnes porteuses de telle ou telle culture, alors même que je ne suis pas certain ( et même parfaitement sûr ) qu’aucune religion révélée ( et le fondement religieux de bien des cultures est établi de longue date ) n’ait fait de la délinquance, c'est-à -dire de toute déviance vis-à -vis des comportements sociaux généralement admis, une valeur cardinale dans ses enseignements.
Le premier déterminant de la délinquance, pour moi, c’est clairement la réalité des inégalités sociales, de la pauvreté et de l’exclusion sociale, tout en mettant d’emblée une limite à cette affirmation.
C’est que ce n’est pas parce qu’on vient d’un milieu défavorisé que l’on sera délinquant ( au regard de l’état du droit pénal, évidemment ), mais le fait est qu’on aura sans doute plus de risques de le devenir dans ce contexte.
La vérité des faits et des chiffres commande même de dire que la délinquance est un phénomène limité, sinon marginal, dans les milieux les plus défavorisés.
Nous avons une surpopulation carcérale avec un peu plus de 60 000 détenus dans nos prisons mais la France est aussi un pays qui compte plus ou moins de 8 millions d’habitants sous le seuil de pauvreté.
En même temps, l’appartenance à un milieu social plus aisé ne préserve pas du risque de « tomber « dans la délinquance et je crois me souvenir que la plus grosse saisie de cocaïne effectuée en 2010 en France l’a été dans un appartement de Neuilly sur Seine…
Le marqueur social est cependant évident dans le processus qui peut conduire un certain nombre de personnes à la délinquance, qu’il s’agisse de pratiquer ensuite la violence contre soi, les autres, des bâtiments publics ou des biens privés.
Et la délinquance marque une forme d’échec de l’individu à se faire respecter dans la vie sociale selon les modes et les codes ordinairement admis.
Là elle commence donc à être, autant qu’un phénomène social, une affaire de représentation mentale, une représentation qu’une véritable politique de prévention et d’éradication devrait s’attacher à identifier et à déstructurer pour mieux la combattre.
Mais cela est affaire de temps, un temps qui semble parfois manquer cruellement aux politiques publiques en la matière, notamment quand la « performance « prend le pas sur toute autre solution.