les régionales pour le Modem

[Jean-Philippe]

ça y est, c'est officiel, le Modem ira seul au premier tour des régionales, suite au refus des écolo de saisir la main tendue.
Il est probable qu'il y va seul à contre coeur dans certaines régions car il ne pourra pas atteidre les 10%, nulle part je pense, dans 1 à 2 régions maximum dont l'Aquitaine, la Bretagne ou le Centre. La barre des 5% risque d'être difficile à atteindre dans plusieurs régions : PACA, Languedoc-Roussillon, Lorraine, Champagne-Ardenne, Limousin, Corse notamment.

Voici le nombre d'élus régionaux dont il dispose actuellement (n'hésitez pas à me corriger si vous voyez une erreur)
Alsace : 2 élus, Aquitaine 9, Auvergne 1, Bretagne 7, Centre 6, Champagne-Ardennes 3, Ile-de-France 17, Limousin 2, Lorraine 1 (apparenté PS actuellement), Midi-Pyrénées 4, Nord-Pas-de-Calais 3, Haute-Normandie 1, Pays-de-la-Loire 3, Picardie 2, Poitou-Charente 1, PACA 2 (1 app Verts, 1 app NC), Rhône-Alpes 10 (8 dans un groupe 100% Modem + 2 dans un groupe centriste)
soit un total de 74 élus sur 1880 (4% du total).

Avec un mode de scrutin qui favorise les alliances victorieuses au second tour, le Modem va être tenté de faire alliance au second tour, avec la gauche en priorité, au risque d'entraîner de nouveaux départs.
A l'issue du second tour, il est probable que le Modem aura moins d'élus qu'actuellement.

[vincent]

Voici le nombre d'élus régionaux dont il dispose actuellement (n'hésitez pas à me corriger si vous voyez une erreur)

Je suis en train d'essayer de travailler sur l'historique des conseillers régionaux et c'est vrai que ce n'est pas forcément facile d'y voir très clair.

A l'heure où j'écris ce message, j'ai un historique complet pour l'Aquitaine et il me semble aussi compter 9 élus du MoDem :

Landes :
Geneviève Darrieussecq

Pyrénées-Atlantiques :
Jean-Jacques Lasserre
Pierre Menjucq
Denise Saint-Pé

Lot-et-Garonne :
Néant

Gironde :
Laurence Dessertine
Véronique Fayet
Jean-Charles Paris
Daniel Picotin

Dordogne :
Marc Mattera

[henri]

Il est probable qu'il y va seul à contre coeur dans certaines régions car il ne pourra pas atteidre les 10%, nulle part je pense, dans 1 à 2 régions maximum dont l'Aquitaine, la Bretagne ou le Centre.

Je pense que le MoDem sera dans l'impossibilité de dépasser les 10% et ce quelle que soit la région. Même en Aquitaine, région la plus probablement fertile pour le MoDem grâce à l'implantation de plusieurs de ses leaders. Pour ce faire il faudrait obtenir un score énorme dans les Pyrénées-atlantiques, ce que je ne crois plus possible.
Quant aux 5%, je suis d'accord, cela va être très compliqué dans de nombreuses régions.

Ces élections ne vont-elles pas contraindre le MoDem à être plus clair sur ses prochaines orientations notamment au travers des alliances qui seront proposées au second tour ? Cela fait un moment que je pense que le MoDem est en sursis, le nombre de ses élus réduit régulièrement à chaque élection, beaucoup ont quitté le navire,... Le problème est qu'un parti ne peut vivre qu'au travers d'un seul personnage.

[Denis]

Les régionales constituent une étape décisive pour le Modem après des Européennes qui ont fortement entamé sa crédibilité et avant des cantonales dont le scrutin majoritaire ne lui est pas favorable. Ayant affiché un positionnement très antisarkozyste, il ne peut envisager des alliances à droite au second tour. Le mode électoral et l'attitude un peu présomptueuse des Verts constituent un risque majeur car le seuil de 5% sera, comme vous tous le signalez, une barrière difficile à franchir dans plusieurs régions pour une liste autonome.
Reste une possibilité qui associe le menu et la carte. Dans les régions "sûres" (elles ne sont pas nombreuses), présenter une liste autonome; cela pèsera spécialement sur Europe Ecologie privée d'une part de son électorat traditionnel de centre gauche (on sait que les Verts sont marqués par cette schizophrénie entre leur appareil militant et leur électorat); et pour le second tour, désistement négocié avec la gauche. Dans les régions plus difficiles, il ne reste plus qu'à négocier avec le PS, du moins là où le PC n'aura pas négocié d'alliance au premier tour (quelques régions, où leur score putatif est inférieur à 5% et où il veut conserver des élus).
Dans les deux cas de figure, l'alliance à gauche est, sauf exception, la seule possibilité qui reste à F. Bayrou, d'autant que l'appareil du Modem est plus à gauche que les cadres restés de l'UDF. Les conséquences peuvent être d'importance car les nouveaux élus ne seront pas seulement plus à gauche en moyenne que leurs prédécesseurs, mais l'alliance nouvelle, deux ans avant les présidentielles, sera officiellement scellée. Le basculement historique du Sénat en 2011 (dont curieusement la presse ne parle pas, alors qu'il est inscrit dans les résultats des municipales de 2008 et accentué par la fronde des élus "divers" contre l'UMP et Sarkozy) accentuera le processus.
Engageons-nous, davantage et pour le fun, dans la politique fiction : DSK est candidat officiel au 2e semestre 2011, ce qui limite encore l'espace de François Bayrou qui, cependant, se présente et devient ... ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement installé par DSK après sa victoire (nom du premier ministre à déterminer).

[Jean-Philippe]

100% d'accord avec l'analyse de Denis. Le PS va se trouver entre deux possibilités, difficilement conciliables : alliance avec le Front de Gauche (s'il atteint les 5%) ou avec le Modem (même condition). Le problème risque de se poser peu souvent car je ne voit pas beaucoup de régions où les deux dépasseront 5% (IDF sûr, Nord-Pas-de-Calais peut-être pour le second). En effet, les écolo vont faire comme aux européennes : concurrencer le Modem sur son électorat et prendre le dessus partout (sauf à la Réunion peut-être).
Quant à la politique fiction, je trouve le scénario crédible, à par pour la date de candidature (je vois le printemps 2011 avec une campagne éclair, avec le soutien de Delanoé et Aubry) et pour le ministère : je ne le vois pas ministre sauf si le rôle de Bayrou est déterminant dans une éventuelle défaite de Sarkozy.
Je propose à Vincent la création d'un thème de débat "politique fiction" : il y en aura bien un ou deux à avoir anticiper l'avenir.

[vincent]

Je propose à Vincent la création d'un thème de débat "politique fiction" : il y en aura bien un ou deux à avoir anticiper l'avenir.

Bonne idée, je vais créer un nouvelle chambre de discussion sur ce sujet.
Le thème pourrait déraper mais je n'ai pas de crainte au vu des intervenants réguliers du forum avec qui je suis au chômage technique en tant que modérateur ! :D
Et ce n'est pas une complainte bien au contraire.
Je profite donc de ce message pour vous féliciter de la qualité des échanges et des rapports entre tous.

[Hashemite]

L'analyse de Denis est évidemment excellente sur la signification des regionales pour le MoDem. Je vois perso un MoDem entrain de tranquillement devenir encore plus faible si la poussée ecolo se maintient (ou si le PS se tourne d'avantage vers sa 'droite'/centre plutôt que vers sa gauche).

Le MoDem, bien que successeur de l'UDF démocrate-chrétienne n'hérite pas vraiment des fiefs cléricaux de l'UDF dans l'Ouest, en Alsace, dans le Massif Central et cætera, surtout depuis que le MoDem est clairement rentré dans l'opposition au niveau national. Les européennes ont démontré que la carte du MoDem est une carte des personnalités clés du parti. Donc, plus dur a dire si, par exemple, la Bretagne, terre de la démocratie-chrétienne-UDF sera dans les meilleurs régions du MoDem... aux européennes le vote MoDem en Bretagne était dans les... Cotes-d'Armor (pas vraiment le top département breton pour l'UDF), le pays de Bruno Joncour (maire de Saint-Brieuc). Dans le Centre, les scores du MoDem aux européennes était décevante et j'ai beaucoup mal a voir le MoDem dépasser les 10% la, même dans les meilleurs cas de figure. L'Aquitaine dépendra d'un excellent score du MoDem dans les Pyrénées-Atlantiques (et aussi dans les Landes) parce que le MoDem est plutôt faible dans le nord de l'Aquitaine.

En effet, autre point intéressant: le MoDem a dépassé les 10% dans une région aux euros: la Basse-Normandie (vote pour Corinne Lepage)... et non en Alsace, Bretagne, Aquitaine ou PDL comme certains auraient pu croire avant le vote.

[Jean-Philippe]

voici la moitié des têtes de liste Modem (l'autre moitié suivra dans une semaine)

Alain Dolium en IDF (chef d’entreprise de 42 ans du Val de Marne, d’origine antillaise, adhérent au Modem depuis à peine deux ans, encore jamais élu, tendance Modem de gauche puisqu'il a voté Jospin en 2002 et Royal en 2007)
Bayrou justifie ainsi ce choix : «Dans toutes les régions, le renouvellement que je souhaite conduire est de porter aux responsabilités des gens qui sont arrivés à la politique par le Mouvement démocrate, c’est à dire une génération réellement nouvelle et avec ces valeurs là, qui ne sont pas les valeurs traditionnelles de la vie politique

Azouz Begag en Rhône Alpes, en duo avec la présidente du groupe Modem du conseil régional, Fabienne Faure, tête de liste dans l’Ain
Yann Wehrling, l’ancien secrétaire national des Verts, en Alsace, secondé par Odile Ulrich, conseillère régionale, tête de liste dans le Haut-Rhin.
Jean Lasalle, député, en Aquitaine
Bruno Joncour, maire de Saint-Brieuc, en Bretagne
Marc Fesneau, maire de Marchenoir et conseiller régional, dans le Centre
Rodolphe Thomas, maire d’Herouville-saint-Clair près de Caen, en Basse-Normandie
Danielle Jeanne, conseillère régionale, en Haute-Normandie
France Mathieu, conseillère régionale, en Picardie

Avec ces têtes de liste et vu le contexte actuel, je n'exclu pas totalement des scores à deux chiffres en Bretagne, Aquitaine et Centre, voire Alsace et IDF : avec une moyenne nationale de 7%, il faut bien que des régions servent de locomotive pour compenser les raclées à venir dans d'autres.

[Jean-Philippe]

Voici un récapitulatif de ce que sont devenues les têtes de liste UDF de 2004 et leur score d'alors (et le nombre d'élus UDF obtenus selon http://www.france-politique.fr/elections-regionales.htm)
rappel Union UMP-UDF dans 6 régions dont Picardie et Rhône-Alpes avec des têtes de liste UDF, Poitou-Charente, Alsace, Midi-Pyrénées et Auvergne derrière l'UMP
Moyenne de 11,91 dans les régions où l'UDF est partie seule

Alsace : union derrière l'UMP (ex-UDF) Zeller : 7 UDF (2 Modem aujourd'hui)
Aquitaine : Bayrou 16,07% et 9 élus (9 Modem)
Auvergne : union derrière VGE (UMP) et ? élus UDF, (1 modem)
Bourgogne : Sauvadet, désormais candidat NC-UMP, 12,98% et 0 élus (refus de fusionner avec l'UMP)
Bretagne : Bruno Joncour, à nouveau candidat toujours Modem, 11,06 et 8 UDF (7 Modem)
Centre : Gourault, restée au Modem mais non candidate, 13,7% et 7 UDF (6 Modem)
Champagne-Ardenne : Charles de Courson, parti au NC, 11,11% et 4 UDF (3 Modem)
Corse : Marie-Louise Ottavi (n°2 sur la liste DVD au second tour des municipales d'Ajaccio en 2008), la suite de son parcours est inconnue, 1,53%
Franche-Comté : Gérard Faivre (au Modem et candidat déçu à la tête de liste en 2010), 7,69% et 0 élus (pas de fusion je crois)
IDF : Santini, parti au NC, 16,12% et 22 UDF (plus 1 CAP 21 et 1 DVE sur sa liste) >17 Modem
Languedoc-Roussillon : Dufour, toujours au Modem (adjoint de la maire PS de Montpellier en 2008) et candidat en 2010, 5,71% (face à CAP 21 4,79%), mais pas de fusion
Limousin : Jean-Claude Deschamps (à nouveau candidat Modem mais seulement comme tête de liste départementale en Corrèze), 8,26% et 2 UDF restés Modem
Lorraine : N Griesbeck, toujours au Modem mais non candidate, 8,71 et 1 UDF élu (2 autres élus UDF étaient sur d'autres listes) : le seul Modem est aujourd'hui apparenté au groupe PS (pour 2010, c'est la division http://www.lasemaine.fr/2009/11/20/pris ... egionales-)
Midi-Pyrénées : Michel Valdiguié, toujours Modem et pas tête de liste en 2010, 10,15% et 7 UDF (4 Modem)
Nord-Pas-de-Calais : Valérie Létard, tête de liste NC-UMP, 8,01 et 5 UDF et un apparenté (3 modem)
Basse-Normandie : Ph Augier, au NC, sur la liste UMP-NC, 9,26% et 0 élu car refus de fusionner
Haute-Normandie : Morin, au NC et sur la liste UMP-NC, 12,5% et 6 UDF (1 modem)
Pays-de-la-Loire : Arthuis, a quitté le Modem après les municipales pour fonder l'AC (Alliance centriste) peu après, tente de monter une liste avec tous les centristes, 12,14% et 7 UDF (3 Modem)
Picardie : liste commune UMP-UDF derrière Gilles de Robien (retiré de la politique active, mais apparenté NC), 6 UDF (2 Modem)
Poitou-Charente : union derrière E Morin (UMP), ? UDF (1 Modem)
PACA : union derrière Muselier (UMP), 5 UDF, (2 Modem : 1 apparenté Vert, 1 apparenté NC)
Rhône-Alpes : union derrière Comparini (UDF) qui s'est retiré de la politique après sa défaite aux législatives comme Modem, 17 UDF (10 Modem dont 8 dans un groupe Modem à 100% et 2 dans un groupe centriste)

Bref : dans 7 régions sur 16 où l'UDF partait seule, la tête de liste a quitté Bayrou (5 NC, Arthuis) plus de Robien
8 lui sont restées fidèles dont 2 sont têtes de liste régionale en 2010
En Corse, mystère.
De plus, les ralliés au NC sont souvent des élus ayant eu de bons scores en 2004. Donc ça va être dur pour le Modem (je ne vous apprends rien).

[Jean-Philippe]

Après le FN, voici ce que donnent (en théorie j'insiste) les projections en % des scores du Modem dans chaque région à partir de la baisse du score des européennes.
Contrairement au FN qui a gardé des contours à peu près constants entre 2004 et 2009 (le PDF n'est qu'un feu de paille qui ne dépassera pas 2010 à mon avis, comme le MNR qui a disparu dès que les cotisations de ses élus (élus sur liste FN) ont cessé à leur défaite de 2004), le Modem est un des héritiers de l'UDF que certains veulent rescuciter. Cela aurait pour conséquence de l'affaiblir davantage, mais ce n'est pas mon sujet d'aujourd'hui.
Tout ça pour dire que les résultats que j'indique sont encore plus à prendre avec des pincettes que ceux de FN car les déperditions ou les gains se font à gauche ou à droite, donc plus de chance de se tromper.

Aux européennes, le Modem a perdu 30% d'un scrutin d'un scrutin à l'autre (de 12 à 8,44% en métropole.
Si dans le Limousin il a progressé de 12%, c'est le seul contre exemple.
En Franche-Comté (-12%), Auvergne, Nord-Pas-de-Calais, Basse-Normandie, Poitou-Charentes et Bourgogne, cette baisse est de 12 à 20%.
En Midi-Pyrénées, PACA, Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon, cette baisse est comprise entre 35 et 40%.
Les autres régions sont entre 20 et 35% de baisse.

Reportés aux régionales, le Modem ferait donc 6% de moyenne nationale (5,96% pour être précis). Pour ce chiffre, je n'ai pris en compte que les régions où l'UDF présentait une liste séparée de l'UMP.
Pour donner une estimation dans les 6 autres régions, j'ai fait une estimation assez grossière attribuant à l'UDF un score théorique équivalent à peu près au 2/3 du score des européennes 2004 dans ces régions (rapport observé dans les autres régions).
Bref, voilà ce que cela donne :
De 10 à 11%, 3 régions : IDF, Aquitaine et Bourgogne
De 8 à 10%, 4 régions : dans l'ordre Centre, Limousin, Pays-de-la-Loire, Champagne-Ardenne et Haute-Normandie
moins de 5%, 4 régions : Corse (1,13), Languedoc-Roussillon, PACA, Poitou-Charentes (de peu avec 4,87), mais Rhône-Alpes, Picardie et Auvergne sont entre 5 et 6%
Les 8 autres régions sont entre 6 et 8%.

Remarques : certains chiffres font tiquer (plus de 10% en IDF notamment). Il faut dire que certains candidats de 2004 étaient très connus dans leur région : Santini, Bayrou, et que la plupart des têtes de liste de 2004 ont un plus fort ancrage local que celles de 2010, à cause d'un renouvellement souvent subi. Cependant à l'exception de l'IDF, ces résultats sont conformes à l'idée que l'on se fait de la force actuelle du Modem, ce qui n'est pas étonnant vu qu'il s'agit du résultat d'un calcul.
Prochain parti à être étudié de cette manière, l'UMP (j'ai déjà le chiffre pour l'IDF : 41,22%, donc je devrais encore prendre des pincettes).