de savonarole » Sam 9 Nov 2013 01:22
Je trouve que le précédent commentaire, fut-il l'œuvre d'un administrateur du forum, flirte avec les limites de l'objectivité. Citer le passif de Patrick Balkany est une chose, oublier de le faire s'agissant de son accusateur, l'inénarrable Didier Schuller, en est une autre. Il y a un parallélisme des formes à respecter, cela d'autant plus que, si j'ai bien suivi les infos du jour, dans le dossier en question, qui a déjà été jugé, Schuller a déjà été condamné et Balkany relaxé...
S'agissant de l'élection à proprement parler, Arnaud de Courson semble chercher à obtenir, pour l'instant sans succès, l'étiquette UDI/L'Alternative... dont se revendique aujourd'hui Didier Schuller. En terme de probité, on a connu meilleur voisinage. En termes de score, si Courson avait bien battu Isabelle Balkany aux cantonales 2011, Patrick Balkany a quant à lui laminé le candidat DVD allié de Courson, Loic Leprince-Ringuet aux legislatives (48% contre 14% sur la ville de Levallois). Par ailleurs, la rumeur voudrait que le MoDem levalloisien soit partagé entre Courson et une alliance avec le PS.
Par ailleurs, le PS levalloisien paie encore, 18 ans après, le prix de ses divisions de l'élection municipale de 1995, durant laquelle une partie de ses cadres avait appelé au "Tout sauf Balkany" et au vote pour le chiraquien Olivier de Chazeaux, tandis que l'autre avait maintenu sa liste au second tour. Reprendront-ils le risque cette fois-ci ? Cela pourrait signer l'arrêt de mort de la gauche à Levallois et achever politiquement la transformation de la ville en Neuilly-bis, avec majorité et opposition de droite et un PS réduit à 1 ou 2 CM... ce qui signifierait également faire définitivement une croix sur la 5e circonscription, partagée entre Levallois et Clichy.
Enfin, oui, le FN semble essayer de construire une liste autour de celui qui fut son candidat aux cantonales, Geoffroy Rondepierre, mais il semblerait avoir des difficultés à trouver 48 colistiers.
Les affaires locales et le lourd climat national de défiance à l'égard des politiques pourrait effectivement jouer contre Patrick Balkany, ainsi qu'un phénomène d'usure. À l'inverse, on peut aussi considérer que son image "sulfureuse" (pour reprendre l'adjectif qui lui est souvent accolé) est un paramètre largement intégré par les levalloisiens depuis son retour en 2001, ceux qui votent pour lui le faisant en connaissance de cause et jugeant plus l'intéressé sur son action locale que sur ses positions nationales ou sur les questions d'éthique ou de morale publique (au demeurant, et si je ne m'abuse, RAS de ce point de vue depuis... sa relaxe dans l'affaire Schuller, celle-là même que ce dernier tente de relancer).
Refaire le coup de 2011 en jouant sur le seul rejet de l'électorat ne sera pas chose aisée pour Courson, d'autant que l'effet de surprise ne jouera pas cette fois-ci, que contrairement à la cantonale, il lui faudra conquérir les quartiers populaires qui sont le fief historique de la gauche et du RPR levalloisiens et que son adversaire n'est pas le même: si les Balkany peuvent apparaître interchangeables vu de l'extérieur, c'est moins vrai à Levallois... Il lui faudra donc faire une campagne de terrain assez dense et proposer un réel projet qui ne pourra pas être celui de Balkany "en creux", ni trop ressembler à celui-ci (alors qu'idéologiquement, la différence n'est pas énorme entre eux), ni se limiter à "30 ans ça suffit". Un créneau "on vit bien à Levallois, mais on véhicule une image pas terrible: j'incarne l'alternative à droite, je suis jeune, je garderai tout ce qui fonctionne, je suis à votre écoute" sera vraisemblablement le pitch de départ, pas mauvais au demeurant. Reste à savoir comment l'étoffer et si cela suffira.
Reste à savoir quel serait l'impact d'une liste FN et à qui elle prendrait le plus de voix. Dans l'électorat de droite popu acquis à Balkany ? Chez les électeurs voulant sanctionner à la fois la gauche et l'UMP/Balkany, donc à Courson ? Sur les déçus de la gauche, donc à la liste PS ? À moins de 5%, le score serait négligeable mais pourrait coûter un premier tour à Balka (ou l'empêcher d'avoir une avance confortable, ce qui rendrait le 2ème tour plus délicat). Entre 7 et 10%, résultat neutre en terme de siphonnage des autres candidats, mais qui poserait la question des reports de second tour (réflexe sécuritaire/popu: Balka ? ou anti - système/sortons les sortants: Courson ?), À plus de 10%, cela signifie que le parti retrouve son rôle s'attrape-tout, pique des voix à Courson sur ce créneaux et peut se maintenir (ce qu'il fera pour des raisons liées aux consignes nationales) ce qui ouvrirait la porte à une élection aisée de Balkany (Courson pouvant difficilement lui passer devant avec 10% "gelés" sur sa droite.
Last but not least, qu'elle sera l'attitude de la gauche et de ses électeurs dans une élections qu'ils n'ont (encore moins qu'à l'accoutumée) aucune chance de gagner : abstention massive ? "Tout sauf Balkany" et vote Courson au second, voire au premier tour ? Ou résistance en termes de voix accentuée par le fait sur la gauche devrait partir unie (alors que le PC était présent séparément en 2008) ?
L'élection est donc loin d'être jouée, même si le favori reste toujours le sortant et quand bien même je ne suis pas convaincu que les affaires influencent beaucoup les levalloisiens (il n'est pas vraiment tombé pour cela en 1995: beaucoup plus sur des questions locales et sur les séquelles de Chirac/Balladur). À mon sens, l'affrontement sera plus générationnel et "bilan vs. projet".