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Partielles 2010 - le bilan

Réagissez sur ce forum aux différentes élections partielles qui ont lieu ponctuellement un peu partout en France.

Partielles 2010 - le bilan

Messagede fred75 » Lun 13 Déc 2010 10:23

L'année des partielles 2010 ne ressemble guère à la tendance enregistrée lors des régionales de Mars.
Par type de scrutin, on enregistre une progression de la droite sur les municipales partielles, et aussi sur les cantonales. Le seul échec, de taille, pour la droite est la législative de juillet dernier à Rambouillet.

Cantons : sur 28 élections en 2010, la gauche avait 16 sièges, le Modem 2, la droite 10. a l'issue des votes, la gauche obtient 15 élus, le modem 1 et la droite 12. Léger rééquilibrage donc.

Municipalités : sur 18 communes, la gauche en détenait 9 et la droite 9. Après scrutin, la réparticition est de 5 pour la gauche et de 13 pour la droite. Progression très significative de la droite, illustrée par la victoire dans des villes comme Noisy le Sec, Pleumeur Bodou, St-Estève.

Législatives : 1 gauche et 1 droite sortants. Elus : 2 gauche (1PS et 1 EEV)

En voix, tte élection confondue, le premier tour marque une hausse de la droite, qui était à 46% dans les scrutins de référence et passe à 51%. La participation est comme à l'accoutumé la grande victime, passant de 55% à 34%.

Je ne tire cependant aucun enseignement de ces partielles 2010 sur les prochaines échéances nationales, cantonales de mars et bien sûr le grand RV de 2012.
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Re: Partielles 2010 - le bilan

Messagede Jean-Philippe » Lun 13 Déc 2010 17:48

fred75 a écrit:Je ne tire cependant aucun enseignement de ces partielles 2010 sur les prochaines échéances nationales, cantonales de mars et bien sûr le grand RV de 2012


Je suis d'accord avec cette dernière phrase. Plus le scrutin est local (municipal ou cantonal) et plus l'abstention est élevée, moins les implications à l'échelle nationale sont valables. Pour les législatives en revanche, on peut davantage tirer de conséquences du scrutin car l'ancrage local des candidats ne concerne qu'une partie de la circonscription.
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Re: Partielles 2010 - le bilan

Messagede Zimmer » Mar 14 Déc 2010 01:18

C'est vrai qu'il ne faut pas tirer de conclusions hâtives de toutes ces élections partielles, souvent d'abord dominées par des enjeux locaux et marquées par de forts taux d'abstention. Il n'empêche que celles ayant eu lieu en cette toute fin d'année 2010 se sont révélées assez décevantes pour la gauche, qu'il s'agisse des deux élections cantonales en Vendée ou des élections municipales de Noisy-le-Sec et de Corbeil-Essonnes.

Au moins autant que les sondages, les élections partielles, prises dans leur ensemble, constituent un bon thermomètre de la réalité électorale et politique du pays, à un instant T. Même si je continue de penser que les élections cantonales de mars prochain devraient être l'occasion d'un nouveau vote sanction pour la droite gouvernementale (la gauche peut encore, selon moi, gagner des positions par rapport à 2004 qui avait pourtant déjà été un très bon cru, surtout si, comme c'est prévisible, on assiste à une remontée du FN), rien n'est décidément joué pour 2012. Il faudra également observer très attentivement les résultats des différentes élections partielles qui auront lieu au cours de l'année 2011, sachant que celles-ci devraient être beaucoup moins nombreuses, du fait de la généralisation des suppléants pour l'élection des conseillers généraux et aussi parce que plus aucune élection législative partielle ne pourra intervenir à partir du mois de juin prochain.
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Re: Partielles 2010 - le bilan

Messagede Artisan-Politologue » Mar 14 Déc 2010 13:21

Je complète en allant dans le sens de mes camarades. Le tableau des partielles, dressé régulièrement sur ce forum, est toujours très intéressant, mais gardons-nous d'y voir systématiquement une tendance générale. L'abstention est souvent très élevée, comme le relève Jean-Philippe cela favorise les votes sur enjeux locaux. Il existe une règle en sciences politiques: plus l'abstention est élevée et plus la circonscription est petite, plus les forces politiques dominantes sont renforcées dans leurs fiefs.
Concernant les deux municipales en banlieue parisienne:
- à Corbeil-Essonnes, le système Dassault, bien que fortement critiqué (certains parlent de clientélisme dans les quartiers populaires), est toujours en place. Le même phénomène s'était produit après l'affaire des chaussettes, à Perpignan. A cela s'est ajoutée la tendance des électeurs irréguliers des quartiers populaires à voter plutôt pour le sortant, tout simplement parce qu'il est plus visible et qu'avec lui on sait à quoi s'en tenir (cf Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen, "La démocratie de l'abstention", Folio Actuel, 2007)
- Noisy-le-Sec, la désunion à gauche a clairement perturbé les reports au second tour, malgré une certaine union de façade.
Dans les deux cas, la gauche était conduit par le FG, plus précisément le PCF. On a l'impression que la ceinture rouge parisienne n'en finit plus de mourir, au gré des changements sociologiques. Alors que la gauche n'en finit pas de conquérir les centre-villes "gentryfiés", la droite semble trouver de nouveaux terrains électoraux dans les banlieues en difficultés.
Ce n'est bien sûr pas le seul facteur à prendre en compte, mais un basculement semble se produire, définitivement déconnecté du vote de classe (le pauvre de gauche, le riche de droite, la classe moyenne dans le marais...). Cela a sans doute débuté lorsque la gauche est devenue majoritaire dans les couches les plus diplômées et de moins en moins puissante chez les ouvriers.

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Re: Partielles 2010 - le bilan

Messagede maxxx » Mar 14 Déc 2010 13:47

Artisan-Politologue a écrit:A cela s'est ajoutée la tendance des électeurs irréguliers des quartiers populaires à voter plutôt pour le sortant, tout simplement parce qu'il est plus visible et qu'avec lui on sait à quoi s'en tenir (cf Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen, "La démocratie de l'abstention", Folio Actuel, 2007) Manu
.

Je rebondis sur ta citation comme tu évoques les travaux remarquables des sociologues Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen. Comme ces derniers l'ont également analysé, la disjonction entre les comportements électoraux et la sociologie de certains quartiers est aussi expliquée par le phénomène des mal-inscrits, qu'ils estiment comme conséquent dans les quartiers populaires (leur étude portait essentiellement sur le quartier des Cosmonautes à La Courneuve) : au-delà de la non-inscription sur les listes électorales, qui a été réformé sous le gouvernement Jospin avec l'inscription automatique des jeunes sur les listes électorales (ce qui a considérablement réduit la non-inscription pure et simple sur les listes), les habitants des quartiers populaires, souvent mal intégrés socialement et politiquement, sont en plus souvent désarçonnés lors des changements de domicile (contrairement à ce que l'on croit, la mobilité existe dans ces quartiers : mais cette mobilité est souvent le passage d'un quartier dégradé à un autre quartier "difficile" - ils se retrouvent donc dans un autre quartier et mais ne sont pas pour autant enregistrés dans leur nouveau bureau de vote théorique)...C'est un phénomène qui tend à prendre le dessus sur la simple non-inscription...

C'était juste une petite parenthèse pour compléter une analyse que je rejoins sinon totalement sur son contenu.
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Re: Partielles 2010 - le bilan

Messagede Hashemite » Mer 29 Déc 2010 21:28

Artisan-Politologue a écrit:- Noisy-le-Sec, la désunion à gauche a clairement perturbé les reports au second tour, malgré une certaine union de façade.
Dans les deux cas, la gauche était conduit par le FG, plus précisément le PCF. On a l'impression que la ceinture rouge parisienne n'en finit plus de mourir, au gré des changements sociologiques. Alors que la gauche n'en finit pas de conquérir les centre-villes "gentryfiés", la droite semble trouver de nouveaux terrains électoraux dans les banlieues en difficultés.
Ce n'est bien sûr pas le seul facteur à prendre en compte, mais un basculement semble se produire, définitivement déconnecté du vote de classe (le pauvre de gauche, le riche de droite, la classe moyenne dans le marais...). Cela a sans doute débuté lorsque la gauche est devenue majoritaire dans les couches les plus diplômées et de moins en moins puissante chez les ouvriers.

Manu


Je partage ton analyse sociologique parfaite. La tendance française, résultat sans doute de la "boboisation" de la gauche et le mouvement de la droite vers un sarkozysme plus populiste et conservateur, est semblable a celle observée aux USA avec le milieux ouvriers blancs autrefois très démocrate sont maintenant républicain tandis que le urbains, aisées plus libéraux en banlieue et en ville marchent dans l'autre sens vers les démocrates. Intéressant, surtout vu que le vote de classe n'a jamais été aussi présent et déterminant en France/USA qu'en Angleterre, Suède ou encore en Espagne.
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Re: Partielles 2010 - le bilan

Messagede pierrep » Mer 29 Déc 2010 22:25

Exact ...Du reste le vote Sarkozy de 2007 et ses stupéfiantes correspondances avec le non du référendum de 2005 viennent souvent renforcer cette analyse sociologique ..
En banlieue parisienne un exemple illustratif me vient souvent à l'esprit : celui des 4 communes des Hauts de Seine qui composent la 12eme circonscription où deux communes ex-fiefs PCF sont désormais durablement passées à des maires UMP à tendance "RPR dur" , proche de Pasqua, je veux parler de Chatillon et du Plessis Robinson, où l'électorat modeste , et les logements sociaux demeurent présents. Symétriquement les deux communes ex-UDF ou Divers droite , habitées par des couches plus aisées, des cadres , des chercheurs ....souvent dans du résidentiel individuel ont à présent des maires PS , Fontenay aux roses et Clamart.
Je suis conscient que d'autres facteurs ont pu jouer dans ces chassé-croisés, il n'emêche qu'ils sont illustratifs de ces évolutions en profondeur des électorats .
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Re: Partielles 2010 - le bilan

Messagede vudeloin » Dim 9 Jan 2011 13:19

Les partielles sont partielles justement; d'ou le problème...
Les questions posées sont réelles et notamment celle de l'abstention dans les milieux populaires qui semble desservir les candidats de gauche, ou modifier leur ancrage sociologique.
A dire vrai, la participation des villes " populaires " est assez liée à la nature du mode de scrutin et je rappellerais qu'on a voté à plus de 75 ou 80 % dans les communes de banlieue aux présidentielles et que la participation s'est effondrée ensuite lors des consultations suivantes.
Exemple de Saint Denis, troisième ville de l'Ile de France : 29 900 votants environ lors des présidentielles, avec un gros score de Ségolène Royal et 5 849 voix pour Sarkozy ; 18 100 votants environ lors des législatives suivantes avec la réélection des deux députés de gauche élus sur la ville ; 13 410 exprimés aux régionales, avec une liste UMP à 1 600 voix et une liste Modem à 460.

Dans ce cas, juste dix fois moins de voix que Bayrou aux élections présidentielles...

Aux municipales, la liste unique UMP Modem au second tour a fait 2 814 contre 4 700 à la liste PS et près de 7 900 pour la liste PC

Question : qui s'abstient ? et plutôt, comment se compose un électorat ?
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