Les élections législatives autrichiennes de septembre 2013

[Jean-Philippe]

Dimanche, les Autrichiens renouvellent leur assemblée et ses 165 députés, renouvelés en théorie tous les 5 ans.

En 2008, le SPÖ était resté le premier parti du pays, mais avait réalisé le plus faible score de son histoire. Le Parti populaire autrichien (ÖVP) avait connu le même sort. Les deux partis ont dû reconduire la grande coalition en place depuis les élections de 2006, alors que l'extrême droite progressait.

En 2013, le rapport de force est le suivant dans le parlement sortant :
SPÖ : 57 sièges (29,26% en 2008, -6,1 sur 2006)
ÖVP : 51 (25,98% en 2008, -8,35)
Parti libéral autrichien (FPÖ, extrême droite) : 38 (17,54%, +6,51)
Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZÖ, extrême droite) : 21 (10,7%, +6,6)
Verts : 20 (10,43%, -0,61)
Team Stronach : 5 (parti créé en 2012, avec notamment des dissidents du BZÖ, rallié à un industriel de 81 ans, Frank Stronach, qui a passé sa carrière au Canada et qui propose, entre autres, un euro différent pour chaque pays)

Les sondages placent le FPÖ de Heinz Christian Strache (ici, un article sur lui), au positionnement politique proche de Marine Le Pen à environ 20% (21 dans le dernier sondage). Dans le même temps, les deux partis du gouvernement sortant reculeraient légèrement : un sondage les placent à 49% (27+22) contre 55 en 2008. Un petit parti libéral "Neos" ("La Nouvelle Autriche") pourrait réussir à dépasser la barre fatidique des 4% que le BZÖ pourrait lui ne pas franchir (tous deux sont à 4% dans le dernier sondage), alors que le parti de Stronach est annoncé à 6%. Les écologistes sont annoncés à 14% (+3,5).

Notons rapidement que, en 2008, le SPÖ était en tête dans le centre et l'est du pays, alors que l'extrême droite (BZÖ) domine dans son ex fief de Carinthie (au sud) et que la droite l'est dans le Tyrol et dans le nord-ouest.
http://de.wikipedia.org/wiki/Nationalratswahl_in_%C3%96sterreich_2013

[ploumploum]

Quelques infos :

- comme en Allemagne, il y a un Bundesrat en Autriche donc parler de Parlement monocaméral est faux.
- le Nationalrat est composé de 183 sièges. L'abaissement à 165 sièges était prévu mais la mesure a été rejetée.
- Scrutin majoritaire à Vienne et dans le Land du Vorarlberg.
- Vote obligatoire dans 4 des 9 Landers

[LeysinNight]

Dans ce pays ou l'extrême droite est forte avec le FPÖ et BZÖ (crée par Jörg Haider), le parti conservateur ÖVP devra faire face à un duel difficile face au SPÖ.

Mais il ne faut pas oublier aussi que le FPÖ fut au gouvernement de 2000 à 2006 sous le chancelier Wolfgang Schüssel...

[Jean-Philippe]

- comme en Allemagne, il y a un Bundesrat en Autriche donc parler de Parlement monocaméral est faux.

C'est corrigé, merci (j'aurais dû vérifier).

Sur les 9 Länder, voici les partis au gouvernement local (avec le nombre de sièges de chacun) :
Basse-Autriche (autour de Vienne) : ÖVP (30 sur 56), SPÖ (13) et Stronach (5) (je ne comprends pas pourquoi l'ÖVP ne gouverne pas seul)
Burgenland (à l'extrême est) : SPÖ (18 sur 36) et ÖVP 13
Carinthie (au sud) : travail en commun entre tous les partis sauf le BZÖ (2 sièges) alors que SPÖ (14 sur 36) et Verts (5) ont la majorité
Haute-Autriche (nord-ouest) : ÖVP (28 sur 56) et Verts (5)
Salzbourg : ÖVP (11 sur 36) et Verts (7) et Stronach (3)
Styrie (centre sud) : SPÖ (23 sur 56) et ÖVP 22
Tyrol : ÖVP (16 sur 36) et Verts (5)
Vorarlberg (extrême ouest, dans le prolongement du Tyrol) : ÖVP (20 sur 36)
Vienne : SPÖ (49 sur 100) et Verts (11)

[ploumploum]

Dans ce pays ou l'extrême droite est forte avec le FPÖ et BZÖ (crée par Jörg Haider), le parti conservateur ÖVP devra faire face à un duel difficile face au SPÖ.

Mais il ne faut pas oublier aussi que le FPÖ fut au gouvernement de 2000 à 2006 sous le chancelier Wolfgang Schüssel...

Le FPO fut au gouvernement de février 2000 à avril 2005.
En 2005, Jorg Haider créa le BZO (moins radical que le FPO) avec des dissidents du FPO.
Wolfgang Schüssel décida alors d'éjecter le FPO du gouvernement et d'y intégrer à la place le BZO. (coalition minoritaire qui se maintînt jusqu'au législatives de 2006)

[spinto]

Notons rapidement que, en 2008, le SPÖ était en tête dans le centre et l'est du pays, alors que l'extrême droite (BZÖ) domine dans son ex fief de Carinthie (au sud) et que la droite l'est dans le Tyrol et dans le nord-ouest.

Depuis la mort de Jorg Haider, le BZÖ n'existe quasiment plus. Déjà de son vivant, son poids se limitait à la Carinthie (où il était en revanche quasi majoritaire aux élections régionales). Depuis, pour faire rapide, la section carinthienne du parti, plus radicale, s'est détaché des instances nationales, qui s'étaient franchement réorientés vers une tendance libérale, pour mieux se démarquer du FPÖ. Cette section carinthienne, après une brève période d'indépendance sous le nom de FPK, a fini par rejoindre le FPÖ.

Cependant, entre temps, tout ce petit monde a perdu la Carinthie : le BZÖ tendance nationale n'a obtenu que 2 élus avec 6,4% des voix, tandis que le FPK a perdu 28 points en n'obtenant que 16,9% des suffrages (contre 45% 4 ans plus tôt) et 6 élus. Ce dernier fait toutefois partie de la coalition au pouvoir.

Le BZÖ a ainsi perdu son principal fief et je serai surpris qu'il parvienne à avoir des élus dimanche, à la différence du FPÖ.

[savonarole]

NEOS est une mouvement libéral qui est notamment intéressant par l'accord électoral qu'il a passé avec le Liberales Forum (ou LIF), un parti à l'histoire chahutée et à contre-courant... cela depuis sa creation.

La LIF est en effet issue d'une scission minoritaire de la branche sociale-libérale du FPÖ intervenue en 1993 lorsque Jörg Haider ancra le mouvement -jusqu'alors partagé entre une Élie nationale-libérale et une aile plus sociale- très fortement à droite.

Sous la conduite de sa présidente Heide Schmidt, le LIF obtiendra entre 6% puis 4,2% aux élections législatives de 1994 et 1995, lui permettant ainsi d'être représenté au Nationalrat, sans pour autant parvenir à enrayer l'irrésistible ascension du FPÖ de Haider. C'est d'ailleurs lors des legislatives de 1999, qui voient le FPÖ devenir le second parti d'Autriche et participer au gouvernement du conservateur Wolfgzng Schüssel que le LIF passe sous la barre fatidique des 4%.

Depuis lors, il n'a jamais réussi à la repasser et vivote d'expédients, perdant notamment ses sièges au Landtag de Vienne son bastion historique et voyant ses électeurs migrer chez les Verts. Entre 2004 et 2006, le LIF passe un accord technique avec le SPÖ, qui prend un candidat éligible du LIF sur ses listes aux élections législatives et européennes en échange du soutien des figures historiques du vieux parti libéral passées au LIF (sa présidente avait tout de meme réuni 16,8% puis 11% des suffrages populaires sur son nom lors des Présidentielles 1992 et 1998). Cela permettra au parti d'obtenir un élu au PE en 2005 et au Nationalrat en 2006, mais l'accord ne sera pas reconduit par le SPÖ en 2008.

Le parti n'est pas loin de mourir après les élections de 2008, où il ne réalise que 2,1% alors qu'il comptait à l'origine et sur la foi de sondages flatteurs, revenir au Parlement. Ses grandes figures renoncent à la politique mais le parti refuse de se dissoudre... avant de tenter le pari de ce nouveau cartel électoral avec Neos qui, pour l'heure, flirte avec les fameux 4% permettant d'accéder à la répartition des sièges et donc au Parlement.

[savonarole]

Sur les 9 Länder, voici les partis au gouvernement local (avec le nombre de sièges de chacun) :
Basse-Autriche (autour de Vienne) : ÖVP (30 sur 56), SPÖ (13) et Stronach (5) (je ne comprends pas pourquoi l'ÖVP ne gouverne pas seul)

Tout simplement parce que ce bastion de l'ÖVP voit traditionnellement sa vie politique articulée autour du principe du Proporz, une notion de gouvernement consensuel où chaque parti est représenté au gouvernement, s'il le souhaite, a due proportion de ses voix ou de ses sièges (il y a parfois un minimum de sièges à obtenir pour pouvoir prétendre à cette représentation gouvernementale, soit par le biais d'une règle écrite ou d'une formule mathématique, soit de manière coutumière/circonstancielle).

C'est un principe qui a structuré la vie politique durant les vingt premières années de la République (avec des gouvernements de grande coalition ÖVP-SPÖ avec le KPÖ et le VdU/FPÖ comme semblant d'opposition), et beaucoup plus durablement l'économie, l'enseignement et la haute administration, où la plupart des postes ont longtemps été attribués en fonction de ce principe, faisant dériver celui-ci d'une doctrine de consensus à la pratique d'un népotisme/copinage politique à la fois institutionnalisé et camouflé sous des principes de bonne gouvernance.

C'était l'une des failles de la trop tranquille société autrichienne dans laquelle Jörg Haider a su s'engouffrer à la fin des années 80, cela d'autant plus facilement que son parti avait été très peu aux affaires et n'était concerné qu'à la marge par le principe du Proporz, tant gouvernemental qu'administratif.

De fait, la décrispation provoquée par l'irruption de Haider sur une scène politique empesée, puis la crispation qui s'ensuivit avec l'émergence de blocs aux positions beaucoup plus radicales, voire antagonistes que par le passé (même s'ils gouvernent toujours ensemble si les circonstances l'exigent) a contribué à remettre en cause le Proporz. Si, lenteur du renouvellement générationnel oblige, il tend à disparaitre (lentement mais pas totalement) de la haute administration, il subsiste parfois au niveau local dans le domaine politique, soit de manière traditionnelle (c'est en principe le cas en Basse et Haute-Autriche, en Carinthie, en Styrie et au Burgenland, mais ce n'est pas automatique dans ce dernier), soit en fonction du contexte.

Au demeurant, le gouvernement majoritaire monocolore est une denrée rare en Autriche, du moins au niveau des Länder: Proporz ou coalitions élargies lui sont presque toujours préférés. Pour autant, le principe du Proporz n'empêche pas la conclusion d'accords programmatiques de mandature entre plusieurs forces. C'est ainsi que contrairement à ce qu'indique Jean-Philippe, le gouvernement de Haute-Autriche comporte des membres de l'ÖVP, du SPÖ, du FPÖ et des Verts, conformément au principe proportionnel. En revanche, il y a effectivement un accord de majorité entre l'ÖVP et les Verts.

Au niveau national, l'ÖVP a mis fin au principe (incomplet, puisque le FPÖ et ses 5% restaient à la porte) en 1966, imitée par le SPÖ pendant les années de pouvoir de Bruno Kreisky (1970-83), avant que les résultats électoraux ne contraignent les deux grands partis à revenir à des accords de coalition plus classiques, au caractère plus politiques et couvrant un spectre politique moins large dans les Länder (1983-86: SPÖ/FPÖ, 1986-99: SPÖ/ÖVP, 2000-07: ÖVP/FPÖ, puis ÖVP/BZÖ, 2008-2013: SPÖ/ÖVP).

Enfin, notons une spécificité autrichienne qui vient s'ajouter aux Ampel, Jamaïka et Bahamas-Coalition du voisin allemand: la Kenia-Koalition, c'est à dire l'accord de majorité Noire (ÖVP)/Rouge (SPÖ)/Verts mis en place en Carinthie après la défaite relative du FPÖ orphelin de son leader et potentat local Jörg Haider... ce qui n'y a pas empêché le maintien du Proporz dans ses grandes lignes.

[ploumploum]

Premiers sondages à la fermeture des bureaux de vote :

SPO : 26-27
OVP : 23-24
FPO :22-23
Grune : 11-12
Team Stronach :5- 6
Neos : 4,5
BZO :3-4

Incertitude sur la présence du BZO au Nationalrat. Entrée possible du parti libéral Neos
Nouveau minimum historique en vue pour le SPO.

Le SPO tournerait autour de 50 sièges, l'OVP pointerait à 45 sièges. La grande coalition SPO-OVP conserverait la majorité absolue.
FPO : 44
Verts : 22
Stronach : 11
Neos : 9

[anjou49]

Estimation ORF à 17h :

- SPÖ : 26,4% → 51
- ÖVP : 23,8% → 46
- FPÖ : 22,4% → 44
- Grünen : 11,2% → 22
- Team Stromach : 6,0% → 11
- NEOS : 4,7% → 9

Coalition
- SPÖ/ÖVP: 97
- ÖVP/FPÖ/TEAM STROMACH: 101