Un article du
Monde revient sur la présence réelle du FN aux municipales.
Dans son tour d'horizon, on peut noter qu'Abel Mestre n'évoque pas l'étiquette RBM ou le soutien à des personnalités proches non encartées, qui constituent à mon sens un élément majeur de la stratégie frontiste pour 2014. La question de listes d'alliances n'est pas non plus abordée, elle peut avoir son importance en particulier dans le sud du pays (avec des dissidents UMP, divers droite, la Ligue du Sud en Vaucluse…) même si le sujet arrivera plutôt sur le devant de la scène début 2014. Il ne développe pas non plus la présence des militants "masqués" sur les listes d'intérêt communal des petites communes, qui est à peine citée. Certes elle ne participe pas à la visibilité immédiate du parti mais elle constitue une présence qui pourra avoir un impact lors des futures sénatoriales ou des parrainages présidentiels.
L'article reprend le chiffre officiel de 623 têtes de liste déjà investies (contre 82 listes présentées en 2008) pour le relativiser :
1/ cette implantation ne représente que 15 % des communes de plus de 3 500 habitants
2/ 623 têtes de liste ne signifie pas 623 listes : seules une cinquantaine seraient bouclées pour le moment.
Visiblement, le parti a toujours du mal à finaliser les candidatures. Concernant la parité, je relève un point intéressant souligné par la secrétaire départementale des Côtes-d'Armor qui peine à boucler les 6 listes annoncées : elle a finalement plus de difficultés à trouver des candidats que des candidates (alors que les hommes sont traditionnellement majoritaires dans l’électorat frontiste) pour la simple raison que ces dernières peuvent se présenter sous leur nom de jeune fille, donc plus anonymement ne s'agissant pas du patronyme sous lequel elles sont connues sur leur lieu de travail, dans le voisinage… Parmi les candidates sans visages des cantonales 2011 (dont un nombre non négligeable a atteint le second tour sans faire campagne), on avait déjà relevé ce phénomène.
Dans l'Ouest, l'absence d'implantation fait cruellement défaut : une seule liste pour le moment dans le Finistère (Brest) ou en Mayenne (Laval). Abel Mestre revient également sur le cas particulier de la Seine-Saint-Denis où la présence du FN s'est délitée cette dernière décennie. Nous avons déjà discuté sur ce forum de cette évolution de la proche banlieue parisienne à contre-courant de la tendance nationale. Résultat 8 listes envisagées sur 40 communes dont deux seulement semblent réellement avancées : Rosny-sous-Bois et Gagny.
Enfin l'absence de cadres, handicap chronique du FN depuis la scission mégrétiste à la fin des années 90, reste d’actualité. Marine Le Pen peine à rattraper ce déficit, en grosse partie hérité de la stratégie de son père qui a toujours veillé à asseoir son pouvoir en écartant tout dirigeant ayant des velléités d'organisation, de réseau ou d'implantation car ceux-ci risquaient de lui faire de l'ombre auprès des militants locaux (voir l'exemple Bompard à Orange). Illustration prégnante de l'absence de présence structurante : Jean-Jacques Noël, responsable départemental de la Manche explique l'absence de liste dans la préfecture Saint-Lô car il n'y a "
aucune personne capable de tenir un discours politique, de mener une liste et d'être performant une fois élu.". Il a au moins le mérite de la franchise !!!