Villes de plus de 10 000 habitants :
Ville | Nombre d'habitants (2009) | Maire | Etiquette | Elu depuis | Lien |
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Tarbes | 43 686 | Gérard Trémège | 2001 | ||
Lourdes | 15 127 | Jean-Pierre Artiganave | 2000 |
À ce jour, seul le maire Gérard Trémège, a annoncé qu'il était candidat à sa propre succession. L'UDI dirigée par Gilles Craspay roulera avec Gérard Trémège. Pierre Lagonnelle avec l'association Tarbes pour tous, n'a pas encore donné sa position.
GrandVoyageur a écrit:Les chances de gauche de gagner Lourdes en mars prochain semblent réelles ; même si à six mois du scrutin, on ne peut présager de rien. La sociologie électorale de cette ville est fort intéressante et les élections y réservent souvent des surprises.
Plus largement, les électeurs des Hautes-Pyrénées votent différemment aux élections nationales et aux élections locales. Ils votent toujours très majoritairement à gauche à l’élection présidentielle, alors qu’aux élections locales cela dépend surtout du ou des candidat(s) et du contexte local. Actuellement, sur les 474 communes du département des Hautes-Pyrénées, la quasi-totalité des petites communes sont à gauche alors que les 3 principales villes (Tarbes, Lourdes et Bagnères-de-Bigorre) ont un maire de centre-droit, à l’exception toutefois de Lannemezan où le maire Bernard Plano est PS (depuis 2001). En outre, au Conseil général issu des élections cantonales de mars 2011, sur 34 sièges : 31 sont à gauche contre seulement 3 à droite.
Qui sont les principaux candidats (ou protagonistes) des élections municipales de mars 2014 à Lourdes ?
1-Jean-Pierre Artiganave (UMP, ex-UDF, 59 ans) est maire de Lourdes depuis février 2000 et brigue un 3ème mandat. Il a succédé à Philippe Douste-Blazy, parti conquérir Toulouse, dont il était le 1er adjoint aux Finances depuis 1995. Elu par les électeurs Lourdais en mars 2001, il est réélu de justesse en mars 2008. Il n’exerce pas d’autre mandat en dehors du Conseil municipal de Lourdes où il est élu depuis 1989. Toutefois, sa candidature aux dernières élections législatives (dans la 2ème circonscription) ne lui a guère porté chance : il a été sévèrement battu au 2nd tour par Janine Dubié (PRG) laquelle a succédé à Chantal Robin-Rodrigo (PRG) qui ne se représentait pas. Pour mars 2014, il serait en perte de vitesse avec un bilan contesté par ses administrés. Une défaite n’est pas à exclure, bien que les Lourdais apprécient qu’il se consacre à leur ville à plein temps (contrairement à Douste-Blazy pour lequel Lourdes n’aurait été qu’un tremplin vers de « plus glorieux sommets » …).
2-Josette Bourdeu (PRG, soutenue par le PS, 60 ans), infirmière libérale de profession, est très bien implantée dans la ville. Elle est conseillère municipale d'opposition depuis juin 1995. Tête de liste PRG-PS-PCF en 2008, il s'en est fallu de peu pour qu'elle l'emporte : 48,95 % au 2nd tour (168 voix d’écart) face au maire UMP. Elle est également conseillère générale du canton de Lourdes-Est depuis mars 2001 ; un canton qu’elle a repris à la droite et où le sortant Philippe Douste-Blazy (UDF) ne se représentait pas.
3-Claude Heintz (FN), ancien gendarme, huissier de justice. C’est la première fois que le FN présente une liste à Lourdes.
4-Bien que l’on ne connaisse pas encore ses intentions, l’attitude de José Marthe (UMP, ex-RPR, 69 ans) sera déterminante. Commerçant de profession, il est conseiller général du canton de Lourdes-Ouest depuis mars 1976 et a toujours « rêvé » de la Mairie de Lourdes. Après avoir échoué deux fois aux élections municipales, en 1977 et en 1983, et deux fois aux élections législatives, en 1978 et en 1981, toujours face à la gauche conduite alors par François Abadie (PRG), dont nous reparlerons un peu plus loin, il a dû s’effacer devant Philippe Douste-Blazy en 1989 et se contenter d’un poste d’adjoint au maire après la victoire de ce dernier sur Abadie. Toutefois lors des élections municipales de mars 2001, il présente une liste RPR et défie Jean-Pierre Artiganave (alors UDF). Mais c’est un nouvel échec : il est très nettement devancé par la liste du maire sortant et se retire sans conditions en sa faveur pour le 2nd tour. En revanche, il reste à ce jour solidement implanté dans le canton de Lourdes-Ouest qu’il représente au Conseil général depuis 37 ans. Il ne sera vraisemblablement pas candidat à la mairie en mars 2014 mais son influence est toujours présente.
Petit rappel historique
Lourdes est une ville de sensibilité plutôt centriste, au sens large du terme. Ici, les électeurs sont davantage attachés à la personnalité des candidats et à leur projet, plutôt qu’aux étiquettes politiques qui ne semblent guère avoir d’importance à leurs yeux. Un candidat à la Mairie de Lourdes a clairement intérêt à faire campagne au « centre-droit » ou au « centre-gauche », plutôt qu’à droite ou à gauche.
Depuis les années 1950, les maires successifs de Lourdes ont quasiment tous été « centristes ».
Antoine Béguère (Divers droite), grand-père de Philippe Douste-Blazy, maire de Lourdes de décembre 1952 à octobre 1960, n’a jamais appartenu à un parti politique. Entrepreneur en bâtiment, ancien joueur de rugby, puis Président du Club de Rugby de Lourdes de 1946 à 1960, il devient une forte personnalité locale, ce qui le dispense très vite de faire de la « politique partisane ». Devenu maire à la suite du décès de son prédécesseur Georges Dupierris (Divers droite), il est ensuite élu par les électeurs en mai 1953 puis réélu en mars 1959, avant son décès accidentel en octobre 1960. Il est également conseiller général du canton de Lourdes de septembre 1945 à octobre 1960 (ce n’est qu’en 1973 que le canton de Lourdes est scindé en deux : Lourdes-Est et Lourdes-Ouest). Antoine Béguère est enfin élu sénateur DVD des Hautes-Pyrénées en avril 1959 ; il siège au Sénat au groupe des Républicains indépendants.
NB : Il est à noter qu’à ce jour, Antoine Béguère est le seul sénateur de droite à avoir été élu dans ce département depuis la Libération.
Après le décès de Béguère, la mairie de Lourdes reste à droite.
Noël Viron (DVD) est maire de décembre 1960 à mars 1965 (il ne se représente pas), puis Justin Lacaze (DVD) est maire de mars 1965 à mars 1971, avant d’être battu par François Abadie (MRG).
Lourdes passe à gauche en mars 1971 pour 18 ans.
François Abadie (MRG, puis PRG) apprenti mécanicien, puis directeur commercial dans le matériel agricole, est maire de Lourdes de mars 1971 à mars 1989. Un an avant de prendre la mairie, il avait conquis le siège de conseiller général du canton de Lourdes (en mars 1970) en battant le sortant DVD Georges Béguère … fils d’Antoine et oncle de Ph. Douste-Blazy. Il représente ensuite le canton de Lourdes-Est de septembre 1973 à mars 1994, après la division de Lourdes en deux cantons, comme nous l’avons vu.
A l’échelle nationale, François Abbadie est élu député MRG des Hautes-Pyrénées (2ème circonscription) en 1973, puis réélu en 1978 et en 1981, avant que François Mitterrand, élu Président de la République ne le nomme secrétaire d’Etat au Tourisme, dans le gouvernement de Pierre Mauroy après la victoire de la gauche. Non reconduit dans ses fonctions gouvernementales après les élections municipales de mars 1983, qui l’ont vues rempiler pour un troisième mandat de maire, il est élu sénateur MRG des Hautes-Pyrénées en septembre 1983, puis réélu en 1992.
Alors que François Abadie semblait « régner » en maître sur Lourdes, l’arrivée de Philippe Douste-Blazy en 1989 lui fait tout perdre. Il est battu par ce dernier dès le 1er tour des élections municipales de 1989, puis dès le 1er tour des élections cantonales de 1994. Il ne conserve que son mandat de sénateur, impossible à perdre, dirons-nous, compte tenu de l’encrage à gauche des petites communes du département. Il meurt en mars 2001, six avant la fin de son mandat.
Enfin, rappelons qu’Abadie avait un caractère bien trempé et était connu pour ses colères. En outre, ses propos homophobes lors des débats sur le PACS en 1999 (propos que je n’oserai pas écrire sur ce forum), lui valent d’être exclu du PRG (nouveau nom des radicaux de gauche à partir de 1998). Il termine sa carrière politique dans l’indifférence.
Lourdes repasse à droite en mars 1989 et le demeure aujourd’hui …
Nous en arrivons donc à Philippe Douste-Blazy (UDF puis UMP), dont il n’est pas utile de rappeler tout le parcours tant celui-ci est connu. Maire de Lourdes de mars 1989 à février 2000, Il est élu et réélu dès le 1er tour. Rappelons juste que, élu député UDF de la 2ème circonscription des Hautes-Pyrénées de mars 1993 à avril 2001, il est le seul depuis 1958 à l’emporter dès le 1er tour dans cette dernière (en 1993 face au sortant MRG Claude Gaits), alors même qu’aucun de ses prédécesseurs, de gauche comme de droite, n’y était parvenu.
Au-delà de la déception des Lourdais à son égard, non pas de sa gestion de la ville mais plutôt de son absence (il a été ministre de 1993 à 1997 et avait tendance à gérer la ville à distance depuis Paris), il faut reconnaître qu’il a été une vraie « bête politique » de droite dans un département très ancré à gauche. Son départ pour Toulouse en 2001, a permis à la gauche de reprendre le canton Lourdes-Est, puis la circonscription en 2002 au bénéfice de Chantal Robin-Rodrigo (PRG).
L’opportunisme de Philippe Douste-Blazy a même fini par pénaliser la droite et le centre-droit des Hautes-Pyrénées qui, pendant un temps, avaient nourri l’espoir de faire basculer le Conseil général des Hautes-Pyrénées au milieu des années 1990. En effet, après les élections cantonales de mars 1994, la gauche ne comptait plus que 19 sièges sur 34, contre 15 à droite. Depuis, la gauche a regagné tous ses territoires perdus, après le départ de Douste-Blazy, pour compter aujourd’hui 31 sièges au Conseil général … contre seulement 3 à droite … !
Alors en 2014 …
Le contexte d’impopularité du Gouvernement actuel pourrait, sur le papier, aider Jean-Pierre Artiganave (UMP), successeur de Douste-Blazy, à être réélu maire de Lourdes en mars prochain. D’autant qu’il ne cumule pas les mandats. Mais cela n’est pas si simple. A chaque élection, Artiganave perd du terrain. Alors que Douste-Blazy s’imposait dès le 1er tour en 1989 et en 1995, Artiganave, lui, ne l’a emporté qu’au 2nd tour : 56,34 % en 2001 et … 51,05 % en 2008. Sauf surprise, les centristes de l’UDI devraient se ranger derrière lui. La position du MoDem n’est pas connue à ce jour.
Josette Bourdeu (PRG) a déjà conclu une alliance avec le PS. On ne connait pas encore les positions d’Europe Ecologie-Les Verts et du Front de Gauche mais elle fera tout pour unir toute la gauche au 1er tour et à défaut au 2nd. En 2008, le PCF était parti avec elle dès le 1er tour. Seuls les Verts avait fait liste séparée.
Ne faisons pas de pronostiques à plus de six mois du scrutin. Mais le résultat sera certainement très serré. Pour espérer l’emporter, le maire sortant ne doit faire moins de 45 % au 1er tour (48,90 % en 2008).
En tout état de cause, la ville de Lourdes se gagnera comme toujours au centre … ce que José Marthe, trop marqué à droite, n’a pas su faire en 1977 et 1983 face à Abadie.
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