Les élections législatives de 2013 en Allemagne

[ligerien]

Les écoutes américaines s'invitent dans la campagne électorale allemande.

http://www.liberation.fr/monde/2013/07/ ... ism_919541

Un gouvernement gêné aux entournures, le SPD sur des œufs compte tenu de sa participation gouvernementale de 2005 à 2009, des libéraux remontés et des ex-communistes aussi...

[ploumploum]

Petit point sur la situation à 3 semaines du scrutin :

Moyenne des sondages des 7 instituts (Allensbach/ Forsa/ Emnid/ GMS/ Infratest/ INSA/ Forsch’gr.Wahlen):
CDU : 40,3 % (Min : 39 -Max : 41 %)
SPD : 24,8 % (22-26)
Grunen : 12,2 % (11-14)
Die Linke : 7,9 % (7-10)
FDP : 5,7 % (5-7)

Les libéraux qui naviguent depuis quelques semaines au dessus des 5 % (des pointes à 7 %) peuvent espérer sauver leur représentation parlementaire.

Bloc CDU-FDP : 46 % (Courte majorité absolue)
Bloc SPD-Grunen : 37 %

L'unique "débat" Steinbruck-Merkel ce dimanche ne devrait pas changer la donne.

[Corondar]

Les derniers sondages laissent peu d'espoir à la gauche de revenir aux affaires. Le total des voix SPD et Grünen n'atteignant même pas le score de la CDU seule. La grosse incertitude reste le score du FDP : plus ou moins de 5% ? Les derniers sondages semblent indiquer une possible reconduction de la majorité sortante en l'état.
Ce qui est marquant c'est que le SPD ne semble pas emballé par l'idée d'une grande coalition, même en cas d'absence de majorité absolue pour le centre droit. Ces dernières semaines l'idée d'une alliance CDU-Grünen a de nouveau fait parler d'elle. Les verts allemands (en tout cas les chefs du parti) semblent assez divisés sur la question.

[pierrot]

Pour résumer la presse allemande du jour, Peer Steinbrück a dominé légèrement le débat face à une Angela Merkel en retrait (elle n'avait aucune raison de prendre des risques).
Ce qui ne sera pas suffisant pour faire basculer la situation, tout juste bon pour renforcer la côté de confiance du challenger et laisser au SPD l'espoir de limiter l'écart avec la CDU.

[pierrot]

Comme prévu, les sondages semblent confirmer que le débat n'a pas modifié la donne.
Le dernier sondage ZDF, réalisé du 2 au 4 septembre donne toujours la CDU à 41 % et le SPD à 26 %.
Die Grünen se tassent à 10 %, Die Linke reste à 8% tandis que le FDP garderait sa représentation parlementaire avec 6%.
L'AfD (3%), les Pirates et les autres formations ne franchissent pas le seuil fatidique des 5%.

[ligerien]

Comme prévu, les sondages semblent confirmer que le débat n'a pas modifié la donne.
Le dernier sondage ZDF, réalisé du 2 au 4 septembre donne toujours la CDU à 41 % et le SPD à 26 %.
Die Grünen se tassent à 10 %, Die Linke reste à 8% tandis que le FDP garderait sa représentation parlementaire avec 6%.
L'AfD (3%), les Pirates et les autres formations ne franchissent pas le seuil fatidique des 5%.

Les rumeurs de possibilité de gouvernement CDU-Grunen doivent faire mal aux écologistes.

[Républicain67]

La 1° question a se poser est de savoir quel résultat pour le FDP
D'une part va t il obtenir qq uns des 300 sièges en représentation directe au Bundestag ?
D'autre part, va t il avoir les fatidiques 5 %, lui permettant de bénéficier des sièges à la proportionnelle.
Si ce n'est pas le cas , la CDU-CSU d'A MERKEL aura certes beaucoup de députés avec ses 40 %, mais de là à pouvoir gouverner seule ?

Il y a peu de chances que le FDP gagne un siège en mandat direct. La dernière fois que c'était arrivé, c'était lors des législatives qui avaient suivi la réunification de 1990, et pas avec n'importe quel candidat : Uwe Lühr, actuellement l'un des secrétaires généraux du parti libéral. Il avait été élu à Halle, dont il était alors le maire, dans la Saxe-Anhalt.

Comme ligerien, je doute que la CDU-CSU puisse gouverner seule, que le FDP sauve son groupe ou pas. Depuis 1949, quelque soit le nombre de partis représentés au Bundestag, le parti arrivé en tête n'a jamais eu un pourcentage de sièges supérieur de plus de 5 points à son pourcentage de voix. Il faut comparer le pourcentage de voix que rassemblent les partis non représentés, que ce soit en mandat direct ou en mandat de liste, avec le nombre de parti représentés au Bundestag et le score du parti arrivé en tête (j'ai compté la CDU et la CSU comme un seul parti).

1949 : 1,11% de suffrages non représentés, 10 partis au Bundestag, dont 4 (CDU-CSU, SPD, FDP, KPD) ont dépassé les 5%. La CDU-CSU, avec 31,00% des voix, gagne 34,57% des 402 sièges.

1953 : 6,54% de suffrages non représentés, 5 partis au Bundestag, dont 4 (CDU-CSU, SPD, FDP, BHE) ont dépassé les 5%. La CDU-CSU, avec 45,16% des voix, gagne 48,91% des 509 sièges.

1957 : 6,97% de suffrages non représentés, 5 partis au Bundestag, dont 3 (CDU-CSU, SPD, FDP) ont dépassé les 5%. La CDU-CSU, avec 50,18% des voix, gagne 53,37% des 519 sièges.

1961 : 5,69% de suffrages non représentés, 3 partis au Bundestag, tous au-dessus de 5% (CDU-CSU, SPD, FDP). La CDU-CSU, avec 45,31% des voix, gagne 48,17% des 521 sièges.

1965 : 3,63% de suffrages non représentés, 3 partis au Bundestag, tous au-dessus de 5%. La CDU-CSU, avec 47,46% des voix, gagne 48,45% des 518 sièges.

1969 : 5,46% de suffrages non représentés (dont 4,31% pour le NPD, qui rate de 230 000 voix son entrée au Bundestag), 3 partis au Bundestag, tous au-dessus de 5%. La CDU-CSU, avec 46,09% des voix, gagne 48,26% des 518 sièges.

1972 : 0,93% de suffrages non représentés, 3 partis au Bundestag, tous au-dessus de 5%. Le SPD, avec 45,84% des voix, gagne 46,71% des 518 sièges.

1976 : 0,88% de suffrages non représentés, 3 partis au Bundestag, tous au-dessus de 5%. La CDU-CSU, avec 48,63% des voix, gagne 49,03% des 518 sièges.

1980 : 1,97% de suffrages non représentés (dont 1,50% pour les Verts, qui présentent des candidats pour la première fois), 3 partis au Bundestag, tous au-dessus de 5%. La CDU-CSU, avec 44,53% des voix, gagne 45,66% des 519 sièges.

1983 : 0,51% de suffrages non représentés, 4 partis au Bundestag, tous au-dessus de 5% (CDU-CSU, SPD, FDP, Verts). La CDU-CSU, avec 48,78% des voix, gagne 49,03% des 520 sièges.

1987 : 1,35% de suffrages non représentés, 4 partis au Bundestag, tous au-dessus de 5%, les mêmes qu'en 1983. La CDU-CSU, avec 44,26% des voix, gagne 45,08% des 519 sièges.

1990 : 8,06% de suffrages non représentés (dont 3,85% pour les Verts de RFA, qui n'avaient pas fait liste commune avec les Verts de RDA, rassemblés dans Alliance 90), 5 partis au Bundestag, dont 3 au-dessus de 5% (CDU-CSU, SPD, FDP). La CDU-CSU, avec 43,82% des voix, gagne 48,18% des 662 sièges.

1994 : 3,60% de suffrages non représentés, 5 partis au Bundestag, dont 4 au-dessus de 5% (CDU-CSU, SPD, Verts, FDP). La CDU-CSU, avec 41,43% des voix, gagne 43,75% des 672 sièges.

1998 : 5,91% de suffrages non représentés, 5 partis au Bundestag, tous au-dessus de 5% (SPD, CDU-CSU, FDP, Verts, PDS). Le SPD, avec 40,92%, gagne 44,54% des 669 sièges.

2002 : 3,06% de suffrages non représentés, 5 partis au Bundestag, dont 4 au-dessus de 5% (SPD, CDU-CSU, Verts, FDP). Le SPD, avec 38,52% des voix, gagne 41,62% des 603 sièges.

2005 : 3,92% de suffrages non représentés, 5 partis au Bundestag, tous au-dessus de 5% (CDU-CSU, SPD, FDP, Die Linke, Verts). La CDU-CSU, avec 35,16% des voix, gagne 36,80% des 614 sièges.

2009 : 6,01% de suffrages non représentés (dont 1,95% pour les Pirates), 5 partis au Bundestag, tous au-dessus de 5% (CDU-CSU, SPD, FDP, Die Linke, Verts). La CDU-CSU, avec 33,80% des voix, gagne 38,42% des 622 sièges.

Pour que la CDU-CSU ait une (faible) chance d'obtenir la majorité absolue à elle seule au Bundestag si le FDP en est absent, il faudrait réunir simultanément plusieurs conditions :
1) que l'union démocrate-chrétienne réunisse 46% des voix au moins ;
2) que le SPD ne dépasse pas les 21% des voix, ce qui est peu probable, malgré la médiocre campagne de Steinbrück ;
3) que Die Linke et surtout les Verts ne dépassent pas leurs scores de 2009 (respectivement 11,89% et 10,70%), peu probable en ce qui concerne les écologistes ;
4) que le pourcentage de partis non représentés au Bundestag, en incluant le FDP, l'AfD et les Pirates, tourne autour de 8 ou 10%, ce qui n'est pas impossible.

Lors des élections législatives de 1949, le quorum électoral de 5% (pour obtenir des députés au Bundestag) avait été établi au niveau de chaque état fédéré et non au niveau de la Fédération. C'est pourquoi, le parti séparatiste bavarois Bayernpartei (20% en Bavière) et le SSW, parti représentant la minorité danoise du Schleswig-Holstein avait obtenu des députés à Bonn. Il faut préciser que lors des premières élections fédérales, la Sarre formait un état indépendant de la RFA sous "protectorat" français. Il est exclu que le FDP obtiennent des députés au niveau des circonscriptions. Je trouve étrange que les Freie Wähler et le parti néonazi NPD ne soit pris en compte dans les sondages, alors qu'ils obtiennent des scores non négligeables dans certains Länder, en Bavière pour les premiers, en Saxe et dans le Mecklembourg-Poméranie pour les autres. En Bavière, les FW pourrait comme lors des dernières élections régionales en Bavière jouer les troubles-fêtes et prendre des voix à la CSU. Si Die Linke réussi à franchir la barre des 5% au niveau fédéral, ça sera surtout grâces au "nouveaux Länder". La gauche radicale ne cesse de perdre des voix à l'Ouest, l'exemple le plus significatif étant la Sarre (cf. les dernières régionales). Le parti de Gregor Gysi a dû quitter les parlements régionaux de Basse-Saxe et de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. La Sarre joue certes un rôle particulier dans l'ouest de l'Allemagne, en ayant de nombreux points communs avec les Länder d'Allemagne orientale (arrêt des charbonnages depuis l'an dernier, crise industrielle, relative dépendance vis-à-vis de l'industrie lourde, nombreux départ, déclin démographique), mais le haut niveau de la Linke en 2009, y est surtout le fruit du charisme d'Oskar Lafontaine, l'ancien dirigeant du parti et ancien ministre fédéral et ministre-président ex-SPD. Le retrait de Lafontaine devrait coûter de nombreux points à son parti en Sarre et en général dans l'ancienne Allemagne de l'Ouest. Pour précision, en 2009 Die Linke était arrivée en tête de la gauche dans les cinq Länder d'ex-RDA, et même première dans le Brandebourg et la Saxe-Anhalt. Elle dispose de 16 circos (dans le Mecklembourg, la Thuringe, le Brandebourg et la Saxe-Anhalt), alors que les Verts n'en ont qu'un seul (à Berlin) et le FDP aucun. La question qui se pose est si Die Linke pourra les conserver.

[ploumploum]

L'effondrement des Verts dans les sondages semble se confirmer :

INSA (9 septembre) donne 11 % pour Die Grunen (-2 pts par rapport au précédent sondage)
Forsa (11 septembre) crédite le parti de 9 % ! (-2 pts également)
Emnid : 11 % (=)
Infratest Dimap (5 septembre): 10 % (-1)
Forschungsgruppe Wahlen (5 septembre) : 10 % (-2)
Allensbach : 12,5 % (-1)
GMS (10 septembre): 10 % (-1)
Forsa est le seul institut à créditer le parti en dessous des 10 % et 5 des 7 instituts créditent le parti d'un score inférieur à 2009 (10,7 %)


Moyenne des 7 derniers sondages :
CDU-CSU :40 %
SPD : 25,9 %
Verts : 10,6 %
Die Linke : 8,5 %
FDP : 5,3 % INSA crédite le parti de 4 % dans sa dernière enquête.

Bloc CDU-FDP : 45,3 (très courte majorité absolue)
Bloc SPD-Verts: 36,5 %

[Jean-Philippe]

Quelque chose me dit que le FDP fera un peu mieux, certains électeurs conservateurs étant probablement inquiets par la faible marge de sécurité. La CDU devrait donc être plutôt à 38-39% et le FDP plus près de 6% que de 5. Les sondages permettent en effet aux électeurs d'être stratèges.

[Fabien]

On notera la remontée discrète, mais indéniable de Die Linke. Culminant à 11,9% lors du scrutin de 2009, le parti était peu à peu descendu jusqu'à 6-7% vers la mi 2012, chute confirmée par les élections dans les Länders. Depuis, il est remonté vers les 8-10%.
On notera que l'électorat de La Gauche est beaucoup moins volatil que celui du FDP ou des Grünen. Les libéraux qui avaient fait 14,6% aux dernières élections se sont effondrés à 3-4% avant de remonter légèrement à leur niveau actuel. Les Grünen sont montés un temps jusqu'à 1/4 des intentions de vote (devant le SPD!!), avant que la bulle ne se dégonfle.
Cela est relativement logique. Die Linke a un solide matelas d'électeurs indéfectibles à l'est, qui ajoutés à la petite minorité progressiste de l'ouest le protège de l'effondrement complet. En revanche, ce parti est un peu à part sur la scène politique, ce qui limite ses percées. Sa spécificité s'illustre notamment dans la constitution des coalitions.
CDU, SPD, Grünen, FDP s'allient dans les länders, voire au niveau fédéral, selon toutes les combinaisons possibles. Les coalitions SPD-Grünen et CDU-FDP sont évidemment privilégiées, mais la grande coalition CDU-SPD est très banale, la coalition SPD-FDP a déjà été tentée jusqu'au niveau fédéral, et on a déjà eu des coalitions entre les écolos et la droite (expériences peu concluantes il est vrai).
En revanche, Die Linke ne s'alliera jamais avec les conservateurs et les libéraux. Et le SPD préfère toujours, au niveau fédéral, être le partenaire minoritaire d'une coalition avec la droite que diriger un gouvernement avec La Gauche. En France, ce rôle de parti tenu à l'écart du pouvoir serait plutôt un atout (cf. l'isolement du FN qui ne lui a jamais nui, bien au contraire). En Allemagne qui semble plus avoir la culture du consensus, c'est nettement plus ambivalent...