Bisbilles à gauche au conseil régional de Midi-Pyrénées

[maxxx]

Quel climat politique en ce moment au sein de l'hémicycle régional de la région Midi-Pyrénées. Après les déchirements de la droite ces dernières semaines, voici que commence la guerre de succession à gauche et que les ambitions se dévoilent au grand jour...

Christian Teyssèdre sur la sellette socialiste

« Donner une leçon de gestion à un ancien ministre du Budget, faut quand même être gonflé ! » Voici en substance ce que pensent les élus socialistes et Républicains, majoritaires au conseil régional. Car depuis mardi matin, le groupe de la majorité de Martin Malvy à Toulouse s'offusque ouvertement de l'attitude de l'un des siens : Christian Teyssèdre, ci-devant maire de Rodez, conseiller régional et candidat déclaré à la présidence de la région en 2014.

Il faut savoir que depuis plusieurs semaines, l'attitude de l'élu ruthénois irrite sérieusement ses colistiers.

Déjà, il y a quelques semaines, lors d'une réunion du groupe socialiste, le maire de Rodez a frontalement dit à Martin Malvy tout le mal qu'il pense du projet de budget 2 011. En clair et pour résumer,
Christian Teyssèdre reproche à l'exécutif régional de vouloir baisser, en période de crise, de 40 % le montant des investissements. Et ce, alors que rien dans les rentrées financières ne le justifierait et en dépit des promesses de campagne.

Une 'sortie' entre camarades socialistes qu'aurait très peu goûtée Martin Malvy.

Mais de plus, selon diverses sources, il semblerait que Christian Teyssèdre aurait par la suite confirmé, par écrit, ses critiques, dans une lettre, au président de Région.

Deuxième motif d'interrogation pour la majorité socialiste : les critiques de l'opposition. Ainsi, comme le prévoit la loi, le projet de budget 2 011 a été présenté une première fois devant le comité économique et social régional. Et là, un peu ébahis, ses membres auraient constaté que les critiques de l'opposition UMP ressemblaient à quelques détails prés à celles de... Christian Teyssèdre. Jusqu'à se demander si les discussions à la cafétéria de l'hôtel de région entre Christian Teyssèdre et le clan UMP de Brigitte Barrège n'auraient pas été utilisées.

Mais ce qui a mis le feu aux poudres, ce sont les déclarations de Christian Teyssèdre à nos confrères de Centre Presse mardi matin.

Des propos dans lesquels le maire de Rodez estime qu'en 2009, « la région n'en a pas fait assez », en matière de développement économique et d'emploi. Mais surtout, il semblerait que l'appréciation de Christian Teyssèdre sur le « fond du débat régional et départemental qui vole trop au niveau des pâquerettes » ait fini de faire bondir quelques élus régionaux.

Et d'ailleurs dès le lendemain de la publication de cet entretien, Thierry Suaud, président du groupe socialiste et républicain adressait le mail suivant aux membres du bureau : « Je vous invite à prendre connaissance de l'interview de notre camarade Christian Teyssèdre, parue dans Centre Presse du 7 décembre. Vous comprendrez que ces propos que je ne partage pas nous interpellent tous. Je souhaite en conséquence réunir le bureau du groupe le 16 décembre à 8 h 30, avant la réunion du groupe de 10 heures. » Christian Teyssèdre devant être instamment prié par ses camarades d'être présent lors de ce second rendez-vous de 10 h.

On imagine mal qu'un tel courrier électronique soit parti sans l'aval du président Martin Malvy. Ce qui tendrait à confirmer que les relations entre l'élu toulousain et le maire de Rodez sont loin d'être au beau fixe. Il faut en effet se souvenir que Christian Teyssèdre avait soutenu, lors de la précampagne, avant le scrutin de mars 2010, l'initiative de Jean Glavany, demandant à Martin Malvy de s'engager à démissionner à mi-mandat à son profit. Un soutien que le maire de Rodez a déjà payé une première fois en n'obtenant pas, une fois élu, la vice-présidence régionale qu'il escomptait.

http://www.midilibre.com/articles/2010/12/11/RODEZ-Christian-Teyssedre-sur-la-sellette-socialiste-1478360.php5

[maxxx]

Au passage, je m'interroge sur les ambitions de Christian Tesseydre : franchement, c'est si pénible que ça d'être maire de Rodez ? Parce qu'à peine après avoir pris à la droite la mairie de Rodez en 2008, il cherche déjà à la quitter en lorgnant sur la présidence de région : s'il veut que Martin Malvy lâche la présidence à mi-mandat (à savoir, grosso modo, dans la mesure où ce dernier aurait des ambitions sénatoriales, quelques mois après son élection au Sénat), et s'il veut prendre sa suite, ça ne lui ferait qu'à peine 3-4 ans de mandat de maire de Rodez ; ses administrés apprécieront ! Avec en plus les règles de non cumul du PS, il devrait quitter dans le même temps son poste de maire et la mairie tout court...

Cela dit, étant donné son attitude, il est entrain de creuser sa tombe à la région : ce n'est pas avec cette méthode qu'il s'emparera de la présidence, c'est clair...

[spinto]

Comme Maxxx, je ne saisis pas vraiment la stratégie de Teyssedre. Il faisait en effet partie de ceux qui, à la veille des régionales, avait demandé à Malvy de lâcher son poste à mi-mandat ; Jean Glavany était je crois à l'origine de cette proposition, visant à faire passer la pilule de l'âge avancé du président. Il s'était aussi fait remarqué en résumant dans la presse sa prise de Rodez à un long travail de mains serrés (certes, c'est souvent comme cela que ça marche, mais en général, les concernés ne l'étalent pas dans la presse).

Au-delà, ce petit accroc pose la question de la succession de Martin Malvy. J'avoue ne pas trop savoir quels sont les prétendants, qui sont pourtant potentiellement nombreux dans la région. Thierry Suaud, président du groupe socialiste dans l'hémicycle régional, est proche de Malvy, mais il n'est que maire de Portet-sur-Garonne, une petite ville de l'agglomération toulousaine (ce qui n'est pas l'idéal pour gagner les suffrages des campagnes, encore majoritaires en Midi-Pyrénées), et seulement depuis 2008. Il n'est par ailleurs très charismatique.
Dans l'hypothèse d'un accord avec les écologistes, Gérard Onesta, actuel vice-président et tête de liste EELV en 2010, pourrait faire un bon candidat. Bien qu'installé désormais à Toulouse, il a commencé son parcours politique dans le Tarn, qu'il a assez brillamment poursuivi au Parlement européen dont il est devenu le vice-président. Il a obtenu un bon score en 2010, y compris dans des zones peu urbaines, et en dépit du poids local du PS, il y a finalement assez peu de figures qui s'imposent, du moins ayant un âge "raisonnable". Reste que Midi-Pyrénées n'est peut-être pas la meilleure région pour que le PS initie une telle expérience : il y est, comme déjà dit, très puissant seul, et les premiers concernés auraient du mal à accepter ce "sacrifice". Une telle hypothèse serait sans doute assez mal vécue, bien plus à mon avis qu'en Rhône-Alpes ou en Ile-de-France où les écolos apportent un vrai renfort en terme électoral. Par ailleurs, le PRG, puissant ici aussi, pourrait s'en offusquer, lui qui se présente souvent comme le sacrifié des négociations à gauche.