de vudeloin » Dim 28 Oct 2012 13:07
Dans le message du 17 octobre relatif aux élections serrées (et de fait, sans lendemain pour les vainqueurs), j'avais glissé une erreur tout à fait volontaire...
Que voulez vous, je suis un peu joueur...
Toujours est il qu'Hubert Ruffe n'était pas député du Villeneuvois, comme on aurait pu avoir tendance à le penser à la description du siège dont il fut, pour quelques centaines de voix, privé dans le Lot et Garonne.
Hubert Ruffe était même l'élu (il le redevint en 1973) de Marmande, sa circonscription d'élection comprenant les cantons de Bouglon, Casteljaloux, Damazan, Duras, Houeillès, Lauzun, Marmande, Mas d'Agenais, Meilhan sur Garonne, Seyches et Tonneins.
C'est en effet dans cette circonscription gasconne (Lauzun, Casteljaloux..) entre petits paysans producteurs de fruits et légumes et vignerons, entre gemmeurs landais et ouvriers du tabac qu'Hubert Ruffe fut élu.
Et non pas chez les planteurs de pruniers d'ente et les métallurgistes du Villeneuvois (même si cela aurait pu avoir un sens).
Hubert Ruffe, d'une certaine manière, précisons le, prenait la suite de l'un des premiers députés communistes du monde rural, à savoir Renaud Jean, qui fut élu député de Marmande dès les années 20, en étant élu local du canton de Mas d'Agenais et de la commune de Samazan pendant de longues années, y compris après la Libération.
Pour en revenir au sujet des élections serrées, allons maintenant dans le Rhône.
Il y eut là une élection complexe dans la sixième circonscription où le maire communiste de Vénissieux, Marcel Houel, fut élu avec 36 131 voix contre … 36 126 voix à son adversaire UDR.
Une majorité de 5 voix et un pourcentage de 50,003 % qui ne sera cependant pas remis en question, sur une circonscription couvrant le canton de Villeurbanne, conçu alors comme englobant aussi Vénissieux ou Vaulx en Velin.
Autre élection incertaine dans la Haute Saône avec la seconde circonscription, structurée notamment autour de Luxeuil les Bains et du pays Luron, où les joyeux habitants élurent cette fois Jean Jacques Beucler (qui résistera au retour de vague de 1973), avec 28 794 voix contre 28 363 au candidat radical, présenté par la FGDS, Jacques Maroselli.
Majorité donc de 431 voix et pourcentage de 50,38 % pour l'ancien d'Indochine qui sera un temps, plus tard, membre d'un gouvernement Giscard d'Estaing.
Fils de général en poste en Allemagne après l'armistice de novembre 1918, militaire lui même, prisonnier, au terme de la Guerre d'Indochine, des troupes vietnamiennes, Jean Jacques Beucler, devenu par la suite chef d'entreprise, sera élu sous l'étiquette non inscrit avant de se rapprocher du centre, du Mouvement réformateur en 1973 puis de l'UDF.
Ce qui fera de lui, un temps, un secrétaire d'Etat à la Défense dans un des gouvernements Barre.
Allons en Seine Maritime désormais avec deux élections serrées.
La première concernait la troisième circonscription du département, structurée autour de Sotteville les Rouen, Saint Etienne du Rouvray et trois cantons de Rouen (Rouen I, III et VI).
Le vainqueur ? Un ancien cheminot communiste nommé Roland Leroy, pourvu du soutien de 25 463 électeurs, et devançant le candidat RI, celui ci n'ayant obtenu que 24 693 voix, soit une majorité de 770 voix et un pourcentage de 50,77 %, dont on peut penser qu'il devait beaucoup au vote des quartiers populaires de Rouen compris sur le siège et des deux villes cheminotes de Sotteville et Saint Etienne.
La seconde portait sur la neuvième circonscription, autour de Dieppe et d'une partie du pays de Caux (cantons d'Eu, Offranville, Longueville sur Scie, Envermeu).
Le vainqueur ? Raymond Offroy, député sortant réélu avec 23 673 voix contre 22 929 au candidat de la FGDS parvenu contre lui au second tour.
Une majorité de 744 voix et un pourcentage de 50,80 % qui sera très proche de celui observé cinq ans plus tard (52,1 %) pour la nouvelle élection de Raymond Offroy et de celui atteint par le communiste Irénée Bourgeois, maire de Dieppe, en 1978 (849 voix d'avance sur plus de 60 000 exprimés alors).
Un résultat somme toute logique dans cette circonscription mixte...
Autre situation serrée en 1968, dans le département de la Somme.
Avec la première circonscription, celle d'Amiens.
Et la victoire du cheminot communiste René Lamps, élu avec 30 099 voix contre 29 647 à son adversaire UDR, soit une majorité de 452 voix et un pourcentage de 50,38 %.
Allons ensuite tout au Sud, dans la seconde circonscription du Vaucluse, où l'UDR Georges Santoni fut élu avec 25 044 voix contre 24 116 au candidat DVG présenté face à lui.
Soit une majorité de 928 voix et un pourcentage de 50,94 %.
Pharmacien et maire d'Apt, Georges Santoni ne sera pas réélu en 1973, ayant entre temps perdu sa mairie.
Enfin, élection serrée dans la deuxième circonscription de Haute Vienne, où le communiste Marcel Rigout (futur Ministre de la formation professionnelle en 1981) fut battu en ne recueillant que 25 554 voix contre 26 321 à Jacques Boutard, député socialiste de 1962 à 1967, battu par Marcel Rigout en 1967, et devenu candidat soutenu par le parti centriste Progrès et Démocratie Moderne.
Le maire de Saint Yrieix La Perche eût donc une majorité de 767 voix et un pourcentage de 50,74 %.
Cela ne durera qu'une législature...
Il nous reste quatre élections serrées, en Ile de France.
D'une part, le siège de la septième circonscription de Seine Saint Denis , constitué par Montreuil et Rosny sous Bois (alors gérée par la droite) et qui revient au communiste Louis Odru, vainqueur avec 24 776 voix contre 23 914 voix, soit une majorité de 858 voix et un pourcentage de 50,88 %.
Enfin, trois circonscriptions parisiennes.
Avec un duel gauche droite dans l'une des circonscriptions du 13e arrondissement, avec les quartiers Salpêtrière et de la Gare, où l'UDR Henri Modiano fut élu avec 13 731 voix, contre 13 630 pour le progressiste, ancien Ministre du Front Populaire, Pierre Cot.
Une majorité de 101 voix et un pourcentage de 50,18 %, dont le vainqueur ne profitera que pour un mandat, étant battu en 1973 par la communiste Gisèle Moreau.
Et deux circonscriptions en duel à droite.
D'abord la cinquième circonscription de Paris, c'est à dire le 7e arrondissement, où l'UDR Michel Caldaguès (qui est récemment décédé) vint disputer le siège aux centristes et aux indépendants et battit le PDM Bertrand Motte, lié aux milieux du textile nordiste.
18 816 voix pour Caldaguès contre 18 067 pour Motte, soit une majorité de 749 voix et un pourcentage de 51,01 % pour le vainqueur.
Ensuite, la vingt et unième circonscription, découpée dans la partie Nord du 16e arrondissement, où fut élu le général Stehlin avec 19 062 voix contre 18 473 voix pour son adversaire UDR, sortant, Bernard Lepeu.
Slogan électoral top « Votez Lepeu, c'est peu. Soyez malins, votez Stehlin ».
Soit une majorité de 589 voix et un pourcentage de 50,79 % pour le vainqueur qui sera réélu en 1973, avec le même suppléant qu'en 1968, Gilbert Gantier.
Impliqué dans les années 74 et 75 dans l'affaire du renouvellement des flottes d'aviation de combat des pays de l'OTAN (où il valorise les appareils américains, notamment les F 17 et F 16, vis à vis de la production française, c'est à dire les Mirage F 1 de la Société Dassault), Paul Stehlin sera victime d'un regrettable accident de la circulation en 1975, renversé par un autobus qui fera de Gilbert Gantier (surnommé « Gantier des pétroles » par son collègue Georges Gosnat) le député du XVIe.
Il faut dire que, après sa carrière militaire, Paul Stehlin était devenu en Europe le représentant de la société américaine Northrop, c'est à dire le fabricant du F 17...