Législative partielle - 3ème circ. du Lot-et-Garonne

[Corondar]

Le fait que des électeurs de gauche se reportent sur le candidat FN souligne aussi le fait que le discours économique et social de l'extrême droite (rupture avec l'union européenne, rejet de la mondialisation, interventionnisme de l'Etat dans l'économie via des dépenses sociales, création de postes de fonctionnaires...) est désormais plus proche des aspirations d'une partie de la gauche en la matière que de la droite.
Cette orientation impulsée par Marine Le Pen (en contradiction avec le discours plus droitier de son père : baisse des impôts et des dépenses, suppression de l'ISF...) avait pour but de séduire l'électorat de gauche (ce qui est préférable si comme elle vous souhaitez devenir député du Pas de Calais) : il semble qu'on assiste aux premiers signes significatifs du succès de cette opération séduction. Cela dit, de mon point de vue, les derniers résultats montrent tout de même que le FN ne parvient pas à s'imposer seul (même dans une situation aussi profitable pour lui que celle d'aujourd'hui : situation économique et sociale très dégradée, scandales politiques multiples...) et qu'il reste face à un mur de rejet difficile à surmonter. Si le FN version Marine veut réellement obtenir le pouvoir il va falloir qu'il change radicalement (et il n'en prend pas vraiment le chemin).

[manudu83]

Je vous propose une hypothèse de report, mobilisation des abstentionnistes
Comparaison des voix Présidentielles / 1er tour partielles

FN 13056 / 8552 (65%)
DVD 6745 / 2993 (44%) (hyper hétérogène de DLR à Modem / de royaliste à modem )
UMP 15632 / 9431 (60%)
Gauche 26732 / 11872 (44%)

Hypothèse d'apport de nouveaux électeurs
FN récupère 75 % de sa réserve (3378)
FN récupère 5% réserve de l'UMP (310)
UMP récupère 60 % de sa réserve (3720)
UMP récupère 30 % de la réserve DVD (1125)
FN récupère 10% de la réserve DVD (375)

Report des DVD
UMP 60% (1795)
FN 15% (449)
Abstention 25%

UMP
9431 + 3720 + 1125 +1795 = 16071
FN
8552 + 3378 +310 + 375 + 449 = 13064

Apport de la gauche
UMP 2122
FN 2583

soit au final plus d'électeurs de gauche qui se reporte sur le FN que sur l'UMP

[SALVAT]

Bertrand SALVAT a écrit le 21 avril
« Mme MARTIN pouvait, à mon avis, talonner davantage l'UMP COSTES, qu'un candidat extérieur à l'arrondissement et bien jeune secrétaire départemental, un titre qui n'a pas vocation à attirer, par son seul énoncé, des suffrages. »

Pendant la semaine, l’âge du candidat FN, le fait qu’il ne voterait pas puisqu’inscrit à Tonneins, son manque d’expérience soulignée par la présence permanente à ses côtés du conseiller régional de Picardie Michel GUINIOT, faisant office paternel puisque son père avait fait savoir son soutien au candidat de l’UMP…. Tout cela a pesé aussi.
Changer de candidat au profit d’un parachuté n’était pas bon : dans une trentaine de communes, le jeune promu avait fait moins bien au premier tour que la candidate de 2012 : c’était un signe du handicap que la direction du FN s’était, elle-même, créé.
Je verse cette observation au débat.
Bertrand SALVAT

[jironi]

Peut-être...

Si autant pour les grands partis, le nom du candidat (ses réseaux, sa valeur ajoutée - conseiller général d'un canton ; maire d'une grande ville-) peut avoir son importance, je pense que pour le FN, cela n'a pas grande importance.

On voit bien qu'aux cantonales 2011, certains candidats ont fait des scores remarquables (alors qu'ils étaient totalement inconnus, et que leur profession de foi ne comportait qu'une photographie de Marine Le Pen)

Peut être qu'une candidate plus connue aurait fait qqes voix de plus, mais le résultat eut été inchangée

[Draume]

Et si on parlait des 4.000 blancs et nuls de plus

[SALVAT]

les résultats du 2nd tour par commune(s) sont incomplets sur le site de la préfecture
y a-t-il un autre site plus complètement renseigné ?
BS

[Jean-Philippe]

Sur les 2546 voix qui séparent les deux candidats, 1650 viennent du seul canton de Fumel, fief du candidat UMP, soit plus de 60% de l'avance totale.
Dans beaucoup d'autres cantons, l'écart en faveur de Costes est parfois réduit : 5 voix dans ceux de Prayssas et de Cancon, 2 dans celui de Penne d'Agenais, 28 dans celui de Monclar, 13 dans celui de Villeneuve-Sud, 72 dans celui de Villeréal.
Dans ceux de Laroque-Timbaud (pour 58 voix) et de Sainte-Livrade (51 voix), c'est le FN qui est en tête.
http://www.sudouest.fr/2013/06/23/legislative-a-villeneuve-sur-lot-les-resultats-du-2nd-tour-canton-par-canton-1093971-3900.php

[lelyonnais]

Ainsi la question des reports de voix, traditionnellement difficile lorsque le FN est en duel au second tour, devient particulièrement complexe depuis la législative de l'Oise. J'ai quand même nettement le sentiment que les lignes politiques habituelles sont désormais brouillées lorsque le FN est en piste pour un duel au second tour. Cela a commencé avec les cantonales de 2011 mais s'intensifie nettement à l'occasion de ces partielles.
Je ne sais pas si des sondages post-electoraux seront effectués. Ils seraient pourtant instructifs et aideraient les partis de gauche et de droite à définir une stratégie face au FN.
Pour revenir à la partielle de Villeneuve, malgré une hausse de la participation, il y a probablement eu un fort chassé-croisé entre votants du 1er tour qui se sont abstenus au second tour et vice-versa. L'examen des listes électorales, s'il a lieu, nous donnera la réponse.
Quant aux reports : pour l'UMP, qui avait son candidat aux deux tours, la question de l'évaporation vers le FN ne se pose pas, sauf de manière très résiduelle.
Pour la gauche, elle se pose. Certaines analyses ci-dessus sont pertinentes. Les thématiques du FN version Marine peuvent recouper les thématiques d'une partie de la gauche : en particulier l'anti-mondialisation et l'hostilité à l'Europe (déjà lors du referendum de 2005, faut-il le rappeller, les "NON" ont été majoritaires car voix FN et aile gauche du PS + FDG se sont mêlées). Hollande a annoncé qu'il allait tirer les enseignements de ce scrutin. S'il veut préserver sa base électorale il doit prendre en considération ce phénomène, assez neuf, de porosité entre une partie de la gauche et le FN. Pour la droite, cette question est également posée, et ce depuis 30 ans maintenant (1983/84). Or je constate qu'une ligne clairement affichée à droite (Sarkozy 2007, et également Sarkozy en MARS 2012 -qui était passé en tête des sondages du 1er tour-, avant qu'il ne se recentre en avril, ce qui lui a couté la première place (cf l'évolution des sondages à l'époque) permet d'endiguer la progression du FN.
Ce qui est sûr, c'est que l'affaire Cahuzac, au delà de l'aspect judiciaire, provoque une autre crise, politique celle-là, révélée par le résultat de cetet élection partielle.

[Fabien]

Illustration spectaculaire de l'évolution du comportement des électeurs de gauche confrontés à un duel UMP/FN: Lacapelle-Biron.
Ce petit village très à gauche a voté Hollande à 71,61% au second tour de la présidentielle. Au premier, le trio de tête y était constitué de Hollande (un peu moins de 40%), Mélenchon (18%) et Le Pen (14%), Sarkozy étant 4eme avec 11%. Le village avait voté Chirac à 89% en mai 2002, ce dernier obtenant 239 voix (25 au premier tour!!), équivalent à la quasi-totalité des suffrages exprimés hors FN du premier tour. JMLP, lui ne gagnait en tout et pour tout que 8 voix entre les deux tours (il y a avait 4 Megret et 55 Saint Josse au premier).

Dimanche dernier, Costes a dû se contenter de 83 voix (59% des suffrages exprimés), Bousquet-Cassagne en obtenant 57, soit autant que de vote blancs. Par rapport au premier tour, le sarkozyste gagne 51 voix, le lepéniste 32. Il y avait au premier tour 102 voix de gauche. Il faut aussi tenir compte des quelques voix div.d qui se sont reportées sur Costes, et des 18 votants supplémentaires dont il a eu tout ou partie. Disons par hypothèse la moitié de ces derniers. On peut en déduire que le report sur la droite classique, qui était quasi-unanime en 2002... est devenu minoritaire en 2012! Bousquet-Cassagne a eu au second tour 12 voix de plus que Marine Le Pen à la présidentielle. Costes a retrouvé moins d'un tiers des 273 voix hors Le Pen de la présidentielle, guère plus de la moitié des voix hors Bousquet-Cassagne du premier tour de la partielle!

Même dans les communes les plus rétives aux idées d'extrême-droite, le "front républicain" a vécu.

[comtedeparis]

Je crois qu'un aspect important de ces élections partielles depuis l'élection de Hollande n'a pas été bien pris en compte. Les analyste ont tendance aujourd'hui à dire que les législatives partielles ont toujours été marquées par des sanctions à l'encontre du parti au pouvoir, or cette affirmation est fausse. Si l'on étudie les législatures précédentes (2007-2012; 2002-2007; 1997-2002), on ne peut pas réellement parler de sanctions à l'encontre des partis au pouvoir. Par exemple, sur la période 2007-2012, et en dépit la lourde impopularité de Sarkozy, l'UMP n'a perdu que deux élections : Rambouillet et Chartres, et encore de très peu et après de multiples annulations. Il n'y a jamais eu d'élimination au premier tour pour l'UMP sur toute la période 2002-2012. De la même façon, le PS n'a pas été sanctionné lourdement au cours des législatives partielles de la période 1997-2002. Si l'on veut résumer, avant 2012, les législatives partielles étaient avant tout marquées par le succès du parti sortant dans la circonscription (le sortant invalidé étant souvent réelu avec des marges plus fortes que lors de l'élection précédente). Cette règle s'appliquait dans grosso modo 90% des cas depuis 1981 (avec quelques exceptions médiatiques: Stirbois à Dreux en 1989, ou les victoires RPR-UDF en janvier 1982).
Depuis 2012, la logique des élections législatives partielles tend à se rapprocher de ce qui se passe au Royaume-Uni pour ce même type de scrutin. Elles deviennent l'occasion de lourdes sanctions contre le parti au pouvoir. Le PS a déjà été éliminé deux fois au premier depuis 2012, cela ne lui était jamais arrivé lors d'une élection partielle durant la période 1997-2002 (si l'on excepte une législative partielle à Saverne en 1998, mais il s'agit d'une des circonscriptions les moins à gauche de France). A mon avis, c'est un changement très important, qui est aussi une illustration significative de la perte de confiance dans les partis de gouvernement. Il est probable que cette tendance va s'accentuer lors de prochaines partielles. Au demeurant, si Sylvie Andrieux est déchue de son mandat, comme il est possible, la probabilité d'un victoire FN est ici nettement plus grande qu'à Villeneuve. Pour mémoire, le FN avait fait 49% en juin 2012 contre elle, et dans le contexte actuel, il est très probable qu'il passe la barre des 50%...