Les syndicats patronaux

[Jean-Philippe]

Suite à une remarque d'un lecteur occasionnel du forum, je voudrais créer un sujet spécifique sur les syndicats, en distinguant syndicats patronaux et de salariés (je laisse à quelqu'un d'autres la liberté de créer le sujet sur ces derniers).
L'actualité du jour est la suspension par la fédération de la métallurgie (UIMM) de la CGPME du versement de sa cotisation trimestrielle à la CGPME (150.000 euros par an, soit 9% du total).

On n'est par encore à la rupture, mais ça pourrait arriver si la CGPME poursuit sur cette ligne.

Frédéric Saint-Geours, son président [de l'UIMM], n'a en particulier pas apprécié que Jean-François Roubaud, le patron de la CGPME, propose une refonte de la représentativité patronale avec laquelle il est en désaccord tant sur le fond que sur la forme. Selon lui, aucune des grandes fédérations n'a été consultée. Ce qui démontre, pour le bureau de l'UIMM, un défaut de gouvernance sur un point essentiel de la stratégie patronale qu'il faut absolument corriger.

Le syndicat des PME, allié à celui de l'économie sociale (Usgeres), a en effet proposé que la représentativité patronale soit désormais mesurée via une élection nationale sur sigle et non plus, comme aujourd'hui, sur l'activité supposée de chaque organisation. D'après ce schéma, seuls les mouvements dépassant 8% des voix auraient dorénavant voix au chapitre et pourraient même additionner leur score avec des structures (comme l'Usgeres) ayant obtenu entre 5 et 8%.

L'enjeu : la répartition des 700.000 mandats patronaux détenus dans 500 organismes (sécurité sociale, chambre de commerce…), et les financements qui vont avec pour la CGPME au détriment du Medef.

Ce dernier voudrait d'ailleurs une unification, ou du moins un rapprochement, des sndicats patronaux.

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/03/15/97001-20120315FILWWW00491-nfo-le-figaro-opposee-a-la-ligne-defendue-sur-la-representativite-patronale-l-uimm-suspend-le-versement-de-sa-cotisation-trimestrielle-a-la-cgpme.php

[Draume]

Le rapport soit disant secret du député PERRUCHOT était édifiant et explosif sur "l'argent" des organisations d'employeurs : frais formation et logement

[vudeloin]

Quand je prendrais le temps de vous en dire plus, je ferais le nécessaire sur cette question du financement des syndicats patronaux.
Ceci dit, pour aller vite, il ne faut pas oublier, non plus, que les cotisations des entreprises à leur fédération professionnelle comme aux organisations interprofessionnelles (MEDEF, UPA, CGPME) sont déductibles de l'impôt sur les sociétés, ce qui constitue une subvention indirecte de l'Etat auxdites organisations.

[Jean-Philippe]

Laurence Parisot (53 ans) souhaite être réélue pour un 3e mandat à la tête du MEDEF, mais cela semble impossible :
_ il est loin d'être acquis qu'elle est majoritaire au sein du conseil exécutif du MEDEF (45 membres) pour changer les statuts
_ si elle réussissait à obtenir une majorité dans cette instance dirigeante, elle aurait besoin d'une majorité des deux tiers des 560 votants à l'Assemblée générale du Medef, ce qui semble exclu.
_ enfin, un changement des statuts s'appliquerait probablement à partir de la prochaine présidence, alors que le second mandat de Parisot se termine le 1e juillet.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/03/15/laurence-parisot-face-au-risque-du-conseil-executif-du-medef_1848892_3234.html

Voici les autres candidats à sa succession (source) :
_ Pierre Gattaz (53 ans) : le président du Groupe des fédérations industrielles (GFI) et de la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication (FIEEC), fils d'un ancien patron des patrons, Yvon Gattaz (1981-1986), qui se pose en candidat de la base
_ Geoffroy Roux de Bézieux (50 ans) : le patron de Virgin Mobile, vice-président de la Fédération française des télécoms (FFT) et ex-président de l'Unedic
_ Jean-Claude Volot (63 ans), ex-médiateur national des relations inter-entreprises, chargé notamment des problèmes de la sous-traitance
_ Thibault Lanxade (42 ans), patron de la PME Aqoba (opérateur de cartes de paiement sur mesure), fondateur en 2006 de l’association indépendante Positive Entreprise destinée à renforcer les liens entre la jeunesse et l’entreprise

Autre candidat possible, Frédéric Saint-Geours (bientôt 64 ans) : le président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), très critique vis-à-vis de Mme Parisot, s'est rendu plus disponible en se retirant de l'équipe dirigeante de PSA

[Jean-Philippe]

Le comité statutaire du Medef a annoncé qu'il était favorable à une réforme des statuts qui permettrait à l'actuelle présidente de présenter sa candidature à un troisième mandat en juillet.

Le comité, saisi par Laurence Parisot, propose des mandats de cinq ans auxquels pourraient se porter candidats les présidents sortants sans limitation du nombre de mandats, réforme applicable dès la prochaine élection, a précisé son président Georges Drouin.

Le comité exécutif se prononcera le 28 mars avant l'assemblée générale.

http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/medef-la-reforme-voulue-par-parisot-n-aurait-pas-de-majorite-18-03-2013-2649677.php

[ploumploum]

Laurence Parisot perd le soutien de l'un de ses lieutenants, Patrick Bernasconi, patron de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP).
Présenté parfois comme le "dauphin désigné", il se prononce contre la modification des statuts. Il ne ferme pas la porte à une candidature pour la succession de Parisot.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/03/22/bernasconi-l-initiative-de-laurence-parisot-divise-les-entreprises_1852565_823448.html#xtor=RSS-3208


L'UIMM, elle, a réaffirmé son opposition à la réforme des statuts

Le comité exécutif se prononcera soit par un vote à main levée (volonté de Parisot) soit par un vote à bulletin secret.
Ce point semble être âprement discuté

S'il doit y avoir une seconde étape (si le Conseil exécutif rejette la réforme, le processus s'arrête net et Laurence Parisot ne pourra pas se représenter), elle consistera, dans les 15 jours suivant le vote du Conseil exécutif, en la convocation de l'Assemblée générale du Medef. Pour que la réforme des statuts soit acceptée, elle doit être votée par une majorité des deux tiers des 560 votants. Ce n'est pas encore gagné pour Laurence Parisot, sachant que l'UIMM, directement ou indirectement, représente en gros près d'un tiers des votants...

[ploumploum]

Le comité exécutif rejette la réforme de Parisot. Une abstention a suffi pour provoquer la défaite de la présidente du Medef.

Il a suffi d'une voix. Une simple abstention est venue briser les rêves de reconduction de Laurence Parisot à la tête du Medef. Jeudi 28 mars, le conseil exécutif s'est divisé en parts strictement égales : 22 voix pour le changement de statuts, 22 contre, et cette fameuse abstention qui a empêché Mme Parisot d'obtenir la majorité absolue.

La voix calme, les yeux à peine rougis, celle qui a dirigé le Medef pendant huit ans a attendu plus d'une heure avant d'admettre publiquement sa défaite. Avec des termes choisis pour montrer qu'elle reste, quoi qu'il arrive, dotée d'un sens de l'acharnement hors du commun, elle a défendu son idée. "Cette réforme aurait montré un progrès de démocratie interne. Je suis persuadée qu'elle reviendra", a-t-elle expliqué, certaine d'avoir toujours raison, avant d'admettre, du bout des lèvres, que "le score ex æquo n'autorise pas la transmission devant l'assemblée générale" de sa demande.

http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/03/28/la-chute-de-laurence-parisot_3149884_3234.html

[Pullo]

Maintenant que Laurence Parisot est définitivement écartée de la course à la présidence du MEDEF, difficile de dire qui l'emportera. L'élection est ouverte. Ajoutons que le jour du vote du conseil exécutif sur les statuts, des salariés de PSA d'Aulnay-sous-Bois ont brièvement occupé les locaux du syndicat patronal.

Quant à Laurence Parisot, vu son intérêt pour la politique, elle devrait penser à y entrer franchement en briguant le suffrage populaire...

[ploumploum]

L'article du Monde, dont j'ai cité un extrait, pointait le fait que Laurence Parisot a apparemment tenté jusqu'au bout de faire passer sa réforme en voulant un nouveau vote (!) après le résultat assez incroyable du scrutin.

Parmi les candidats à la succession, il y a Hervé Lambel, dont le nom n'avait pas encore été cité (alors qu'il s'est porté candidat en octobre dernier). Il est le président de Créateurs d’emplois et de richesse de France (Cerf)

[Jean-Philippe]

L'élection du successeur de Laurence Parisot à la présidence du Medef a été fixée au 3 juillet. Les candidats ont jusqu'au 3 mai pour se déclarer (source).