L'affaire Cahuzac

[Relique]

Il ne s'agit pas de dénoncer ou pas... Mais franchement, s'ériger ensuite en morale absolue contre le mensonge d'Etat quand on est potentiellement dedans, c'est franchement du n'importe quoi...

[manudu83]

Pour une fois, je vais être d'accord avec Emeric, je ne vois pas comment MLP aurait pu être au courant qu'un de ses amis avocat avait comme client Cahuzac, sachant qu'un avocat est quand même pas trop sensé dire à ses amis les clients qu'il a et encore moins le contenu de ses affaires avec les clients.

[PhB]

Certes l'avocat Philippe Péninque est censé être soumis au secret professionnel et en l'occurrence il l'a respecté, c'est tout à son honneur (et accessoirement ça lui évite de gros ennuis professionnels...).

D'un autre côté je suis surpris que le militant politique et proche de MLP qu'il est également n'ait pas une seconde envisagé d'utiliser, même indirectement, l'information stratégique dont il disposait (de première main !) pour déstabiliser un peu plus Cahuzac et donner des billes au FN sur la thématique du "tous pourris".

Il ne l'a pas fait. A mon avis son silence était mûrement réfléchi, et PP n'a pas dû prendre seul la décision de se taire. Il a très bien pu en parler à certains de ses proches de confiance pour déterminer ensemble la conduite à tenir. En l'occurrence l'arme était à double tranchant : un proche de MLP qui a aidé un socialiste à magouiller, ce n'est pas particulièrement valorisant, surtout s'il avait trahi son secret professionnel... Aujourd'hui il peut au moins se targuer d'avoir respecté son obligation de secret professionnel.

[MiniM]

Enfin, si tout à coup Marine Le Pen l'aurait su et utilisé, cela n'aurait pas pris de temps à faire le lien entre l'avocat et la fuite.

L'avocat n'est pas fou, une fuite sur le sujet venant du FN l'aurait mis dans le pétrin.
Et, puis, j'aime croire que les gens ont à coeur le respect de leurs obligations professionnelles, ou, à tout le moins, leur réputation professionnelle.

J'ai des opinions politiques, mais je ne mettrais pas ma carrière en danger pour gagner des points sur un opposant et je crois que la plupart des gens feraient la même chose que moi.

[Emeric]

Certes l'avocat Philippe Péninque est censé être soumis au secret professionnel et en l'occurrence il l'a respecté, c'est tout à son honneur (et accessoirement ça lui évite de gros ennuis professionnels...).

D'un autre côté je suis surpris que le militant politique et proche de MLP qu'il est également n'ait pas une seconde envisagé d'utiliser, même indirectement, l'information stratégique dont il disposait (de première main !) pour déstabiliser un peu plus Cahuzac et donner des billes au FN sur la thématique du "tous pourris".

Il ne l'a pas fait. A mon avis son silence était mûrement réfléchi, et PP n'a pas dû prendre seul la décision de se taire. Il a très bien pu en parler à certains de ses proches de confiance pour déterminer ensemble la conduite à tenir. En l'occurrence l'arme était à double tranchant : un proche de MLP qui a aidé un socialiste à magouiller, ce n'est pas particulièrement valorisant, surtout s'il avait trahi son secret professionnel... Aujourd'hui il peut au moins se targuer d'avoir respecté son obligation de secret professionnel.

Et comme dit Philippe Péninque, créer un compte en Suisse n'est pas illégal, c'est de ne pas déclarer les fonds que l'on met dessus qu'il l'est ! Donc dire "aider un socialiste à magouiller" est légèrement abusif !

[Corondar]

En ce qui concerne l'affaire Cahuzac le tout est désormais entre les mains de la justice. Moi ce qui me questionne plus désormais ce sont les retombées sur Moscovici et Hollade. Pour le premier, la manière de faire (l'administration fiscale qui enquête sur le ministre du budget, le coup de la lettre suisse censée disculper Cahuzac...) amène forcément à se poser des questions, quand bien même il s'est laissée abuser. Le procès en naïveté et/ou en incompétence est de mon point de vue fondé.
En ce qui concerne Hollande, je ne me prononce pas vraiment sur le thème du savait-il ou pas ? Si il dit qu'il ne savait pas je veux bien le croire (présomption d'innocence). Mais, déjà, il y a une contradiction évidente dans les déclarations présidentielles : soit c'est Cahuzac qui a demandé à partir (et dans ce cas Hollande ment dans sa deuxième version) soit c'est le président qui lui a demandé de démissionner (et alors Hollande a menti dans la première version). Bref, dans les 2 cas, le président est pris en flagrant délit de mensonge. Ensuite, sur la gestion de la crise : un petite déclaration de 2 minutes enregistrée avant de partir au Maroc, je trouve ça un peu léger. Cela donne une désagréable impression de fuite. De mon point de vue c'est un peu court.

[Jean-Philippe]

Un détail : Philippe Péninque est un ami revendiqué de Cahuzac. Ami original, mais ami quand même, d'autant plus qu'il ne le renie pas aujourd'hui. Son attitude dans l'affaire me semble cohérente, vis-à-vis de le Pen comme de Cahuzac.
L'affaire Péninque/Le Pen n'en est pas vraiment une et pour une fois, je suis tenté de croire aussi Marine Le Pen quand elle parle de cela comme d'un moyen facile de mêler le FN à cette affaire.

La conséquence de tout ça risque d'être une abstention record, notamment aux européennes où une première place pour le FN ne me semble pas tout à fait impossible. Heureusement pour le gouvernement, il n'y a pas d'élections majeures avant un an.

[Emeric]

Et c'est pour cela que Marine Le Pen demande, comme Cahuzac le faisait au moment de l'affaire Woerth (ironie du sort), la dissolution de l'assemblée, car des législatives aujourd'hui serait un massacre pour le PS !

[ligerien]

Et c'est pour cela que Marine Le Pen demande, comme Cahuzac le faisait au moment de l'affaire Woerth (ironie du sort), la dissolution de l'assemblée, car des législatives aujourd'hui serait un massacre pour le PS !

Et comme Hollande n'est pas encore suicidaire...

Finalement, les retombées à court terme (à long terme, nous verrons...) donneraient 2 conclusions politiques cyniques :
- Si tu es coupable, nie pour toujours, même l'évidence la plus absolue.
- Si tu exerces le pouvoir, mets tout, absolument tout, en œuvre, pour étouffer l'affaire.

En l'espèce, je suis convaincu que :
- Si Cahuzac avait nié jusqu'au bout, usant tous les recours, y compris aller chercher les vices de forme... il n'aurait jamais été désigné l'ennemi n°1 de la nation. Déjà parce que le temps des différentes procédures judiciaires, il n'y aurait plus eu grand monde pour se souvenir de qui était Jérôme Cahuzac... On pourrait faire un sondage dans la rue pour demander aux gens s'ils connaissent les Blanc, Tron, Woerth, Joyandet, Gaymard... ayant tous quitté de précédents gouvernements pour différentes raisons.
- A la vitesse où se sont déroulées les choses, il me semble évident que le gouvernement a laissé faire la justice. S'il avait mis des bâtons dans les roues pour faire trainer les choses, allumé des contrefeux pour embrouiller le dossier,... l'opinion aurait en grande partie perdu le fil de l'affaire, et au final, la tempête aurait été moins importante pour l’exécutif.

Pour moi les 2 grands impacts néfastes de cette affaire sont :
- L'anéantissement de la valeur de la parole politique pour les mensonges répétés avec force par Cahuzac.
- La démonstration que le respect de la justice conduit à un affaiblissement du politique !

[ligerien]

Plus qu'un remaniement ou une dissolution, un référendum sur les institutions serait une porte de sortie par le haut (ou pas trop par le bas...) pour François Hollande.

Bien sûr, avec des dispositions de limitation du cumul des mandats, de transparence sur le travail des élus, de lutte contre les conflits d'intérêts, de la proportionnelle aux législatives. Mais potentiellement des mesures plus osées comme une certaine reconnaissance du vote blanc (au scrutin de liste, des élus "gelés", au scrutin majoritaire, on recommence sur le vote blanc arrive en tête). Peut être le sujet polémique du droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales.
Ou encore, pourquoi pas, une reprise des idées de Bayrou sur l'indépendance des média.