Merci pour cette belle carte orional !
On passe de la Meuse à la Moselle. En 1981, la gauche avait gagné 5 des 8 sièges en jeu (dont un dès le premier tour), la droite conservant les trois autres (dont deux dès le premier tour). Avec le passage à la proportionnelle, la représentation du département passe à 10 sièges. Les huit sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Nicolas Schiffler (PS, maire de Talange de 1983 à 1989, suppléant de Jean Laurain, secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants dans les gouvernements Mauroy et Fabius, décédé en 2008), Jean-Louis Masson (RPR, conseiller général de Vigy depuis 1976, député de 1978 à 1997, sénateur depuis 2001, qui a fait parler de lui dernièrement pour ses mauvaises relations avec François Grosdidier), René Drouin (PS, conseiller général [1982-1994] et maire [1983-] de Moyeuvre-Grande), Robert Malgras (PS, adjoint au maire PCF de Thionville de 1977 à 1995, Paul Souffrin), Charles Metzinger (PS, élu au premier tour avec 51,98% des voix, conseiller général [1967-1985] et maire [1971-1995] de Freyming-Merlebach, sénateur de 1992 à sa mort en 1996), Paul Bladt (PS, maire de Cocheren de 1977 à 2001, conseiller général de Behren-lès-Forbach de 1988 à 2008, et syndicaliste CFDT), Jean Seitlinger (UDF-CDS, réélu au premier tour avec 53,08% des voix, conseiller général [1958-1970 et 1976-1994] et maire [1977-1995] de Rohrbach-lès-Bitche, député de 1956 à 1962, sous l'étiquette MRP, puis de 1973 à 1997, signataire de
l'Appel des 43 contre Chaban-Delmas), Pierre Messmer (RPR, réélu au premier tour avec 54,76% des voix, ministre des Armées sous la présidence du général de Gaulle, Premier ministre de 1972 à 1974, conseiller général de Réchicourt-le-Château de 1970 à 1982, alors maire [1971-1989] de Sarrebourg).
A l'exception de Robert Malgras (tête de liste aux régionales) et de Paul Bladt, les sortants se représentent. Le 16 mars, 12 listes se disputent les suffrages de 658 408 inscrits, dont 512 445 ont voté, et dont 485 128 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
2 listes d'extrême gauche : 4 389 voix, 0,90%, aucun siège
PCF : 29 057 voix, 5,98%, aucun siège
PS : 132 390 voix, 27,28%, 3 siègesMRG : 3 421 voix, 0,70%, aucun siège
Verts : 16 310 voix, 3,36%, aucun siège
RPR : 126 513 voix, 26,07%, 3 siègesUDF : 69 108 voix, 14,24%, 2 siègesCNIP : 36 214 voix, 7,46%, 1 siègeFN : 64 529 voix, 13,30%, 1 siègeFN dissident : 0 voix, 0%, aucun siège
POE : 3 197 voix, 0,65%, aucun siège
Avec 47,8% des voix (contre 45,90% au premier tour des législatives de 1981), la droite parlementaire domine nettement la gauche de gouvernement, qui ne rassemble que 34% des suffrages (contre 52,50% en 1981). Le recul de cette dernière en pourcentage a surtout profité au FN qui, en 1981, n'avait pas présenté des candidats dans le département. Ajoutons que le parti de Jean-Marie Le Pen a échappé à la concurrence d'une liste dissidente qui a été retirée à la dernière minute. La droite parlementaire, malgré sa dispersion sur trois listes, a gagné trois sièges, et il n'est pas sûr qu'une liste unique RPR-UDF-CNIP aurait fait mieux. Le RPR remporte la primaire face à l'UDF. Le fait que la liste du premier soit menée par un ancien ministre de De Gaulle et ancien Premier ministre de Pompidou, alors que la seconde est conduite par un ancien proche de Robert Schuman, qui était élu dans le département, et sur la liste duquel il est entré pour la première fois à l'Assemblée, donne à cette primaire des allures de symbole.
À gauche, le PCF (9,97% en 1981) poursuit son déclin dans un département où il avait un député au scrutin majoritaire jusqu'en 1981 (César Depietri, député de 1967 à 1968 puis de 1973 à 1981, maire de Moyeuvre-Grande jusqu'en 1983). Quant au PS, en net recul par rapport à 1981 (40,72% en 1981), il perd deux des cinq sièges qu'il détenait, mais réussit à arriver en tête, sans être gêné par la liste séparée du MRG. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Jean Laurain, René Drouin, Charles Metzinger.
RPR : Pierre Messmer, Jean-Louis Masson, Jean-Marie Demange (député jusqu'à son suicide [après avoir tué son ex compagne] en novembre 2008, maire de Thionville de 1995 à mars 2008, alors conseiller général de Thionville-Ouest).
UDF : Jean Seitlinger, Denis Jacquat (UDF-PR, conseiller général de Metz II de 1979 à 2002 et depuis 2011, toujours député, alors adjoint au maire de Metz).
CNIP : Jean Kiffer (député de 1973 à 1978 avant d'être battu par Jean Laurain, puis de 1986 à 1997, conseiller général de Rombas de 1973 à 2011, maire d'Amnéville de 1965 à sa mort en 2011, et qui s'était fait remarquer peu avant son décès par
son simulacre de sécession).
FN : Guy Herlory (radiologue de profession).
Si en 1986 Pierre Messmer avait remporté la primaire face à l'UDF, c'est un candidat issu de l'UDF entré en dissidence qui devait mettre fin à sa carrière politique. En juin 1988, il se représente dans la 4e circonscription (Sarrebourg). Il arrive nettement en tête avec 43,51%, suivi par Aloyse Warhouver (UDF-CDS, conseiller général de Sarrebourg de 1973 à 1998 et maire de Xouaxange, qui a pris sa propre femme pour suppléante...), rallié à la politique d'ouverture au centre, deuxième avec 30,78%. Loin derrière suivent le candidat du PS (15,46%), celui du FN (7,81%), celui du PCF (2,04%) et celui du POE (0,36%). Au second tour, Aloyse Warhouver profite des reports de voix du PS sur son nom et bat Pierre Messmer avec 50,68% des voix. Il confirme dans les années suivantes son rapprochement avec la gauche, et siège jusqu'en 2002, avant d'être battu par le successeur de Pierre Messmer à la mairie de Sarrebourg, Alain Marty, encore député à l'heure actuelle. Quant à Jean Seitlinger, il devait subir dans la 5e circonscription (Sarreguemines) deux primaires sauvages en 1988 et en 1993, l'une provoquée par Joseph Schaefer (DVD, conseiller général [1979-1998] et maire [1977-1995 et 1998-2001] de Bitche), l'autre par Hubert Roth (DVD, conseiller général de Sarreguemines-Campagne de 1985 à 1998, maire de Hambach de 1989 à 2001). Il devait en sortir à chaque fois vainqueur au second tour, nettement en triangulaire dans le premier cas (39,25% des voix, contre 30,46% pour Joseph Schaefer et 30,27% pour le candidat PS), de peu en duel dans le second (51,50% contre 48,49% pour Hubert Roth). Ces primaires étant la preuve d'une certaine usure, il ne se représenta pas en 1997, et sa circonscription passa à gauche le temps d'une législature...
Pour l'anecdote, signalons la présence sur les listes en concurrence de futurs élus : Michel Liebgott, député depuis 1997, n°8 sur la liste PS ; Marie-Anne Isler-Béguin, députée européenne de 1991 à 1994 et de 1999 à 2009, n°1 sur la liste des Verts ; André Berthol, député de 1988 à 2007, alors conseiller général de Saint-Avold I, et Marie-Jo Zimmermann, députée depuis 1998 (après l'invalidation de Jean-Louis Masson pour des irrégularités dans ses comptes de campagne), respectivement n°4 et n°8 sur la liste RPR. On peut aussi signaler la présence sur la liste du CNIP, en n°2, de Robert Pax, maire de Sarreguemines, ancien adversaire de Jean Seitlinger aux législatives de 1973. Il représentait alors le mouvement réformateur de JJSS.