La Catalogne a chassé du pouvoir les socialistes dimanche lors des élections régionales, une vote qui sanctionne lourdement le gouvernement Zapatero pour sa politique d'austérité très impopulaire menée contre la crise.
Cette région du nord-est de l'Espagne, traditionnelle locomotive économique du pays dirigée depuis 2003 par une coalition de gauche, a donné une large victoire aux nationalistes, selon un sondage effectué à la sortie des bureaux de vote par la chaîne catalane TV3.
"Débâcle" pour les socialistes catalans, titrait le quotidien El Mundo sur son site internet. "Le pire résultat de leur histoire", soulignait le journal La Vanguardia.
La puissante coalition nationaliste Convergencia i Unio (CiU) obtient entre 63 et 66 sièges sur les 135 du Parlement régional, contre 24 à 27 sièges au Parti socialiste catalan, émanation du PSOE du chef du gouvernement espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero.
Cette victoire signe la fin de sept années de gestion de la gauche et le retour en force de la CiU, battue en 2003 après 23 ans de pouvoir, au moment où la Catalogne et son économie en recul accusent les conséquences de la crise.
La participation atteint 61,4%, selon TV3.
Alors que le gouvernement Zapatero tente sans succès de convaincre qu'il peut redresser l'économie et écarter le risque de contagion de la crise irlandaise, les électeurs lui ont infligé une sanction de mauvais augure avant les échéances régionales et municipales de 2011, et législatives de 2012.
Le gouvernement socialiste avait annoncé au printemps des mesures de lutte contre la crise qui s'est abattue depuis 2008 sur l'Espagne, dont une réforme des retraites et du marché du travail.
Mais ces mesures ont eu pour effet de faire plonger sa popularité alors que la reprise se fait attendre, avec une croissance nulle et le taux de chômage le plus élevé de la zone euro, à presque 20%.
Longtemps première région économique d'Espagne avec ses sept millions d'habitants sur 47 millions, la Catalogne, avec un tissu industriel surtout composé de petites et moyennes entreprises, a payé particulièrement cher les retombées de la crise.
La gestion menée par l'alliance de trois partis de gauche a été mise en cause pour expliquer le recul de la Catalogne, passée en 2009, avec 18,68% du PIB national, derrière la région de Madrid (18,71%). La dette catalane a elle flambé pour atteindre 29,5 milliards d'euros fin juin 2010.
Les cinq millions d'électeurs catalans ont sanctionné les socialistes pour ces mauvais résultats.
"J'ai voté CiU pour la première fois de ma vie. Je vote pour le pays, à cause de la crise", confiait Carmen Darnaud, une retraitée de 80 ans.
Une récente enquête du Centre d'études d'opinion (CEO) montrait que le chômage est la première préoccupation pour 40% des Catalans. A 17,3%, le chômage en Catalogne reste en-dessous de la moyenne nationale, mais progresse dangereusement.
En situation de crise, "c'est en Catalogne que les effets se font le plus sentir", reconnaissait avant le vote le député socialiste Joan Ferran. "Mais quand l'économie reprendra, la Catalogne sera la première à récupérer", assurait-il.
Ce contexte a profité aux nationalistes, qui surfent sur une poussée indépendantiste depuis une décision rendue en juin par la justice espagnole écornant le statut d'autonomie élargie de la région.
Le Tribunal constitutionnel de Madrid avait alors invalidé ou limité la portée de certains aspects sensibles de ce statut, relatifs par exemple au terme de "nation" ou à la langue catalane.
Ce jugement, "pris comme une agression contre la souveraineté populaire", selon Joan Ferran, avait fait descendre dans les rues de Barcelone des centaines de milliers de manifestants.
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