De l'Aveyron, on passe au département le plus peuplé de Midi-Pyrénées, la Haute-Garonne. En 1981, la gauche a gagné la totalité des 6 sièges, dont dont 4 dès le premier tour. La représentation du département sortants : Jacques Roger-Machart (PS, suppléant d'Alain Savary, réélu au premier tour avec 50,19% des voix, ministre de l'Education nationale dans le gouvernement Mauroy), Gérard Bapt (PS, conseiller général de Toulouse VII, maire de Saint-Jean depuis 1989, député de 1978 à 1986, de 1988 à 1993, et depuis 1997), Louis Lareng (PS, créateur du SAMU, député de 1981 à 1986), Alex Raymond (PS, réélu au premier tour avec 55,25% des voix, conseiller général de Toulouse XIII de 1966 à 1985, maire de Colomiers de 1966 à 2001, président du conseil régional de Midi-Pyrénées de 1981 à 1986, député de 1973 à 1986,
décédé en 2008), Gérard Houteer (PS, réélu au premier tour avec 51,76% des suffrages, ancien journaliste sportif, député de 1973 à 1986,
décédé en 2007), Pierre Ortet (PS, élu au premier tour avec 55,96% de suffrages, conseiller général de Saint-Gaudens, maire de Villeneuve-de-Rivière, député de 1981 à 1993).
Louis Lareng ne se représente pas, et prend la tête de liste aux régionales. Gérard Houteer, qui s'était brouillé avec le PS local, avait été exclu, et avait déposé une liste dissidente qui n'avait pas été validée par la préfecture de Haute-Garonne. Le 16 mars, 11 listes se disputent les suffrages de 567 920 inscrits, dont 455 497 ont voté, et dont 436 661 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
4 listes d'extrême gauche : 5 330 voix, 1,22%, aucun siège
PCF : 34 864 voix, 7,98%, aucun siège
PS : 165 496 voix, 37,99%, 4 siègesVerts : 6 746 voix, 1,54%, aucun siège
RPR-CNI : 40 057 voix, 9,17%, 1 siègeUDF-DVD : 148 228 voix, 33,94%, 3 siègesFN : 34 865 voix, 7,98%, aucun siège
POE : 1 075 voix, 0,24%, aucun siège
Avec 46% des voix contre 43,1%, la gauche de gouvernement dépasse la droite parlementaire. Mais cette dernière est majoritaire dans la Haute-Garonne avec le FN, qui reste en dessous de sa moyenne nationale. Cinq ans plus tôt, la gauche de gouvernement rassemblait 65,77% des suffrages (52,69% pour le PS et les DVG, 13,08% pour le PCF) contre 30,92% pour la droite de gouvernement. Le recul de la gauche a plus profité à la droite parlementaire qu'au FN, contrairement à ce qu'on a vu dans de nombreux départements. Le crédit de progression de la droite revient à la tête de liste de l'UDF, Dominique Baudis, maire de Toulouse de 1983 à 2001. La primaire avec le RPR a été largement gagnée, et le parti néo-gaulliste dépasse de seulement 1,2 point le PCF et le FN. Malgré un très net recul et la perte de 2 sièges sur les six qu'il détenait, le PS, qui était majoritaire à lui tout seul en juin 1981 avec 52,20% des voix, a mieux résisté que prévu, car les pronostics lui donnait au mieux trois sièges. De plus, il arrive en tête dans le département. Enfin, si la liste UDF arrive en tête à Toulouse, l'écart avec le PS est faible (UDF : 36,56%, PS : 35,10%, FN : 9,36%, RPR : 8,64%, PCF : 7,62%, Verts : 1,31%). Aux municipales de 1983, la liste Baudis avait gagné dès le premier tour avec 56,87% contre 37,38% pour la liste PS-PCF-MRG 3,50% pour celle des Verts et 2,24% pour celle de la LCR, mais elle n'avait pas sur sa droite la concurrence du FN... Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Alex Raymond, Gérard Bapt, Jacques Roger-Machart, Pierre Ortet.
RPR-CNI : Jean-Paul Séguéla (RPR, conseiller général de Montastruc-la-Conseillère, maire de Bessières).
UDF-DVD : Dominique Baudis (UDF), Jean Diebold (DVD, conseiller général de Toulouse III, adjoint au maire de Toulouse, à nouveau député de 1993 à 1997 et de 2002 à 2007), Pierre Montastruc (UDF-PRV, conseiller général de Boulogne-sur-Gesse).
La démission de Dominique Baudis, devenu président du conseil régional de Midi-Pyrénées (il reste en poste jusqu'en 1988), permet à son père et prédécesseur à la mairie de Toulouse, Pierre Baudis (UDF), n°4 de la liste UDF, de revenir à l'Assemblée. Pour l'anecdote, on signalera sur la liste PS la présence de la future députée (de 1988 à 1993, puis de 1997 à 2007) et maire de Muret (de 1989 à 1995), Hélène Mignon, alors conseillère générale de Muret (de 1979 à 1992), en n°5, celle de Jacques Pic, le prédécesseur de Lionel Jospin dans le canton de Cintegabelle, en n°6, et celle Robert Loidi, député de 1988 à 1993, en n°8. Sur la liste RPR, on peut mentionner la présence en n°2 du futur député RPR (de 1993 à 1997, élu contre Gérard Bapt) Robert Huguenard, alors adjoint au maire de Toulouse. Et sur la liste UDF, on peut remarquer la présence de Françoise de Veyrinas (UDF-CDS, élue députée en 1993 contre Hélène Mignon, secrétaire d'Etat dans le gouvernement Juppé, décédée en 2008), alors adjointe au maire de Toulouse, en n°5, et celle du maire de Toulouse de 2004 à 2008, Jean-Luc Moudenc, alors journaliste, en n°10 (donc en suppléant).
Gérard Houteer, qui considérait avoir été injustement écarté du scrutin du 16 mars, est à l'origine de l'annulation de l'élection par le Conseil constitutionnel le 8 juillet. Il avait démontré que le non enregistrement la liste qu'il avait présenté à la préfecture le 21 février n'avait pas lieu d'être. Le nom de l'un des candidats de sa liste, Georges Salvan, figurait sur une liste DVD déposée quelques heures plus tôt dans les Hautes-Alpes, motivant le rejet de la liste Houteer par la préfecture de Haute-Garonne. Or, Georges Salvan avait manifesté sa volonté d'être candidat en Haute-Garonne, et déclaré que sa signature pour la liste dans les Hautes-Alpes était un faux, ce qu'il a réussi à prouver.
D'où l'annulation du scrutin. Le 28 septembre, soit le même jour que les élections sénatoriales, une législative partielle a lieu. 7 listes se disputent les suffrages de 561 774 inscrits, dont 386 472 ont voté, et dont 379 087 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
2 listes d'extrême gauche : 2 594 voix, 0,66%, aucun siège
PCF : 24 024 voix, 6,33%, aucun siège
PS : 141 707 voix, 37,38%, 4 siègesPS dissident : 5 457 voix, 1,43%, aucun siège
MRG : 4 154 voix, 1,09%, aucun siège
RPR-UDF-DVD : 174 127 voix, 45,93%, 4 siègesFN : 26 263 voix, 6,92%
Malgré la forte augmentation de l'abstention (31,20% contre 19,80% en mars), les résultats de mars sont confirmés. A droite, le bon score de la liste d'union de la droite, dont l'avance est très nette, est à mettre à l'actif de Dominique Baudis, qui en est la tête de liste. La liste d'union gagne 2,8 points par rapport au total des 2 listes de mars. A gauche, le PS fait quasiment le même score qu'en mars, malgré la concurrence du MRG (dont la liste est conduite par Henri de Lassus Saint-Geniès, député européen de 1997 à 1999) et de la liste dissidente menée par Gérard Houteer. A Muret, où réside ce dernier, la liste dissidente ne réunit que 4,2% des voix... Le PCF et le FN sont en recul et font les frais de la forte polarisation entre le PS d'un côté et le RPR et l'UDF de l'autre. Les résultats du parachutage en Haute-Garonne de Lionel Jospin (qui a remplacé Alex Raymond comme candidat et tête de liste) à l'occasion de l'élection partielle sont mitigés. Le PS et la gauche de gouvernement (46,23% des voix le 28 septembre) ont tenu le choc face à la locomotive de la droite qu'est Dominique Baudis, mais ne sont pas en mesure de mettre sérieusement ce dernier en difficulté, tant aux municipales qu'aux législatives. Même en 1997, année catastrophique pour la droite, Baudis est facilement réélu dans la première circonscription (Toulouse I, IV, V et VII) avec 53,45% des voix, bien que ce soit au second tour, contrairement à 1988 (50,43%) et 1993 (52,73%)...