Après le Gard, descendons plus au sud, vers l'Hérault. En 1981, la gauche a gagné la totalité des cinq sièges, dont un dès le premier tour. La représentation du département passe de 5 à 7 sièges. Les cinq sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Georges Frêche (PS, qu'on ne présente plus), Gilbert Sénès (PS, député de 1967 à 1968 puis de 1973 à 1986, conseiller général [1964-1982] et maire de Gignac), Jean Lacombe (PS, conseiller municipal de Sète), Paul Balmigère (PCF, député de 1962 à 1968 et de 1973 à 1986, conseiller général de Frontignan [1945-1951] puis d'Agde [1970-1982], et maire de Béziers de 1977 à 1983), Raoul Bayou (PS, réélu au premier tour avec 51,06% des voix, conseiller général de Saint-Chinian de 1945 à 1995, maire de Cessenon de 1947 à sa mort en 1995).
Gilbert Sénès, Paul Balmigère (battu aux municipales de 1983 par Georges Fontès) et Raoul Bayou ne se représentent pas. Le 16 mars, 7 listes se disputent les suffrages de 502 238 inscrits, dont 397 983 ont voté, et dont 381 258 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 2 446 voix, 0,64%, aucun siège
PCF : 48 972 voix, 12,84%, 1 siègePS : 129 491 voix, 33,96%, 3 siègesRPR : 82 161 voix, 21,54%, 1 siègeUDF : 48 865 voix, 12,81%, 1 siègeUDF dissident : 10 032 voix, 2,63%, aucun siège
FN : 59 291 voix, 15,55%, 1 siègeAvec 46,8% des suffrages, la gauche de gouvernement a l'avantage sur la droite de gouvernement, qui en réunit 37%. Mais avec les voix du FN, la droite est majoritaire dans l'Hérault, alors que cinq plus tôt, la gauche réunissait 61,6% des voix. Le net recul du PS (40,09% en 1981) et du PCF (21,49%) a surtout profité au FN, plusieurs points au-dessus de sa moyenne nationale de 9,65%, et qui n'avait pas de candidats dans le département en juin 1981. Malgré la perte d'un siège, le PS résiste mieux que le prévoyaient les pronostics. Par exemple, le dossier du Nouvel Observateur sur les 448 députés élus d'avance ne donnait au PS que deux sièges... De leur côté, les candidats du RPR et de l'UDF progressent peu en pourcentage par rapport à 1981 (35,6%). La primaire entre RPR et UDF a tourné à l'avantage du premier. En plus d'être dépassée par le FN, qui confirme la percée des élections précédentes (municipales de 1983 et européennes de 1984 entre autres), l'UDF a été affaiblie par la présence d'une liste dissidente menée par Jean-Jacques Pons (UDF-CDS), conseiller général de Montpellier VI, conseiller municipal de Montpellier, et proche du maire de Sète, Yves Marchand (UDF-CDS), rival du n°1 de la liste UDF officielle, Willy Dimeglio (UDF-PR, député de 1986 à 1997), conseiller général de Montpellier IV et conseiller municipal de Montpellier. Ce n'est peut-être pas un hasard si à Sète, la liste UDF arrive en cinquième position (PS : 25,21%, RPR : 22,45%, PCF : 20,67%, FN : 17,64%, UDF : 12,07%, UDF dissident : 1,37%). La liste officielle fait un meilleur score à Montpellier, où la liste du maire Georges Frêche est largement en tête (PS : 38,19%, RPR : 19,05%, FN : 18,18%, UDF : 14,63%, PCF : 5,90%, UDF dissident : 3,39%). En revanche, à Béziers, où la liste du maire Georges Fontès est arrivée en tête, le score est beaucoup moins bon (RPR : 30,90%, PS : 26,74%, FN : 15,99%, PCF : 14,83%, UDF : 8,65%, UDF dissident : 2,18%). Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PCF : Jacques Roux (candidat habituel du parti dans le département, professeur honoraire de médecine à Montpellier).
PS : Georges Frêche, Jean Lacombe, Alain Barrau (député de 1986 à 1993 puis de 1997 à 2002, maire de Béziers de 1989 à 1995).
RPR : Georges Fontès (
ancien socialiste passé dans les années 1970 au RPR et
franc-maçon notoire, maire de Béziers de 1983 à 1989, conseiller général de Béziers I depuis 1982, actuel doyen du conseil général).
UDF : Willy Dimeglio.
FN : Jean-Claude Martinez (qui a été exclu du FN en 2008 pour avoir constitué une liste dissidente aux européennes de 2009, mais aussi pour son opposition à la succession familiale chez les Le Pen).
La nomination de Georges Fontès comme secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants allait permettre au n°2 de la liste RPR, René Couveinhes (conseiller général de Montpellier III de 1973 à 1992, maire de La Grande-Motte de 1974 à 1993), ancien député UDR de 1968 à 1973 avant d'être battu par Georges Frêche, de revenir à l'Assemblée pour une dizaine d'années. En 1997, dans la 3e circonscription (Lunel), il fait les frais de la dissidence de Jean-Pierre Grand (maire de Castelnau-le-Lez et député de 2002 à 2012), et est battu dès le premier tour, laissant face à face au second tour la candidate du PS, Christine Lazerges, et le celui du FN. La première l'emporte. René Couveinhes se retire de la vie politique, et meurt en 2004.
Pour l'anecdote, signalons la présence sur la liste PS d'Hélène Mandroux-Colas, actuelle maire de Montpellier, en n°7 ; celle sur la liste RPR de Bernard Serrou, député de 1993 à 1997, alors conseiller municipal de Montpellier et conseiller général de Montpellier II (de 1982 à 1988), en n°3 ; celle sur la liste UDF de Marcel Roques (UDF-CDS), député de 1993 à 1997, alors conseiller général de Saint-Gervais-sur-Mare (de 1985 à 1993), maire de Bédarieux de 1977 à 1983, puis de Lamalou-les-Bains depuis 1983, en n°2 ; et celle sur la liste FN d'Alain Jamet, candidat habituel du parti dans le département, conseiller régional, en n°2.