"Obsession sexuelle", "potiches", "gadget" : des sénateurs de droite se sont défoulés, jeudi 17 janvier, contre le scrutin paritaire dans les départements prévu par un projet de loi examiné par le Sénat, provoquant une réaction scandalisée de sénatrices et un débat survolté.
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La droite UMP et centriste UDI-UC a vilipendé ce scrutin qui implique une division par deux du nombre de cantons et donc leur découpage. Les sénateurs communistes, qui souhaitent la proportionnelle, y sont également opposés, tandis que le RDSE (à majorité radicaux de gauche) est sceptique.
Je lis avec intérêt le débat au Sénat (en bas de l'
article du Monde) sur certains articles et je me fais certaines réflexions (souvent développées par les sénateurs) :
_ Pour ménager leurs alliés, le PS et l'UMP seront peut-être amenés à faire des tandems de candidats politiquement différents, mais unis électoralement le temps de la campagne, mais ensuite, rien ne les oblige à rester alliés dans l'hémicycle. Or, dans des assemblées moins nombreuses, le problème de la majorité pourrait se poser fréquemment pour le vote de certains textes (on le voit souvent au Sénat).
_ Les électeurs pourront aller voir successivement l'un des élus de leur canton redessiné puis aller voir le second si le premier ne donne pas satisfaction (mais au final, c'est l'ensemble de l'Assemblée qui décide). Il pourrait se trouver des cas, nombreux à mon avis, où le tandem sera composé d'un élu de dossiers et d'un autre plus proche de ses dossiers, avec les avantages et les inconvénients que cela comporte.
_ En cas de décès d'un des élus, que se passe t-il ? Une élection partielle avec seulement des candidats du sexe du défunt ? Un nouveau binôme élu (entraînant la démission du "survivant") ? La présence de suppléant (soit 4 noms sur les bulletins) ?
On peut noter que Jean-Louis Masson, sénateur DVD est favorable à la féminisation et qu'il votera probablement le texte alors que le groupe RDSE s'y oppose majoritairement.
Au final, même si ce mode de scrutin est un peu original, il présente l'avantage de la proximité et de la parité comme l'a souligné Didier Guillaume (PS) car deux départements n'ont aucune élue.
Après, je conçois très bien que la parité absolue ne soit pas une nécessité absolue, mais comment faire pour qu'il y ait plus de 20% de femmes élues (elles sont 13% aujourd'hui) ?
Le sénateur UMP Bruno Sido propose que ce mode de scrutin soit provisoire, le temps de laisser les femmes rentrer en masse dans les assemblées locales, puis de ne plus rendre la parité des tandems obligatoires. A voir si une dizaine d'années plus tard le pourcentage de femmes n'est pas redescendu sous le tiers.
La droite propose la proportionnelle en milieu urbain et le scrutin actuel en milieu rural. Problème : qui fixe la limite (c'est le prof d'histoire géo qui parle) avec le développement continuel de la périurbanisation ? De plus, comme l'a rappelé Manuel Valls, "on friserait l'inconstitutionnalité".
En conclusion, les problèmes principaux restent ceux du découpage et des attributions des départements (idem pour les communes et les régions...).