Exact Stephed. Et pour revenir une dernière fois sur le département de l'Aube, signalons pour l'anecdote que le futur sénateur Philippe Adnot,
qui a fait parler de lui pour son non soutien à Nicolas Sarkozy, était le n°3 de la liste RPR-UDF en 1986.
On continue le tour de la Champagne en s'arrêtant sur le département le plus peuplé, la Marne. En 1981, la gauche avait gagné deux des quatre sièges, avant de perdre l'un d'eux en 1982 lors d'une législative partielle. Le département gagne deux sièges avec le passage à la proportionnelle. Les 4 sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Georges Colin (PS, conseiller municipal de Reims), Jean Falala (RPR, conseiller général de Reims II de 1961 à 1988, maire de Reims de 1983 à 1999, député jusqu'en 2002, décédé en 2005), Bruno Bourg-Broc (RPR, élu lors d'une législative partielle en janvier 1982, conseiller général de Châlons-sur-Marne II de 1973 à 1988, maire de Châlons-en-Champagne, ex Châlons-sur-Marne, depuis 1995, député titulaire jusqu'en 2007, puis suppléant de Benoist Apparu de 2007 à 2012), Bernard Stasi (UDF-CDS, plusieurs fois ministre, président de la région Champagne-Ardenne de 1981 à 1988, maire d'Epernay de 1970 à 1977 et de 1983 à 2000, député jusqu'en 1993, décédé en 2011).
Tous les sortants se représentent. Le 16 mars, 8 listes se disputent les suffrages de 349 094 inscrits, dont 264 616 ont voté, et dont 253 106 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 1 833 voix, 0,72%, aucun siège
PCF : 26 982 voix, 10,66%, 1 siègePS : 72 370 voix, 28,59%, 2 siègesRPR : 70 931 voix, 28,02%, 2 siègesUDF : 39 410 voix, 15,57%, 1 siège1 liste DVD : 16 802 voix, 6,63%, aucun siège
FN : 22 636 voix, 8,94%, aucun siège
POE : 2 142 voix, 0,84%, aucun siège
Avec 50,2% des voix, la droite parlementaire est majoritaire sans l'appoint du FN, mais fait jeu égal avec la gauche parlementaire, pourtant sous les 40%, en sièges. S'il y avait eu une liste unique à droite, elle aurait pu avec 50,2% gagner quatre sièges, aux dépens du PCF, dont la liste est conduite par le conseiller général de Châlons-sur-Marne III et maire de Châlons-sur-Marne (de 1977 à 1995), Jean Reyssier. Ce dernier, dont l'élection à la plus forte moyenne était inattendue (et ce d'autant plus qu'il avait toujours échoué à se faire élire député au scrutin majoritaire) doit son siège à la division de la droite sur trois listes. La liste RPR fait le service minimum en faisant reconduire ses sortants, et le n°3 de la liste, l'ancien député Jean Bernard (conseiller général de Vitry-Ouest et maire de Vitry-le-François), battu en juin 1981, avant d'être le suppléant en janvier 1982 de Bruno Bourg-Broc, ne revient pas à l'Assemblée. La liste UDF n'atteint pas son principal objectif, l'élection du n°2 de la liste, Jean-Louis Schneiter (UDF-CDS), adjoint au maire de Reims, et maire de 1999 à 2008. La liste UDF a fait les frais de la concurrence de la liste DVD conduite par Pierre-Emmanuel Taittinger, fils de
Jean et conseiller général de Reims I (de 1985 à 1992), et aussi des tensions provoquées par le soutien de Bernard Stasi à Raymond Barre, et les positions du même Bernard Stasi sur la crise en Nouvelle-Calédonie (il pensait que la responsabilité des troubles ne se trouvait pas uniquement à gauche...). On voit donc à quel point la division de la droite a aidé non seulement le PCF, mais aussi le PS, qui gagne un siège de plus et assure ainsi le parachutage de la députée sortante parisienne Ghislaine Toutain, dont l'élection était prévue, contrairement à celle de Jean Reyssier. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PCF : Jean Reyssier.
PS : Georges Colin, Ghislaine Toutain.
RPR : Jean Falala, Bruno Bourg-Broc.
UDF : Bernard Stasi.
Bernard Stasi n'avait pas fini de faire les frais de ses prises de positions. Son soutien à la loi Evin n'est pas pour rien dans sa défaite en 1993 face à Philippe-Armand Martin, dans une région viticole comme la Champagne, sans oublier l'hostilité du FN, qui ne le trouvait pas assez français à son goût (puisqu'il avait des ancêtres espagnols et italiens par ses grands-parents), et surtout, ne lui pardonnait pas d'avoir écrit
L'immigration, une chance pour la France. Quant à Jean Reyssier et Ghislaine Toutain, ils n'allaient pas rester très longtemps à l'Assemblée. En juin 1988, ils affrontèrent Bruno Bourg-Broc dans la circonscription de Châlons-sur-Marne. Ghislaine Toutain fut devancée au premier tour par Jean Reyssier, mais ce dernier dut s'incliner au second tour, malgré les bons reports de voix. En revanche, le n°3 de la liste PS en 1986, Jean-Pierre Bouquet (conseiller général de Saint-Rémy-en-Bouzemont depuis 1979, maire de Vitry-le-François de 1989 à 2001 et depuis 2008), fut élu. En 1993, comme Georges Colin et d'autres socialistes, il fit les frais de la chute du PS, et fut battu par Charles de Courson, toujours présent à l'Assemblée. Et c'est depuis 1993 qu'il n'y a plus de député de gauche dans la Marne...