Maintenant, intéressons-nous à la région Centre. On commence avec l'un des deux départements berrichons, le Cher. En 1981, la gauche a gagné les trois sièges, alors qu'elle n'en avait aucun en 1978. Le département garde le même nombre de sièges. Les 3 députés sortant, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Jacques Rimbault (PCF, conseiller général de Bourges I, maire de Bourges de 1977 à sa mort en 1993), Jean Rousseau (PS, adjoint au maire de Vierzon, puis maire de Vierzon de 1990 à 2008), Berthe Fiévet (PS, maire de Dun-sur-Auron de 1983 à 1989).
A l'exception de Berthe Fiévet, les sortants se représentent. Le 16 mars, 9 listes se disputent les suffrages de 224 001 inscrits, dont 176 297 ont voté et 167 367 ont exprimé un vote. Les résultats sont les suivants :
2 listes d'extrême gauche : 3 383 voix, 2,02%, aucun siège
PCF : 41 393 voix, 24,73%, 1 siègePS : 39 760 voix, 23,75%, 1 siègeRPR-UDF : 64 676 voix, 38,64%, 1 siège 3 listes DVD : 7 137 voix, 4,26%, aucun siège
FN : 11 018 voix, 6,58%, aucun siège
Avec 48,6%, la gauche de gouvernement dépasse nettement la droite de gouvernement (42,9%). Et surtout, on remarque que le PCF devance le PS au sein de la gauche, et le Cher est, avec la Réunion, le seul département où ce cas de figure se produit. Cinq ans plus tôt, le PS était en tête (25,53% pour le PCF, 30,30% pour le PS). Pour mémoire, rappelons que pendant la campagne de 1986, beaucoup de pronostics donnaient un siège au PS et deux sièges à la liste RPR-UDF, et donc, voyaient la défaite du maire de Bourges, dont la popularité (qui allait bien au-delà du PCF et de la gauche) dans le département avait manifestement été sous-estimée. Si la liste de Jacques Rimbault est dépassée par celle du RPR et de l'UDF à Bourges (39,79% pour la liste RPR-UDF, 32,87% pour le PCF, 17,67% pour le PS), elle arrive en tête à Vierzon (32,16% pour le PCF, 28,07% pour la liste RPR-UDF, 25,43% pour le PS), dont le maire,
feu Fernand Micouraud (père de Jean-Claude, éphémère maire de Montluçon), était le n°3 de sa liste. Je profite de l'occasion pour rappeler que Jean Rousseau, n°2 de la liste PS, devait succéder à Fernand Micouraud à la mairie de Vierzon dans des circonstances assez particulières, qui conduisirent à son exclusion du PS et à sa rupture avec la gauche... Quant au FN (dont la tête de liste, Jean d'Ogny, fut candidat aux municipales à Bourges en 1989 et 1995), il fait un score inférieur à sa moyenne nationale. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PCF : Jacques Rimbault.
PS : Alain Calmat (champion olympique de patinage artistique devenu chirurgien à l'hôpital de Montfermeil, alors ministre délégué à la Jeunesse et aux Sports dans le gouvernement Fabius, parachuté dans le Cher).
RPR-UDF : Jean-François Deniau (UDF-PR, frère de Xavier, ancien commissaire européen, ancien ministre sous Giscard, battu en 1981 par Jacques Rimbault, président du conseil général du Cher de 1981 à 1998).
Alain Calmat ne devait pas rester longtemps dans le Berry. Après sa défaite aux législatives de 1993 face à Serge Lepeltier (maire de Bourges depuis 1995), il devait retourner dans le 93, où il a été élu maire de Livry-Gargan depuis 1995, et député de 1997 à 2002. Pour l'anecdote, signalons sur la liste PCF la présence en n°2 de Jean-Claude Sandrier, maire de Bourges de 1993 à 1995, député de 1997 à 2012. Et sur la liste RPR-UDF, respectivement en n°2 et n°4, figurent les futurs parlementaires Serge Vinçon (RPR, qui succède en 1983 à la mairie de Saint-Amand-Montrond à Maurice Papon, qui était son suppléant en 1981, sénateur de 1989 à sa mort en 2007) et Yves Fromion (RPR, député depuis 1997).