L'élection présidentielle de 2012 aux USA

[ligerien]

Un autre exemple du décalage parti républicain-électorat a été mis en évidence en 2010 en alaska, l'état n'applique pas la peine de mort depuis 1957 et l'électorat n'y est pas favorable (y compris les républicains), la parti républicain envoya en 2010 un membre du tea-party qui fit campagne pour la peine de mort, résultat c'est une candidate républicaine dissidente modérée qui l'a battu dans l'élection en tant que write-in candidate c'est à dire que les électeurs ont écrit son nom sur les bulletins pour voter pour elle.

D'autant plus méritoire qu'elle s'appelle Lisa Murkowski.

[MiniM]

À sa décharge, elle était la sortante (elle avait perdu sa primaire) et son père Frank est un ancien gouverneur.
Ses publicités à la télé insistaient aussi sur comment écrire correctement son patronyme.

[pierrot]

Effectivement, pour obtenir des suffrages manuscrits, il vaut mieux s'appeler Ron Paul que Lisa Murkowski ou Bush qu'Eisenhower.. Un manque d'équité face au suffrage qui a déjà été soulevé devant les cours suprêmes de certains États.

Sans vouloir minimiser le mérite de la sénatrice Murkowski , il faut tout de même préciser qu'elle était sortante et qu'elle a avait été battue de peu lors de la primaire :
Joe Miller 55 878 voix 50.91% (avec le soutien du tea-party et de Sarah Palin)
Lisa Murkowski 53 872 voix 49.09%
On ne peut donc pas dire que le G.O.P a imposé un candidat du tea-party, mais plutôt qu'une petite majorité de la base républicaine l'a choisi.

La sortante a pris le dessus lors de l’élection finale en ratissant dans l’électorat féminin et l’électorat démocrate les votes hostiles à l'utra-conservateur :
Lisa Murkowski (Ind.) 101 091 voix 39.06%
Joe Miller (Rep.) 90 839 voix 35.11%
Scott McAdams (Dem.) 60 045 voix 23.21%

Mauvais perdant Joe Miller avait demandé un recompte en espérant justement contester les approximations orthographiques dans le patronyme de son adversaire indépendante dont la famille paternelle est d'origine polonaise.

[vudeloin]

Ou sont passés le Nouveau Mexique et le Texas dans les états les plus hispanisés ?

Une juste remarque, Manu, mais bon, c'était trop facile, si l'on peut dire...

Bref, si on regarde le Nouveau Mexique où la moitié de la population ou presque est hispanique, on a vu la population concernée passer d'environ 765 000 à 953 000 personnes, soit 188 000 de plus (un quart).

Il convient de savoir que la population de l'Etat a augmenté de 240 000 personnes entre les deux recensements 2000 et 2010, ce qui veut dire que 80 % de la progression démographique du New Mexico sont dus à la seule population hispanique.

En 2000, Gore y est en tête avec 286 783 voix, devançant de fort peu Bush Jr, pourvu de 286 417 voix, soit un écart considérable de 366 voix sur l'ensemble de ce vaste Etat.

En 2012, Obama l'emporte avec 408 312 voix (il a donc gagné plus de 120 000 voix) et Romney se retrouve avec 331 915 suffrages (une hausse de 45 000 votes).

Juste le produit de la hausse du vote latino ?

Allons au Texas, maintenant.

L'Etat qui votait démocrate jusqu'à Johnson en 1968 et qui a cessé de le faire, du fait de l'ouverture des droits civiques aux Noirs, est passé entre 2000 et 2010 de 20,85 à 25,15 millions d'habitants, gagnant au total près de 4,3 millions de résidents.

Les Hispaniques, dans ce lot, sont passés de 6,67 à 9,46 millions, progressant de fait de près de 2,8 millions de résidents, soit les deux tiers ou peu s'en faut de la progression démographique du Texas.

En 2000, Bush Jr était en tête au Texas en rassemblant 3 799 639 suffrages, loin devant Gore, 2 433 746 voix (écart de 1,365,893 voix).

En 2012, avant confirmation par la commission fédérale électorale, Romney l'emporte avec 4 555 799 voix (gain de 756,860 voix) et Obama atteint 3 294 440 voix (gain de 850,694 voix).

L'écart s'est donc relativement réduit d'environ une centaine de milliers de suffrages en douze ans.

Il ne semble donc pas qu'il y ait un lien tout à fait automatique et linéaire entre présence d'une population hispanique et vote Obama.

Au demeurant, la hausse de la population hispanisante aux Etats Unis est générale et touche tous les Etats.

Dans plusieurs Etats (Illinois, Louisiane, Michigan, New Jersey, New York, Rhode Island), l'expansion démographique latino est supérieure au mouvement, même négatif (cas du Michigan frappé de plein fouet par la crise de l'automobile et de fait la chute de sa population), de la population de l'Etat.

L'autre élément clé est évidemment l'origine de la population hispanique.

L'élément principal est bien entendu l'élément chicano, mojado ou Wetback, selon le point de vue où l'on se place.

On comptait 20,64 millions de Mexicains d'origine et/ou nationalité en 2000, ils sont maintenant près de 31,8 millions, soit 63 % de la population concernée.

Les Portoricains ne sont pas en reste avec 4,62 millions au lieu de 3,4 millions, soit plus de 9 % de la population hispanique.

La population cubaine ou d'origine cubaine ne bouge guère avec un peu moins d'1,8 million de personnes, soit 3,5 % (en hausse d'environ 500 000 en dix ans).

On compte par contre 12,27 millions de Latinos d'autres pays, la hausse étant assez sensible sur 2000 avec plus de deux millions de personnes en plus.

Les populations les plus dynamiques sont celles venues de la République Dominicaine, qui sont quasiment deux fois plus nombreuses qu'en 2000 (1,414,703 au lieu de 764,945), du Guatemala (passées de 372,487 à 1,044,209), du Salvador (désormais presque aussi nombreux que les Cubains à 1,648,968).

A noter aussi que si les Colombiens ont quasiment doublé leur nombre aux USA ( ils sont plus de 900 000 désormais), suivis de près par les Péruviens (530 000) et les Equatoriens (560 000), le nombre des Espagnols vivant aux USA s'est spectaculairement accru, passant en dix ans de 100 000 environ à plus de 635 000.

Comme quoi la crise...

[manudu83]

Concernant les noms la cour supreme d'Alaska accepte les fautes d'orthographe sur les write-in si la volonté de l'électeur est claire

Voter intent is paramount, and any misspelling, abbreviation, or other minor variation in the form of the candidate’s name on a Write-In ballot does not invalidate a ballot so long as the intention of the voter can be ascertained

Concernant le soutien du parti républicain, le parti ne leva pas de fond pour Murkowski pendant la primaire, alors que la campagne de Miller était soutenu par le tea-party et d'autres éléments du GOP.

Bref, si on regarde le Nouveau Mexique où la moitié de la population ou presque est hispanique, on a vu la population concernée passer d'environ 765 000 à 953 000 personnes, soit 188 000 de plus (un quart).

Il convient de savoir que la population de l'Etat a augmenté de 240 000 personnes entre les deux recensements 2000 et 2010, ce qui veut dire que 80 % de la progression démographique du New Mexico sont dus à la seule population hispanique.

En 2000, Gore y est en tête avec 286 783 voix, devançant de fort peu Bush Jr, pourvu de 286 417 voix, soit un écart considérable de 366 voix sur l'ensemble de ce vaste Etat.

En 2012, Obama l'emporte avec 408 312 voix (il a donc gagné plus de 120 000 voix) et Romney se retrouve avec 331 915 suffrages (une hausse de 45 000 votes).

Juste le produit de la hausse du vote latino ?

l'explication par la simple arythmétique du vote hispanique permet de prédire environ 80OOO voix de plus mais Bush mordait dans l'électorat hispanique ce que n'a pas été capable de faire Romney

[pierrot]

Je termine mon tout d’horizon des petits candidats avec les deux derniers à dépasser les 30 000 voix.

Rocky Anderson l'ancien maire de Salt Lake City représentait le Parti de la Justice. Présent dans un quinzaine d’États, ses 38 000 voix à l’échelle nationale apparaissent presque décevantes. Il probablement souffert de la concurrence Romney dans le vote Mormon. De même que sont décevants sa 7ème place derrière Roseanne Barr et un résultat global 3 fois inférieur par exemple à celui d'un Vigil Goode, car clairement la meilleure représentation de ce dernier sur les bulletins de vote des États ne suffit pas à expliquer un écart de 1 pour 3.
Comme prévu, Anderson atteint son meilleur dans l'Utah avec 0,5%. Dans "son" Comté de Salt Lake il empoche 2 859 voix soit 0,8%. Il ne dépasse le point symbolique que dans le "petit" Grand County frontalier du Colorado avec 74 voix sur moins de 4 000 votants (1,9%). Il n'atteint le 1 % dans aucun autre Comté du pays !
Dans le Connecticut, le Vermont et l'Idaho il arrache un modeste 0,4% cependant supérieur à son score partout ailleurs.
A noter qu'en Floride, état le plus peuplé où il apparaissait sur les bulletins électoraux, il ne récolte que 1 753 petites voix (0.0%).

Enfin, le 8ème de la course fut Tom Hoefling de l'American Independent Party.
Inscrit sur le bulletin de vote dans les 3 mêmes États que Roseanne Barr, il obtient presque 32 000 voix dont plus de 30 000 en Californie ! (0,3%) Au Colorado et en Floride il a végété avec respectivement 632 et 944 votes.
Son meilleur pourcentage : 0,9% dans le Comté de Téhama (148 voix). Et bien entendu son plus grand nombre de voix a été obtenu dans l'immense Comté de Los Angeles : 7 573 soit 0,3%.

[pierrot]

Concernant les noms la cour supreme d'Alaska accepte les fautes d'orthographe sur les write-in si la volonté de l'électeur est claire

Voter intent is paramount, and any misspelling, abbreviation, or other minor variation in the form of the candidate’s name on a Write-In ballot does not invalidate a ballot so long as the intention of the voter can be ascertained

Les recours de Joe Miller ont aussi porté sur cette interprétation des juges, car les textes régissant le vote en Alsaka ne leur laissait pas une telle latitude :

A vote for a write-in candidate, other than a write-in vote for governor and lieutenant governor, shall be counted if the oval is filled in for that candidate and if the name, as it appears on the write-in declaration of candidacy, of the candidate or the last name of the candidate is written in the space provided.
[...] The rules set out in this section are mandatory and there are no exceptions to them. A ballot may not be counted unless marked in compliance with these rules.

Cependant, au final, il n'a pu contester que 8 000 bulletins alors que l'avance de la sortante était de 10 000.

[manudu83]

la cour a suivie une autre partie du code d'Alaska "Any abbreviation, misspelling, or other minor variation in the form of the name of a candidate or political party will be disregarded in determining the validity of the ballot, if the intention of the voter can be ascertained."

[guillaume7]

Finalement je me demande si George W Bush n'était pas un président plus consensuel qu'on ne le pensait. Outre qu'il parlait parfaitement l'espagnol, il a beaucoup fait pour promouvoir les minorités aux Etats-Unis que ce soit Condoleezza rice, et Colin Powell (chacun à la diplomatie) pour les afros-américains, Alberto Gonzalez (à la justice), Carlos Gutierrez (au Commerce).

Il a notamment essayé de promouvoir le chemin vers la citoyenneté pour les immigrés latinos mais s'est heurté à la fronde de son parti.

Peut-être était-il moins à droite que Mitt Romney et surtout Rick Santorum !!!

[manudu83]

Effectivement G.W. Bush avait une image beaucoup consensuelle en particulier dans l'électorat hispanique qu'il ne perdit que 45-55 en 2004, performance plus qu'honorable pour un républicain. D'ailleurs je reprends mes calculs sur le Nouveau-Mexique :

On va admettre plusieurs postulat
- le glissement de l'électorat hispanique à cause du durcissement de ton du parti républicain
de 65-35 Gore 2000 à 71-29 Obama 2012 (valeur des sondages nationaux)
- la stabilité de l'électorat non hispanique 60-40 en faveur des républicains

En 2012 l'électorat hispanique = 47,6 %
En 2000 l'électorat hispanique = 43,5 %

Résultats de 2000
249000 latinos en 2000 = 161000 - 68000
323000 blancs en 2000 = 129000 - 193000
Soit 290000 Gore – 281000 Bush résultats à 1 % de la réalité

Résultats de 2012
351000 latinos en 2012 = 249000 – 102000
388000 blancs en 2012 = 155000 – 233000
soit Obama 404000 – Romney 335000 résultats à 1 % de la réalité

Pour gagner le Nouveau Mexique 370000 voix sont nécessaires
Romney aurait eu besoin de 370000-233000 : 137000 votes latinos
Soit 40 % en faveur du candidat Republicain
En 2004 Bush a obtenu 45 % du vote latino, donc le nouveau mexique est encore un swing state potentiel pour les républicains à la condition de reprendre pied dans l'électorat hispanique.