Elections législatives de 1986

[Pullo]

(On notera que le successeur de Maurice Adevah-Poeuf en 2002 (qui sera député de la 5ème circonscription de 1988 à 1993 et de 1997 à 2002) n'est autre que André Chassaigne.)

André Chassaigne, avant d'être élu député, était le candidat habituel du PCF aux législatives dans la circonscription de Thiers depuis... 1978. Comme quoi la persévérance paie...

[Jean-Philippe]

En Dordogne, si je compte bien, le PC aurait obtenu un siège avec 148 voix de plus. Quelqu'un peut-il confirmer ?

[Zimmer]

Avec VGE à sa tête, la liste RPR-UDF gagne 8 points par rapport à l'ensemble des candidats de droite en 1981 (39,25%) et fait nettement reculer le PS (46,91% en 1981). Celui-ci, bien que profondément divisé dans le 63 (ce qui explique que le maire de Clermont-Ferrand et ex ministre du Logement Roger Quilliot ait pris la tête de liste pour faire apaiser la fédération), a réussi à limiter la casse en ne perdant qu'un siège.

La candidature de Roger Quilliot s'expliquait aussi par le fait que le PS souhaitait présenter une personnalité de poids comme tête de liste face à Valéry Giscard d'Estaing. La même chose s'était produite en Seine-Maritime où Jean Lecanuet, également sénateur et qui était par ailleurs président de l'UDF, était "retourné au charbon", pour la droite, face à Laurent Fabius, alors premier ministre. Elu député, Jean Lecanuet avait lui aussi fait son retour au Sénat six mois plus tard.

Toujours dans le Puy-de-Dôme, on peut rappeler qu'un certain nombre de communistes de ce département avaient émis le souhait que Pierre Juquin, ancien député de l'Essonne mais aussi natif de Clermont-Ferrand et chef de file de la contestation au sein du PCF, prenne la tête de la liste de ce parti, ce qui avait été refusé par la "Place du Colonel-Fabien". Dans la suite du 25ème congrès du PCF qui s'était tenu en février 1985, la fédération communiste du Puy-de-Dôme était en effet l'une des fédérations à la pointe de la fronde contre la ligne politique suivie par la direction du parti. On se souviendra qu'à la fin de l'année 1987, après avoir annoncé sa candidature à l'élection présidentielle de 1988 alors qu'André Lajoinie avait déjà été officiellement désigné comme candidat à cette élection, Pierre Juquin s'était fait exclure du PCF.

[ploumploum]

On s'occupe de l'Aquitaine que j'avais oublié en route. On commence par la Dordogne. En 1981, la gauche, comme dans beaucoup de départements du sud-ouest, y a fait le grand chelem, en gagnant les 4 sièges en jeu. Le département envoie le même nombre d'élus à l'Assemblée en 1986. Les 4 sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Christian Défarge (PS, conseiller général de Neuvic, suppléant de Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères depuis 1984), Michel Suchod (PS, conseiller général de Lalinde, dont le parcours par la suite sera très compliqué), Alain Bonnet (MRG, fils de Georges et maire de Brantôme), Lucien Dutard (PCF, maire de Boulazac).

Les sortants se représentent. Les 16 mars, 6 listes se disputent les suffrages de 301 504 inscrits, dont 239 353 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 1 442 voix, 0,60%, aucun siège
PCF : 38 983 voix, 16,28%, aucun siège
PS : 78 258 voix, 32,69%, 2 sièges
RPR-UDF : 103 503 voix, 43,24%, 2 sièges
1 liste DVD : 2 344 voix, 0,97%, aucun siège
FN : 13 823 voix, 5,77%, aucun siège

Lucien Dutard connaît une cruelle déconvenue en ne retrouvant pas son siège. Sa liste fait un score nettement supérieur à la moyenne nationale du PCF (9,78%), mais pas assez bon pour obtenir un siège au quotient ou à la plus forte moyenne, ce qui permet à Alain Bonnet de sauver son siège. De son côté, la droite de gouvernement, avec plus de 44%, progresse nettement par rapport à 1981 (37%) et fait passer la gauche de gouvernement sous les 50% (49,9%). Le FN, comme dans beaucoup de départements du sud-ouest, fait un score nettement inférieur à sa moyenne nationale (9,65%). Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Roland Dumas, Alain Bonnet.
RPR-UDF : Yves Guéna (RPR, maire de Périgueux, député battu en 1981, plusieurs fois ministre, et successeur de Roland Dumas à la présidence du Conseil constitutionnel), Elie Marty (UDF-PR, maire de Saint-Aubin-de-Cadelech).

En totalisant les voix, je tombe sur 238353, soit une différence de 1000 voix par rapport au chiffre que tu donnes, Pullo.
Y a t-il une erreur ?

Yves Guéna ne retrouvera pas le Palais Bourbon en 1988. Néanmoins, il se consolera en se faisant élire sénateur de la Dordogne en 1989.

Lucien Dutard quitte ainsi définitivement l'Assemblée Nationale, 41 ans après sa première élection. Membre des Constituantes en 1945 et 1946, élu sous la 1ère législature de la Quatrième, il redevint député en 1973 après une absence de 22 ans.

[pierrot]

En Dordogne, si je compte bien, le PC aurait obtenu un siège avec 148 voix de plus. Quelqu'un peut-il confirmer ?

Effectivement le PS a obtenu le 4ème siège à la plus forte moyenne car il obtient plus du doubles des voix de la liste PCF.

Si mon coin de table est fiable, iI me semble même que 147 voix de plus (soit 39130) étaient suffisantes pour obtenir le siège.

On peut faire le calcul autrement en considérant que si 98 électeurs PS avaient choisi le PCF (porosité qui est loin d’être improbable dans certains cantons du Périgord ) et que toute chose soit égale par ailleurs, le 4ème siège était communiste.

[Pullo]

@ploumploum
J'ai recalculé, et j'ai toujours 239 353 exprimés dans la Dordogne.

[vudeloin]

(On notera que le successeur de Maurice Adevah-Poeuf en 2002 (qui sera député de la 5ème circonscription de 1988 à 1993 et de 1997 à 2002) n'est autre que André Chassaigne.)

André Chassaigne, avant d'être élu député, était le candidat habituel du PCF aux législatives dans la circonscription de Thiers depuis... 1978. Comme quoi la persévérance paie...

Au fil du temps, il a gagné la mairie puis le siège de conseiller général de Saint Amant Roche Savine, dans un pays ambertois qui n'avait pourtant jamais été un bastion du communisme, ce qui n'est pas le cas du bassin thiernois et de ses ouvriers couteliers...

[Pullo]

Toujours en Aquitaine, on se penche sur la Gironde, où la gauche en 1981 avait gagné 8 des 10 circonscriptions. Avec l'intrioduction de la proportionnelle, le département gagne un siège. Les 10 sortants, dans l'ordre du numéro de circonscription, sont les suivants :
Jean Valleix (RPR, maire du Bouscat), JacquesChaban-Delmas (RPR, maire de Bordeaux, ancien Premier ministre et ancien Président de l'Assemblée), Marcel Join (PS, suppléant de Catherine Lalumière, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes et cosignataire des accords de Schengen) Pierre Garmendia (PS, maire de Floirac de 1983 à 2001, ancien suppléant de Philippe Madrelle, sénateur et président du conseil général de Gironde), Raymond Julien (MRG, éphémère conseiller général de Blanquefort), Michel Sainte-Marie (PS, maire de Mérignac, député jusqu'en juin 2012), Kleber Haye (PS), Pierre Lagorce (PS, maire de Langon), Gilbert Mitterrand (PS, fils de François, maire de Libourne de 1989 à 2011),Bernard Madrelle (PS, frère de Philippe, maire de Saint-Seurin-de-Cursac jusqu'en 1989, puis de Blaye jusqu'en 2008).

Tous les sortants se sont représentés. Le 16 mars, 9 listes se disputent les suffrages de 763 802 inscrits, dont 575 683 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
3 listes d'extrême gauche : 11 550 voix, 2,00%, aucun siège
PCF : 44 097 voix, 7,65%, 1 siège
PS : 210 883 voix, 36,63%, 4 sièges
1 liste DVG : 10 019 voix, 1,74%, aucun siège
RPR-UDF : 248 198 voix, 43,11%, 5 sièges
FN : 45 744 voix, 7,94%, 1 siège
FN dissident : 5 192 voix, 0,90%

En 1981, la gauche de gouvernement frôlait les 60% des voix en Gironde en 1981 (12,13% pour le PCF, 47,29% pour le PS et le MRG). Cinq ans plus tard, elle atteint tout juste les 46%, alors que la droite est majoritaire avec le FN. Cependant, il semble que la gauche limite la casse, malgré le fait que Chaban-Delmas soit à la tête de la liste RPR-UDF, et que la désignation de Catherine Lalumière comme tête de liste du PS ait provoqué beaucoup de tensions dans la fédération locale. Quant à Chaban-Delmas, il semble qu'à l'époque le score de sa liste a déçu à droite, car on espérait qu'elle gagne 6 sièges sur 11. Certains ont reproché à l'ex Premier ministre d'avoir mené une campagne trop molle contre la gauche en général et François Mitterrand en particulier, qu'il avait croisé dans certains gouvernements de la IVe République. A noter, un cas assez rare pour être signalé : la présence d'une liste FN dissidente, intitulée Liste Front d'opposition national pour la préférence nationale, avec Bernard Michelet et Pierrette Le Pen, qui n'a pas empêché la liste officielle d'avoir un siège. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PCF : Michel Peyret (élu conseiller régional au même moment).
PS : Catherine Lalumière, Michel Sainte-Marie, Pierre Garmendia, Gilbert Mitterrand.
RPR-UDF : Jacques Chaban-Delmas, Jean Valleix, Gérard César (RPR, maire de Rauzan, suppléant de Robert Boulin, député battu en 1981 par Gilbert Mitterrand, sénateur depuis 1990), Aymar Achille-Fould (UDF-CDS, maire de Saint-Laurent-Médoc, député de 1962 à 1973, secrétaire d'Etat dans les gouvernements Messmer et Chirac), Robert Cazalet (UDF-PR, récemment décédé).
FN : Pierre Sirgue (qui réussira à mettre Chaban-Delmas en ballottage en 1993...).

Une fois la victoire de la droite acquise, Chaban-Delmas revient une dernère fois au perchoir. Quant à Aymar Achile-Fould, il ne profite pas longtemps de son retour à l'Assemblée, puisqu'il meurt dès avril 1986.

[Zimmer]

Pierre Garmendia (PS, maire de Floirac de 1993 à 2001, suppléant de Catherine Lalumière, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes et cosignataire des accords de Schengen)

Le suppléant de Catherine Lalumière en 1981 était Marcel Join. Pierre Garmendia, maire de Floirac à partir de 1983 (et non 1993), a été élu député de la 4ème circonscription de la Gironde pour la première fois en novembre 1980, en remplacement de Philippe Madrelle élu sénateur.

[Pullo]

Merci d'avoir signalé l'erreur Zimmer. Pressé de poster, j'avais oublié de me relire...

Toujours en Aquitaine, cette fois dans les Landes. La gauche y a gagné en 1981 les trois sièges en jeu, dont deux dès le premier tour. Le département élit le même nombre de députés. Les 3 députés sortants, dans l'ordre de numéro de circonscription, sont les suivants :
Roger Duroure (PS, éphémère conseiller général de Mimizan), Jean-Pierre Pénicaut (PS, maire de Saint-Paul-lès-Dax), Robert Cabé (PS, suppléant d'Henri Emmanuelli, président du conseil général des Landes, alors secrétaire d'Etat chargé du Budget et de la Consommation).

Le 16 mars, 7 listes se disputent les suffrages de 231 693 inscrits, dont 182 275 ont exprimé leur vote. Les résultats sont les suivants :
1 liste d'extrême gauche : 972 voix, 0,53%, aucun siège
PCF : 14 652 voix, 8,03%, aucun siège
PS : 78 106 voix, 42,79%, 2 sièges
MRG : 7 386 voix, 4,05%, aucun siège
RPR-UDF : 71 885 voix, 39,43%, 1 siège
1 liste DVD : 0 voix, 0%, aucun siège
FN : 9 274 voix, 5,08%, aucun siège

Avec 54,8%, la gauche parlementaire est majoritaire dans les Landes, mais sous la barre des 60% qu'elle avait franchie en 1981 (11,76% pour le PCF, 50,38% pour le PS). La droite parlementaire n'ayant pas beaucoup progressé par rapport à 1981 (36,55%), le recul de la gauche est à mettre sur le compte du FN. Cependant, le PS, en ne perdant qu'un siège, limite la casse, surtout si on tient compte de la présence de la liste du MRG conduite par Alain Dutoya (maire d'Hagetmau), qui peut paraître surprenante puisque le parti radical de gauche n'avait pas présenté de candidats en 1981, alors qu'il l'avait fait en 1978. Les heureux élus, dans l'ordre de placement sur la liste, sont les suivants :
PS : Henri Emmanuelli, Jean-Pierre Pénicaut.
RPR-UDF : Louis Lauga (RPR, syndicaliste agricole, qui reviendra à l'Assemblée entre 1993 et 1997).

Pour l'anecdote, signalons la présence de l'actuel ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, alors conseiller général de Mont-de-Marsan-Sud et conseiller municipal de Saint-Pierre-du-Mont, en 3e position sur la liste PS.