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Elections législatives de 1968

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Re: Elections législatives de 1968

Messagede vudeloin » Dim 28 Oct 2012 13:07

Dans le message du 17 octobre relatif aux élections serrées (et de fait, sans lendemain pour les vainqueurs), j'avais glissé une erreur tout à fait volontaire...

Que voulez vous, je suis un peu joueur...

Toujours est il qu'Hubert Ruffe n'était pas député du Villeneuvois, comme on aurait pu avoir tendance à le penser à la description du siège dont il fut, pour quelques centaines de voix, privé dans le Lot et Garonne.
Hubert Ruffe était même l'élu (il le redevint en 1973) de Marmande, sa circonscription d'élection comprenant les cantons de Bouglon, Casteljaloux, Damazan, Duras, Houeillès, Lauzun, Marmande, Mas d'Agenais, Meilhan sur Garonne, Seyches et Tonneins.

C'est en effet dans cette circonscription gasconne (Lauzun, Casteljaloux..) entre petits paysans producteurs de fruits et légumes et vignerons, entre gemmeurs landais et ouvriers du tabac qu'Hubert Ruffe fut élu.

Et non pas chez les planteurs de pruniers d'ente et les métallurgistes du Villeneuvois (même si cela aurait pu avoir un sens).

Hubert Ruffe, d'une certaine manière, précisons le, prenait la suite de l'un des premiers députés communistes du monde rural, à savoir Renaud Jean, qui fut élu député de Marmande dès les années 20, en étant élu local du canton de Mas d'Agenais et de la commune de Samazan pendant de longues années, y compris après la Libération.

Pour en revenir au sujet des élections serrées, allons maintenant dans le Rhône.

Il y eut là une élection complexe dans la sixième circonscription où le maire communiste de Vénissieux, Marcel Houel, fut élu avec 36 131 voix contre … 36 126 voix à son adversaire UDR.

Une majorité de 5 voix et un pourcentage de 50,003 % qui ne sera cependant pas remis en question, sur une circonscription couvrant le canton de Villeurbanne, conçu alors comme englobant aussi Vénissieux ou Vaulx en Velin.

Autre élection incertaine dans la Haute Saône avec la seconde circonscription, structurée notamment autour de Luxeuil les Bains et du pays Luron, où les joyeux habitants élurent cette fois Jean Jacques Beucler (qui résistera au retour de vague de 1973), avec 28 794 voix contre 28 363 au candidat radical, présenté par la FGDS, Jacques Maroselli.

Majorité donc de 431 voix et pourcentage de 50,38 % pour l'ancien d'Indochine qui sera un temps, plus tard, membre d'un gouvernement Giscard d'Estaing.

Fils de général en poste en Allemagne après l'armistice de novembre 1918, militaire lui même, prisonnier, au terme de la Guerre d'Indochine, des troupes vietnamiennes, Jean Jacques Beucler, devenu par la suite chef d'entreprise, sera élu sous l'étiquette non inscrit avant de se rapprocher du centre, du Mouvement réformateur en 1973 puis de l'UDF.
Ce qui fera de lui, un temps, un secrétaire d'Etat à la Défense dans un des gouvernements Barre.

Allons en Seine Maritime désormais avec deux élections serrées.

La première concernait la troisième circonscription du département, structurée autour de Sotteville les Rouen, Saint Etienne du Rouvray et trois cantons de Rouen (Rouen I, III et VI).

Le vainqueur ? Un ancien cheminot communiste nommé Roland Leroy, pourvu du soutien de 25 463 électeurs, et devançant le candidat RI, celui ci n'ayant obtenu que 24 693 voix, soit une majorité de 770 voix et un pourcentage de 50,77 %, dont on peut penser qu'il devait beaucoup au vote des quartiers populaires de Rouen compris sur le siège et des deux villes cheminotes de Sotteville et Saint Etienne.

La seconde portait sur la neuvième circonscription, autour de Dieppe et d'une partie du pays de Caux (cantons d'Eu, Offranville, Longueville sur Scie, Envermeu).

Le vainqueur ? Raymond Offroy, député sortant réélu avec 23 673 voix contre 22 929 au candidat de la FGDS parvenu contre lui au second tour.

Une majorité de 744 voix et un pourcentage de 50,80 % qui sera très proche de celui observé cinq ans plus tard (52,1 %) pour la nouvelle élection de Raymond Offroy et de celui atteint par le communiste Irénée Bourgeois, maire de Dieppe, en 1978 (849 voix d'avance sur plus de 60 000 exprimés alors).

Un résultat somme toute logique dans cette circonscription mixte...

Autre situation serrée en 1968, dans le département de la Somme.

Avec la première circonscription, celle d'Amiens.

Et la victoire du cheminot communiste René Lamps, élu avec 30 099 voix contre 29 647 à son adversaire UDR, soit une majorité de 452 voix et un pourcentage de 50,38 %.

Allons ensuite tout au Sud, dans la seconde circonscription du Vaucluse, où l'UDR Georges Santoni fut élu avec 25 044 voix contre 24 116 au candidat DVG présenté face à lui.

Soit une majorité de 928 voix et un pourcentage de 50,94 %.

Pharmacien et maire d'Apt, Georges Santoni ne sera pas réélu en 1973, ayant entre temps perdu sa mairie.

Enfin, élection serrée dans la deuxième circonscription de Haute Vienne, où le communiste Marcel Rigout (futur Ministre de la formation professionnelle en 1981) fut battu en ne recueillant que 25 554 voix contre 26 321 à Jacques Boutard, député socialiste de 1962 à 1967, battu par Marcel Rigout en 1967, et devenu candidat soutenu par le parti centriste Progrès et Démocratie Moderne.

Le maire de Saint Yrieix La Perche eût donc une majorité de 767 voix et un pourcentage de 50,74 %.

Cela ne durera qu'une législature...

Il nous reste quatre élections serrées, en Ile de France.

D'une part, le siège de la septième circonscription de Seine Saint Denis , constitué par Montreuil et Rosny sous Bois (alors gérée par la droite) et qui revient au communiste Louis Odru, vainqueur avec 24 776 voix contre 23 914 voix, soit une majorité de 858 voix et un pourcentage de 50,88 %.

Enfin, trois circonscriptions parisiennes.

Avec un duel gauche droite dans l'une des circonscriptions du 13e arrondissement, avec les quartiers Salpêtrière et de la Gare, où l'UDR Henri Modiano fut élu avec 13 731 voix, contre 13 630 pour le progressiste, ancien Ministre du Front Populaire, Pierre Cot.

Une majorité de 101 voix et un pourcentage de 50,18 %, dont le vainqueur ne profitera que pour un mandat, étant battu en 1973 par la communiste Gisèle Moreau.

Et deux circonscriptions en duel à droite.

D'abord la cinquième circonscription de Paris, c'est à dire le 7e arrondissement, où l'UDR Michel Caldaguès (qui est récemment décédé) vint disputer le siège aux centristes et aux indépendants et battit le PDM Bertrand Motte, lié aux milieux du textile nordiste.

18 816 voix pour Caldaguès contre 18 067 pour Motte, soit une majorité de 749 voix et un pourcentage de 51,01 % pour le vainqueur.

Ensuite, la vingt et unième circonscription, découpée dans la partie Nord du 16e arrondissement, où fut élu le général Stehlin avec 19 062 voix contre 18 473 voix pour son adversaire UDR, sortant, Bernard Lepeu.

Slogan électoral top «  Votez Lepeu, c'est peu. Soyez malins, votez Stehlin ».

Soit une majorité de 589 voix et un pourcentage de 50,79 % pour le vainqueur qui sera réélu en 1973, avec le même suppléant qu'en 1968, Gilbert Gantier.

Impliqué dans les années 74 et 75 dans l'affaire du renouvellement des flottes d'aviation de combat des pays de l'OTAN (où il valorise les appareils américains, notamment les F 17 et F 16, vis à vis de la production française, c'est à dire les Mirage F 1 de la Société Dassault), Paul Stehlin sera victime d'un regrettable accident de la circulation en 1975, renversé par un autobus qui fera de Gilbert Gantier (surnommé «  Gantier des pétroles » par son collègue Georges Gosnat) le député du XVIe.

Il faut dire que, après sa carrière militaire, Paul Stehlin était devenu en Europe le représentant de la société américaine Northrop, c'est à dire le fabricant du F 17...
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede Jean-Philippe » Dim 28 Oct 2012 16:08

Bertrand Motte, battu comme PDM dans la 5e de Paris en 1968, était député de la 1e circonscription du Nord en 1958 et conseiller général de Lille-Centre avant de présider le CNIP de 1975 à 1979. Son frère Eugène était sénateur UNR du Nord de 1959 à 1965.
Son père était député entre 1898 et 1906 et maire de Roubaix en 1902-1912.
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede Zimmer » Dim 28 Oct 2012 22:07

vudeloin a écrit:Allons en Seine Maritime désormais avec deux élections serrées.

La première concernait la troisième circonscription du département, structurée autour de Sotteville les Rouen, Saint Etienne du Rouvray et trois cantons de Rouen (Rouen I, III et VI).

Le vainqueur ? Un ancien cheminot communiste nommé Roland Leroy, pourvu du soutien de 25 463 électeurs, et devançant le candidat RI, celui ci n'ayant obtenu que 24 693 voix, soit une majorité de 770 voix et un pourcentage de 50,77 %, dont on peut penser qu'il devait beaucoup au vote des quartiers populaires de Rouen compris sur le siège et des deux villes cheminotes de Sotteville et Saint Etienne.


Pour rester du côté de Rouen et des députés communistes et même si l'élection fut moins serrée, on peut rappeler que dans la 4ème circonscription de la Seine-Maritime (Clères, Pavilly), Colette Privat, élue en mars 1967, avait dû céder son siège au gaulliste Olivier de Sarnez qui n'est autre que le père de l'actuelle vice-présidente du Modem, Marielle de Sarnez. Olivier de Sarnez n'a siégé à l'Assemblée nationale que pendant un seul mandat. Colette Privat, quant à elle, a reconquis ce siège de député en mars 1978, le temps d'une seule législature également.

vudeloin a écrit:Enfin, trois circonscriptions parisiennes.

Avec un duel gauche droite dans l'une des circonscriptions du 13e arrondissement, avec les quartiers Salpêtrière et de la Gare, où l'UDR Henri Modiano fut élu avec 13 731 voix, contre 13 630 pour le progressiste, ancien Ministre du Front Populaire, Pierre Cot.

Une majorité de 101 voix et un pourcentage de 50,18 %, dont le vainqueur ne profitera que pour un mandat, étant battu en 1973 par la communiste Gisèle Moreau.


On peut préciser que Pierre Cot a eu un parcours politique plutôt atypique. Avant d'être ministre de l'Air du gouvernement Blum en juin 1936, il avait été député radical-socialiste de la Savoie dès 1928 et avait commencé sa carrière ministérielle comme sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères dans le gouvernement Paul-Boncour en décembre 1932. Après avoir été député du Rhône dans les années 50, c'est avec le soutien du PCF qu'il avait été élu député de Paris en mars 1967, siégeant ensuite à l'Assemblée nationale comme apparenté communiste. Sa défaite de juin 1968 devait mettre un terme définitif à sa carrière parlementaire. Son fils, Jean-Pierre Cot, député socialiste de la Savoie à partir de mars 1973 et membre du courant rocardien au sein du PS, a été ministre délégué à la Coopération et au Développement au début du premier septennat de François Mitterrand.
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede vudeloin » Dim 28 Oct 2012 23:21

Pierre Cot, en qualité de Ministre de l'Air, fut l'un des rares hommes politiques du gouvernement de Front Populaire à soutenir l'Espagne républicaine...
Il le fit en utilisant les services de la compagnie France Navigation.

Pour le reste, Pierre Cot était (et fut encore longtemps) maire de la commune de Coise Saint Jean Pied Gauthier (réunion de Coise et de Saint Jean), dans le canton de Chamoux sur Gelon.
C'est d'ailleurs ès qualités qu'il était candidat en 1968 dans le 13e...
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede LeysinNight » Mar 16 Juil 2013 14:08

Voici les principaux résultats et analyses en Ardèche (07).

L'UDR connait aussi dans ce département un véritable raz-de-marée avec l'élections de 3 députés gaullistes (contre 1 en 1967, 1 RI and 1 DVD), une élection au premier-tour et deux triangulaires.

1re (Privas) : Élu l'année passé au Palais Bourbon, le maire de Villeneuve-de-Berg Pierre Cornet (UDR) est de nouveau candidat ou il doit affronter le communiste Henri Chaze (député de 1962 à 1967). Cornet est l'unique candidat de la droite pour ces élections face à une gauche divisée avec le PCF, la SFIO, le PSU.... Et une situation favorable pour les forces de la droite. Le 23 juin, Pierre Cornet est réélu au premier-tour avec 52,63 % contre 26,40 % pour Chaze et les autres candidats récoltent 20,97 %.

2e (Annonay) : C'est le jeune UDR Henri Torre (35 ans en 1968) qui arrive en tête au premier-tour avec 35,5 % devant le député sortant RI Louis Roche-Defrance qui obtient 31,31 % et les deux principaux candidats de gauche (PCF et SFIO) 35,15 %. Henri Torre sera élu au second-tour avec 48,91 % contre Roche-Defrance 34,69 et 16,40 % pour le candidat PCF. Torre deviendra ministre sous Pompidou de 1973 à 1974.

3e (Largentière) : Retour aux affaires pour le maire UDR d'Ucel Albert Liogier, qui après avoir été battu aux élections de 1962 et 1967, se trouve en tête du premier-tour face au DVD Jean Moulin (député depuis 1962) avec 36,10 % contre 32,27 % pour Moulin et 22,30 % pour le maire PCF de Jaujac Jean Delenne. Liogier sera élu le 30 juin avec 42,49 % contre 33,48 % pour Jean Moulin et 24,03 % pour Delenne.
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