de vudeloin » Jeu 25 Oct 2012 11:04
Ouh là , mais les autres pôles urbains existent et le phénomène d'étalement urbain n'est pas propre à la région Ile de France, Relique...
Quand on regarde désormais ce que signifie l'agglomération toulousaine, celle de Lyon ou même celle de Nantes, on se dit clairement que l'étalement urbain n'est pas une spécialité francilienne et que la "minéralisation" des espaces naturels n'est pas réservée aux zones 3 et 4 des transports parisiens...
D'ailleurs, si les communes les plus proches de Paris et faisant partie aujourd'hui des Yvelines, du Val d'Oise, de l'Essonne et de la Seine et Marne ont connu un développement démographique important des années 50 aux années 2000, la même observations vaut pour bien des endroits en France où l'ensemble des problématiques urbaines se pose avec une réelle insistance, notamment depuis que, dans les années 60, le pouvoir gaulliste gratifiait pratiquement chaque ville régionale d'une quelconque importance de la construction d'une zone à urbaniser en priorité (ZUP), destinée notamment à faciliter à la fois l'implantation d'entreprises déménagées de la région Ile de France et à motiver la constitution de périmètres sauvegardés d'habitat ancien dans les centres villes de province en procédant, à chaque reprise, à une "mise en valeur" qui repoussait vers les quartiers périphériques les populations les plus modestes, surtout quand celles ci demeuraient jusque là dans des logements manquant de confort...
Dieu sait d'ailleurs à l'époque qu'on a utilisé de manière assez dispendieuse le foncier disponible pour réaliser ces opérations d'urbanisme qui nous sont connues aujourd'hui : Les Minguettes de Vénissieux, Le Mas du Taureau et la Grappinière à Vaulx en Velin, la Villeneuve à Grenoble (celle ci ayant l'avantage, si l'on peut dire, d'intégrer le village olympique de 1968), la Paternelle, le Font Vert, la Savine ou la Busserine dans les quartiers Nord de Marseille, le Jas de Bouffan à Aix en Provence, l'Ariane de Nice, la Paillade de Montpellier, Pissevin et Valdegour à Nîmes, le Vert Bois de Saint Dizier, le Mirail de Toulouse, le Haut du Lièvre à Nancy, Côte Chaude et la "Muraille de Chine" à Saint Etienne, les "Biscottes" de Lille ou Beau Marais à Calais,
sans oublier la Mare Rouge ou Caucriauville au Havre, pour ne donner que quelques exemples...
A chaque fois, c'est le logement privé mis en location ou destiné à "nourrir le marché" qui s'est trouvé d'autant plus favorisé que les politiques du logement et les politiques fiscales ont continué à le porter, plus que tout autre type de logement.
Ne pas oublier, par exemple, que nous n'avons pas révisé réellement les bases d'imposition du foncier bâti depuis 1970, ce qui signifie aujourd'hui que, dans bien des cas, le logement social de qualité et confortable, équipé de manière moderne, vaut plus que le logement ancien de centre ville spéculatif largement rénové depuis quarante ans.
On voit que la loi Duflot a encore de quoi être améliorée, d'autant qu'elle va bientôt faire l'objet d'un nouvel examen qui devrait commencer de suite après l'adoption de la loi de finances par l'Assemblée nationale.
PS pour donner de nouveaux atouts à la spéculation, on se rappellera que, dans les années 70, VGE et Barre ont mis un terme à la priorité accordée à l'aide à la pierre, ou à la construction de logements, pour la priorité à l'aide à la personne, c'est à dire la correction par l'Etat des désordres du marché.
Le plus sûr moyen, soit dit en passant, que les désordres se manifestent puisque les aides à la personne venaient "solvabiliser" la situation des familles et masquaient la hausse des prix.
Pour faire bonne mesure, VGE lança aussi un vaste plan d'accession à la propriété, au travers des financements PAP, assortis d'une double carotte fiscale (exonération des intérêts d'emprunt et du foncier bâti pendant un certain nombre d'années).
Le plus sûr moyen de favoriser un étalement urbain plutôt anarchique (même si on était passé des procédures ZUP aux ZAC), tout en laissant sur place une véritable "bombe à retardement" constituée par l'endettement des familles au départ uniquement propriétaires de ...leur dette.
On rappellera ici que la désindexation des salaires au regard des prix, grande donnée de la politique de rigueur version Delors, fut l'amorce de l'explosion de cette "bombe", renvoyant d'un coup les accédants face à face avec les emprunts courant sur leur bien immobilier, mais aussi la ou les voitures nécessaires pour y résider sans être victime des insuffisances des réseaux de transport en commun, sans parler du reste...