Manifestation du 17 octobre 1961

[vudeloin]

Comme on l'a vu cette semaine, le Président de la République a, dans une déclaration rendue publique, reconnu la responsabilité de la police française et d'une certaine manière de l'Etat français dans la répression de la manifestation des Algériens, convoquée à l'appel de la Fédération de France du Front de Libération Nationale, le 17 octobre 1961.
Comme chacun le sait (ou devrait le savoir), pendant des années, la loi du silence a présidé à la relation de cette manifestation pour laquelle un premier bilan, parlant de deux ou trois victimes, avait été officialisé.

De très nombreux témoignages, le travail d'historiens (notamment Jean Luc Einaudi) ont établi de longue date que la répression avait été plus meurtrière et qu'il est à peu près évident que les forces de police avaient pratiqué des arrestations arbitraires et commis ce que Amnesty International (qui n'existait pas à l'époque) aurait appelé des "exécutions extra judiciaires", sous forme de tabassages en règle dans les locaux mêmes de la Préfecture de Police ou de noyades de manifestants jetés dans la Seine.

On n'aura évidemment pas oublié dans cette affaire que le Préfet de Police de l'époque s'appelait Maurice Papon et qu'il avait alors, comme l'établiront les tribunaux, une certaine "expérience" en matière de répression arbitraire et de persécutions.

Je dois dire que je suis assez surpris (même si le climat des derniers mois de 1961 était plutôt tendu, relativement à la question algérienne) des réactions outragées de certains ténors de l'opposition actuelle (Nadine Morano qui a parlé d'indignité, Christian Jacob qui a estimé que cela portait atteinte à la personne de De Gaulle, François Fillon...) devant cette nouvelle manifestation de "repentance", comme il est dit en pareil cas dans la grande presse d'information.

Cela m'interroge, toujours.

Bon évidemment, reconnaître que les pages de notre Histoire ne sont pas toujours aussi blanches ou glorieuses est parfois délicat à admettre mais tout de même...

[ploumploum]

Je dois dire que je suis assez surpris (même si le climat des derniers mois de 1961 était plutôt tendu, relativement à la question algérienne) des réactions outragées de certains ténors de l'opposition actuelle (Nadine Morano qui a parlé d'indignité, Christian Jacob qui a estimé que cela portait atteinte à la personne de De Gaulle, François Fillon...) devant cette nouvelle manifestation de "repentance", comme il est dit en pareil cas dans la grande presse d'information.

Jacob accusait Hollande d'insulte à la police nationale, il me semble. Un argument complètement bidon.
Sarkozy a bien reconnu le problème avec les harkis.
Et n'oublions pas Chirac en 1995 (qui a froissé les derniers gaullistes....). Si on pouvait comprendre les protestations sur les propos de Chirac avec cette bataille entre la République-De Gaulle et Vichy, et la question de la légitimité, on ne peut pas accepter indéfiniment que la vérité soit cachée.(sur l'Algérie)
Sur les propos d'Estrosi : Je crois qu'avec ce qui s'est passé depuis 40 ans (et les quelques dernières années particulièrement) l'héritage et la "certaine idée de la France" du Général ont été torpillés. Donc ce n'est pas cette reconnaissance qui cause une atteinte à la personne de Gaulle....

[Pullo]

Certaines réactions à l'UMP étaient tellement, comment dire, extrêmes, que j'ai cru à un moment que certains allaient réhabiliter Maurice Papon. Rappelons que ce dernier, après avoir quitté la Préfecture de police en janvier 1968, est devenu député UDR du Cher (circonscription de Saint-Amand-Montrond) en juin de la même année, et trésorier du parti gaulliste. Il a gagné les législatives dans sa circonscription en 1973 et en 1978. Il a été maire de Saint-Amand-Montrond de 1971 à 1983, et ministre du budget sous VGE de 1978 à 1981. Sans la plainte pour complicité de crime contre l'humanité déposée contre lui en 1981, Papon aurait poursuivi sa carrière jusqu'à la fin du XXe siècle. Beaucoup de dirigeants et d'élus de l'UMP, comme Fillon, étaient suffisamment vieux pour le côtoyer soit au gouvernement, soit à l'Assemblée, soit à l'UDR puis au RPR. Du coup, les réactions très virulentes sont moins surprenantes...

[Jean-Philippe]

Le Sénat a voté de peu (174 contre 168) une proposition de résolution communiste tendant à la reconnaissance de la répression d'une manifestation à Paris le 17 octobre 1961. Le clivage gauche/droite est respecté, avec 2 centristes qui s'abstiennent (Nathalie Goulet et Pierre Jarlier) et un ex UMP tendance centriste (Pierre Bernard-Reymond) qui a voté pour.
http://www.senat.fr/scrutin-public/2012/scr2012-5.html

[ploumploum]

Le Sénat a voté de peu (174 contre 168) une proposition de résolution communiste tendant à la reconnaissance de la répression d'une manifestation à Paris le 17 octobre 1961. Le clivage gauche/droite est respecté, avec 2 centristes qui s'abstiennent (Nathalie Goulet et Pierre Jarlier) et un ex UMP tendance centriste (Pierre Bernard-Reymond) qui a voté pour.
http://www.senat.fr/scrutin-public/2012/scr2012-5.html

Les deux centristes en question n'ont surtout pas pris part au vote, c'est légèrement différent....
Étonnant d'ailleurs que les centristes aient voté contre, je les croyais plus ouverts... (ironie)

[Pullo]

Mardi, sur LCI, Christian Estrosi en a rajouté une couche :

Je n'ai pas à faire de repentance à l'égard de l'oeuvre civilisatrice de la France avant 1962.

Je sais que les rapatriés d'Algérie sont une clientèle que l'UMP dispute au FN dans le Sud, mais quand même...