de vudeloin » Ven 12 Oct 2012 19:27
Et une suite pour la route, sur le même thème...
Trois élections serrées ensuite dans le Gard.
Dans la 1ere circonscription (Nîmes), défaite du candidat sortant de la Convention des Institutions Républicaines, soutenu par la FGDS, Georges Dayan, vieil ami de François Mitterrand, avec 25 823 voix contre 26 843 à son adversaire UDR Paul Tondut, ancien militant syndical de la CFTC, et déjà député de mars 1966 à mars 1967, suite au décès de Pierre Gamel, élu en 1962.
L'avance de Tondut au second tour est donc de 1 020 voix et son pourcentage se situe finalement à 50,97 %.
A noter cependant un fait important : en 1967 comme en 1968, Georges Dayan ne parvint qu'à la troisième place du scrutin, devancé à gauche par le candidat communiste Robert Jonis.
L'accord national de désistement entre les partis de gauche (en l'espèce entre PCF et FGDS), partant du principe du « désistement républicain », fit quelques exceptions dont celle de Nîmes, ou celle de Lorient dont nous avons déjà parlé pour Pierre Messmer.
L'objectif était simple : assurer la défaite de la droite gaulliste à Nîmes en 1967, Georges Dayan paraissant mieux placé pour rallier les voix des communautés protestante et juive de la ville, ainsi qu'une frange de l'électorat modéré que le candidat communiste.
En 1967, cela fit le compte (Dayan étant élu avec plus de 57 % des voix) mais pas en 1968, dans une autre configuration politique générale.
Dans la troisième circonscription, structurée autour du bassin alésien, victoire du communiste Roger Roucaute, seul élu de gauche du Gard en 1968, avec 27 741 voix contre 26 895 suffrages pour son adversaire UDR.
Soit une majorité de 846 voix et un pourcentage de 50,77 %.
Enfin, dans la quatrième circonscription, victoire du candidat UDR Pierre Jalu, sur le siège composé d'Alès Ouest et du secteur du Vigan (la Cévenne protestante pour aller vite), face au docteur Gilbert Millet, candidat communiste, battu par 18 723 voix contre 18 708, soit 15 voix de majorité et un pourcentage de 50,02 % pour l'élu.
Le scrutin de 1973 sera totalement différent et le Gard reviendra à ses habitudes politiques profondes.
Georges Dayan va quitter Nîmes et il sera, en 1977, le candidat du PS et de la gauche unie aux élections municipales de Paris dans le secteur constitué par les 2e et 3e arrondissements de la capitale.
Il y battra d'ailleurs la liste de Jacques Dominati, républicain indépendant.
Roger Roucaute sera réélu en 1973 et Gilbert Millet gagnera le siège d'Alès Le Vigan.
Emile Jourdan, maire communiste de Nîmes, sera pour sa part élu député de la première circonscription.
Quant à Jean Poudevigne, élu au premier tour de 1968 sous l'étiquette Progrès et Démocratie Moderne (les centristes ralliés aux gaullistes, de fait) dans la deuxième circonscription, celle de la vallée du Rhône, il sera battu par le socialiste Jean Bastide, alors maire du Grau du Roi.
En 1978, le PCF fera le grand chelem dans le Gard en obtenant la réélection d'Emile Jourdan et Gilbert Millet, l'élection d'Adrienne Horvath (décédée cette année) en lieu et place de Roger Roucaute et celle de Bernard Deschamps, élu de Beaucaire, sur le siège de la vallée du Rhône.
Les choses ont un peu changé depuis, comme on en conviendra, notamment depuis que le Gard a connu un relatif développement démographique lié au flux migratoire interne des retraités, l'approfondissement de la mutation de son agriculture et, sur le plan politique, la perte, pour le PCF notamment, de positions électives importantes.
Deux scrutins incertains également en 1968 dans le département de la Haute Garonne.
Dans la première circonscription, constituée de cantons toulousains, du Frontonnais et du canton de Villemur sur Tarn, victoire de l'UDR Alexandre Sanguinetti (l'un des dirigeants du mouvement gaulliste qui sera évincé par Chirac peu avant la création du RPR), vainqueur avec 21 903 voix contre 21 125 pour son adversaire SFIO.
Soit une majorité de 778 voix et un pourcentage de 50,90 %.
Dans la troisième circonscription, présentant les mêmes caractéristiques et complétée par le Lauragais, victoire de l'UDR Jacques Moron avec 27 806 voix contre 27 092 au candidat SFIO, soit une majorité de 714 voix et un pourcentage de 50,65 %.
Il convient de noter qu'en 1968, quatre des six députés du département sont de droite puisque Pierre Baudis, encore adjoint au Maire SFIO de Toulouse Bazerque, a été élu sous l'étiquette RI dans la deuxième circonscription (Toulouse Centre, Verfeil, Montastruc la Conseillère), face au candidat de la FGDS avec une majorité de plus de quatre mille voix, au lieu d'un échec pour 160 suffrages en mars 1967 et que, par ailleurs, Jacques Douzans, rattaché au groupe centriste du PDM, a été élu sur le siège de Muret, ville dont il est alors le maire.
La gauche ne conserve alors que le siège du Sud du département (Comminges) grâce au vieux radical socialiste Hippolyte Ducos ( qui mourra fin 1970 et sera remplacé par François Gabas) et celui de la quatrième circonscription (Toulouse Ouest et val de Save), avec Jean Dardé, maire socialiste de Cugnaux.
En 1973, la poussée de gauche emportera tous les sièges de droite sauf celui de Pierre Baudis.
Et Alexandre Sanguinetti, flambeur invétéré (cela lui coûta ses responsabilités au sein de l'UDR) fut battu sur la première circonscription par Alain Savary, redevenu député après avoir été quelques années le député socialiste de ...Saint Pierre et Miquelon !
Nous finirons ce premier message sur les élections serrées avec le cas de la Gironde où le maire socialiste de Talence, Henri Deschamps, est battu par le docteur Jacques Grondeau, UDR, par 18 826 voix contre 18 520, soit une majorité de 306 voix et un pourcentage de 50,41 %.
Mais aussi en passant par la deuxième circonscription de l'Hérault, partant de Montpellier pour aller vers le Lodévois, Clermont l'Hérault et même le pied du Larzac et voir la victoire du candidat UDR Georges Clavel face au socialiste Gilbert Sénès, maire de Gignac, par 28 360 voix contre 28 103, soit 257 voix de majorité et 50,23 % des suffrages.
Et par la quatrième circonscription, allant de Béziers au massif du Caroux dans un sens mais vers Agde dans l'autre, la cité biterroise étant coupée en deux sièges.
Là , la victoire revint à Pierre Leroy Beaulieu, arrière petit fils de Paul, le célèbre économiste brocardé par Alphonse Allais, fondateur, avec Emile Boutmy, de l'Ecole Libre des Sciences politiques, autrement dit « Sciences Po ».
Pierre Leroy Beaulieu, élu sous l'étiquette UDR, ne faisait que reprendre un flambeau un temps tenu par son grand père, également prénommé Pierre, député élu dans le département en 1910 et tué à la guerre en 1915.
Maire d'Agde, lié au monde de la finance et des affaires, Pierre Leroy Beaulieu l'emporta face à Paul Balmigère, candidat PCF, futur maire de Béziers en 1977, avec 24 962 voix contre 24 094, soit une majorité de 868 voix et un pourcentage de 50,88 %.
En 1973, l'ancien ouvrier agricole communiste prendra sa revanche, de même que Gilbert Sénès reprendra son siège lodévo – clermontois.
Enfin, nous évoquerons l'élection de la seconde circonscription de l'Isère, centrée sur le canton de Grenoble Sud, appelé à un grand développement quelques mois après la tenue des Jeux Olympiques d'hiver.
Le candidat vainqueur de l'élection est le Ministre du Travail du gouvernement sortant, Jean Marcel Jeanneney, ancien doyen de la Faculté de droit de Grenoble, juste signataire des accords de Grenelle qui, comme chacun le sait, ont constitué le point d'orgue du mouvement social du printemps 1968, et marqué un très sensible renforcement des droits politiques et syndicaux des salariés dans l'entreprise.
Sur le fond, d'ailleurs, il faudra attendre les lois Auroux de 1982 pour que de nouvelles avancées soient réalisées au titre des droits des salariés.
Le vaincu est aussi connu et l'élection a clairement polarisé une bonne partie de l'attention.
Il se nomme en effet Pierre Mendès France et je m'en voudrais de vous présenter celui qui, à Charléty, a tenté de se positionner comme un recours face au gaullisme après avoir été à la base d'un mouvement d'idées particulier dans les années 50, au terme des quelques mois où il a, non sans un certain sens politique, assumé les fonctions de Président du Conseil.
Mendès France obtient 30 928 voix au second tour (les voix communistes ne lui font guère défaut) et Jeanneney réunit 31 059 voix, soit une majorité de 131 suffrages et un pourcentage de 50,11 %.
L'échec de PMF est court, mais il marque clairement la fin de la carrière politique de l'intéressé, une carrière engagée avec les Jeunes Turcs du parti radical dans les années 30 et achevée dans la proximité du Parti socialiste unifié de Michel Rocard...
Dans le même département de l'Isère, un autre duel symbolique met aux prises le vainqueur David Rousset, ancien trotskyste devenu gaulliste, et le vaincu, un certain Louis Mermaz, sur le siège de la 5e circonscription de l'Isère, c'est à dire le siège de Vienne Nord, ajouté au territoire que l'Isère va bientôt perdre pour le Rhône (cantons de Saint Symphorien d'Ozon et de Meyzieu).
L'écart s'avère très faible : Rousset obtient 24 921 voix et Mermaz 24 841, soit une majorité ténue de 80 voix et un pourcentage de 50,08 %.
En 1968, la droite fait le grand chelem et gagne les sept sièges de l'Isère.
En 1973, la gauche reprendra quatre des sièges, avec les élections d'Hubert Dubedout, maire de la ville, sur Grenoble, de Louis Mermaz sur Vienne, de Jacques Antoine Gau sur le siège du Voironnais, tous trois socialistes ou apparentés, et de Louis Maisonnat, maire communiste de Fontaine, sur le siège allant de Fontaine à La Mure.
Et, dans le Rhône, Meyzieu élira un député PS, ancien membre du PCF, un nommé Jean Poperen.
La suite au prochain numéro...
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vudeloin le Sam 13 Oct 2012 11:12, édité 1 fois.